Ordinatio sacerdotalis

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Ordinatio sacerdotalis
Blason du pape
Ecclesiastical letter (en) du pape Jean-Paul II
Date
Sujet Ordination des femmes dans l'Église catholique

Ordinatio sacerdotalis est une lettre apostolique de Jean-Paul II du , adressée aux évêques de l'Église catholique, qui déclare que le sacerdoce ne peut être conféré aux femmes.

Contenu[modifier | modifier le code]

Reprenant les affirmations de Inter insigniores, un document de la congrégation pour la doctrine de la foi datant de 1976, cette lettre se fonde sur le fait que Jésus a choisi pour apôtres exclusivement des hommes, tout comme le furent leurs successeurs, d'après l'ancienne conception juive du sacerdoce.

La lettre est brève et srésume l’enseignement traditionnel. Elle se conclut ainsi : « Declaramus Ecclesiam facultatem nullatenus habere ordinationem sacerdotalem mulieribus conferendi, hancque sententiam ab omnibus Ecclesiae fidelibus esse definitive tenendam. » C’est-à-dire : « L'Église estime ne pas avoir autorité pour conférer le sacerdoce aux femmes ; cela doit être considéré ainsi définitivement par tous les fidèles. » Dans sa conclusion, le pape écrit :

«  La doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes, de nos jours, est considérée de différents côtés comme ouverte au débat. Ou même on lui attribue une valeur purement disciplinaire (...). C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Eglise, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères, que l'Eglise n'a, en aucune manière, le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Eglise[1].  »

En tant que lettre apostolique, Ordinatio sacerdotalis est a priori un acte du magistère ordinaire du pape, définissant un point particulier de doctrine ou de discipline de l’Église. Cela lui donne un statut doctrinal important mais de moindre ampleur — elle s'adresse uniquement aux évêques — qu'à une encyclique. Cependant, à l'occasion de la publication du motu proprio Ad tuendam fidem, il est affirmé que certaines vérités sont tranchées de manière définitive, et relèvent du domaine de l'infaillibilité du Magistère. Il y est précisé que « celui qui récuse ces points qui doivent être tenus pour définitifs s'oppose donc à la doctrine de l'Église catholique ».

Caractère magistériel[modifier | modifier le code]

L'expression « définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église » fait partie de l'« assentiment complet de la foi » usuellement accordé aux dogmes de l'Église catholique. Néanmoins, de nombreux théologiens soutiennent que la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis n'a pas été émise sous le Magistère pontifical extraordinaire en tant que déclaration ex cathedra, et n'a donc pas à être considérée comme infaillible en soi[2].

Dans un responsum ad dubium (réponse à un doute) approuvé par Jean-Paul II et daté d'octobre 1995, la Congrégation pour la doctrine de la foi a répondu que cet enseignement avait été "défini de manière infaillible par le Magistère ordinaire et universel"[3].

La Catholic Theological Society of America a publié en 1997 un rapport approuvé par 216 sur 248 votants, exprimant « de sérieux doutes quant à la nature de l'autorité de cet enseignement et de son enracinement dans la Tradition »[4].

En 1998, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un commentaire doctrinal sur Ad tuendam fidem pour indiquer que la doctrine de Ordinatio sacerdotalis n'était pas enseignée explicitement comme provenant de la Révélation divine, mais qu'elle pouvait l'être un jour : autrement dit, le commentaire s'abstenait de déterminer si cette doctrine devait être « considérée comme intrinsèque à la Révélation ou seulement comme sa conséquence logique », mais affirmait que dans les deux cas elle devait être tenue pour définitive et infaillible[5].

Le mercredi dans une publication de L'Osservatore Romano, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Luis Ladaria Ferrer, revient sur la lettre apostolique. Voulant couper court aux contestations, il réaffirme l'impossibilité de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes, comme « une vérité qui appartient au dépôt de la foi », cette impossibilité appartenant donc à la « substance du sacrement »[6].

En Allemagne, en 2023, plusieurs évêques plaident pour l’ordination sacerdotale des femmes[7]. Le cardinal Parolin, alors secrétaire d'état du Vatican, envoie une lettre à la conférence des évêques allemands, rappelant que l'ordination des femmes au sacerdoce n'est pas ouverte au débat pour les catholiques, citant à nouveau Ordinatio Sacerdotalis.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Lettre apostolique Ordinatio Sacertodalis "Pour des raisons fondamentales" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. The weight to be given to recent Vatican documents regarding the ordination of women, in Proceedings of the Annual Conference of the Canon Law Society of Great Britain and Ireland, 1997.
  3. « Responsum ad propositum dubium concerning the teaching contained in "Ordinatio Sacerdotalis" », sur vatican.va, (consulté le ).
  4. « Women priests website » [archive du ], sur womenpriests.org (consulté le ).
  5. "DOCTRINAL COMMENTARY ON THE CONCLUDING FORMULA OF THE PROFESSIO FIDEI", Congregation for the Doctrine of the Faith. L'Osservatore Romano, Weekly Edition in English, 15 July 1998, 3-4.
  6. Anne Kurian, « L’ordination est réservée aux hommes : la mise au point du préfet de la Doctrine de la foi », sur fr.zenit.org, ZENIT, (consulté le ).
  7. Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz, « Relire Ordinatio sacerdotalis », Communio, 2023/2 (n° 286), p. 119-122. DOI : 10.3917/commun.286.0119.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

« Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (texte en français », sur w2.vatican.va.