Monument de Gergovie

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Monument de Gergovie
Monument de Gergovie sur le plateau éponyme
Artiste
Date
Type
Monument en pierre de Volvic
Hauteur
26 m
Localisation
Protection
Coordonnées
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Localisation sur la carte d’Auvergne
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Le monument de Gergovie ou monument commémoratif à Vercingétorix est une œuvre de l'architecte clermontois Jean Teillard élevé en 1900 sur le bord oriental du plateau de Gergovie, à quelques kilomètres au sud de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, pour célébrer la victoire de Vercingétorix sur César sur ce site en 52 av. J.-C..

Caractéristiques

Plaque en latin au dessus de l'entrée de la crypte

Le monument de 26 mètres de haut est réalisé en pierre de Volvic et composé d'un socle supportant 3 colonnes surmontées de chapiteaux corinthiens et d'un casque gaulois ailé à la forme fantaisiste[1]. Le socle abrite une crypte avec un cénotaphe de Vercingétorix. Trois plaques ornent le bâtiment.

Sur la plaque au dessus de l'entrée de la crypte, coté ouest, est écrit en latin  :

« GERGOVIA
IN HIS LOGIS DVX ARVERNORVM
VERCINGETORIX
C CESAREM INVADENTEM PROFLIGAVIT »

Traduisible en français par :

« Gergovie - En ce lieu le chef arverne - Vercingetorix - a vaincu l'envahisseur César »

Sur la plaque coté sud, est écrit en latin (entre crochets, caractères effacés ou supposés)[Notes 1] :

« HOC MONVMENTVM AD GLORIAM
VERCINGETORIGIS VICTORIS
EX . [A]ERE . PRIVATO . ACADEM . S.L.A
CLARAMONT . PPOMOVENTE .
ET . E .[S?] VMPTV . CVIVSDAM . CIVIS .
RIOMENSIS . EREXERVNT
ARVERNORVM . APOGONI
MCM »

Traduisible en français par :

« Ce monument à la gloire du vainqueur Vercingetorix a été érigé par les descendants des Arvernes, grâce à un fonds privé promu par l'Académie S.L.A [sciences, lettres et arts] de Clermont, et à la générosité d'un citoyen de Riom, 1900 »

Sur la plaque coté nord est écrit en français le nom de personnalités officielles ayant contribué par leur fonctions à l'érection du monument: le préfet du Puy-de-Dôme de l'époque, P. Joly, deux députés Dr Girard et Guyot-Dessaigne, le maire de La Roche-Blanche (commune où se trouve le plateau), Félix Macon, les présidents successifs de l'Académie de Clermont, le comte de Chabrol et de P. Julien, l'architecte du monument Jean Teillard et enfin l'entrepreneur de Volvic qui l'a construit, Legay-Chevalier.

Le docteur Girard, député et ancien maire de Riom, a largement financé le monument (8000 francs de l'époque) et Félix Macon, maire de la Roche-Blanche et le magistrat Cluzel ont acheté le terrain qu'ils ont ensuite offert au comité constituté pour l'édification du monument[2].

Histoire

Intérêt pour Vercingétorix et premières idées d'un monument

La première idée d'un monument sur le plateau de Gergovie remonte au Florentin Gabriel Simeoni qui de passage à Clermont en 1560 pour établir une carte de la Limagne identifia le site de Gergovie et proposa l'érection d'un monument mais à la gloire des chefs romains de la VIIIe légion, Fabius et Petronius[2].

Le XIXe siècle est marqué en France par l'appropriation de Vercingétorix et des Gaulois et leur retour dans le récit historique national. Amédée Thierry publie Histoire des Gaulois en 1828 et Henri Martin commence en 1833 la publication d'Histoire de France[2]. En 1817 et 1834, des fouilles ont lieu à Gergovie sous la direction de Jean-Baptiste Bouillet et en 1831, le baron Taylor et Charles Nodier publient Voyage en Auvergne où apparait une vue de Gergovie avec la figure de Vercingétorix[2]. Enfin en 1855, le tableau de Théodore Chassériau, La Défense des Gaules, est exposé lors de l'exposition universelle de Paris. Bouillet est le premier à suggérer la construction d'un monument sur le plateau de Gergovie dans son Guide du voyageur de Clermont. Les Tablettes Historiques de l'Auvergne en parle également en 1843 en incitant « les populations d'Auvergne de prendre l'initiative ». En 1865, dans la préface de son Vercingétorix, Henri Martin en formule aussi le souhait[2].

Premières initiatives

Cette année là, l'Académie de Clermont créé une commission pour un monument à Vercingétorix[2]. Napoléon III se rend sur le plateau de Gergovie en 1862 pour la préparation de son ouvrage sur César (une plaque rappelle son passage non loin du monument[Notes 2]) mais ce n'est que 7 ans plus tard, en 1869, que l'Académie pourra placer son projet sous le patronage de l'Empereur[2]. Cette même année, l'Académie choisit l'emplacement futur du monument, en bordure nord-est du plateau de Gergovie[2].

Projets concurrents

Au salon de 1870, Auguste Bartholdi présente son groupe sculpté avec Vercingétorix à cheval au dessus d'un romain à terre et le plâtre est acheté par l'État[2]. La guerre de 1870 met en suspens le projet et l'Académie clermontoise ne le relance qu'en 1879[2] avec alors le projet de l'architecte Émile Mallay. En 1884 est créé la Société d'émulation de l'Auvergne qui un an plus tard, décide de construire un monument à Vercingétorix. Une société auvergnate de Paris nouvellement fondée, la Société fraternelle des littérateurs et artistes d'Auvergne, plus connue sous le nom de la société de la Soupe aux choux, crée elle un comite national du monument à Vercingétorix. Ces deux sociétés sont favorables à une sculpture de Bartholdi, mais en désaccord sur l'emplacement et les dimensions de celle-ci[2]. Mais le montant de la souscription ne permettra pas de financer le projet initial d'une statue colossale et donc les deux sociétés jugèrent alors qu'une statue aux dimensions plus modestes aurait mieux sa place sur une place de Clermont-Ferrand[2]. L'Académie de Clermont elle tenait à un monument sur le site même de Gergovie et refusera alors en 1885 une proposition de faire œuvre commune[2]. Il y aura donc deux monuments, élevés à seulement 3 ans d'écart, le monument de Gergovie en 1900 finalement confié à l'architecte clermontois Jean Teillard et la Statue équestre de Vercingétorix par Bartholdi sur la place de Jaude à Clermont-Ferrand en 1903[2]. Une partie du financement du monument est apporté par le docteur Girard[3], ancien maire de Riom et député du Puy-de-Dôme.

Construction

Carte postale ancienne du monument avec son socle original polygonal et droit.

Le terrain est acheté par Félix Macon, maire de la Roche-Blanche et le magistrat Pierre Cluzel puis donné au comité pour l'édification du monument[2]. La construction est confiée à un entrepreneur de Volvic, Legay-Chevalier[4]. Les travaux débutent en juillet 1900 et s'achèvent à l'automne de la même année[2]. Les plaques gravées ne furent posées que l'année suivante[2]. À l'origine, le socle est droit, il sera élargi avec une forme pyramidale qu'au début des années 1940.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale

En août 1942, sous le régime de Vichy qui promeut le culte de Vercingétorix, une grande cérémonie est organisée sur le plateau de Gergovie par la Légion des volontaires français contre le bolchévisme pour son deuxième anniversaire. Dans la nuit du 29 au 30 août, sont montés de Clermont-Ferrand sur des prolonges d'artillerie, des sachets, des urnes et des coffrets contenant des terres et des pierres recueillies dans toute la France métropolitaine — par la Légion en zone sud (dont des roches de la barre des Écrins prélevées à 4200 mètres d'altitude) et par la Corporation paysanne en zone occupée — ainsi que dans les colonies françaises[5]. Ces terres et pierres sont solennellement déposées le dimanche matin dans la crypte du monument en présence du maréchal Pétain[5].

Monument historique

Le monument a été inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 5 mars 2018[6] (l'oppidum faisait déjà l'objet d'une inscription depuis 2013) et le 9 novembre de la même année, le monument est inclus dans le classement aux Monuments historiques d'une grande partie du plateau de Gergovie[7].

Galerie photos

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Notes

  1. Une des plaques avec inscription en latin a été abimée et visiblement regravée par endroit. Le texte latin original ou regravé comporte quelques petites erreurs. Le texte correct aurait sans doute du être:

    « Hoc monumentum ad gloriam
    Vercingetorigis victoris
    ex (a)[e]re privato Academ(iae) S.L.A.
    Claramont(ensis?) p[r]omovente
    et e sumptu cuiusdam civis
    Riomensis erexerunt
    Arvernorum apogoni
    MCM. »

  2. La plaque commémorative du passage de Napoléon III fut cassée et enlevée après la chute du Second Empire et une nouvelle fut réinstallée dans les années 1930.

Références

  1. "Le Monument" sur le site de l'office de Tourisme de Gergovie.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Antoinette Ehrard, Vercingétorix contre Gergovie ? : Nos ancêtres les Gaulois, Clermont-Ferrand, (lire en ligne), p. 307 à 317.
  3. Biographie d'Amédée Girard sur le site de l'Assemblée nationale, sur base de l'article du Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960.
  4. Le nom de l'entrepreneur Legay-Chevalier apparait sur l'une des trois plaques qui ornent le monument.
  5. a et b Antoinette Ehrard, « Gergovie, un « haut lieu » de la France ? », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 78,‎ , p. 133 à 143 (lire en ligne, consulté le ).
  6. "Oppidum de Gergovie" sur le site du ministère de la Culture.
  7. "Liste des immeubles protégés au titre des monuments historiques en 2018", paru au Journal Officiel du 12 mai 2019, texte 18.

Article connexes

Liens externe