Max Régis
Max Régis | |
Fonctions | |
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Maire d'Alger 1898-1899 | |
Gouvernement | IIIe République |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Sétif, Algérie |
Date de décès | |
Lieu de décès | Hautes-Pyrénées |
Nationalité | Français |
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Massimiliano Milano, plus connu sous le nom de Max Régis, est un journaliste et homme politique français, né le 8 juin 1873 à Sétif, en Algérie[1] et mort dans les Hautes-Pyrénées en 1950[2].
Le décret Crémieux (1870), conjugué avec les rebondissements de l'affaire Dreyfus, avait alimenté à des degrés inouïs le ressentiment antijuif parmi les colons pieds noirs d'Algérie en 1898. Max Régis, partisan d'Édouard Drumont, se fit alors connaître à la fin des années 1890, en tant qu'agitateur antisémite. À seulement 25 ans, il fut élu maire d'Alger, à la tête d'une une « liste antijuive » : il ne put cependant exercer son mandat et fut révoqué de ses fonctions. Il fut à nouveau élu maire en 1901, mais révoqué une seconde fois.
Biographie
Max Régis est né en 1873 à Sétif. Son père est un serrurier italien originaire de Mosso Santa Maria (Piémont). A dix ans, il part faire ses études au Lycée Louis-Le-Grand, puis retourne au Lycée d'Alger, pour finalement passer son bac à Montpellier. Avant de s'inscrire à la faculté de droit d'Alger, il effectue un voyage en Allemagne. Il est d'abord rédacteur en chef du Progrès de Sétif, puis responsable du quotidien algérien L'Antijuif de 1897 à 1904.
Contexte de l'époque
Les colons n'ont accepté qu'en maugréant le décret Crémieux de 1870, qui a fait des Juifs d'Algérie des citoyens Français à part entière. Le nouvel électorat juif a tendance à voter, de manière concertée, toujours pour le même parti « opportuniste », c'est-à-dire l'aile droite du front républicain, menée par Léon Gambetta et Jules Ferry. L'aile gauche, celle des « radicaux », entre en guerre contre le « vote juif », et mesure ainsi l'efficacité électorale des slogans antijuifs. Pendant les années 1890, la lutte antijuive, les associations antijuives prennent un essor impressionnant avec l'accord tacite ou explicite des gouverneurs généraux, des autorités et de la gauche en métropole.
En route pour la Mairie d'Alger
Début 1897, la nomination à Alger d'un professeur de droit romain nommé Lévy déclenche grèves et manifestations d'étudiants. Cette agitation se trouve un leader, Max Régis, 24 ans et appelé le « beau Max »[3], fils d'un maçon italien émigré, avide de casser du juif lors de « youpinades », et qui encadre les émigrés récents et de jeunes Arabes recrutés pour leurs razzias.
Le 20 février 1898 à Paris, Max Régis déclare : « On arrosera de sang juif l'arbre de la liberté »
Bientôt, Max, qui déchaîne la passion des furies algéroises et de tous les fiers-à-bras de la politique, est maître de la rue. Il a repris le journal L'Antijuif, qui, trois fois par semaine, hurle la haine et réclame l'abrogation du décret Crémieux, puis l'expulsion des Juifs d'Algérie ou leur extermination.
Le 18 mars 1898, le jugement est rendu condamnant Max Régis : confirmation par la Cour d'Appel d'Alger du jugement condamnant Max Régis à quatre mois de prison, suite au duel entre Max Régis et le capitaine Oger, ce dernier insulté dans L'Anti-juif.
Il est arrêté le 21 mars (il sera condamné - 3 ans de prison et amende - le 22 février 1899, par la Cour d'assises, et fuira alors en Espagne).
Aux élections de 1898, Régis convainc Édouard Drumont, l'auteur du pamphlet antisémite, La France juive, leader et « penseur » de l'antijudaïsme en France, de se présenter à Alger, étant lui-même trop jeune pour être éligible. Drumont lui promet de se retirer lorsqu'il aura atteint l'âge légal, mais ne le fera pas, ce qui provoquera le début de leur brouille.
Le 3 avril 1898, l'arrivée de Drumont déclenche une liesse populaire sans précédent. Les Juifs sont maltraités dans les faubourgs. Max Régis fait publier les noms des femmes de la ville qui se fournissent dans les magasins juifs.
Le 8 mai 1898, Édouard Drumont est élu triomphalement, et, sur six députés algérois, quatre sont élus sur la seule étiquette d'antijuifs.
En réaction, le 4 juin 1898, a lieu la première assemblée de la Ligue française des Droits de l'Homme qui avait été créée par Ludovic Trarieux.
Le 7 juin 1898, le Conseil des Ministres, présidé par Jules Méline, décide d'accueillir favorablement les recours en grâce formés en faveur des auteurs des troubles d'Alger, notamment Max Régis.
Le 14 juin, de violentes agressions antijuives éclatent à Alger, toutes menées par Max Régis.
Le 23 juillet 1898, Drumont appelle de ses vœux un nouveau Massacre de la Saint-Barthélemy, cette fois-ci contre les Juifs.
Le 22 octobre 1898, Max Régis est condamné à huit jours de prison pour coups et blessures.
Max Régis, maire d'Alger
Viennent, en novembre, les élections municipales : les trente-six candidats de la liste antijuive sont élus.
En novembre 1898, Max Régis est maire d'Alger. Première déclaration : « Maintenant, il faut qu'ils crèvent tous ! »
Premières mesures :
- les cafés qui reçoivent des Juifs ne peuvent avoir de terrasse,
- refus de circuler pour les colporteurs,
- les cochers Juifs doivent stationner à des endroits déterminés,
- le Théâtre municipal est fermé aux Juifs.
Les mises à sac de magasins Juifs sont monnaie courante. La vague algérienne qui porte les antijuifs est si puissante que Régis rêve d'autonomie : « Si la Français refuse de se libérer des Juifs, que le peuple algérien prenne en main ses destinées ! »
Un mois plus tard, le 12 décembre 1898, Max Régis est suspendu pour trois mois de ses fonctions de maire d'Alger. M.Lutaud est nommé préfet de la ville.
Le 26 décembre 1898, un duel oppose Régis à Le Pic, les deux hommes sont légèrement blessés.
Le déclin
Le 9 janvier 1899, Max Régis est révoqué de ses fonctions de maire d'Alger à la suite de propos injurieux contre les pouvoirs publics.
Régis se présente de nouveau à la mairie d'Alger en juillet 1901. Réélu, il est révoqué dans la foulée. En effet, il n'avait toujours pas purgé sa peine du 22 février 1899, ayant pris le maquis en Espagne.
Aux législatives de 1902, les quatre députés antijuifs sont battus, dont Édouard Drumont de (seulement) 1000 voix.
Régis quitte définitivement l'Algérie, passant notamment par l'Espagne. La suite de sa vie est mal connue ; il se reconvertit dans l'hôtellerie[4], se marie à Beausoleil en 1910 et meurt en 1950 en France métropolitaine, dans l'oubli.
Notes et références
- « Alger 1898. La grande vague antijuive », de Pierre Hebey
- Chronologie Affaire Dreyfus
- Masson, E., Max Régis et son oeuvre, Paris, Paul Dupont, 1901.
Notes et références
- Centre de documentation juive contemporaine, Revue d'histoire de la Shoah: le monde juif, La revue du Centre de documentation juive contemporaine, , p. 144.
- André Micaleff, Le mur de silence : petite chronique allemande, L'Harmattan, (ISBN 9782296059511, lire en ligne).
- Myriam Ben, Quand les cartes sont truquées : Mémoires, Editions L'Harmattan, , p. 173
- Max Régis, le Drumont d'Alger, revue L'Histoire, N°173, 1994