Les Années du crépuscule

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Les Années du crépuscule
Titre original
(ja) 恍惚の人Voir et modifier les données sur Wikidata
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Les Années du crépuscule (恍惚の人, Kōkotsu no hito?, litt. « L'Homme béat ») est un roman de l'auteure japonaise Sawako Ariyoshi, publié pour la première fois en 1972, au Japon. Ce drame familial, adapté en 1973 au cinéma, raconte le quotidien d'une femme et son mari, contraints de prendre en charge le père de celui-ci, un homme âgé devenant sénile. Sa traduction française paraît en 1986 aux éditions Stock.

Présentation[modifier | modifier le code]

La romancière japonaise Sawako Ariyoshi naît le , à Wakayama, dans la préfecture de Wakayama, au Japon[1],[2]. Sa carrière d'écrivaine commence en 1954[3], avec la rédaction de critiques théâtrales, notamment pour le mensuel Le Monde du Théâtre[l 1],[B 1], et de scénarios pour la télévision et la radio et la publication de nouvelles[1],[5].

Le roman Les Années du crépuscule[l 2] paraît en juin 1972, à l'initiative de la maison d'édition japonaise Shinchōsha[B 2],[B 3]. La création littéraire de l'écrivaine japonaise aborde le sujet des personnes du troisième âge dans le Japon moderne[B 2],[B 3]. L'œuvre de fiction devient rapidement un best-seller, dépassant le million d'exemplaires vendus avant la fin de l'année 1972[B 4],[B 5]. En 1973, moins d'une année après sa publication, le réalisateur Shirō Toyoda en fait une adaptation cinématographique[8],[6].

En 1985, le roman est traduit en anglais, par la maison d'édition britannique Peter Owen, sous le titre The Twilight Years, puis en français, l'année suivante, par les éditions Stock[B 6],[7].

Résumé[modifier | modifier le code]

Les Tachibana[l 3] forment une famille ordinaire, dans un Japon contemporain de Sawako Ariyoshi[B 7],[6]. Akiko Tachibana[l 4] vit sous le même toit que son mari Nobutoshi[l 5], son fils Satoshi[l 6], son beau-père Shigezō Tachibana[l 7] et sa belle-mère[B 8]. Après la mort de celle-ci, les états physique et mental de son époux Shigezō se détériorent[B 9]. Durant dix-huit mois, alors que Shigezō sombre dans la sénilité, son entourage familial, tout particulièrement sa belle-fille Akiko, se démène pour maintenir le vieillard de 84 ans en bonne santé et lui assurer une fin de vie décente[B 2],[B 10].

Impact social[modifier | modifier le code]

À sa sortie en 1972, le roman Les Années du crépuscule, qui, comme les précédentes créations littéraires de Sawako Ariyoshi Les Dames de Kimoto et Kae ou les deux rivales, réunit plusieurs générations familiales[B 11], suscite le débat public, voire des controverses, dans un Japon contemporain qui ne prend pas encore conscience des problèmes posés par le vieillissement de sa population[6],[9].

Akiko Tachibana, l'héroïne de la romancière, est une femme moderne, mère de famille, qui exerce une activité professionnelle hors du foyer familial[B 11],[B 12]. Son beau-père, Shigezō, devenu sénile, après la mort de son épouse, représente pour elle une corvée domestique supplémentaire. Lorsqu'elle se tourne vers les services sociaux, aucune aide ne lui est proposée pour la prise en charge d'une personne âgée telle que Shigezō. Au contraire, la jeune femme est blâmée pour ne pas honorer le précepte confucéen traditionnel de piété filiale[B 5]. Elle est contrainte de quitter son emploi pour prendre soin, à plein temps, du vieillard[B 12]. Cette situation, familière à de nombreux Japonais, est à l'origine du succès du roman auprès du grand public. L'attention de celui-ci est éveillée à propos des difficultés sociales rencontrées en particulier par les femmes, traditionnellement assignées aux tâches ménagères et à l'assistance aux membres les plus âgés des familles[B 13],[B 12]. En outre, par ses descriptions minutieuses des conséquences personnelles (physiques et psychologiques), familiales et sociales du vieillissement, l'écrivaine ouvre, dans l'esprit de son lectorat, la perspective angoissante d'une fin de vie pénible[B 14].

Six mois après sa parution, l'œuvre rapporte a Sawako Ariyoshi environ 300 000 dollars. Décidée à soutenir financièrement des structures d'accueil pour personnes âgées, elle se heurte à l'administration fiscale qui impose de fortes taxes et des limitations sur les dons privés. Sous la pression de l'opinion publique, qui s'exerce par l'intermédiaire de la presse nationale, le Trésor public japonais autorise la romancière à effectuer une donation de 66 000 dollars et assouplit la législation en vigueur restreignant les dons caritatifs[B 4]. Par la suite, de nouvelles maisons de retraite publiques ont été créées[B 14],[10]. Le titre original du livre, « kōkotsu no hito », est devenu, au Japon, une expression populaire pour désigner une personne du troisième âge[6],[10].

Adaptation cinématographique[modifier | modifier le code]

En janvier 1973, moins d'un an après la publication du roman Les Années du crépuscule de Sawako Ariyoshi, le studio Tōhō, associé à la société de production cinématographique Geien[l 8], en sort une adaptation cinématographique, sous le titre Un homme en extase[6],[11]. Dans son long métrage en noir et blanc, le cinéaste japonais Shirō Toyoda dirige, suivant un scénario écrit par Zenzō Matsuyama, les acteurs Hisaya Morishige, dans le rôle de Shigezō Tachibana, et Takahiro Tamura, dans celui de Nobutoshi Tachibana, et les actrices Hideko Takamine, qui interprète le personnage d'Akiko Tachibana, Nobuko Otowa et Kumeko Urabe[11],[8]. La bande originale de ce drame est une création du compositeur Masaru Satō[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes lexicales bilingues[modifier | modifier le code]

  1. Le Monde du Théâtre (演劇界, Engekikai?), magazine mensuel créé en 1949 et spécialisé dans le kabuki, la critique théâtrale et la photographie[4].
  2. Les Années du crépuscule (恍惚の人, Kōkotsu no hito?, litt. « L'Homme béat »)[6],[7].
  3. La famille Tachibana (立花家, Tachibana-ke?).
  4. Akiko Tachibana (立花昭子, Tachibana Akiko?).
  5. Nobutoshi Tachibana (立花信利, Tachibana Nobutoshi?).
  6. Satoshi Tachibana (立花昭子, Tachibana Satoshi?).
  7. Shigezō Tachibana (立花茂造, Tachibana Shigezō?).
  8. La société Geien (芸苑社, Geien-sha?).

Références bibliographiques[modifier | modifier le code]

  1. Tahara 1991, p. 299.
  2. a b et c Tahara 1991, p. 315.
  3. a et b McClain 1997, p. 222.
  4. a et b Tahara 1991, p. 316.
  5. a et b Loughman 1991, p. 49.
  6. Tahara 1991, p. 297.
  7. Nakanishi 2007, p. 4 et 11.
  8. Nakanishi 2007, p. 11.
  9. McClain 1997, p. 223.
  10. Loughman 1991, p. 49-50.
  11. a et b Loughman 1991, p. 50.
  12. a b et c Nakanishi 2007, p. 12 et 15-16.
  13. Tahara 1991, p. 315-316.
  14. a et b McClain 1997, p. 225.

Autres références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Ariyoshi Sawako », Encyclopædia Britannica, (consulté le ).
  2. (en) Sachiko Shibata Schierbeck et Marlene R. Edelstein, « Postwar writers who question the tradition, 1945 to 1959 - Sawako Ariyoshi (1931-1984) », dans Japanese Women Novelists in the 20th Century : 104 Biographies, 1900-1993, Copenhague, Museum Tusculanum Press, , 378 p. (ISBN 9788772892689 et 8772892684, OCLC 32348453), p. 143-148.
  3. (en) Michael D. Sollars (dir.) et Charlotte S. Pfeiffer, World Novel : 1900 to the present, vol. I, New York, Facts On File, , 948 p. (ISBN 9780816062331, OCLC 899748266), p. 36-37.
  4. (ja) Asahi Shinbun, « 演劇界は » [« Le Monde du Théâtre »], sur Kotobank,‎ (consulté le ).
  5. « Ariyoshi Sawako », éditions Picquier, (consulté le ).
  6. a b c d e et f Max Tessier (dir.) et Catherine Cadou, « Ariyoshi Sawako (1931-1984) », dans Cinéma et littérature au Japon de l'ère Meiji à nos jours (catalogue d'exposition Japon des avant-gardes (décembre 1986-mars 1987)), Paris, Centre Georges Pompidou/Fondation du Japon, , 119 p. (ISBN 9782858503728, OCLC 231852249, BNF 34879427), p. 46.
  7. a et b (en) Sachiko Shibata Schierbeck et Marlene R. Edelstein, « Postwar writers who question the tradition, 1945 to 1959 - Sawako Ariyoshi (1931-1984) », dans Japanese Women Novelists in the 20th Century : 104 Biographies, 1900-1993, Copenhague, Museum Tusculanum Press, , 378 p. (ISBN 9788772892689 et 8772892684, OCLC 32348453), p. 145-146.
  8. a et b (ja) Asahi Shinbun, « 恍惚の人は » [« Un homme en extase (Kōkotsu no hito) »], sur Kotobank,‎ (consulté le ).
  9. Machiko Osawa et Dominique Eyraud, « Les transformations des structures du cycle de la vie des femmes au Japon », Sociologie du travail, vol. 33, no 1,‎ , p. 172 (DOI 10.3406/sotra.1991.2545).
  10. a et b (en) Sachiko Shibata Schierbeck et Marlene R. Edelstein, « Postwar writers who question the tradition, 1945 to 1959 - Sawako Ariyoshi (1931-1984) », dans Japanese Women Novelists in the 20th Century : 104 Biographies, 1900-1993, Copenhague, Museum Tusculanum Press, , 378 p. (ISBN 9788772892689 et 8772892684, OCLC 32348453), p. 145.
  11. a b et c (ja) « 恍惚の人 » [« Les Années du crépuscule »], sur Japanese Cinema Database, agence pour les Affaires culturelles,‎ (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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