Aller au contenu

Jean Voilier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jeanne Loviton
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jeanne Louise Anne Elisabeth PouchardVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Jean VoilierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Activités
Père
Ferdinand Loviton (d) (beau-père (en))Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jean Voilier
Signature

Jean Voilier, de son vrai nom Jeanne Loviton, née le à Paris 17e et morte le à Paris 8e, est une avocate, éditrice et romancière française.

Jeanne Loviton naît le à Paris sous l'identité de Jeanne Louise Anne Élisabeth Pouchard[1], de père inconnu[2]. Sa mère, née Juliette Louise Pouchard, est une artiste connue sous le nom de « Denise Fleury » : cette dernière épouse en 1913 l'éditeur Ferdinand Loviton (mort en janvier 1942), fondateur des éditions Domat-Montchrestien[3] qui reconnaît sa belle-fille Jeanne la même année[4]. Jeanne Loviton suit des études secondaires au lycée Fénelon et au collège Notre-Dame de Sion. Après avoir passé son baccalauréat[4], elle est licenciée en droit le [5].

Elle obtient une carte d'avocat-stagiaire le  ; Maurice Garçon l'engage comme secrétaire durant environ une année. Si elle ne plaide pas à la cour, elle demeure inscrite au barreau comme avocat-conseil.

Elle épouse à 24 ans l'écrivain Pierre Frondaie, dont elle divorce en 1936. C'est à cette époque qu'elle commence ses activités de journaliste et publie sous le pseudonyme de Jean Voilier. Son premier roman, Beauté raison majeure, est publié en 1936 aux éditions Émile-Paul Frères[6]. Elle écrit ensuite d'autres romans : Jours de lumière (1938)[7], Ville ouverte en 1942, illustré par Paul Valéry[8].

Jeanne Loviton acquiert en 1939 le château de Béduer, dans le Lot, dont elle reste propriétaire jusqu'en 1985[9].

Elle vécut entre autres 11, rue de l'Assomption à Passy (Paris 16e), dans un hôtel particulier acquis avec son père Ferdinand en 1936, « tanière romantique » créée par Madeleine Castaing dans une ancienne dépendance du château de la Tuilerie remontant à Louis XVI ; son mobilier, conservé après la vente de cette propriété par sa fille adoptive Mireille Fellous-Loviton (1923-2020), fut mis en vente par celle-ci en 2015[10].

Elle publie un ouvrage pour la jeunesse, Les Manèges, en 1989 (Belfond-jeunesse)[11].

Elle meurt à Paris le [3]. Elle est inhumée au cimetière Notre-Dame de Versailles, où sa tombe (Loviton) porte simplement son prénom : Jeanne.

Vie privée

[modifier | modifier le code]

D'une beauté remarquée, Jeanne Loviton est aussi très connue dans le milieu littéraire français de son temps : très mondaine, elle aurait eu pour amants Jean Giraudoux, Saint-John Perse, Curzio Malaparte, Émile Henriot, Robert Denoël, Pierre Roland-Lévy et la féministe Yvonne Dornès. Elle eut, comme en témoigne leur correspondance, une liaison passionnée avec Paul Valéry — qui la surnommait Héra[12].

« Elle a été le dernier personnage romanesque de ce temps. »

— François Mauriac

L'affaire Denoël

[modifier | modifier le code]

Le , sur l'esplanade des Invalides à Paris, l'éditeur Robert Denoël — dont les biens sont en partie placés sous séquestre et sous le coup d'une enquête — est mystérieusement assassiné d'une balle dans le dos. Alors qu'il se rendait au théâtre dans sa Peugeot 302 noire en compagnie de Jeanne Loviton, un des pneus de la voiture aurait crevé. Le meurtre a été commis pendant qu'il aurait été en train de changer la roue, et que sa compagne se soit éloignée afin d'appeler un taxi. L'assassin ne fut jamais retrouvé et l'affaire non élucidée fut classée en 1950. Interrogée comme témoin principal, Jeanne Loviton fut suspectée de complicité de meurtre car son témoignage comportait des confusions. Cécile Denoël, la veuve de l'éditeur, l'accusa ouvertement, de même que Céline, de son exil danois, qui en fit « la figure la plus insultée de toute la comédie célinienne[13] ».

Denoël avait des projets de remariage avec celle qu'il avait placée comme actionnaire principale de sa maison d'édition, via un montage financier complexe : Loviton était depuis octobre 1945, propriétaire du fond via les éditions Domat-Monchrestien qu'elle possédait en propre. En décembre 1948, suite à la plainte de Cécile Denoël, et alors que la maison Denoël est acquittée de toutes charges, le tribunal de commerce de Paris estime cette vente simulée. Loviton fait appel et est déclarée en décembre 1950, seule gérante. Elle cède moins d'un an plus tard 90 % des parts aux éditions Gallimard[14],[15].

Ouvrages publiés

[modifier | modifier le code]
  • Beauté raison majeure, Émile-Paul frères, 1936.
  • Jours de lumière, Émile-Paul frères, 1938 ; rééd. avec des ill. de Paul Charlemagne, J. Ferenczi et fils, 1940.
  • Ville ouverte, lithographies de Paul Valéry, Émile-Paul Frères, 1942.
  • Les Manèges, Belfond, 1989.

Les « archives Valéry »

[modifier | modifier le code]

Jeanne Loviton a conservé de sa relation avec Paul Valéry ce que l'on a appelé les « archives Valéry »; c'est pourquoi, lorsqu'elle confia la décoration intérieure de sa maison de Senneville (Guerville, Yvelines) à Madeleine Castaing, étant ensuite en litige avec elle, elle évita d'aller demander une estimation de ses « archives » à son fils, l'expert Michel Castaing[pas clair][réf. nécessaire].

Iconographie

[modifier | modifier le code]

Une photographie de Jeanne Loviton publiée sur le blog animé par Henri Thyssens, Robert Denoël, éditeur[16] — lequel charge Jeanne Loviton de façon non neutre tout en fournissant de nombreuses sources documentées – a été reproduite dans le bulletin no 31, en , publié par l'association Mémoire de l'abbé Lemire, à la suite de la publication d'un article relatif à celle-ci.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Acte d'état civil, année 1903, Paris 17e, naissance no 799, vue 3/31, Archives de Paris, avec mentions biffées et occultées.
  2. Élisabeth Roudinesco, « Célia Bertin (1920-2014), résistante, romancière, journaliste et biographe », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Loviton, in: Pascal Fouché, Chronologie de l'édition française de 1900 à nos joursmoteur de recherche.
  4. a et b Jacques De Decker, « Paul Valéry est-il mort d’amour ? », Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique,‎ , p. 82 (lire en ligne).
  5. « Notices biographiques - Loviton Jeanne », sur thyssens.com (consulté le ).
  6. Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
  7. Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
  8. Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
  9. « Histoire du château », sur chateaudebeduer.com (consulté le ).
  10. Cf. catalogue de la vente Piasa du .
  11. Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
  12. Pierre Assouline, « Une don juan », Le Nouvel Observateur du 31 juillet 2008, page 69.
  13. Jérôme Dupuis, « Croqueuses d'écrivains », L'Express du 26 février 2008.
  14. Archives Imec, en ligne.
  15. Pascal Fouché, « Recherche du mot « Denoël » dans la Chronologie de l’édition française de 1900 à nos jours », sur editionfrancaise.com (consulté le )
  16. Voir sur thyssens.com.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Paul Valéry secret. Correspondance inédite adressée de 1937 à 1945 à Madame Jean Voilier.
    Catalogue de la vente à Monte-Carlo le 2 octobre 1982.
  • A. Louise Staman, Assassinat d’un éditeur à la Libération. Robert Denoël (1902-1945), Paris, Éditions e-dite, 2005.
  • Célia Bertin, Portrait d'une femme romanesque, Éditions de Fallois, 2008.
  • Jean Clausel, Cherche mère désespérément, Rocher, 2008.
    Un chapitre sur « Madame V. ».
  • Paul Valéry, Corona & Coronilla, poèmes à Jean Voilier, en postface : « L’histoire de Corona » par Bernard de Fallois, Éditions de Fallois, 2008.
  • Carlton Lake, Confessions of a literary archeologist, 1990, traduit en français sous le titre Chers papiers - Mémoires d'un archéologue littéraire, Seghers, 1991, pp. 230 à 273.
    L'auteur mentionne la vente publique d'un partie des « archives Valéry » de Loviton, dont le carnet des premiers brouillons de Charmes (datés de 1917 et 1920), à l'Hôtel Drouot en février 1979, en trois lots qui furent acquis par un admirateur suisse de l'écrivain. Finalement, 113 lots d'ouvrages et d'essais en éditions originales provenant de la bibliothèque Loviton furent vendus aux enchères à Paris le 16 décembre 2015.
  • Dominique Bona, Je suis fou de toi. Le grand amour de Paul Valéry, Grasset, 2014.
  • Catalogue de la vente aux enchères publiques (« Bijoux, Tableaux et Dessins, Mobilier, Objets d'art ») par Piasa, Paris le (pp 175 à 345 - reprod. d'une photographie de la façade sur jardin de la maison de J. Loviton).

Filmographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]