Pierre Roland-Lévy

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Pierre Roland-Lévy
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Lévy
Nationalité
Activités
Enfants
Fabien Roland-Lévy (d)
Christine Roland-Lévy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
René Glodek (beau-frère)
Laurence de Cambronne (en) (belle-fille)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique

Pierre Roland Georges Roland-Lévy, né le à Paris (8e), fils de Georges Lazare Lévy et de Jeanne Marie Bonn, et mort le à Saint-Mandé (Val-de-Marne), est un magistrat français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Avec Georgette Glodek (1928-2004), exfiltrée par le réseau de Georges Loinger, rescapée du centre de triage du Parc des Cropettes et réfugiée à Versoix, durant la seconde guerre mondiale[1], sœur de la peintre Mireille Miailhe et du résistant, René Glodek, il a une fille, Danielle, épouse de l'avocat du procès de Paul Touvier, Yves Amblard[2], fils de Gaston Amblard, et un fils, Fabien Roland-Levy, journaliste à Libération au Parisien et au Point, marié à la rédactrice en chef adjointe du magazine Elle, Laurence de Cambronne (en), fille de l'avionneur Claude de Cambronne.

Avec Janice Gorin, il a trois enfants Christine, Caroline et Jean-Pierre, assistant monteur de La Femme de ma vie, de Régis Wargnier, Roselyne et les Lions, de Jean-Jacques Beineix et Downtown 81, d'Edo Bertoglio.

En , Georgette Glodek, attaque le réverend Henry R. T. Brandreth (en), chaplain de l'Église anglicane Saint-Georges de Paris, pour avoir baptisé ses deux enfants sans son accord, et fait appel à la reine Élisabeth II, pour annuler la conversion[3].

Carrière[modifier | modifier le code]

Avocat à la Cour de Paris, il est nommé chef de Cabinet au ministère du Travail, dirigé par Ambroise Croizat. En , à l'occasion d'un différend immobilier, son locataire, le cinéaste Louis Salabert demande l'arbitrage de l'Institut d'étude des questions juives, du capitaine Paul Sézille, qui se prononce en sa faveur, considérant sa qualité d'ancien prisonnier de guerre, d'adhérent aux « Amis de l'Institut d'Etude des Questions Juives » et de critique d'un cinéma « investigateur du crime, propagateur de mauvaises mœurs, dangereux même pour la loi et la santé de l’âme »[4]. A l'automne 1941, Gabriel Péri avant son exécution au Mont Valérien[5] lui demande d'effectuer des démarches pour la veuve de Jean Catelas, exécuté en représailles à l'assassinat d'un officier de la Kriegsmarine, l'aspirant Moser, par le colonel Fabien[6], puis est arrêté et enfermé à la Prison de la Santé puis au Centre pénitentiaire de Fresnes[5] et déporté vers le camp d’Oranienburg (camp de concentration)[7] où il est détenu comme employé du bureau des inscriptions (« Schreibstube »)[8], du au , date de la libération du camp par la 47e Armée Soviétique. Numéro de matricule 58 128, il fait partie du convoi des 1500 français[9] qui partent de Compiègne le , est interné au « Grand Camp » de Sachsenhausen, où il rencontre le comédien Claude Lacloche, qui le décrit dans Trois vies pour un seul homme :

« J'ai bien connu Pierre-Roland que je voyais régulièrement jusqu'à son départ de Paris pour la Côte d'Azur. Il me paraît être représentatif de ce que l'emprise insidieuse du camp pouvait opérer sur le psychisme des rescapés, en modifiant peu à peu, voire en brisant, la personnalité de certains d'entre eux. Après avoir longtemps exercé sa profession d'avocat, Pierre-Roland devint magistrat. Père de deux enfants, il en eut trois autres avec sa seconde épouse, Janice, une Américaine. Avant que celle-ci ne mourût d'un cancer, il devint progressivement sujet à des phases de rages subites, non démentielles, mais peu compatibles avec sa fonction de juge pour enfants. Par chance, sa morale et son comportement professionnels n'en furent pas modifiés. Au cours de l'une de ces crises et pour un motif futile, il menaça Janice d'un revolver qu'il conservait dans le tiroir de sa table de nuit. Avec l'âge, il devint de plus en plus misanthrope et mourut, il y a plusieurs années, à Menton où il s'était retiré[10]. »

Il est le fondateur et le président de l’Amicale des déportés au camp d’Oranienburg (camp de concentration), après la guerre. En 1947, il est présenté au Conseil supérieur de la magistrature, par le groupe communiste[11]. Le , il figure, avec Georges Séguy, parmi les membres fondateurs du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples). Exclu du Parti communiste au cours de l’hiver 1949-1950 et mis en demeure de donner sa démission, il s’est néanmoins maintenu dans ses fonctions, par le président de la république, Vincent Auriol. En mars 1951, il est suspendu de ses fonctions au Conseil supérieur de la magistrature, pour avoir commis une indiscrétion au profit de la presse communiste, à propos d’une demande de grâce formulée par un condamné malgache, Samuel Rakotondrabe, Généralissime des forces rebelles à Madagascar, condamné à mort en décembre 1947 par un tribunal militaire[12]. Il se lie d'amitié avec Simone Penaud-Angelelli, et collaborateur de Me Rosenmark, les avocats de Jean Voilier et Robert Denoël. Le , un journaliste signant sous le nom alternatif de Roger ou Robert Darbois, mentionne son nom dans un article d' Express dimanche, le mettant durement en cause, dans l'assassinat de l'éditeur, pour avoir découvert le corps gisant de l'éditeur avec Guillaume Hanoteau, écrivain et futur mari de la comédienne, Alice Sapritch[13].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Procès Maniu: rapport de M. Pierre Roland Levy à l'Association internationale des juristes démocrates et au mouvement national judiciaire, présenté à la Maison de la pensée française (1947)[14]
  • Jean-Pierre Royer, Etre juge demain: Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, etc, Presses Universitaires de Lille, (ISBN 978-2859392284).
  • A. Louise Staman, With the Stroke of a Pen: A Story of Ambition, Green, Infidelity(2002)
  • Claude Lacloche et Annie Feinberg, Trois vies pour un seul homme, L'Harmattan, coll. « Graveurs de Mémoire », (ISBN 2-7475-6672-2, présentation en ligne).
  • Richard T. Griffiths (en), France’s Purveyors of Hatred: Aspects of the French Extreme, 2020

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marc Moulin, « À Versoix, le kibboutz des jeunes rescapés de la Shoah », Tribune de Genève,‎ (lire en ligne).
  2. L'affaire Touvier: chronique d'un procès en idéologie, de Jacques Trémolet de Villers, p.153, 379, 383
  3. Archive of the Jewish Telegraphic Agency
  4. L. SALABERT, Le film corrupteur in Dictionnaire de la censure au cinéma de J-L. DOUIN, 1ére édition, 1998, PUF, pp. 184, Les contentieux de l’image : étude de jurisprudence comparée de Laurent Jourdaa
  5. a et b « Témoin: Pierre Roland Lévy », sur thyssens.com.
  6. Loïc Damiani, « Avocats en Résistance : actes de résistance dans les barreaux », Histoire de la justice, vol. 2012/1, no 22,‎ , p.19-32 (DOI 10.3917/rhj.022.0019., lire en ligne).
  7. Amicale, Camp Sachsenhausen
  8. Ghetto Fighters House Archives, Infocenters
  9. Le camp de concentration de Oranienbourg - Sachsenhausen, Encyclopédie BS Editions
  10. Lacloche et Feinberg 2004, p. 161.
  11. Royer 1983, p. 187.
  12. « La succession de M. Pierre-Roland Levy au conseil supérieur de la magistrature pose un problème constitutionnel et juridique », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  13. L'assassinat de Robert Denoël, France Inter
  14. Procès Maniu