Histoire de Château-Gontier sous la Révolution

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L'histoire de Château-Gontier sous la Révolution retrace la série des événements survenus à Château-Gontier à partir de 1789.

1789[modifier | modifier le code]

Le , 19 membres de la noblesse réunis à Château-Gontier, signent une adresse à l'Assemblée constituante de 1789, la félicitant de son heureuse union, qui la rend l'espoir de la patrie. Sa haute sagesse, disent-ils, ses lumières, son zèle infatigable répareront les pertes de la France et feront son bonheur.[1]. L'adresse est signée : Quatrebarbes, Champagné, d'Andigné, Lancrau de Bréon, Déan de Luigné, etc.[2].

Formation du département de la Mayenne[modifier | modifier le code]

Le , l'Assemblée constituante ordonne aux députés des anciennes provinces françaises de se concerter, afin de mettre en place un réseau de nouveaux départements d'environ 324 lieues carrées, soit 6 561 km2 actuels.

Des réunions se tiennent aussitôt dans l'hôtel du duc de Choiseul-Praslin, député de la noblesse de la sénéchaussée d'Angers. Une trentaine de députés des trois provinces composants la généralité de Tours (Anjou, Maine et Touraine) présents envisagent de rétrocéder des territoires au Poitou et de subdiviser le domaine restant en quatre départements, autour des capitales traditionnelles, Tours, Angers et le Mans, et autour de la ville de Laval, qui récupérerait des terres du Maine et de l'Anjou (sénéchaussée de Château-Gontier plus le pays de Craon).

En 1790, une partie du Haut-Anjou (Château-Gontier et Craon) est séparée du reste de l'Anjou pour former le département de la Mayenne avec une partie du Maine. Depuis, cette partie du Haut-Anjou est appelée la Mayenne angevine.

1790[modifier | modifier le code]

Le , la garde nationale adhère au pacte fédératif des gardes nationales de France. Elle jure de maintenir la nouvelle Constitution et le roi, restaurateur de la liberté de son peuple.. Le , la commune envoie son adhésion à tous les décrets de l'Assemblée nationale et souscrit un million pour l'acquisition des biens nationaux du district[3].

Quand il faut fixer le siège épiscopal de la Mayenne, le , Louis de Boislandry, rapporteur du Comité ecclésiastique et de constitution, propose Laval ; aussitôt Michel-René Maupetit se lève et intercède pour Mayenne ; Louis-François Allard réclame pour Château-Gontier[4] ; l'Assemblée passe outre et crée l'évêché de Laval.

Municipalité révolutionnaire[modifier | modifier le code]

Dès 1791, la municipalité inspirée par le maire, Yves-Marie Destriché, et par le procureur fiscal, Habert, est réprimée par l'administration centrale par ses actes jugés d'une insubordination indécente aux pouvoirs constitués[5].

Destitué de nouveau, le , le maire défend toutes les assemblées religieuses, emprisonne les prêtres.

1792[modifier | modifier le code]

le , l'Assemblée Législative décide d'entendre François-Pierre-Marie-Anne Paigis sur le champ au sujet de quatre détenus de Château-Gontier[6].

Les délégués de la Convention Claude Fauchet et Maurin, au mois de , trouvèrent à Château-Gontier le patriotisme le plus brûlant.[7].

Château-Gontier possède la première la machine à couper les têtes, qu'elle reçoit de Laval, le [8]. Le dépouillement des églises est effectué et rapporte des biens le [9].

Le district et la municipalité adhérèrent au mouvement fédéraliste, mais assez modérément pour ne pas se compromettre[10].

1793[modifier | modifier le code]

La menace des Vendéens[modifier | modifier le code]

À la suite de l'exécution de Louis XVI, deux protestations seulement se font entendre : celle des Chouans et celle des Vendéens.

Le district envoie à Sedan un détachement de volontaires, dont plusieurs sont réformés à Laval, . Les autorités demandent deux canons par crainte des Vendéens (), et envoient tous les fonds à Laval ().

Virée de Galerne[modifier | modifier le code]

Lors de la Virée de Galerne, les Vendéens marchent sur Château-Gontier, repoussant aisément les garnisons locales et les gardes nationaux hâtivement rassemblés par les autorités. La ville est prise le . Ils n'y restent que quelques heures, le temps de se reformer, de massacrer le juge de paix et quelques autres jacobins notoires de la ville, et partent vers Laval.

Le matin du , les Vendéens sont à Candé ; les autorités organisent la défense, demandent à Craon de l'artillerie. François Joachim Esnue-Lavallée répond à une heure de l'après-midi qu'il n'en peut fournir ; qu'en cas de danger, il faut se replier sur Craon.

À trois heures, on apprend que Segré a été occupé à midi, et à six heures, l'avant-garde vendéenne est signalée. Il n'y eut qu'un simulacre de combat. Les royalistes restèrent douze heures à Château-Gontier. Les malades qu'ils laissèrent furent massacrés et Jean-Baptiste Carrier put dire dans son plaidoyer que les noyades avaient eu lieu dans la Mayenne avant qu'il les ait mises en pratique à Nantes[11].

Le soir du et dans la nuit qui suivit, se termine dans les rues de la ville la poursuite des républicains par les Vendéens, vainqueurs à la bataille de la Croix-Bataille.

Retour des républicains[modifier | modifier le code]

Les administrateurs n'étaient pas encore rentrés le .

Dès leur retour, ils votent des pensions pour les veuves les orphelins. Ils dressent le une liste nouvelle des suspects qui doivent être enfermés au Couvent des Ursulines de Château-Gontier.

1794[modifier | modifier le code]

Ils demandent le au département l'autorisation de démolir toutes les églises et de construire une tour pour la tenue des sociétés populaires et l'installation d'une horloge qui peut servir à toute la ville.

À la même époque, Joseph-Juste Coquereau[12] tient la ville en échec[13]. Le chartrier de la baronnie de Château-Gontieravait été caché en l'an II[14]. Dans le district une grande partie des registres de l'état-civil avait été lacérée, biffée, incendiée par les Vendéens, les Chouans et les républicains.

La Terreur s'installe. La correspondance de l'accusateur public des commissions révolutionnaires de Laval avec le Comité de Château-Gontier illustre cette période[15].

Le 9 thermidor an II[16], la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne s'installe à Château-Gontier et, en quelques jours, envoie 18 personnes à la guillotine, sans compter les trois cents brigands que le comité local reconnaissait avoir expédiés en deux mois aux commissions de Laval et d'Angers. La Commission Huchedé et de l'accusateur Publicola Garot opère du 9 au 24 thermidor.

La chute de Robespierre n'en est pas moins saluée avec enthousiasme par ceux qui avaient été ses trop fidèles disciples[23]. L'influence du 9 thermidor se fait sentir : le 24, l'accusateur public Garrot cessait de signer Publicola, et le tribunal acquitte[24] tous les accusés au nombre de dix, en déclarant que l'affaire, qui remontait aux soulèvements, suite de la levée des 300,000 hommes, avait vieilli avant d'avoir été dénoncée, indice a de haine et d'animosité,etc.

La Chouannerie, qui s'organisa après la Virée de Galerne, teint la ville et le district dans des alarmes continuelles[25] : les actions des Chouans se multiplient. François Vachot veut faire contre eux dans le district une levée en masse (). C'est le moyen assuré d'y créer une nouvelle Vendée lui répondent les administrateurs qui réclament des renforts et la création de colonnes serrées toujours en marche et non de cantonnements inactifs (), et surtout la répression du brigandage des troupes républicaines ().

1795[modifier | modifier le code]

Le pays prend la tournure d'une nouvelle Vendée écrit à Jean-François Boursault-Malherbe le procureur syndic (). Pour ramener la paix, il faut avant tout le libre exercice des cultes religieux et le rapport de la Constitution dans toutes ses conséquences (). Il ajoute écrivant à Mathieu Baudran () qu'il faut une pacification[26].

Il annonce au général Lebley, le , que les Chouans faisaient de grands mouvements et recrutent des adhérents nouveaux. Enfin, il fait passer, le , à l'adjudant général Dhalancourt une lettre des représentants ordonnant de mettre en arrestation tous les chefs de Chouans, exceptés ceux qui formaient l'état-major de Scépeaux..

Le , Jambe-d'Argent tente avec Coquereau contre la ville[27] une attaque qui manque par la faute de ce dernier ; mais la situation n'en était pas moins poignante d'horreur pour les républicains.

La pacification demandée s'effectue. La proclamation d'amnistie est envoyée dans les campagnes (), mais on se plaint que les troupes républicaines n'observent pas la suspension d'armes ().

1796[modifier | modifier le code]

On célèbre par un festin la signature du traité de Nantes par Coquereau et Mocquereau ().

Boursault ayant proposé à la Convention d'exclure les Chouans de la pacification de la Vendée, le procureur syndic déclare que ce sera la ruine de neuf départements ().

Le , l'agent national indique que les Chouans refusent la pacification, qu'ils veulent le roi et leurs prêtres, font des levées ; qu'un soulèvement général est à craindre, que l'esprit public est prononcé pour l'anéantissement du gouvernement révolutionnaire., et que le peuple ne veut plus de magistrats qui ne sont pas de son choix[28].

Le , les républicains tirent sur les Chouans pour répondre à leur qui-vive ; ce fut une nouvelle affaire où la troupe perdit 30 hommes et 39 chevaux. Le général Lebley est averti du projet formé en ville de massacrer les chefs Chouans qui doivent y venir (), et les représentants du peuple, continue le procureur syndic, manquent de bonne foi et d'ensemble ().

1797[modifier | modifier le code]

120 citoyens saluent le Coup d'État du 18 fructidor an V, mais en l'an VII, les Mécontents sont partout dans le pays et rançonnent les acquéreurs de biens nationaux.

1798[modifier | modifier le code]

La municipalité, qui faisait détester la république par son zèle excessif et inquiet, devient un embarras pour l'administration centrale et est dénoncée par elle au ministre de l'intérieur le .

1799[modifier | modifier le code]

Un soulèvement arrive en 1799 : le corps de garde est désarmé par une troupe de Chouans déguisés, le . Une série d'alertes est remontée par le commissaire décade en décade au ministre de l'intérieur.

La ville est en alarme. Les généraux Achille Claude Marie Tocip Grigny et Digonnet arrivent à Château-Gontier, le et . Tridoulat commande l'arrondissement et se plaint de Dhalancourt qui d'ailleurs est parti, pour Angers ().

À Laval on croit que Château-Gontier est attaqué (). On ne peut payer les frais de la guerre car les impôts ne rentrent pas, et il serait bon de faire passer à Laval les fonds si l'on avait une forte escorte (). La discorde règne entre l'administration qui se vante de faire destituer les généraux et l'autorité militaire.

Le , le commandant Molliens est en relation au sujet de l'armistice avec « Pierre, chef de Chouans, 1ère légion, armée du Maine. » Il se plaint de ce que les habitants aiment mieux aller en prison que de fournir des chevaux et des vivres ().

1800[modifier | modifier le code]

Bardet, chef des Chouans de Laigné, vient à Château-Gontier acheter de la flanelle, conduit par le commandant. L'armistice expirait le . Même après la soumission des chefs, beaucoup de Chouans sont encore en armes et des coups de fusil sont tirés sur la ville ().

Le , 60 Chouans se soumettent, mais les armes ne rentrent pas vite. Molliens conseille la douceur dans le désarmement, et le soin de se concilier les prêtres (). Pour lui il va aller (le ) vendanger à Ménil où les raisins sont mûrs ; envoyer sept soldats pillards et employer le reste à grapiller avec assurance dans l'arrondissement.[29].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le 4 août à Versailles, la noblesse renonçait à ses privilèges
  2. Archives nationales, C 89.
  3. Archives nationales C 39, 42.
  4. Gazette nationale ou le Moniteur universel du mercredi 7 juillet 1790. Compte rendu de la séance du 6 juillet.
  5. 60 prêtres avaient été arrêtés sans mandat, en pleine nuit, vers la mi-septembre 1791.
  6. Un adjudant de la garde nationale de la ville, un brigadier de gendarmerie, un tanneur et un quatrième citoyen avaient deviné à certains indices qu'une grande émeute ravagerait la ville de Château-Gontier, dans la nuit du 29 au 30 septembre 1791. Sourdille, l'adjudant, court prévenir la municipalité du péril imminent, passe outre aux ordres d'un commandant, renforce les postes de sa propre autorité, fait des patrouilles. Suivi de ses coaccusés, il désarme des gardes nationaux qui rentraient tranquillement chez eux et qu'il prend pour des conspirateurs. L'aube arrive, les brigands n'ont pas paru. La ville apprend le danger auquel elle a échappé, et Sourdille est tout simplement mis aux fers, en compagnie des autres, par les autorités. L'affaire suivit la voie administrative,et les inculpés étaient depuis plus de trois mois emprisonnés, lorsque le 13 février, l'Assemblée nationale décida qu'il n'y avait pas lieu de les décréter d'accusation et leur rend la liberté.
  7. Ils trouvent le maire Détriché, deux fois cassé par le Directoire du département pour ses excès ; et Dunan, curé intrus de Laigné, modèle parfait du vicaire savoyard qui mariait les moines défroqués comme lui, et que les paroissiens chassèrent, dégoûtés de son ivrognerie, de ses débauches et de ses délations.
  8. Encore « encaissée telle que nous l'avons reçue », disent les administrateurs lavallois, et qu'elle garda deux jours et trois nuits.
  9. 600 marcs d'argent, 88 marcs de galons dorés, 77 marcs de galons d'argent, 70 marcs de galons et étoffe brûlés.
  10. Aucun de leurs membres ne fut inquiété.
  11. Voir : Noyades de Nantes.
  12. Dont le père et la mère étaient emprisonnés.
  13. Il empêche les vivres d'y entrer.
  14. On emprisonna pour le retrouver : Pierre Dessandeau, feudiste, la veuve du concierge du château ; R.-Ch. Bescher, ci-devant greffier du juge de paix ; René Rabeau, meunier, et sa femme Renée Paillard, Anselme François ci-devant administrateur du district (25 pluv. an II).
  15. Je suis l'accusateur public, écrit Jean-Baptiste Volcler au comité de Château-Gontier. La Commission est on ne peut plus satisfaite de votre manière d'opérer.. Il trouve pourtant qu'on lui envoie trop de coupables. (9 janvier 1794). Mais le 23 janvier il ajoute : Votre manière d'opérer est au pas de la Révolution... Ne nous amenez plus de suppliciables : la guillotine partout nous suit ; nous irons vous voir.. Puis le 4 février : Puisque vos prisons sont pleines et qu'il nous est impossible de nous rendre à Château-Gontier d'ici quelque temps, vous pouvez nous amener quelques charetées des plus coquins que nous guillotinerons de suite. Si vous avez quelques grands coupables, gardez-les ; nous irons leur faire chez eux-mêmes expier leurs forfaits. On vous donnera leurs têtes à afficher sur des piques. Enfin le 22 février, le zèle des terroristes de Château-Gontier devient tel qu'il est obligé de leur rappeler que les enfants de l'un et l'autre sexe au-dessous de 14 ans ne sont pas réputés émigrés ou rebelles. C'est son adieu.. Mais Publicola Garot le remplace : Les prisons sont pleines, écrit-il le 13 avril. Lorsque la Commission aura expédié les coupables, je vous préviendrai, ou plutôt j'inviterai mes collaborateurs à se transporter à Château-Gontier. Puis le 29 : J'ai reçu le paquet... On respire dans les prisons de cette ville, comme dans les vôtres un air mortel. Les prévenus sont entassés comme les moutons dans les étables.. Nouveau paquet envoyé, Garot répond le 10 juin que leur tour viendra, mais il y a à Laval 400 personnes de l'un et l'autre sexe qui doivent passer avant eux..
  16. Jour de la chute de Robespierre.
  17. Extraite des Martyrs du Maine, de Théodore Perrin - 1830. [1]
  18. M. Dugué, le curé de Sablé, était caché chez Pierre Gougeon; il y est pris, un jour de Pâques, par la garde de Ballée, et conduit à Château-Gontier, ainsi que ses hôtes. De là, il et transféré à Laval avec les prêtres qu'il accompagne dans les prisons de Rambouillet. Les Gougeon retournèrent dans leur maison qu'ils trouvèrent complètement vide : tout y avait été vendu ou mis au pillage. Pierre Gougeon n'osa demeurer chez lui; il erra pendant trois à quatre mois à travers les campagnes voisines et est arrêté dans une ferme de Souvigné par la colonne mobile de Sablé, qui le remet entre les mains du tribunal révolutionnaire, à Château-Gontier.
  19. La famille Mahier est une famille de Ménil, connue par son attachement aux idées religieuses et au roi. Elle est arrêtée à la Pimbertière. Elle périt pour avoir fourni des aliments aux chouans. Louis Mahier n'est pas condamné avec ses parents, à cause de son jeune âge. Jean Mahier était laboureur.
  20. Laboureur.
  21. Accusé d'avoir tenu des propos liberticides.
  22. Extrait de son jugement:« Jean-Baptiste Malécot, convaincu d'avoir eu des intelligences avec les ennemis du dehors , secondé leurs desseins en propageant les principes du despotisme, cherché à étouffer dans l'âme des patriotes et surtout dans les temps de crise, le courage et l'énergie du républicanisme, en annonçant l'envahissement prochain du sein même de la France par des armées innombrables, grossi par conséquent les ennemis de l'intérieur, et contribué de tout son pouvoir à allumer le flambeau de la guerre civile qui dévaste les départements de l'Ouest; sera, livré au vengeur du peuple, pour être mis à mort dans les vingt-quatre heures.»
  23. Archives nationales C.319
  24. Ce n'est pas mentionné par l'abbé Théodore Perrin, Les Martyrs du Maine, p. 294.
  25. On a beau faire passer tous les bateaux sur la rive droite (16 mars 1794), accaparer les armes du pays (18 avril), demander des renforts d'infanterie et de cavalerie (6 mai et 15 juin), ordonner, sans succès d'ailleurs, d'abattre les haies (11 juillet).
  26. C'est-à-dire un traité de paix, et que tous les autres moyens ne peuvent conduire qu'à la ruine du pays.
  27. Dhalancourt l'avait fait fortifier (germinal et floréal an III) sans tenir compte de la commission des travaux publics qui s'en plaignait.
  28. Archives nationales, A F11,203)
  29. Archives de la Mayenne, mémoire de Meignan, procureur syndic.

Bibliographie[modifier | modifier le code]