Francesca Albanese

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Francesca Albanese
Fonction
Rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés depuis 1967
depuis
Michael Lynk (en)
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité

Francesca P. Albanese, née en , est une juriste et chercheuse italienne[1], spécialisée en droit international. Le , elle est nommée rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, pour un mandat de trois ans[2],[3].

Fervente opposante à l'occupation israélienne de la Palestine, Francesca Albanese recommande dans son premier rapport que les États membres de l'ONU élaborent « un plan pour mettre fin à l'occupation coloniale israélienne et au régime d'apartheid ».

Elle critique l'inaction sur cette question, décrivant les États-Unis comme « subjugués par le lobby juif » et l'Europe par un « sentiment de culpabilité à l'égard de l'Holocauste », arguant que tous deux « condamnent les opprimés » dans le conflit[4].

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas de 2023, Francesca Albanese appelle à un cessez-le-feu immédiat, avertissant que « les Palestiniens courent le grave danger d'un nettoyage ethnique de masse »[5]. Elle déclare également que la communauté internationale doit « prévenir et protéger les populations des crimes d'atrocité », et que « la responsabilité des crimes internationaux commis par les forces d'occupation israéliennes et le Hamas doit également être immédiatement recherchée ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Francesca Albanese est titulaire d'une licence en droit avec mention de l'université de Pise et d'un master en droits de l'homme de l'université SOAS de Londres. Elle termine son doctorat en droit international des réfugiés à la faculté de droit de l'université d'Amsterdam[1]. Elle est chercheuse affiliée à l'Institut pour l'étude des migrations internationales (en) de l'université de Georgetown, conseiller principal sur les migrations et les déplacements forcés auprès de l'organisation à but non lucratif Arab Renaissance for Democracy and Development (ARDD)[1] et chercheuse à l'Institut international d'études sociales (en) de l'université Érasme de Rotterdam[6]. En 2020, elle rédige, avec Lex Takkenberg, l'ouvrage Palestinian Refugees in International Law.

Francesca Albanese a travaillé pendant une décennie en tant qu'experte en droits de l'homme pour l'Organisation des Nations unies (ONU), notamment le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient[7]. Au cours de cette période, elle a conseillé l'ONU, les gouvernements et la société civile au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans la région Asie-Pacifique sur les droits de l'homme, leur application et les normes, en particulier pour les groupes vulnérables tels que les réfugiés et les migrants. Elle donne des cours sur le droit international et les déplacements forcés dans des universités européennes et arabes, ainsi que des conférences et des événements publics sur le conflit israélo-palestinien[1].

Le , Francesca Albanese recommande dans son premier rapport que les États membres de l'ONU élaborent « un plan pour mettre fin à l'occupation coloniale israélienne et au régime d'apartheid »[8]. Le rapport conclut : « Les violations décrites dans le présent rapport mettent en évidence la nature de l'occupation israélienne, à savoir un régime intentionnellement acquisitif, ségrégationniste et répressif conçu pour empêcher la réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination »[9].

Rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés[modifier | modifier le code]

La nomination de Francesca Albanese au poste de rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, la deuxième Italienne (après Giorgio Giacomelli (en)) et la première femme à occuper ce poste[10], suscite une controverse en raison de ses déclarations passées concernant l'Holocauste et le lobby juif, que certains ont accusées d'être de nature antisémite [11],[12]. Elle déclare qu'elle n'est pas antisémite et que sa critique d'Israël (en) est liée à l'occupation des territoires palestiniens. En , soixante-cinq spécialistes de l'antisémitisme, de l'Holocauste et des études juives (en) déclarent : « Il est évident que la campagne contre [Albanese] ne vise pas à combattre l'antisémitisme actuel. Il s'agit essentiellement d'efforts visant à la réduire au silence et à saper son mandat en tant que haut fonctionnaire de l'ONU chargé de rendre compte des violations des droits de l'homme et du droit international commises par Israël »[4].

En , une déclaration de 116 organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile, d'institutions universitaires et de groupes salue les « efforts inlassables de Mme Albanese pour protéger les droits de l'homme dans les TPO [Territoires palestiniens occupés] et pour sensibiliser aux violations quotidiennes alarmantes des droits des Palestiniens »[13]. En , un groupe bipartisan de 18 membres du Congrès des États-Unis demande que Francesca Albanese soit démise de ses fonctions, affirmant qu'elle avait fait preuve d'un parti pris constant contre Israël[14].

En , Francesca Albanese reçoit le prix international Stefano Chiarini (it) (en italien : Premio Internazionale Stefano Chiarini) en reconnaissance de son travail journalistique sur la Palestine et le Moyen-Orient [15],[16].

Alors que les efforts se poursuivent pour que Francesca Albanese soit démise de ses fonctions Amnesty International Italie publie, le , une lettre de soutien signée par des dizaines de groupes de défense des droits, de députés, de juristes et d'universitaires italiens. Le , trois anciens titulaires du poste exhortent publiquement l'ONU à défendre Francesca Albanese et déclarent qu'elle avait été « la cible d'attaques calomnieuses » et « personnelles ». Le « 3 mai », Francesca Albanese tweete qu'elle a « vu trop de morts [de Palestiniens], trop d'arbitraire, zéro responsabilité » et qu'elle avait été accusée de s'être attaquée à ces abus[17].

En , lors de la 30e réunion de la 53e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Francesca Albanese présente un rapport accusant Israël de transformer la Cisjordanie en une prison à ciel ouvert. Le rapport indique que depuis 1967, plus de 800 000 Palestiniens, dont des enfants de douze ans, ont été arrêtés et détenus par les autorités israéliennes. Lors d'un briefing avec les journalistes, Francesca Albanese déclare : « Il n'y a pas d'autre façon de définir le régime qu'Israël a imposé aux Palestiniens - qui est un apartheid par défaut - qu'une prison à ciel ouvert ». Israël n'était pas présent lors de la présentation mais a rejeté les conclusions[18],[19],[20].

Durant la guerre entre Israël et le Hamas de 2023, Francesca Albanese appelle à un cessez-le-feu immédiat, avertissant que « les Palestiniens courent le grave danger d'un nettoyage ethnique de masse »[5]. Elle déclare également que la communauté internationale doit « prévenir et protéger les populations des crimes d'atrocité », et que « la responsabilité des crimes internationaux commis par les forces d'occupation israéliennes et le Hamas doit également être immédiatement recherchée »[5],[21],[22]. Le gouvernement israélien a déclaré Albanese persona non grata en Israël et lui a interdit d'entrer à l'avenir dans le pays[23].

Le , Francesca Albanese publie un rapport intitulé « Anatomie d'un génocide »[24] : elle y affirme qu’il existe des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël a commis plusieurs actes de génocide dans la bande de Gaza[25],[26]. Elle se dit victime de nombreuses menaces depuis le début de sa mission d’élaboration d’un rapport sur la guerre israélienne contre Gaza[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) « Lunchtime Seminar: ‘Resetting the Mind: Settler Colonialism, Apartheid and the Right to Self-determination in Palestine’ », sur le site de l'université de Galway, non daté (consulté le ).
  2. (en) « Special Rapporteur on the situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967 », sur le site de l'ohcr (consulté le ).
  3. (en) Richard Falk, John Dugard et Michael Lynk, Protecting Human Rights in Occupied Palestin : Workng Through the United Nations, SCB Distributors, , 398 p. (lire en ligne).
  4. a et b (en) « Scholars of anti-Semitism defend UN Special Rapporteur on Palestine against pro-Israel onslaught », Middle East Monitor,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b et c (en) « UN expert warns of new instance of mass ethnic cleansing of Palestinians, calls for immediate ceasefire », sur le site de l'ohchr, (consulté le ).
  6. (it) Umberto De Giovannangeli, « “Israele viola il diritto internazionale”, intervista a Francesca Albanese », ilriformista,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « Special Rapporteur on the situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967 » [PDF], sur ohchr (consulté le ).
  8. (en) Francesca Albanese, « Situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967 » [PDF], sur le site de l'ONU, (consulté le ).
  9. (en) « UN report urges plan to 'end Israeli settler-colonial occupation, apartheid regime' », The New Arab Staff,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (it) Anna Maria Selini, « Francesca Albanese: il mio impegno per i diritti in Palestina », Altreconomia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Luke Tress, « UN Palestinian rights official’s social media history reveals antisemitic comments », The Times Of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (it) « Onu, la Special Rapporteur Francesca Albanese accusata di antisemitismo », La repubblica,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « More than 100 rights groups condemn Israel’s smear campaign against UN Special Rapporteur Albanese », Wafa,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Luke Tress, « US Congress members call on UN leadership to remove antisemitic official », The Times Of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (it) « Territori palestinesi: a Francesca Albanese (relatrice speciale ONU) il Premio Stefano Chiarini », OnuItalia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (it) « Premio Chiarini a Francesca Albanese, Relatrice Onu sui diritti umani nei Territori Palestinesi », il manifesto,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) « The campaign against the UN’s human rights official on Palestine », Aljazeera,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « Israel occupation makes Palestinian territories 'open-air prison', UN expert says », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « UN told Israel turns Palestinian territory into outdoor prison », Aljazeera,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « Summary of the UN Special Rapporteur’s Report on the Widespread and Systematic Deprivation of Liberty in the Occupied Palestinian Territory », Law For Palestine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Guerre Israël-Hamas, jour 171 : une rapporteuse de l’ONU accuse Israël de commettre plusieurs « actes de génocide » dans la bande de Gaza », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) « Hamas October 7 massacre a 'reaction to Israeli oppression' - UN official », sur Jerusalem Post
  23. Haaretz, « Israel Declares UN Envoy to Gaza and West Bank Persona Non Grata After Oct. 7 Comments »
  24. (en) « Anatomy of a Genocide » [PDF], sur ohcr.org, (consulté le ).
  25. « Guerre Israël-Hamas, jour 171 : une rapporteuse de l’ONU accuse Israël de commettre plusieurs « actes de génocide » dans la bande de Gaza », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Guerre dans la bande de Gaza : sur quoi se base la rapporteuse spéciale de l'ONU pour accuser Israël d'"actes de génocide" ? », sur Franceinfo, (consulté le )
  27. « Albanese: j'ai été menacée dès le début de la préparation de mon rapport sur la guerre à Gaza », TRT FRANCAIS,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]