Frédéric Bérat

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Frédéric Bérat
Lithographie de Marie-Alexandre Alophe en 1850.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Domiciles
Activités
Fratrie
Œuvres principales
signature de Frédéric Bérat
Signature
Sépulture au Père-Lachaise.

Frédéric Bérat, né le 20 ventôse an IX () à Rouen et mort le à Paris 10e, est un goguettier, compositeur et chansonnier français.

Sa chanson Ma Normandie, souvent évoquée en France sous le nom de J'irai revoir ma Normandie, est aujourd'hui l'une des plus célèbres chansons françaises et l'hymne officieux de sa région natale la Normandie et l'hymne officiel du bailliage de Jersey.

La renommée de cette chanson a depuis très longtemps largement dépassé celle de son auteur. En comparaison, ses autres œuvres sont plutôt oubliées.

Biographie[modifier | modifier le code]

Frédéric Bérat est né au 23-24 rue Saint-Étienne-des-Tonneliers à Rouen, où vivent alors ses parents. Il est le sixième, né d'une fratrie de sept enfants. Leur père, Jean Charles Bérat, est un négociant aisé en « cuir, huile et bleu de Prusse ». Son frère aîné, le dessinateur Eustache Bérat sera également chansonnier.

Il est tout d'abord prévu qu’il reprenne le commerce de son père. Il étudie à Rouen à l'institution Sueur, rue des Arsins. Il prend également des leçons de clarinette avec un professeur particulier.

Ses études finies, il part à Paris, où il est d'abord employé durant sept ou huit ans dans la maison Chevreux-Aubertot, grand commerce de textile rue du Sentier. Puis il se retrouve dans les bureaux de l'ancien député baron Mercier.

Il apprend le piano en travaillant seul sans enseignant. Le compositeur dans le genre léger et spirituel Charles-François Plantade lui donne des conseils en matière de composition et d'harmonie. Il commence à écrire des chansons et les interpréter dans des cercles fermés.

Il fréquente la célèbre goguette parisienne de la Lice chansonnière. Laurent Quevilly écrit à ce propos : « Il est un pur produit de la Lice chansonnière, fondée en 1834 par Charles Le Page, sorte d'académie populaire se réunissant chaque jeudi pour chanter en public[1]. »

Il finit par embrasser la carrière de chansonnier, s’accompagnant de sa guitare. Il a précédé Pierre Dupont dans les adoptions populaires, mais dans un ordre infiniment plus futile, avec une légère portée sentimentale tout au plus, et sans visées sociales aucunes. Dans sa voie familière Gustave Nadaud l’a énormément dépassé par l’esprit, la malice, le charme sentimental, et une certaine élévation philosophique qui le rapproche parfois de Béranger, avec lequel il se lie d’amitié[2]. L’aimant comme son enfant, ce chansonnier le prend sous sa protection. Il était également ami avec Tony Johannot, Camille Roqueplan, Charlet[a].

Il compose nombre de chansons à succès, dont La Lisette de Béranger (1843)[b], Les Nouvelles de Paris (1854), Mimi Pinson, Ma prison, Bonne espérance, Le Départ, La Montagnarde, Le Retour du petit Savoyard et Le Berger normand. Mais c’est surtout pour Ma Normandie, la chanson aujourd’hui utilisée comme hymne national du bailliage de Jersey et, de façon non officielle, comme chant régional de la Normandie, qu’il compose en 1836 sur le bateau qui le menait de sa ville natale à Sainte-Adresse, qu’il est passé à la postérité. Cette chanson est lancée dans la goguette parisienne de la Lice chansonnière. Son succès est immense. 30 ans plus tard, il est déjà dit à son propos qu'on en « a tiré plus d'un million d'exemplaires, et qu'on (la) réimprime encore tous les jours[5]. »

Cependant, la célébrité acquise ne lui assure pas la possibilité de vivre de son art. Il doit trouver ailleurs des revenus. Un certain Margueritte lui procure un emploi à l’administration d’une compagnie parisienne de gaz[6]. Il venait à son bureau quand il pouvait y venir[3].

Il est mort d’une affection de la moelle épinière[6], qu’il avait pris pour un rhumatisme dans la région lombaire[4], au 59 rue de Lille à Paris[7]. Ses obsèques ont lieu à l'église Saint-Thomas-d'Aquin[8] et il est enterré au cimetière du Père-Lachaise[c].

Une place et une rue portent aujourd’hui son nom à Rouen, où se trouve également, square Verdrel, un monument aux frères Bérat dû à Alphonse Guilloux et Georges Bourienne[10], inauguré le .

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Ma Normandie.
  • À la frontière !
Caricature de Bérat par Benjamin.
  • Le bal où je ne serai pas.
  • Mieux vaut mourir, 1834.
  • Les Souvenirs de Lisette, 1841.
  • C'est demain qu'il arrive, 1842.
  • Le soldat et le bon pasteur, 1844.
  • Bonheur de mère, 1844.
  • Mimi pinson, 1846.
  • Bonne espérance !
  • La Lisette de Béranger.
  • Le Pâtre du Tyrol.
  • À la frontière !
  • Rien n’est si beau que mon village.
  • Jean le postillon.
  • Lettre à Marie.
  • Bérénice.
  • C’est demain qu’il arrive !
  • Adieu, bords chéris de la Seine.
  • L’Octogénaire.
  • La Montagnarde au départ.
  • Fanchette.
  • Après la bataille.
  • Une jeunesse normande.
  • Dieu n’a pas deux familles.
  • Ma petite Toinette.
  • O muse des chansons !
  • Le Retour.
  • À Béranger.
  • Les Amoureux.
  • Ma prison.
  • Je n’ose la nommer.
  • Au diable les leçons !
  • Si j’étais né petit oiseau.
  • Les Deux Frères savoyards.
  • Le Poëte.
  • Les Causeries du soir.
  • Un berger de Normandie.
  • Le Marchand de chansons.
  • Le Départ du petit Savoyard.
  • La Valse dans la prairie.
  • Les Nouvelles de Paris.
  • Ma Normandie.
  • Un premier amour.
  • À mes chansons.
  • La Pauvre Marie.
  • Je veux être soldat.
  • Bibi.
  • Le Marié.
  • La Croix de ta mère.
  • Les Quatre Sous du petit Nicolle.
  • Le Jeune Poëte mourant.
  • Le Doigt coupé.
  • La Veille des moissons.
  • Les Petits bergers.
  • Entre cousine et cousin.
  • Le Retour du petit Savoyard.
  • La Noce à mon frère André.
  • Louise et Louison.
  • Mon Petit Pierre.
  • Les Fauvettes.
  • Contes et nouvelles du pays normand, Elbeuf, Duval, 1930.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ce dernier lui avait appris à porter le bonnet militaire sur l’oreille, à jouer du clairon, à battre du tambour[3].
  2. Cette chanson a fait le tour de France en collaboration avec Virginie Déjazet, qui en avait fait un petit poème. La Lisette de Béranger était la grande ressource des représentations à bénéfice. Quand cette actrice était énervée et épuisée, quand elle ne pouvait jouer ni Richelieu ni Frétillon et qu'un artiste aux abois venait la solliciter, elle disait : « Affichez la Lisette de Béranger de Frédéric Bérat », et ces noms connus et aimés de la foule, Lisette, Béranger, Dejazet et Bérat, suffisaient à l’attrait du spectacle[4].
  3. Division 49, 1re section[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Laurent Quevilly, Petite histoire d'une grande chanson.
  2. « Courrier de Paris », Le Siècle industriel, Paris, no 267,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica).
  3. a et b Jules Janin, « Frédéric Bérat », Journal des débats politiques et littéraires,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. a et b « Frédéric Bérat », Figaro, no 89,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  5. Théophile Marion Dumersan, Chansons nationales et populaires de France, accompagnées de notes historiques et littéraires], Paris, Garnier frères, (lire en ligne).
  6. a et b William Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture : Inventaire raisonnée, des notions générales les plus indispensables à tous par une société de savants et de gens, de lettres, t. 3e, Paris, Firmin Didot, , 2de éd. (lire en ligne), p. 6
  7. « Décès et inhumations », Le Pays, Paris, 7e série, no 342,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  8. Beuzeville, « Rouen, 4 décembre », Journal de Rouen, no 338,‎ , p. 1 col. 2 (ISSN 2430-8242, lire en ligne).
  9. Jules Moiroux, Le Cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne sur Gallica), p. 67.
  10. « Le monument des frères Bérat », Journal de Rouen, no 49,‎ , p. 2 col. 3.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jules Claretie, Profils de théâtre, Paris, Gaultier-Magnier, 1902.
  • Louis Huart, Frédéric Bérat, s.l., s.n.,
  • Louis Batissier (d) Voir avec Reasonator, Frédéric Bérat, Paris, A. François, , 11 p., portraits ; in-12 (OCLC 456896513).
  • Eugène Guinot (ill. T. Johannot, Raffet, Bida, Gendron, Lancelot, Mouilleron, E. Leroux, Pauquet, A. Marsaud, Grenier, C. Nanteuil, Gérard Séguin, H. Potin. Gravées sur bois par Jardin. Portrait de l'auteur dessiné par Victor Pollet et gravé par Auguste Blanchard), Chansons; paroles et musique de Frédéric Bérat, Rouen, A Curmer, , 1re éd., 14, 214, illustr., pl., portrait (OCLC 224852043, lire en ligne sur Gallica).
  • Charles Boissière, Frédéric Bérat, Darnétal, Fruchart, , 8 p., in-8º (OCLC 457090600).
  • Guy Pessiot (préf. Daniel Lavallée), Histoire de Rouen 1850-1900, Rouen, éd. du P'tit Normand, , 1re éd., 4 vol. : illustr. ; 31 cm (OCLC 10799255), p. 217.
  • Jules Janin, « Frédéric Bérat », Journal de Rouen, no 345,‎ , p. 3 (lire en ligne).

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