Eugène Jacob de Cordemoy

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Eugène Jacob de Cordemoy
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Philippe Eugène Jacob de CordemoyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Louis Philippe Hubert Jacob De Cordemoy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Camille Jacob de Cordemoy
Louis Bénédict Jacob de Cordemoy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Hubert Jacob de Cordemoy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Distinctions
Abréviation en botanique
Cordem.Voir et modifier les données sur Wikidata

Eugène Jacob de Cordemoy est un médecin et botaniste français originaire de l'île de La Réunion né le à Saint-André[1] et mort le à Hell-Bourg (Salazie)[2].

Famille[modifier | modifier le code]

Il est un descendant de Philippe Antoine Jacob de Cordemoy, gouverneur de La Réunion du au , lequel était né le à Bouillon en Belgique. La particule vient de Gilles Jacob, brigadier des armées du Roi, qui a acquis en le fief de Cordemoy, aux environs de Bouillon.[réf. nécessaire]

Il est le père de Hubert Jacob de Cordemoy (1866-1927) qui, suivant les traces de son père, se consacre presque exclusivement à la botanique. Reçu en 1896 docteur ès sciences, il est préparateur de botanique à la faculté d'études physiques, chimiques et naturelles (dit PCN) de Paris, nouvellement créé. Reçu docteur en médecine en 1898[réf. nécessaire], il est chargé des cours d'histoire naturelle coloniale à l'école de médecine d'Aix-Marseille[3], chargé d'un cours sur l'« Histoire des produits animaux coloniaux »[4] au musée-institut colonial de Marseille (fondé par la Chambre de commerce de Marseille)[5], chef des travaux botaniques à la faculté des sciences de Marseille[6] et maître de conférences à la même faculté[7]. Il contribue activement au musée colonial et à l'institut colonial de Marseille, créés par Édouard Heckel en 1893[8],[9],[10],[11].

En 1898 la famille élargie compte plusieurs membres domiciliés à la Réunion (Bénédict à Saint-Denis, Alfred) mais aussi Camille Jacob de Cordemoy, ingénieur civil domicilié à Santiago (Chili) ; Stoline de Cordemoy (ép. Henri Miot puis Adolphe Lefèvre, tous deux domiciliés à Paris), Louise Francière (petite-nièce d'Adolphe et arrière-petit-fille de Louis Philippe Hubert de Cordemoy) à Perpignan[12],[1]

Biographie[modifier | modifier le code]

Médecine[modifier | modifier le code]

Docteur en médecine de la Faculté de Paris, licencié es sciences naturelles, Eugène Jacob de Cordemoy est médecin de l'hôpital de Saint-Benoît, bourgade de l'Est de La Réunion où il pratique également la chirurgie, comme la plupart de ses collègues de cette époque.

Le tambave est une pathocénose, c'est-à-dire une maladie liée à un contexte culturel particulier. En 1864, dans l'ouvrage intitulé La médecine extra-médicale à l'Île de la Réunion, Cordemoy décrit le tambave, maladie mortelle du petit enfant : « Les petits malheureux qui sont en proie à cette cachexie (par ce mot on entend en médecine un état dans lequel toute l'habitude du corps est manifestement altérée), où, pour parler le langage des empiriques, qui ont le tambave, présentent un aspect très caractéristique. Ils sont profondément amaigris, ils ont de la bouffissure, souvent une infiltration générale. La diarrhée prolongée leur a souvent fait pousser le ventre (...) La peau amincie est transparente nacrée. Maladie qui, à terme, est mortelle ». Ayant identifié les différentes manifestations de la maladie, il conclut : « Le tambave n’est donc pas une entité pathologique, mais la conséquence de plusieurs maladies distinctes ». Cette superposition de plusieurs pathologies que la médecine de l'époque avait du mal à différencier, pouvait devenir mortelle.

Témoin de l'introduction de la fièvre à la Réunion, il formule son opinion à ce sujet dans le journal de la Réunion du  : « Plusieurs d'entre nous savent comment la fièvre paludéenne a été introduite à la Réunion. Quand la quarantaine qui avait été imposée aux provenances de l'île Maurice, fut levée, une famille arriva et s'installa au Champ-Borne, près de l'Étang (1867). Elle avait apporté, dans un but de spéculation, des vêtements portés par des soldats anglais morts, à Maurice, de fièvre dite de Bombay et acquis à vil prix. Ces vêtements furent lavés sur les bords de l'Étang. Peu de semaines après, la fièvre paludéenne éclata dans le voisinage et se propagea de proche en proche. Je pus suivre cette marche envahissante de case en case, du Champ-Borne à Saint-Philippe. Ce mode spécial d'extension me suggéra alors la conviction que la cause du mal ne pourrait être un simple agent physico-chimique, mais un organisme pathogène se reproduisant et se multipliant dans l'espace et dans le temps. Cette conviction s'imposait, me semble-t-il. Elle parut dans le temps quelque peu hérétique, lorsque je la publiai : les découvertes de Laveran ont justifié mes vues légèrement révolutionnaires ».

Botanique[modifier | modifier le code]

Les premières études globales sur la Flore des Mascareignes à être publiées furent la Flore de Maurice et des Seychelles par Baker en 1877[13] et la Flore de La Réunion par Eugène Jacob de Cordemoy en 1895[14], lequel reprit les travaux de Charles Frappier, un autre botaniste réunionnais. Ces travaux concernaient plus particulièrement les orchidées de La Réunion, soit un catalogue de 145 espèces dressé en 1880. Sa Flore de La Réunion synthétise trente années de prospections et d'études de la flore réunionnaise et établit les fondements synthétiques des connaissances botaniques générales de la flore de l'île. Son herbier est aujourd’hui conservé à Marseille.

Politique[modifier | modifier le code]

Durant trente ans il est maire de Saint-Benoît et conseiller général.

Eugène Jacob de Cordemoy fut membre de la Société linnéenne de Paris, vice-président de la Commission administrative du Muséum et du jardin botanique de Saint-Denis, membre de la Société des sciences et des arts de la Réunion, correspondant de la Société des sciences et des arts de l'Île Maurice[15].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • La médecine extra-médicale à l'île de la Réunion, St Denis, 1864
  • « Traitement du tétanos par l'opium à hautes doses », Bulletin thérapeutique, Paris, 1866
  • « Sur un cas de résection partielle du foie suivie de guérison », Paris, 1894
  • [1895] Flore de l'île de la Réunion (Phanérogames, Cryptogames vasculaires, Muscinées) avec l'indication des propriétés économiques & industrielles des plantes, Paris, Paul Klincksieck, , 574 p. (lire en ligne [sur gallica]).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Harry Desmarais, « Jacob de Cordemoy », généalogie, sur gw2.geneanet.org (consulté en ).
  2. « Faire-part de décès », La Patrie Créole, no 3073,‎ (lire en ligne [sur gallica]).
  3. [Cordemoy (H.) 1911] Hubert Jacob de Cordemoy, Les plantes à gommes et à résines, Paris, éd. Octave Doin et Fils, coll. « Encyclopédie scientifique », , 412 p. (lire en ligne [sur gallica]).
  4. [Mengeot 1900] Albert Mengeot, « Musées Commerciaux et Coloniaux Français - Instituts coloniaux » (sur le travail de Heckel, voir p. 255-259), Bulletin de la Société De Géographie Commerciale de Bordeaux,‎ , p. 249-261 (voir p. 259) (lire en ligne [sur gallica]).
  5. [Heckel et al. 1900] Édouard Heckel, Henri Jumelle, Hubert Jacob de Cordemoy, Louis Laurent (professeurs attachés à cet institut) et Philippe Eberlin (conservateur du musée), Notice sur l'Institut et le Musée colonial de Marseille, Paris, impr. typographique Henri Robergue, , 108 p., sur biodiversitylibrary.org (lire en ligne), p. 24.
  6. Heckel et al. 1900, p. 26.
  7. [Cordemoy (H.) 1914] Hubert Jacob de Cordemoy, Origine et dispersion des races bovines de l'Afrique occidentale française, Pari, éd. Augustin Challamel, coll. « Bibliothèque d'agriculture coloniale », (lire en ligne [sur gallica]).
  8. Heckel et al. 1900, voir page de couverture et la photo qui suit la page de titre.
  9. [Heckel, Cordemoy & Schlagdenhauffen 1904] Édouard Heckel, Hubert Jacob de Cordemoy et Frédéric Charles Schlagdenhauffen, « Sur un nouveau Copal et sur un nouveau Kino fournis, le premier par le fruit et le second par le tronc et les rameaux du Dipteryx odorata Wild (en). Étude anatomique du genre Dipteryx et étude chimique de ses produits », Annales de l'Institut colonial de Marseille,‎ , p. 71-137 (lire en ligne [sur biodiversitylibrary.org]).
  10. [Cordemoy (H.) 1901] Hubert Jacob de Cordemoy, « Les soies dans l'Extrême Orient et dans les colonies françaises », Annales de l'Institut colonial de Marseille, vol. 8 (9e année),‎ , p. 1-112 (lire en ligne [PDF] sur odyssee.univ-amu.fr, consulté en ).
  11. [Cordemoy (H.) 1904] Hubert Jacob de Cordemoy, « L'Île de la Réunion pittoresque et économique » (conférence), Bulletin de la Société de géographie et d'études coloniales de Marseille, t. 28, no 1,‎ , p. 31-40 (lire en ligne [sur gallica]).
  12. étude de Me H. Jallot, avoué à Saint-Denis, « Publication pour purger des hypothèques légales », Le Ralliement de l'Île de la Réunion, no 2249,‎ (lire en ligne [sur gallica]).
  13. [Baker 1877] John Gilbert Baker, Flora of Mauritius and the Seychelles : a description of the flowering plants and ferns of those islands, Londres, éd. L. Reeve & Co., , 557 p. (lire en ligne [sur gallica]).
  14. Cordemoy 1895.
  15. Cordemoy 1895, page de titre.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Cordem. est l’abréviation botanique standard de Eugène Jacob de Cordemoy.

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