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Elizabeth Françoise Dillon

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Elizabeth Françoise Dillon
à compléter
Fanny Bertrand

Titre Comtesse Bertrand
(1785-1836)
Biographie
Dynastie Famille Dillon
Nom de naissance Elizabeth Françoise Dillon
Surnom Fanny
Naissance
Gognies-Chaussée (Hauts-de-France)
Décès (à 50 ans)
Saint-Maur Indre
Père Arthur, comte de Dillon
Mère Laure de Girardin de Montgérald
Conjoint Henri-Gatien Bertrand

Elizabeth Françoise Dillon, dite Fanny Dillon puis Fanny Bertrand (24 juillet 1785 - 6 mars 1836), noble française, fut la fille de Arthur, comte de Dillon (guillotiné en 1794) et l'épouse de Henri Gatien Bertrand, Grand maréchal du palais; avec son mari, elle accompagna l'Empereur Napoléon durant son exil à Sainte-Hélène.

Issue d'une famille noble, franco-irlandaise, catholique, elle naquit le 24 juillet 1785 au château de Gontreuil[1] à la frontière franco-belge et fut baptisée le 25 juillet à Quévy-le-Grand[2]. Elle est la fille de Messire Arthur, comte de Dillon et de Dame Laure de Girardin de Montgérald (1764-1816)[3],[4], créole de la Martinique. Fanny est la demi-sœur de Henriette Lucy Dillon née d'un précédent mariage de son père Arthur Dillon avec Thérèse-Lucy de Rothe. Elle est aussi petite cousine de l'impératrice Joséphine[5]

Peu après sa naissance, lorsqu'il fut désigné député de la Martinique son père l'emmena sur l'île puis retourna à la métropole pour siéger aux États généraux[6]. En 1795 Fannny, sa mère et les deux enfants d'un premier lit émigrèrent en Angleterre et ne rentrèrent en France qu'au début du Consulat[7]

L'Impératrice se prit d'affection pour Fanny, sa lointaine cousine, qui résidait alors à Beauregard et faisait partie de son entourage immédiat[8]. Comme toute jeune fille de bonne famille à cette époque là, Fanny ne rêvait que d'un beau mariage, qui sait avec une famille régnante comme mesdemoiselles Stéphanie de Beauharnais et Stéphanie de Tascher de la Pagerie . Ce que Joséphine puis Napoléon lui promirent[9]. Plusieurs prétendants furent envisagés : Alphonse Pignatelli de Gonzague, comte de Fuentes et d'Egmont[10],[11], le prince Aldobrandini, le Duc de Medina-Sidonia et beaucoup d'autres[12].

En 1808, au grand désespoir de Fanny, l'attention de Napoléon se porta sur Henri Gatien Bertrand qu'il voulait faire comte d'Empire. La comtesse de Boigne, parente par Éléonore Dillon (1753-1831), relate dans ses mémoires que Fanny tint tête à l'Empereur : « Quoi, Sire, Bertrand ! Bertrand ! singe du Pape en son vivant ! »[13]. Napoléon lui réplica sèchement « Assez, Fanny »[12].

Elle finit par céder aux exigences impériales et l'Empereur, devant se rendre à Erfurt fin septembre, pressa les choses[14]. Le mariage civil se réalisa à Paris le 16 septembre 1808 et le mariage religieux à Saint-Leu le lendemain 17, chez la reine Hortense[15],[16]. Ce sera une union exemplaire que les épreuves ne réussiront pas à ébranler[17]

D'une fidélité presque aveugle à l'Empereur, Bertrand le suivra lors de son exil à l'île d'Elbe et plus tard à Sainte-Hélène, sans même avoir consulté Fanny[17]. Elle arrive à Porto-Ferrajo le 6 août 1814 et le 27 elle mettra au monde leur 4° enfant qui décèdera 3 mois plus tard[17].

Au moment de l'exil définitif de Napoléon à Sainte-Hélène, la reine Hortense se surprit de l'empressement de Fanny à rejoindre son mari[18].Elle essaya de convaincre l'Empereur à ne pas emmener son époux en exil, et tenta même, par désespoir, de se jeter par dessus bord[19]. De santé fragile, suite à ses grossesses elle fut cependant un appui précieux, constant et fidèle à Bertrand; ce fut elle qui traduisit en anglais les Lettres du Cap[17],[20].

Le 17 janvier 1817 elle donne naissance à Arthur, cinquième enfant du couple. Dans ses cahiers, Bertrand écrit: « A 1 heure, les douleurs sont vives. A 2 heures et demie Mme Bertrand accouche d'un garçon. Elle éprouve une perte qui la met en danger »[21] Lorsque Napoléon lui rendra visite, elle déclarera:« Sire, j'ai l'honneur de vous présenter le premier français qui soit entré à Longwood sans la permission du gouverneur »[22]

Les rapports de Fanny avec l'Empereur furent très souvent houleux. Venue lui présenter ses vœux le 1° janvier 1821, elle s'entendra dire: « Mme Bertrand ne sera pas heureuse. Elle a besoin de consolations; elle n'en aura pas; Elle a besoin d'argent. Son mari sera heureux avec le gouvernement de sa fortune. Elle ne le sera pas ». Elle répliquera plus tard:« ..qu'elle était venue offrir une rose à l'Empereur et qu'en chemin il lui avait donné un fagot d'épines. »[23] Elle quittera l'île avec Bertrand le 27 mai 1821.

Elle décèdera le 6 mars 1836 au château de Laleuf[24] à Saint-Maur (Indre)[17].

Gracieuse et fine plutôt que jolie, elle possédait un charme fait de langueur créole et d'indolence anglaise, auquel le prisonnier de Longwood ne sut pas rester insensible, surtout après le départ de "la Montholon" comme l'appelle Gourgaud[25].

Bibliographie

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  • Ressource relative aux beaux-artsVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-02035-3)
  • Emmanuel Las Cases-T. Lentz-P. Hicks-F. Houdecek-C. Prévot, Le mémorial de Saint-Hélène-Le manuscrit retrouvé, Paris, Editions Perrin, (ISBN 978-2-262-09642-7)
  • Lucy de La Tour du Pin, Journal d'une femme de cinquante ans : 1778-1815 Tome I, Paris, Chapelot, (lire en ligne)
  • Lucy de La Tour du Pin, Journal d'une femme de cinquante ans : 1778-1815 Tome II, Paris, Chapelot, (lire en ligne)
  • Éléonore-Adèle d'Osmond Boigne(1781-1866 ; comtesse de), Récits d'une tante : mémoires de la comtesse de Boigne - Tome I, Paris, E. Paul, 1921-1923 (lire en ligne)
  • Hortense (1783-1837 ; reine de Hollande), Mémoires de la reine Hortense. Tome 3, Paris, (Paris), (lire en ligne)
  1. « Seigneurie de Gontreuil à gognies chaussée.pag », sur histoire2gognies.com (consulté le ).
  2. Quoique situé en France le château appartenait à la paroisse du village belge de Quévy-le-Grand
  3. Comtesse de La Touche par un premier mariage dont elle eut deux enfants : Alexandre de La Touche et Elizabeth-Alexandrine duchesse de Fitz-James
  4. La naissance, le mariage et la mort de Fanny Dillon, Comtesse Bertrand - Revue du Nord - https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1967_num_49_193_2619
  5. Dans son livre Journal d'une femme de cinquante ans Tome I P 95 Henriette Lucy Dillon dit « Il (son père, Arthur Dillon) s'était vivement attaché à Mme la comtesse de La Touche, veuve à trente ans.. Elle était très agréable et fort riche. Sa mère Mme de Girardin, avait pour sœur Mme de La Pagerie. Celle-ci venait de marier sa fille au vicomte de Beauharnais »
  6. Journal d'une femme de cinquante ans - Henriette Lucy Dillon Tome I P 60.
  7. Journal de Paris - 1° mai 1910 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k17513k/f815
  8. mémoires de la comtesse de Boigne P211
  9. Mémoires de la comtesse de Boigne P211
  10. Il était le petit fils de Casimir Pignatelli d'Egmont, mais il mourut en 1807
  11. Journal d'une femme de cinquante ans Tome II Chapitre XII Partie II
  12. a et b Mémoires de la comtesse de Boigne P244
  13. D'après François Houdecek, Fanny cite méchament ces vers de La Fontaine : « Cousin et gendre de Bertrand/Singe du Pape en son vivant ». (Le singe et le léopard) entendant par là que ce Bertrand ne pouvait qu'être un valet singeant son maitre.
  14. Journal d'une femme de cinquante ans Tome II Chapitre XII Partie IV
  15. La naissance, le mariage et la mort de Fanny Dillon, Comtesse Bertrand - Revue du Nord Page 336/7/8- https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1967_num_49_193_2619
  16. Finalement l'Empereur n'y assistera pas.
  17. a b c d et e Suzanne de La Vaissière-Orfila - Dictionnaire Napoléon - Jean Tulard - Fayard 1987 -Entrée BERTRAND
  18. Mémoires de la reine Hortense. Tome 3 Page 47
  19. Le mémorial de Saint-Hélène P 104- le 1° août 1815
  20. Écrits clandestins de Sainte-Hélène https://www.napoleon.org/magazine/livres/ecrits-clandestins-de-sainte-helene/
  21. Cahiers de Saint-Hélène 1816-1817 P 184
  22. Lettres sur l'expédition de Sainte-Hélène en 1840, par Arthur Bertrand https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5579591g/f96
  23. Cahiers de Saint-Hélène janvier mai 1821 P 27
  24. https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA36000026
  25. Journal du Grand Maréchal Bertrand janvier mai 1821 - notes de Paul Fleuriot de Langle Page 209