Double vitrage

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 29 février 2020 à 04:58 et modifiée en dernier par ZigliMot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Éléments d’un double vitrage.

Un double vitrage est une paroi vitrée constituée de deux vitres séparées par une épaisseur d’air immobile, dite « lame d’air ». Une variante, le vitrage à isolation renforcée, est rendue encore plus performante par l'ajout d'un traitement isolant sur une (ou plusieurs) des faces intérieures du double vitrage.

Le survitrage est la technique d'ajout d'une deuxième vitre à une fenêtre ancienne initialement dotée d'un simple vitrage (sans avoir à changer la fenêtre complète).

Principe

Le physicien Joseph Fourier a établi les bases théoriques des propriétés du double vitrage dès le premier chapitre de sa Théorie de la Chaleur, publiée en 1822 (§ 87 page 75 de l’édition conservée par Gallica). L'application industrielle du double vitrage est lancée en 1865 par le new-yorkais Thomas Stetson, qui dépose un brevet[1] pour une fenêtre en Insulated glass (verre isolé) et vante les qualités thermiques et phoniques de son invention. La lame d’air entre les vitres constitue en effet un bien meilleur isolant que le verre. Il faut pourtant attendre 1930 pour que l’entreprise CD Haven produise de façon industrielle du double vitrage. Le double vitrage s'est imposé à la fin des années 1970 « suite aux prises de conscience engendrées par les deux premiers chocs pétroliers »[2]. L’intérêt du double vitrage est de permettre une meilleure isolation thermique, la lame d’air immobile constituant un bon isolant, bien meilleur que le verre lui-même. Le double vitrage permet ainsi de réduire l’« effet de paroi froide » d’où une diminution de la condensation et une diminution des pertes de chaleur en hiver. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie rappelle toutefois que « seulement 10 à 15 % de la chaleur [d'un logement] s’échappe par les fenêtres »[3].

Afin d’améliorer l’isolation, la lame de gaz est parfois constituée de gaz inertes (argon, krypton), gaz moins conducteurs de la chaleur que l'air ; ils limitent les pertes dues à la conduction ou la convection[4].

L'isolation est encore meilleure en faisant le vide dans l'intervalle entre les vitres. Cette méthode, utilisée notamment au Canada dans les années 1970, a été abandonnée après quelques années. En effet, les joints finissent par céder à la différence de pression, laissant entrer l'air ambiant, ce qui cause des problèmes de condensation entre les deux parois vitrées.

Pour augmenter encore les performances thermiques, il est possible de multiplier les lames de gaz, en insérant, soit un troisième verre, soit un ou plusieurs films polyester (double vitrage à film suspendu). Le film polyester tendu parallèlement entre les deux vitrages crée une double chambre thermique. Cela permet d'atteindre quasiment les performances thermiques du triple vitrage, mais avec les caractéristiques de poids d'un double vitrage[2].

Vitrage à isolation renforcée ou faible émissivité

Un vitrage à isolation renforcée (VIR) ou faible émissivité (FE) est pourvu d'un traitement qui s’oppose au rayonnement infrarouge et forme une barrière thermique, sans constituer un obstacle trop important à la lumière visible. Un VIR empêche donc la chaleur de sortir l'hiver, et d'entrer en été.

Le traitement consiste en une fine couche transparente de métal ou d'oxydes métalliques (argent notamment), déposée sur l’une (ou plusieurs) des faces intérieures d'un double (ou triple) vitrage[2].

Caractéristiques

Performances d'isolation

Un vitrage (ou une fenêtre) est qualifié par trois paramètres :

Le coefficient de transfert thermique
noté Ug pour la vitre[a], ou Uw[b]pour la fenêtre entière, est l'inverse de la résistance thermique surfacique[c]. Il se mesure en watts par mètre carré-kelvin (W/(m².K) ), et exprime donc un flux thermique (une déperdition thermique en hiver) par unité de surface (du vitrage ou de la fenêtre) et par degré de différence de température entre l'ambiance chaude d'un côté du vitrage (en général l'ambiance intérieure) et l'ambiance froide de l'autre côté[d]. Plus U est bas plus le vitrage est isolant.

Un double vitrage standard a un coefficient de transfert thermique Ug d’environ 2,9 W/(m2 K), un double vitrage haute performance peut descendre jusqu’à 1,1 W/(m2 K). Pour un survitrage il peut être d’environ 3,3 W/(m2 K).

le coefficient de transmission lumineuse
noté TL, est en % la fraction de lumière qui entre dans le bâtiment au travers du vitrage.
le coefficient transmission énergétique (ou facteur solaire)
noté g (ou FS), est en % la fraction de l'énergie solaire qui entre dans le bâtiment au travers du vitrage. Il conditionne le confort d'été (pour une fenêtre exposée au soleil : sud, ou ouest en fin de journée). Un vitrage de facteur solaire de 0,42 ne laisse passer que 42 % de l’énergie du soleil. C’est-à-dire que 58 % de l’énergie solaire ne pénètre pas dans l’habitat.

Épaisseurs

Les épaisseurs sont souvent désignées de la façon suivante : A/B/C. Avec A, B, et C, les épaisseurs en millimètres des éléments (vitre extérieure, lame d’air, vitre intérieure). Des doubles vitrages courants sont en 4/16/4.

Les deux vitres ont souvent la même épaisseur. Sinon, on parle de double vitrage asymétrique. Le double vitrage asymétrique permet une meilleure isolation phonique car les fréquences de coïncidence des deux vitres sont différentes. En général, la vitre extérieure est souvent la plus épaisse : 10/10/4. Cependant, le sens n'a pas d'effet sur les performances d'affaiblissement acoustique. Seul lors de l'utilisation d'un vitrage feuilleté, le sens de mise en place sera conditionné par les contraintes de protection des personnes en fonction de la situation.

Il est possible de mesurer l'épaisseur d'un vitrage à l'aide d'un vitromètre.

Comparatif

Comparatif de différents types de vitrage[5]
Type Coefficient de transmission thermique
(Ug en W/m².K)
Facteur solaire (g) Coefficient de transmission lumineuse
(Tl)
Masse par unité de surface
(kg/m²)
Triple vitrage à 2 couches faiblement émissives avec 2 lames d'argon 0,8 50 % 70 % 30 (pour un vitrage 4/12/4/12/4)
Triple vitrage à 2 couches faiblement émissives avec 2 lames de krypton 0,4 49 % 70 % 48 (pour un vitrage 4/18/4/18/4)
Double vitrage à isolation renforcée (VIR) avec une lame d'argon et une couche basse émissivité sur la face intérieure du vitrage extérieur 1,0 à 1,1 40 % 70 % 20 (pour un vitrage 4/16/4)
Double vitrage à film suspendu avec 2 lames de krypton 0,6 53 % 73 % 20 (pour un vitrage 4/10/film/10/4)
Double vitrage à film suspendu avec 2 lames de xenon 0,3 37 % 48 % 20 (pour un vitrage 4/12/film/12/4)

Identification

Une fois posés, les double vitrage sont tous quasiment identiques visuellement, et donc peu reconnaissables par les non-professionnels. Aussi Saint-Gobain Glass, filiale vitrage de bâtiment du groupe Saint-Gobain, a lancé en 2006 un marquage d'identification dénommé Naviglass®[6]. Grâce à un identifiant de douze chiffres (exemple : 135057C63401) inscrit sur son intercalaire (ou entretoise), quiconque peut connaître, en se rendant sur le site Internet Naviglass®[7] le nom du produit, sa composition et ses principales performances du double vitrage de la marque Saint-Gobain.

Notes et références

Notes

  1. "g" pour glass, vitre en anglais
  2. "w" pour window, fenêtre en anglais
  3. le "R" des isolants ; un U de 0,66 à un R de 1,5, un U de 1,1 à un R de 0,9, etc.
  4. Par exemple une fenêtre de 1 m2 dont le Uw est de 1,5 laisse passer 30 W si la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur est de 20 °C.

Références

  1. US patent 49167, Stetson, Thomas D., "Improvement in Window Glass", issued 1865-08-12
  2. a b et c Thierry Gallauziaux, David Fedullo, Le grand livre de l'isolation , 3e édition, Eyrolles, 2011, p. 217-222.
  3. « Parois vitrées » sur l'espace « Éco-citoyens » de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
  4. Laure Noualhat, « Et un, et deux, et trois vitrages », sur Libération,
  5. Triple vitrage : des performances thermiques inégalées mais aussi des contraintes, sur le site actu-environnement.com, consulté le 20 novembre 2015
  6. « Carte d’identité pour triples vitrages », (dont figure situant le code Naviglass®), sur batijournal.com, (consulté le )
  7. « Site Naviglass de Saint-Gobain » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes