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Deux mélodies, op. 20 (Roussel)

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Deux mélodies
op. 20 (L 22)
Genre Mélodie
Nb. de mouvements 2
Musique Albert Roussel
Texte René Chalupt
Langue originale français
Effectif chant et piano (ou orchestre)
Durée approximative min 30 s
Dates de composition février et mars 1919
Dédicataire Jacques Durand (no 1),
Mme Lucy Vuillemin (nl) (no 2)
Création
Société nationale de musique,
Salle des Agriculteurs, Paris
Interprètes Lucy Vuillemin (voix),
Louis Vuillemin (piano).

Deux mélodies, op. 20, est un recueil de mélodies pour chant et piano d'Albert Roussel composées en 1919 sur des poèmes de René Chalupt.

Présentation

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Les Deux mélodies sont[1],[2] :

  1. Le Bachelier de Salamanque, « animé », à
    , dédié à Jacques Durand ;
  2. Sarabande, « très modéré », à
    , dédié à Mme Lucy Vuillemin (nl).

Les manuscrits autographes de Roussel sont respectivement datés des et , à Paris[3]. Outre les versions pour chant et piano, le compositeur est l'auteur de versions pour chant et orchestre des mélodies[3].

Les partitions sont publiées en 1919 par Durand[4]. Une version des mélodies avec textes en anglais, par Rosa Newmarch (en), est éditée la même année. Les Deux mélodies figurent également dans le recueil Six mélodies publié en 1929[3].

L'ensemble porte le numéro d'opus 20 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 22[4].

Les textes des mélodies sont dus à René Chalupt[2],[4].

Le Bachelier de Salamanque sera publié dans Onchets, en 1926, et Sarabande est extrait de Interludes[3].

Instrumentation

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Les versions orchestrées des mélodies requièrent[3] :

Les Deux mélodies sont créées le à la salle des Agriculteurs à Paris, par la cantatrice Lucy Vuillemin et Louis Vuillemin au piano, lors d'un concert de la Société nationale de musique[3],[5].

La version orchestrale du recueil est donnée en première audition le à la salle Pleyel, par Claire Croiza et l'Orchestre symphonique de Paris dirigé par Walter Rummel[3].

Pour Gilles Cantagrel, les Deux mélodies op. 20 sont un « chef-d'œuvre d'ironie et de séduction[2] ».

La première mélodie du cycle, Le Bachelier de Salamanque, peint « une sérénade interrompue par le rythme immuable d'un piano qui se fait guitare[2] ». L'accompagnement du piano, riche en quintes à vide, secondes et sixtes abaissées, expose en effet une figure initiale de quatre doubles croches suivie de croches en staccato, « comme des cordes grattées[2] ». L'ensemble se répète, sous une narration qui est « le fait d'un témoin interpellant le « bachelier » en un débit rapide presque parlé[2] ». Une deuxième partie, plus lente, évoque « le couvre-feu avant que, revenant au premier tempo, le témoin ne rappelle la prison menaçant les donneurs de sérénade — à quoi bon, puisque la belle reste indifférente aux soupirs de l'importun (très modéré, mouvement syncopé)[2] ». La conclusion s'effectue « sur le rire étouffé d'un long glissando murmuré[2] » : l'« amoureux est éconduit par un spirituel glissando évoquant le rire moqueur de la fille de l'Almirante[6] », relève Damien Top.

La deuxième mélodie, Sarabande, est un « des rares poèmes d'amour heureux élus par Roussel[2] ». Pour Damien Top, la mélodie « ressuscite les « Fêtes Galantes » dans un parc aristocratique, avec rêverie près d'une fontaine nimbée de clarté lunaire[7] ». Dans le texte, « la femme aimée est contemplée dans un jardin parmi les tourterelles et les jets d'eau[2] ». Musicalement, le piano rend « sensibles la fluidité de l'eau, les rumeurs du jardin ou les frissons de la chair nue de l'amante : une figure de triolets de doubles croches suivi d'une croche parcourt la page, se transformant ou se diluant pour modifier les éclairages de ce paysage de l'âme, tandis que des dissonances teintent l'air d'un érotisme diffus[2] ».

Pour Damien Top, après les Deux mélodies de l'opus 19 de Roussel, portant les stigmates de la Première Guerre mondiale, l'opus 20 « (début 1919, l'extraordinaire Bachelier de Salamanque et la délicieuse Sarabande, deux des plus belles mélodies du répertoire) atteste le calme et la malice recouvrés[8] ».

La durée moyenne d'exécution de l’ensemble est de quatre minutes trente environ[5].

Discographie

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Bibliographie

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Ouvrages généraux

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Monographies

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  • Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.
  • Damien Top, Albert Roussel : Un marin musicien, Biarritz, Séguier, coll. « Carré Musique », , 170 p. (ISBN 2-84049-194-X).
  • Damien Top, Albert Roussel, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 53), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-062-0).

Notes discographiques

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  • (fr + en) Guy Sacre, « Le musicien des adieux », p. 4-42, Luxembourg, Timpani (2C2064), 2001 .

Références

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  1. Labelle 1992, p. 39-40.
  2. a b c d e f g h i j et k Cantagrel 1994, p. 574.
  3. a b c d e f et g Labelle 1992, p. 40.
  4. a b et c Labelle 1992, p. 39.
  5. a et b (en) Adrian Corleonis, « Mélodies (2), for voice & piano, ... | Details », sur AllMusic (consulté le )
  6. Top 2016, p. 124.
  7. Top 2016, p. 128.
  8. Top 2016, p. 100.
  9. Jean Christophe Henry, « Roussel - Mélodies - Intégrale - Timpani », sur Forumopera.com
  10. Pierre Jean Tribot, « Albert Roussel, le coffret aux trésors », sur Crescendo Magazine,

Liens externes

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