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Tentative de coup d'État de 2015 au Burkina Faso

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Coup d'État du 16-17 septembre 2015 au Burkina Faso

Informations générales
Date 16-
Lieu Burkina Faso
Issue Destitution du président burkinabè, dissolution du gouvernement provisoire et du Conseil national de transition, et création du Conseil national de démocratie.
Belligérants
Drapeau du Burkina Faso Gouvernement provisoire du Burkina Faso Drapeau du Burkina Faso Régiment de sécurité présidentielle
Commandants
Drapeau du Burkina Faso Michel Kafando Drapeau du Burkina Faso Gilbert Diendéré
Pertes
Au moins 10 morts et 80 blessés[1]

Le coup d'État de 2015 au Burkina Faso a lieu les 16 et dans ce pays[2]. Il met fin à un gouvernement de transition mis en place après la chute de l'ancien président burkinabè Blaise Compaoré.

Contexte

Le Conseil national de transition (CNT) du Burkina Faso a voté le 7 avril 2015 un nouveau Code électoral qui, par le biais de son article 135, interdit les partisans de l'ancien président Blaise Compaoré de se présenter aux élections présidentielles d'octobre 2015. Ce changement législatif a été attaqué devant la Cour de justice de la Cédéao, par les proches de Blaise Compaoré, qui a donné raison à ces derniers. Néanmoins, selon le constitutionnaliste Luc-Marius Ibriga contacté par le journal Libération, les magistrats de la Cédéao ont simplement demandé de préciser les conditions d'inéligibilité[3].

Cette précision a été apporté par la décision du 12 septembre 2015 du Conseil constitutionnel burkinabè qui avait exclu six des vingt-deux candidats à l'élection présidentielle du 11 octobre 2015, dont Eddie Constance Komboïgo, candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'un des proches de l'ancien président burkinabè Blaise Compaoré[4].

Par ailleurs, deux jours avant le coup d'État, la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) du Burkina Faso avait recommandé de désintégrer le Régiment de sécurité présidentielle[5],[6].

Déroulement

Le 16 septembre 2015, des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), créé par Blaise Compaoré en 1995 et composé d'environ 1200 effectifs, interrompent le Conseil des ministres au palais de Kosyam où réside le chef de l'État et prennent en otage quatre personnes dont :

  1. le président de transition Michel Kafando ;
  2. le Premier ministre Isaac Zida ;
  3. le ministre de la Fonction publique Augustin Loada ;
  4. le ministre de l'Urbanisme René Bagoro[7][8].

Après le coup d'État, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba a annoncé le 17 septembre 2015, à travers la chaîne Radio-Télévision de la télévision burkinabè, que quatre mesures immédiates ont été prises :

  • le président de la transition, Michel Kafando, est démis de ses fonctions ;
  • le gouvernement de transition est dissout ;
  • le Conseil national de transition (CNT) est dissout ;
  • le Conseil national de démocratie (CND) est créé.

Cette dernière structure a deux objectifs :

Après cette annonce, un couvre-feu a été instauré de 19 heures à 6 heures et les frontières terrestre et aérienne ont été fermées. Néanmoins, des manifestations anti-putschistes se sont déroulées dans la matinée à Ouagadougou mais elles ont été rapidement dispersées avec des tirs de sommation. Ces manifestations se sont propagées dans les autres villes et villages du pays du Burkina Faso dont notamment Bobo Dioulasso, Fada-Ngourma et Yako où la maison du général Gilbert Diendéré a été incendiée[11][12][13][14].

La montée des tensions entre les manifestants et les membres du Régiment de sécurité présidentielle a obligé le président du CND, Gilbert Diendéré, a annoncé que des élections présidentielles et législatives, initialement prévues le 11 octobre 2015, seront rapidement organisées et que les otages vont être libérées[15].

Le 18 septembre 2015, le CND annonce que les otages ont été libérés la veille au soir, à l'exception d'Isaac Zida qui a été assigné à résidence. Par ailleurs, les frontières ont été rouverts pour normaliser la situation du pays[16][17].

A la même date, le président sénégalais Macky Sall, également président de la Cédéao, et le président béninois, Boni Yayi, se sont rendus dans la capitale du Burkina Faso pour relancer le processus de transition à travers des négociations et notamment avec le général Gilbert Diendéré[18].

Le 20 septembre 2015, la médiation de la Cédéao dont le président sénégalais Macky Sall et le président béninois Boni Yayi, assistée du représentant de l'ONU en Afrique Mohamed Ibn Chambas, et les représentants des putschistes et de la société civile, ont décidé de se réunir à 10 heures locales dans l'hôtel Laico d'Ouagadougou pour négocier et trouver un plan de sortie de crise. A l'annonce de ce rendez-vous, le mouvement Le Balai Citoyen avait appelé à un rassemblement devant l'hôtel pour faire pression sur les négociants et ainsi retrouver le gouvernement de transition[19][20].

Réactions internationales

Dans un communiqué commun publié le , les Nations unies, la Cédéao et l'Union africaine ont exigé « la libération immédiate et inconditionnelle des otages ».

L'Union européenne a déclaré, par la voie de la Haute Représentante Federica Mogherini condamne « toute tentative d'évincer les autorités de la transition » et appelle à « la libération immédiate des personnes retenues et au respect de la transition et de l'intérêt général »[21].

Pour la France, le Quai d'Orsay a également demandé « la libération immédiate de toutes les personnes retenues » et condamné l'usage de la force[22].

Le journal Jeune Afrique souligne la coïncidence de la date du coup d'État[23], ce dernier ayant eu lieu le jour même où les ossements du président Thomas Sankara aurait dû être expertisés pour lever possiblement le voile sur son assassinat[24]. Le principal auteur du coup d'État, Gilbert Diendéré, est fortement soupçonné d'être l'un des assassins du président Sankara, en 1987[25].

Le 18 septembre 2015, l'Union africaine annonce qu'elle suspend le Burkina Faso de ses membres. Par ailleurs, elle précise qu'elle interdit aux putschistes de voyager dans les pays membres de l'Union africaine et que leurs avoirs, dans ces pays, sont bloqués[26].

Sources

Références

  1. Burkina : à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou, avec les victimes du coup d’État, jeuneafrique.com, 19 septembre 2015
  2. Dehlinger, Makdeche et Magnenou 2015
  3. « Burkina Faso : pourquoi la justice ouest-africaine a retoqué le nouveau code électoral » (consulté le )
  4. « Trois questions pour comprendre le coup d’Etat au Burkina Faso », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  5. Brahima Ouedraogo, « Military detains Burkina Faso's president, prime minister weeks ahead of landmark vote », U.S. News & World Report,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Nadoun Coulibaly et Daniel Flynn, « Burkina Faso presidential guard detains cabinet - military sources », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Burkina Faso : le président et le premier ministre retenus par des militaires », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  8. itele.fr, Burkina Faso : le président et le Premier ministre "pris en otage" par la garde présidentielle, (lire en ligne)
  9. Le Monde.fr, « La destitution de Michel Kafando annoncé à la télévison burkinabée - vidéo dailymotion », sur Dailymotion (consulté le )
  10. « Au Burkina Faso, les putschistes nomment un proche de l’ex-président Compaoré », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  11. « Burkina : la deuxième journée du coup d'État minute par minute - JeuneAfrique.com » (consulté le )
  12. « Burkina Faso : les putschistes instaurent un couvre-feu et ferment les frontières », sur euronewsfr (consulté le )
  13. « Burkina Faso : les putschistes instaurent un couvre-feu et ferment les frontières », sur euronewsfr (consulté le )
  14. « Au Burkina Faso, les putschistes nomment un proche de l’ex-président Compaoré », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  15. Centre France, « Burkina Faso: le nouvel homme fort promet des élections "rapidement" » (consulté le )
  16. « Les militaires putschistes libèrent le président au Burkina Faso », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  17. « Burkina Faso : les putschistes ont libéré le président Michel Kafando » (consulté le )
  18. « Burkina Faso: les médiateurs africains continuent de consulter - Afrique - RFI » (consulté le )
  19. « Le Burkina dans l'attente d'une sortie de crise », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  20. « Au Burkina Faso, des incidents ont été signalés devant l'hôtel Laico de Ouagadougou où se tiennent les négociations - RFI » (consulté le )
  21. Déclaration de la Haute Représentante - 17 septembre 2015
  22. Le Monde, 16 septembre 2015
  23. « Burkina : les résultats de l'enquête sur l'assassinat de Thomas Sankara devaient être dévoilés ce 17 septembre - JeuneAfrique.com » (consulté le )
  24. « Burkina : ce qu'il faut savoir sur Gilbert Diendéré - JeuneAfrique.com » (consulté le )
  25. « Qui est Gilbert Diendéré, nouvel homme fort du Burkina Faso ? », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  26. « Burkina Faso: sanctions de l’Union africaine contre les putschistes - Afrique - RFI » (consulté le )

Liens externes