Centres Rigpa

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Centres Rigpa
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Les centres Rigpa sont un réseau international de centres bouddhistes fondé par le lama tibétain Sogyal Rinpoché, auteur du Livre tibétain de la vie et de la mort[1], controversé pour ses nombreux faits de violence et abus en tous jours, et ses disciples. L’organisation, dont il est le conseiller spirituel, comprend 130 centres répartis dans 41 pays[2].

Au fil des années, les centres Rigpa ont invité de nombreux maîtres à enseigner, dont Dudjom Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Sakya Trizin, le 16e karmapa, et parrainé de nombreux enseignements du Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, dont certaines conférences ont servi à rédiger le livre Dzogchen[3] de ce dernier.

Le centre Lérab Ling en France, sis dans l'Hérault, est inauguré en 2008 par le 14e dalaï-lama et l'épouse du président de la République Carla Bruni-Sarkozy, en compagnie de Sogyal Rinpoché et en présence de Bernard Kouchner[4].

Historique[modifier | modifier le code]

Après cinq ans d'enseignement en Occident, Sogyal Rinpoché a donné le nom de « Rigpa » à son œuvre[5]. À cette époque, Rigpa n'avait qu'un seul centre, au nord-ouest de Londres et était connu sous le nom de Dzogchen Orgyen Chö Ling[6]. En 1980, Sogyal Rinpoché enseignait au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis, en Irlande et en Hollande. Des centres Rigpa ont ouvert dans un certain nombre de grandes villes et, dans chaque pays, Rigpa a été créé en tant qu'organisation à but non lucratif. Un programme de retraites de Pâques et d'été a commencé et le premier centre de retraite de Rigpa, Dzogchen Beara (en), a été créé sur la côte ouest de l'Irlande[7].

Événements majeurs[modifier | modifier le code]

Rigpa a invité le dalaï-lama, ou a parrainé ses enseignements ou ses initiations, à plusieurs reprises ; à Paris en 1982, à Londres en 1984 et à San José en 1989. Cinq mille cinq cents personnes ont assisté aux enseignements à San José, dans ce qui était à l'époque le plus grand rassemblement de pratiquants et de maîtres du bouddhadharma en Amérique, et peut-être en Occident.

En 1990, Dilgo Khyentse Rinpoché a enseigné et donné des initiations à 1 500 personnes lors de la retraite d'été de Rigpa près de Grenoble dans les Alpes françaises[8]. En 1992, le monastère Dzogchen à Kollegal en Inde, parrainé par Rigpa, a été officiellement inauguré lorsque Dzogchen Rinpoché a invité le dalaï-lama à donner des initiations. La même année, Rigpa a ouvert son principal centre de retraite, Lérab Ling près de Montpellier dans le sud de la France[9]. Thich Nhat Hanh , Khenpo Jigme Phuntsok et Penor Rinpoche étaient parmi les maîtres qui y ont enseigné dans les années qui ont suivi.

En 1999, Trulshik Rinpoché a jeté les bases d'une communauté monastique au sein de Rigpa en ordonnant les premières moniales. En 2000, le dalaï-lama a visité Lérab Ling et a donné cinq jours d'enseignements intitulés Le Chemin vers l'Illumination, suivis par plus de 10 000 étudiants du bouddhisme tibétain du monde entier[10]. Les enseignements donnés par le dalaï-lama ont été publiés dans un livre intitulé Mind in Comfort and Ease: The Vision of Enlightenment in the Great Perfection[11].

Lérab Ling a été officiellement reconnu comme une « congrégation religieuse » en 2002[12]. En 2006, un temple traditionnel de trois étages à Lérab Ling a été achevé, y compris une statue de sept mètres de haut de Bouddha Shakyamuni. La première retraite de trois ans de Rigpa a commencé, avec plus de 300 personnes restées en retraite fermée à Lérab Ling de 2006 à 2009, et depuis 2006, plus de 3 000 étudiants ont suivi un programme de « retraite à domicile » dans leur propre pays[13] . En 2007, le travail a commencé sur le Centre de Soin Spirituel de Rigpa à Dzogchen Beara[14].

Scandales dans des centres Rigpa[modifier | modifier le code]

En 1994, aux États-Unis, une jeune femme porte plainte contre Sogyal Rinpoché pour violences sexuelles dans un centre Rigpa. La justice américaine permettant la signature de conciliations, le maître avait sorti une grosse somme d’argent pour que l’ancienne dakini (divinité et partenaire sexuelle des maîtres) arrête les poursuites[15].

D'après l'anthropologue, Marion Dapsance qui a suivi ce centre en 2008, on demande dans ces centres de regarder des vidéos de Sogyal Rinpoché, que cela apportera de la bénédiction. Celui-ci arrivant généralement avec un demi-heure à 2 heures de retard, reproche au premier rang de l'assistance de ne pas avoir fait son travail. Les étudiants reconnaissent publiquement avoir mal agi et se confessent en public. Il a également empoigné quelqu'un par les cheveux en le traitant de « yack » et se met en colère lorsqu'il a un siège bas de gamme. Les personnes ayant payé pour assister à l'enseignement doivent alors attendre que celui-ci obtienne un trône. Il exige également une piscine chauffée à proximité, un lit double, une marque de thé spéciale, des repas à base de bœuf, une Mercedes de fonction avec chauffeur, une cuisinière et une masseuse 24/24 et la possibilité de capter la chaîne CNN[16].

En aout 2016, Sogyal Rinpoché est accusé par des disciples d'avoir donné un coup de poing dans l'estomac de la nonne danoise Ani Chokyi en public. En juillet 2017, après la divulgation de la lettre accablante des huit étudiants, l'incident de 2016 refait surface sur des sites bouddhistes. Ani Chokyi a posté une réponse sur une page Facebook fermée, affirmant que les enseignements de Sogyal lors de la retraite avaient été « aimer au-delà de toute description ordinaire », et que le coup de poing à l'estomac était « sorti d'un contexte plus large. J'ai accepté les moyens habiles de mon maître pour purifier et transformer mes illusions en clarté et déraciner mes attachements. Parfois, ces moyens peuvent être courroucés et pas toujours une expérience agréable, mais c'est ce dont j'ai besoin pour pouvoir voir à travers toutes les couches d'ignorance qui me maintiennent aveuglée et coincée. Sogyal n'était certainement pas dans un accès de rage, il n'y a eu qu'un seul moment de colère, qui s'est manifesté par un léger coup de poing, mais ce n'était ni violent ni abusif, du moins pas à mes sentiments. »[4].

Le , l'Union bouddhiste de France émet un communiqué de presse concernant ce qu'elle appelle le « scandale lié à Sogyal Rinpoché » et son comportement contraire à l'éthique bouddhiste, et suspend Rigpa France et Lérab Ling de la liste de ses membres[17].

Le , Sogyal Rinpoché démissionne de la direction de Rigpa, après ce que Rod Meade Sperry, rédacteur-en-chef de LionsRoar.com, appelle des « allégations », la laissant à un groupe d'anciens étudiants et de lamas tibétains[18].

En 2018, un rapport commandé par les centres Rigpa et géré par le cabinet Lewis Silkin, confirme de sérieux abus, physiques, sexuels et émotionnels. Le groupe de belles femmes l'entourant, les Dakinis (signifiant « anges ») sont chargées de lui laver le dos lorsqu'il est allé aux toilettes. Un étudiant dit avoir été humilié en public lorsque celui-ci lui a attrapé les testicules devant un groupe. Il semble avoir une addiction au sexe, à la nourriture, au tabac et à frapper[19].

Rigpa France et Lerab Ling sont réintégrés en 2019 à l'Union bouddhiste de France[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sogyal Rinpoché, Le Livre tibétain de la vie et de la mort, Éditeur LGF - Livre de Poche, 2005, (ISBN 2253067717).
  2. Rigpa.org À propos de Rigpa.
  3. 14e dalaï-lama, Dzogchen : L'essence du cœur de la Grande Perfection, Éditions du Seuil, 2005, (ISBN 9782020629287).
  4. a et b (en) Mick Brown, « Sexual assaults and violent rages... Inside the dark world of Buddhist teacher Sogyal Rinpoche », sur The Telegraph,  : « At Lerab Ling, more than 1000 students were gathered in the temple as he walked on stage, accompanied by his attendant, a Danish nun named Ani Chokyi. Sogyal, who is 70, is a portly, bespectacled man who requires a footstool to mount the throne from which he customarily teaches. Approaching the throne, he paused, then turned suddenly and punched the nun hard in the stomach. » Mick Brown, « Sexual assaults and violent rages... Inside the dark world of Buddhist teacher Sogyal Rinpoche », sur The Telegraph, (version du sur Internet Archive)
  5. The History of Rigpa, The Rigpa Journal, volume 2
  6. Dzogchen Orgyen Chö Ling
  7. DzogchenBeara.org: About Us
  8. Rigpa Wiki: Prapoutel 1990
  9. LerabLing.org: About Lerab Ling
  10. Rigpa Wiki:Lerab Gar 2000
  11. Wisdom Publications: Mind in Comfort and Ease
  12. About Lerab Ling « https://web.archive.org/web/20110630025737/http://www.lerabling.org/index.php/lang-en/lerab-ling-mainmenu-50/monastic-community »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?),
  13. Groundbreaking three-year retreat draws to a close
  14. The Spiritual Care Centre at Dzogchen Beara, Who are we?
  15. Marion Dapsance, « Soumission, dévotion et abus sexuels : j'ai enquêté sur le bouddhisme en France », Nouvel Obs, .
  16. Marion Dapsance, « Soumission, dévotion et abus sexuels : j'ai enquêté sur le bouddhisme en France », sur L'Obs, .
  17. « Communiqué suite au scandale lié à Sogyal Rinpoché », sur UBF,  : « Le maître du bouddhisme tibétain nyingmapa, Sogyal Rinpoché, est visé par des accusations concordantes, qui, tel que nous en avons connaissance et telles qu’elles sont énoncées, ne correspondent en aucun cas à l’éthique bouddhiste et se révèlent injustifiables à tous points de vue. Dans l’attente qu’une évolution heureuse soit établie, l’Union Bouddhiste de France suspend la qualité de membre de Rigpa Lérab Ling et Rigpa France ».
  18. (en) Rod Meade Sperry, After allegations Sogyal Rinpoche retires from rigpa, Lion's Roar, 11 août 2017.
  19. (en) Oliver Harvey, « THE BAD BUDDHA Dark side of celeb guru Sogyal Rinpoche who ‘sexually abused’ the beautiful young women dubbed his ‘Dakinis’ », sur The Sun,
  20. « Annuaire des membres », sur L'UBF : Fédération des Associations Bouddhistes de France (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Wandrille Lanos et Élodie Emery, Bouddhisme, la loi du silence, J.-C. Lattès, , 216 p. (EAN 9782709669948)

Vidéographie[modifier | modifier le code]

  • [vidéo] « Bouddhisme, la loi du silence », 2022, de Elodie Emery et Wandrille Lanos, édité par Arte France [(fr) voir en ligne]

Lien externe[modifier | modifier le code]