Phorusrhacidae

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Phorusrhacidae
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Squelette d'un Phorusrhacidae : Titanis.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Cariamiformes

Famille

 Phorusrhacidae
Ameghino, 1887

Sous-familles de rang inférieur

  • Brontornithinae
  • Mesembriornithinae
  • Patagornithinae
  • Phorusrhacinae
  • Psilopterinae

Synonymes

  • Pelecyornidae Ameghino, 1891
  • Brontornithidae Moreno & Mercerat, 1891
  • Darwinornithidae Moreno & Mercerat, 1891
  • Stereornithidae Moreno & Mercerat, 1891
  • Patagornithidae Mercerat, 1897
  • Hermosiornidae Rovereto, 1914
  • Psilopteridae Dolgopol de Saez, 1927
  • Devincenziidae Kraglievich, 1932
  • Mesembriorniidae Kraglievich, 1932

Les Phorusrhacidae (phorusrhacidés en français, surnommés oiseaux-terreur), forment une famille éteinte de très grands oiseaux préhistoriques, des superprédateurs carnivores inaptes au vol. C'est une famille de l'ordre des Cariamiformes qui a vécu principalement en Amérique du Sud, mais aussi en Amérique du Nord (Texas et Floride).

Les Phorusrhacidae vécurent durant le Cénozoïque, du Paléocène au Pléistocène inférieur, il y a environ entre 62 et 1,8 Ma (millions d'années)[1],[2].

La synthèse systématique des Phorusrhacidae réalisée en 2003 par Herculano M.F. AlvarengaI et Elizabeth Höflingthe, subdivise la famille en 5 sous-familles dans lesquelles ils retiennent en tout 13 genres et 17 espèces[3].

Description[modifier | modifier le code]

Taille[modifier | modifier le code]

Incapables de voler, ils étaient sans doute parmi les principaux prédateurs de l'époque, sinon les plus redoutables carnivores. Ils pouvaient atteindre 1 à 3 mètres de hauteur pour un poids compris entre 70 et 200 kilos. Leurs plus proches parents actuels sont les cariamas, des oiseaux terrestres d'Amérique du Sud dont la taille est de 70 à 90 centimètres.

Un des plus grands phorusrhacidés est Titanis walleri. Il a été découvert au Texas et en Floride, ce qui en fait le seul exemple de taxon de grands prédateurs ayant migré de l'Amérique du Sud vers l'Amérique du Nord lors du grand échange interaméricain par l'isthme de Panama, dont le maximum est intervenu il y a environ 2,7 Ma (millions d'années)[4].

Anatomie[modifier | modifier le code]

Vue d'artiste de Kelenken guillermoi, le plus grand des phorusrhacidés.
Tomodensitométrie du crâne de l'holotype P 14357, d'Andalgalornis ferox au Musée Field de Chicago.

Ils étaient dotés d'un très gros bec, muni à son extrémité d'un crochet tourné vers le bas qui lui servait à attaquer ses proies. Le crâne parfaitement conservé de l'espèce Kelenken guillermoi de Patagonie (Argentine) est le plus grand connu pour un oiseau avec une longueur totale de 71 centimètres, son bec courbé comme un crochet mesure environ 46 centimètres, il ressemble à celui d'un aigle[5].

Les études de Claudia P. Tambussi et de ses collègues en 2013 sur la flexibilité du cou d'une espèce de phorusrhacidés, Andalgalornis steulleti ont souligné que ses épines neurales dans la région supérieure du cou étaient bifurquées, tandis que celles de la région inférieure étaient allongées. Ceci indique un cou très flexible et développé lui permettant de soutenir sa lourde tête, mais aussi de frapper avec une vitesse et une puissance remarquables. Bien que ce phorusrhacidé montre en apparence un cou assez court, sa structure et sa flexibilité prouvent qu’il pouvait se projeter au-delà de la portée attendue, lui permettant de frapper de toute sa hauteur plus facilement et avec une grande force[6].

Paléobiologie[modifier | modifier le code]

Les études sur le plus grand des phorusrhacidés, Kelenken guillermoi, ont montré que c'était un animal très agile et extrêmement rapide à la course où il aurait pu atteindre près de 50 km/h[5].

Tous les phorusrhacidés étaient des carnivores. Leur bec, très résistant et courbé vers le bas, suggère qu'il déchirait la chair du corps d'autres animaux, comme de nombreuses espèces d'oiseaux le font aujourd'hui avec un bec similaire. Des analyses du crâne d'Andalgalornis par tomodensitométrie ont révélé qu'il n'aurait pas été capable de secouer sa proie d'un côté sur l'autre, mais plutôt d'exercer une force importante d'écrasement vers le bas[7],[8].

Paléoécologie[modifier | modifier le code]

L'examen des habitats et environnements de vie des phorusrhacidés indiquent qu'ils faisaient face à une intense compétition des autres prédateurs comme les marsupiaux carnivores sparassodontes (les borhyaenidés et les thylacosmilidés), obligeant ces mammifères prédateurs à vivre en milieu forestier pour éviter toute confrontation avec eux[9].

Datation et répartition géographique[modifier | modifier le code]

Il a été envisagé en 1995 que Titanis walleri se soit éteint en Amérique du Nord à l'arrivée des êtres humains[10], mais cette hypothèse a été réfutée par de nouvelles datations des fossiles découverts, qui n'ont montré aucune preuve de leur existence plus récente qu'il y a 1,8 Ma (millions d'années)[11].

En 2010, puis en 2017, des phorusrhacidés de petite taille ont été décrits dans le Pléistocène supérieur d'Uruguay, datés entre 450 000 et 17 000 ans[12],[13], mais cette thèse est controversée[14].

En 2011, un phorusrhacidé (genre Lavocatavis) est décrit en Algérie, mais son appartenance à cette famille est débattue[15].

De même en 2013, un possible grand phorusrhacidé est identifié à partir de restes partiels dans l'Éocène (Lutétien supérieur) de France près de Lissieu, une commune de la métropole de Lyon, et décrit sous le nom d'Eleutherornis[16],[17].

Classification[modifier | modifier le code]

Le genre Phorusrhacos a donné son nom à la famille des Phorusrhacidae. Celle-ci a été décrite pour la première fois en 1887 par Florentino Ameghino sans que l’étymologie de Phorusrhacos soit explicitée. Le nom pourrait provenir de la combinaison de mots du grec ancien, phoros, « porteur », et rhacos, « rides » ou « cicatrices »[18].

La révision de la systématique de la famille des Phorusrhacidae réalisée en 2003 par Herculano M.F. AlvarengaI et Elizabeth Höflingthe, a réduit drastiquement le nombre de sous-familles, genres et espèces précédemment décrits. Ils ne conservent que 5 sous-familles dans lesquelles ils retiennent en tout 13 genres et 17 espèces[3]. Ces espèces sont apparues par radiation évolutive[19].

Super-famille des Phorusrhacoidea

Famille des Phorusrhacidae

Liste des genres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) C. Tambussi, M. Ubilla et D. Perea, « The youngest large carnassial bird (Phorusrhacidae, Phorusrhacinae) from South America (Pliocene–Early Pleistocene of Uruguay) », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 19, no 2,‎ , p. 404–406 (DOI 10.1080/02724634.1999.10011154)
  2. (en) R. E. Blanco et W. W. Jones, « Terror birds on the run: a mechanical model to estimate its maximum running speed », Proceedings of the Royal Society B, vol. 272, no 1574,‎ , p. 1769–1773 (PMID 16096087, PMCID 1559870, DOI 10.1098/rspb.2005.3133, lire en ligne)
  3. a b et c (en) Alvarenga, Herculano M.F.; Höfling, Elizabeth (2003), « Systematic revision of the Phorusrhacidae (Aves: Ralliformes) », Papéis Avulsos de Zoologia, vol. 43, vol. 4, p. 55-91. DOI 10.1590/S0031-10492003000400001
  4. (en) A. O'Dea, H. A. Lessios, A. G. Coates, R. I. Eytan, S. A. Restrepo-Moreno, A. L. Cione, L. S. Collins, A. de Queiroz, D. W. Farris, R. D. Norris, R. F. Stallard, M. O. Woodburne, O. Aguilera, M.-P. Aubry, W. A. Berggren, A. F. Budd, M. A. Cozzuol, S. E. Coppard, H. Duque-Caro, S. Finnegan, G. M. Gasparini, E. L. Grossman, K. G. Johnson, L. D. Keigwin, N. Knowlton, E. G. Leigh, J. S. Leonard-Pingel, P. B. Marko, N. D. Pyenson, P. G. Rachello-Dolmen, E. Soibelzon, L. Soibelzon, J. A. Todd, G. J. Vermeij et J. B. C. Jackson, « Formation of the Isthmus of Panama », Science Advances, vol. 2, no 8,‎ , e1600883 (DOI 10.1126/sciadv.1600883)
  5. a et b (en) S. Bertelli, L.M. Chiappe et C. Tambussi, « A new phorusrhacid (Aves: Cariamae) from the middle Miocene of Patagonia, Argentina », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 27 (2),‎ , p. 409 (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en) CP Tambussi, R de Mendoza, FJ Degrange et MB. Picasso, « Flexibilité le long du cou de l'oiseau terroriste néogène Andalgalornis steulleti (Aves Phorusrhacidae) », PLOS One, vol. 7,‎ , e37701 (PMID 22662194, PMCID 3360764, DOI 10.1371 / journal.pone.0037701)
  7. (en) Ohio University. "Ancient 'terror bird' used powerful beak to jab like an agile boxer." ScienceDaily. ScienceDaily, 19 August 2010. <www.sciencedaily.com/releases/2010/08/100818171916.htm>
  8. (en) Federico J. Degrange, Claudia P. Tambussi, Karen Moreno, Lawrence M. Witmer, Stephen Wroe. Mechanical Analysis of Feeding Behavior in the Extinct 'Terror Bird' Andalgalornis steulleti (Gruiformes: Phorusrhacidae). PLoS ONE, 2010; 5 (8): e11856 DOI: 10.1371/journal.pone.0011856
  9. (en) Mauricio Antón, Sabertooth, Bloomington, Indiana, University of Indiana Press, , 243 p. (ISBN 978-0-253-01042-1), p. 61
  10. (en) J. A. Baskin, « The giant flightless bird Titanis walleri (Aves: Phorusrhacidae) from the Pleistocene coastal plain of South Texas », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 15, no 4,‎ , p. 842–844 (DOI 10.1080/02724634.1995.10011266)
  11. (en) Bruce J. MacFadden, Joann Labs-Hochstein, Richard C. Hulbert et Jon A. Baskin, « Revised age of the late Neogene terror bird (Titanis) in North America during the Great American Interchange », Geology, vol. 35, no 2,‎ , p. 123–126 (DOI 10.1130/G23186A.1, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  12. (en) H. Alvarenga, W. Jones et A. Rinderknecht, « The youngest record of phorusrhacid birds (Aves, Phorusrhacidae) from the late Pleistocene of Uruguay », Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie - Abhandlungen, vol. 256, no 2,‎ , p. 229–234 (DOI 10.1127/0077-7749/2010/0052, lire en ligne)
  13. (en) W. Jones, A. Rinderknecht, H. Alvarenga, F. Montenegro et M. Ubilla, « The last terror birds (Aves, Phorusrhacidae): new evidence from the late Pleistocene of Uruguay », Paläontologische Zeitschrift,‎ (DOI 10.1007/s12542-017-0388-y)
  14. (es) Agnolin, F. (2013). La posición sistemática de Hermosiornis (Aves, Phororhacoidea) y sus implicancias filogenéticas. Revista del Museo Argentino de Ciencias Naturales nueva serie, 15(1), 39-60
  15. (en) Mourer-Chauviré, C. et al. (2011) A Phororhacoid bird from the Eocene of Africa. Naturwissenschaften DOI 10.1007/s00114-011-0829-5
  16. a b et c (en) Delphine Angst et al., (2013) A Large Phorusrhacid Bird From the Middle Eocene of France
  17. a et b (en) D. Angst, E. Buffetaut, C. Lécuyer et R. Amiot, « "Terror Birds" (Phorusrhacidae) from the Eocene of Europe Imply Trans-Tethys Dispersal », PLOS One, vol. 8, no 11,‎ , e80357 (PMID 24312212, PMCID 3842325, DOI 10.1371/journal.pone.0080357)
  18. (en) Ben Creisler, "Phorusrhacos "wrinkle bearer (jaw)": Etymology and Meaning", Dinosaur Mailing List, 26 June 2012 http://dml.cmnh.org/2012Jun/msg00306.html
  19. (en) Marcos M. Cenizo, « Review Of The Putative Phorusrhacidae From The Cretaceous And Paleogene Of Antarctica: New Records Of Ratites And Pelagornithid Birds », Polish Polar Research, vol. 33, no 3,‎ , p. 239–258 (DOI 10.2478/v10183-012-0014-3)
  20. (en) Federico L. Agnolin et Pablo Chafrat, New fossil bird remains from the Chichinales Formation (Early Miocene) of northern Patagonia, Argentina, vol. 101, coll. « Annales de Paléontologie », , 87–94 p. (DOI 10.1016/j.annpal.2015.02.001)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Phorusrhacidae.