Bogdan Khmelnitski

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 9 mars 2020 à 22:43 et modifiée en dernier par Do not follow (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Bogdan Khmelnitski
Illustration.
Titre
Hetman de l'Ukraine

(8 ans)
Prédécesseur Création
Successeur Iouri Khmelnytsky
Biographie
Dynastie Clan Abdank
Date de naissance
Lieu de naissance Soubotiv, république des Deux Nations (Ukraine actuelle)
Date de décès (à 61 ans)
Lieu de décès Tchyhyryne, Hetmanat cosaque (Ukraine actuelle)
Conjoint Anna Somkivna
Hélèna Czaplińska (pl)
Anna Zolotarenko
Religion Chrétien orthodoxe russe

Signature de

Bogdan Khmelnitski

Bohdan Khmelnytsky du clan Abdank (en ukrainien : Богдан Зиновій Хмельницький, Bohdan Zynoviï Khmelnytskyï), plus connu en français sous la translittération de Bogdan Khmelnitski, né le , mort le , fut chef militaire et politique des Cosaques d'Ukraine. Il organisa un soulèvement massif en 1648 contre la noblesse polonaise. Bohdan Khmelnytsky deviendra après sa mort une véritable légende, symbole de la résistance cosaque et héros ukrainien. Son hetmanat fut aussi marqué par des massacres et pogroms de Polonais, d'uniates et surtout de Juifs, à l'origine de la mort de plusieurs dizaines de milliers d'entre eux.

Biographie

Toile de 1885 de Jan Matejko représentant Bohdan Khmelnytsky avec le stratège tatar de Crimée Tugaï Bey à Lviv. Effrayés par l'apparition de Saint Jean de Dukla dans le ciel au-dessus de la ville, Khmelnytsky et Tugaï Bey renoncèrent à l'assiéger et se retirèrent sans combattre. L'événement de 1648 est commémoré à Lviv par une colonne votive toujours visible aujourd'hui.

D'origine noble, probablement né en Ukraine centrale à Tchyhyryne. Son père servit sous l'hetman polonais Stanisław Żółkiewski qui lui fit don de la terre de Soubotiv en 1617. Ayant étudié chez les jésuites à Léopol et sans doute à Cracovie, Bogdan Khmelnitski prit part à la bataille de Cecora en 1620 contre l'armée du sultan au cours de laquelle son père mourut. Lui-même fut fait prisonnier, et il apprit le turc et le tatar pendant sa captivité. En 1637, il devint secrétaire militaire des Cosaques enregistrés, puis commandant d'une centurie cosaque. Il avait déjà commencé une vie de noble ordinaire lorsqu'un violent conflit personnel l'opposa à un staroste adjoint local qui se termina par la mort de son fils de dix ans.

Bogdan Khmelnitski décida de se venger et se réfugia chez les cosaques zaporogues dont il devint hetman en 1648, avec l'aide des Tatars de Crimée. Il incita alors les paysans ukrainiens à la révolte, ceux-ci espérant échapper à la domination des nobles polonais. L'Ukraine avait déjà connu plusieurs révoltes, mais cette fois elle se transforma en guerre de libération en raison des problèmes religieux, sociaux et nationaux cumulés sur les terres ukrainiennes[1]. Son succès fut important : il souleva en effet toute l'Ukraine, rassembla une armée de plus de 80 000 hommes, battit les armées polonaises à plusieurs reprises et fit vaciller la puissante République aristocratique polonaise de l'époque. De nombreuses batailles sanglantes et meurtrières l'opposèrent aux chefs polonais, entre autres le duc Jeremi Wiśniowiecki, voïvode d'Ukraine.

De nombreux pogroms secouèrent l'Ukraine pendant ces années. Ces massacres touchèrent les Polonais, les uniates accusés d'hérésie et d'être les agents de la polonisation, ainsi que les Juifs qui servaient d'intermédiaires économiques entre la classe dirigeante et les paysans[2]. À ceci s'ajoutait l'antijudaïsme religieux. Le nombre de Juifs tués durant cette période varie selon les sources. 50 000 à 60 000 selon l'historien Henri Minczeles, de 80 à 100 000 selon l'historien Ilia Tcherikover[3].

Église de Soubotiv, construite par Khmelnitski qui y est enterré.

Le soulèvement aboutit au traité de Zboriv et à la création de l'Hetmanat cosaque. Les batailles ukraino-polonaises des années suivantes furent défavorables aux cosaques ukrainiens et réduisirent les avantages obtenus par le traité de Zboriv. Khmelnytsky se tourna alors vers le tsar Alexis Ier de Moscovie et convainquit les cosaques non sans mal de se mettre sous sa protection. Le traité de Pereïaslav de 1654 entérina cette proposition. Néanmoins la Russie, alors connue sous le nom de Moscovie, prit de plus en plus le contrôle de l'Hetmanat cosaque, ce qui conduisit Bogdan Khmelnitski à se tourner vers une alliance avec un nouveau protagoniste en Europe orientale, la Suède[4]. Ces tractations n'aboutirent pas.

Le , Khmelnitski fut touché par une hémorragie cérébrale qui le laissa paralysé[5]. Moins d'une semaine plus tard, le , il mourut à 5 heures du matin. Ses funérailles eurent lieu le dans son domaine de Soubotiv.

Khmelnitski avait prévu de rendre la dignité d'Hetman héréditaire dans sa famille et il avait fait élire avant sa mort son fils Iouri comme successeur. Iouri était encore mineur et pas particulièrement apte à assumer la charge, les cosaques décidèrent donc d'élire en octobre 1657 Ivan Vyhovsky, aristocrate ukrainien cultivé et intelligent[6].

Mariages et descendance

Bogdan Khmelnitski se marie avec Hanna Somkivna. ils eurent 5 enfants :

  • Stepanida
  • Olena
  • Kateryna
  • Tymofiy (en) (* 1632, † 5/)
  • Iouri (* 1641 † 1685)

Jugements historiques

Statue à la gloire de Bohdan Khmelnytsky.

Le rôle de Bogdan Khmelnitski dans l'histoire de l'Europe de l'Est est sans aucun doute important. Il a non seulement façonné l'avenir de l'Ukraine, mais a aussi considérablement modifié l'équilibre des pouvoirs en Europe orientale.

Du point de vue ukrainien moderne, il apparait comme le père de la nation, ayant ouvert la voie vers l'indépendance. Il a inscrit sur la carte politique de l'Europe, par le traité de Zboriv, l'Ukraine sous la forme d'une entité autonome nommée « Hetmanat ». Un régiment de la république populaire ukrainienne portant son nom fut constitué le et depuis l'indépendance de l'Ukraine en 1991, des billets à son effigie ont été mis en circulation. Un oblast d'Ukraine porte son nom.

Pour les Russes, il a permis la réunification des terres de l'ancienne Rus' de Kiev (en fait partiellement) en signant le traité de Pereïaslav. La Moscovie revendiquait pour elle en effet l'héritage historique de cette ancienne principauté slave orientale. Bogdan Khmelnitski est donc perçu comme un personnage positif, mais dans une approche historique différente du point de vue ukrainien. L'historiographie soviétique a également positionné ce personnage comme positif, symbolisant la « fraternité » entre « peuples frères », en l'occurrence Russes et Ukrainiens. Une médaille militaire, l'ordre de Bohdan Khmelnytsky fut d'ailleurs créée en son honneur.

Pour les Polonais, Bogdan Khmelnitski apparaît comme l'homme ayant affaibli durablement la puissance polonaise. Dans la terminologie polonaise, cette période est appelée « le Déluge » et marque le début de l'affaiblissement de la Pologne. Un affaiblissement qui mènera aux partages de la Pologne au XVIIIe siècle. Bohdan Khmelnytsky marqua la conscience polonaise, il sera d'ailleurs un personnage important de plusieurs ouvrages contemporains de fiction dont la Trilogie Par le fer et par le feu écrit par Henryk Sienkiewicz.

Enfin, Bogdan Khmelnitski est la cause de l'un des plus grands pogroms anti-juifs de l'Histoire en Europe. Il est donc perçu comme un personnage négatif dans l'histoire de ce peuple.

Bohdan Khmelnytsky.

Notes et références

  1. Iaroslav Lebedynsky, Ukraine une histoire en question, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 107.
  2. Iaroslav Lebedynsky, Ukraine une histoire en question, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 111.
  3. Histoire de la Lituanie. Un millénaire, sous la direction d'Yves Plasseraud, Édition Armeline, Crozon, 2009, p. 194.
  4. Iaroslav Lebedynsky, Ukraine une histoire en question, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 116.
  5. (en) Mykhaïlo Hrouchevsky, Illustrated History of Ukraine, BAO, Donetsk, 2003, p. 330.
  6. Francis Dvornik, Les Slaves, Éditions du Seuil, Paris 1970, p. 855.

Voir aussi

Sources et bibliographie

Liens externes

Article connexe