Aller au contenu

Bataille de Tlemcen (1550)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Bataille de Tlemcen

Informations générales
Date 4 Septembre 1550
Lieu Tlemcen
Issue Victoire militaire de Tlemcen à Oued Zadidja, peu de changement depuis le 9 juin 1550 indécis :
• En janvier 1551, Mezouar El Mansour, s'allie avec les Saadiens
• Les Saadiens et Mezouar El Mansour se retirent de Tlemcen après leur défaite[1].
• Hassan Corso se retire en attendant les Saadiens.
• Suspension des hostilités à la faveur du mois de ramadan
Belligérants
Régence d'Alger
Zianides
Empire chérifien
Beni Rached
Commandants
Hassan Corso • Moulay Abdelkader
Moulay Abdallah
• Mezouar el Mansour
Forces en présence
Armée d'Hassan Corso :
5 000 arquebusiers turcs, mudéjares et algérois
30 pièces d'artillerie
Des milliers de cavaliers tribaux[L 1]
Garnison marocaino-algérienne (saadienne-beni rached) :
Inconnues

Renforts de Moulay Abdallah :
20 000 cavaliers
15 pièces d'artillerie[L 1]
Pertes
Inconnues Conséquentes plus importante

Batailles

La bataille de Oued Zadidja le 4 septembre 1550 oppose les Saadiens, dynastie de chérifs de l'Empire chérifien, et la régence d'Alger. Elle est le fruit de la jonction des Saadiens avec leurs allié El Mansour ben Ghanem Mezouar du gouvernement de Tlemcen issue des vassaux des Zianides les Beni Rached le 9 juin 1550 suite a la mort du souverain Moulay Ahmed (Abu Zayyan IV)[2] cette évènement se déroule dans le contexte d'une expansion Saadienne au nord du Maroc avec l'expulsion des Wattassides de Fez en 1549.

Les chérifs saadiens, mènent une invasion à l'est de la Moulouya et prennent Tlemcen sans combattre. Dès lors Tlemcen sert de point de départ à diverses expéditions saadiennes infructueuses contre la régence d'Alger sur le Chélif et Mostaganem. En représailles, Hassan Pacha, se décide à reprendre la région de Tlemcen : l'armée turco-algérienne rencontre l'armée marocaine près de Tlemcen sur l'oued Zadidga dans un premier affrontement le 4 septembre : les Marocains sont défaits.

Les renforts saadiens conduits par Moulay ‘Abd el-Kāder arrivent enfin pour sauver son frère bloqué dans Tlemcen font la jonction de leurs forces. Hassan Corso préfère alors battre en retraite, durant laquelle il éprouve des pertes, et les hostilités sont suspendues en raison du mois de ramadan.

Les deux princes saadiens gardent donc Tlemcen mais seront toutefois définitivement battu en 1551, par une expédition de reconquête partie d'Alger avec le renfort de Kabyles des Beni Abbès.

Contexte[modifier | modifier le code]

En 1512, le royaume de Tlemcen est dit d'avoir reconnu la suzeraineté espagnole mais en réalité étaient plus des alliès que autre chose comme prouvé a l'époque de Abu Hammu III mais le seront moins durant le règne de Abu Muhammad II Abd Allah (1527-1540) et celle de Abu Zayyan IV Ahmad Muhammad (1540-1543, 1543-fin 1549 ou début 1550) qui combattront l'influence Espagnol et tiendront en respect les pouvoirs Musulmans de la région en tant qu'alliés face a la menace chrétienne[3],[4],[5],[6]. Dès lors, les Espagnols et Turcs s'affrontent et intronisent tour à tour leurs prétendants au trône Zianide. En 1549-1550, les Turcs deviennent maître de la situation, intronisent Moulay Hassen au trône, puis installent une garnison de 200 hommes au Mechouar de Tlemcen[L 2]. La même année, les Saadiens s'emparent de Fès et font craindre aux Turcs d'Alger de perdre l'appui des confréries religieuses en Oranie occidentale : le nouveau pouvoir arabe chérifien des Saadiens est un voisinage moins conciliant que la dynastie berbère des Wattassides détrônées[7],[8].

Hassan Pacha, fils de Kheirredine évacue cependant Tlemcen qu'il laisse à un prétendant pro-espagnol, le sultan Moulay Hassan[9],[10] : les troupes d'Alger baissent leur étendards et évacuent le mechouar[11]. Les Saadiens prennent donc possession d'une ville aux mains d'un vassal de l'Espagne. Les Espagnols peuvent alors choisir de défendre leur allié zianide ou de l'abandonner, mais préfèrent ne pas intervenir, probablement en raison d'une entente avec les Saadiens[11]. Le beylerbey d'Alger, Hassan Pacha, peut compter sur ses troupes de Tlemcen et sur les Andalous pour dissuader toute révolte de janissaires à Alger : de mère algérienne il doit sans cesse réprimer le parti pro-turc de la régence d'Alger[12]. Il laisse par la même occasion l'opportunité à ses deux ennemis à l'ouest,Espagnols d'Oran et Saadiens, de s'affronter[11].

L'ambitieux chérif saadien Mohammed ech-Cheikh suivant avec attention les évènements à l'Est, lance en mars 1549, plus de 6 000 cavaliers contre Guercif, alors sous contrôle des Ouartajin de Debdou, alliés aux Wattassides. La prise de cette ville pousse les Beni Snassen, les Mediouna et les Trara à faire leur allégeance nominal envers le Chérif[L 3].

Les Turcs proposent au chérif saadien Mohamed el Mehdi une d'une action commune contre les Espagnols : les troupes d'El-Djazaïr devaient prendre position devant Mostaganem et faire leur jonction avec celles du chérif pour attaquer Oran[13]. Un accord sur le partage du domaine zianide est même conclue : les Chérifs saadiens récupèreront Tlemcen tandis qu'Oran ira aux Turcs[7],. L'accord reste néanmoins lettre morte en raison des intrigues des Turcs d'Alger avec le souverain de Debdou depuis l'accueil du souverain wattasside chassé par les Saadiens en 1549 et de l'hostilité Saadienne omniprésente sur les contrées Musulmanes avec lesquelles ils étaient censés faires alliances contre les Chrétiens[7].

Le , les Saadiens s'emparent sans combat de Tlemcen grâce a l'appui du Mezouar El Mansour ben Bou Ghanem et la tribu des Beni Rached . La garnison turque et le Zianide Moulay Hassen sont faits prisonniers et envoyés à Fès tandis que un nouveau souverain Zianide est proclamé en la personne de "Moulay Mohamed". De là, les Saadiens razzient toute la région, puis s'attaquent à Debdou, et y installent un caïd. Le roi de Debdou obtient la permission de se retirer à Melilla avec les siens[L 4]. Les Saadiens ne poussent cependant pas leur avantage vers l'Est, Moulay Harran atteint de maladie rentre à Fès ou meurs de maladie a Tlemcen après avoir était vaincu près du chéliff par les Beni Amer et les forces tribales puis janissaires des Régents Algérois près de Mostaghanem après avoir battu en retraite durant l'année 1551[14], et décède deux mois après, tandis qu'une révolte d'Ahmed al-Araj au Tafilalet éclate[L 1], et pousse les Saadiens à y mener une expédition[L 4].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Agacé par la perte de Tlemcen et ne pouvant tolérer la présence d'une armée marocaine dans une région dépendant de la régence d'Alger[15], le beylerbey d'Alger Hassan Pacha confie une armée au renégat corse Hassan Corso dans le but de reprendre la ville en août 1550. Les forces de la régence d'Alger se rassemblent dès le mois d'août 1550, sur la rive droite du Chelif, comptant 5 000 arquebusiers turcs, mudéjares et algérois[15], sans compter la cavalerie, encore plus importante et 30 pièces d'artillerie, et sont renforcées par d'importants contingents de cavalerie des tribus soumises à l'autorité d'Alger. Hassan Corso franchit donc le Chelif et entame la marche de son armée en direction de l'Oued Tlelat chassant les Beni Rached et son mezouar El-Mansour ben Bou Ghanem[L 1], ralliés aux Marocains[L 4], qui se replient sur Tlemcen[L 1].

La ville de Tlemcen compte alors une faible garnison marocaine sous le commandement du prince Moulay Abdelkader. Le sultan saadien Mohammed ech-Cheikh craignant pour son fils trop faible pour affronter les Turcs, rassemble une force de secours à Fès dès la fin d'août, comprenant 20 000 cavaliers et 15 pièces d'artillerie, dont il confie le commandement à un autre de ses fils, Moulay Abdallah. Entre-temps, l'armée turco-algérienne[16] atteint Tlemcen le , où la garnison marocaine commandée par Moulay Abdelkader les attend de pied ferme. Une bataille se déclenche près de l'oued Zadidja, et les Marocains sont battus, malmenés et refoulés sur Tlemcen[L 1].

La situation est alors critique pour Moulay Abdelkader, assiégé par les Turcs dans la ville. Mais dans la nuit, Hassan Corso est informé par un transfuge de l'arrivée d'une force de secours marocaine dirigée par Moulay Abdallah. Il décide alors de battre en retraite immédiatement. Les Marocains en profitent pour se lancer à la poursuite de leurs vainqueurs de la veille, obligeant l'armée tuque à se réfugier dans les montagnes. Les auxiliaires maures de Hassan Corso subissent notamment de lourdes pertes. Les opérations sont alors suspendues à cause du Ramadan, et les Turcs se retirent sur Alger par Mostaganem et Kalaa, tandis que les fils du sultan regagnent Tlemcen[L 1].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Auguste Cour affirme au contraire que Moulay Harran grisé par les encouragements de ses capitaines, grisés par les succès faciles et un parti d'Algériens hostiles aux Turcs le poussent à attaquer Mostaganem. Hassan Pacha obtient dès lors un motif pour légitimer son intervention aux yeux des populations musulmanes. Il se lance dans une série de campagnes militaires pour secourir les tribus algériennes ayant fui devant le chérif saadiens comme les Beni Amer d'Oran et lance également une riposte sur le plan religieux avec l'intrigue des confréries[11].

Sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Castries 1921, p. 205
  2. Castries 1921, p. 202
  3. Castries 1921, p. 203
  4. a b et c Castries 1921, p. 204

Références[modifier | modifier le code]

  1. "Les sources inédites de l'histoire du Maroc page 204 et 205", ("http://193.136.113.24/portugalemarrocos/files/sources_inedites_espagne_t.I_.pdf")
  2. "Les sources inédites de l'histoire du Maroc page 204", ("http://193.136.113.24/portugalemarrocos/files/sources_inedites_espagne_t.I_.pdf")
  3. H. D. de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830)., (lire en ligne)
  4. H. D. de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830)., (lire en ligne)
  5. A. Jourdan, Expédition de A. Martinez de Angelo Contre Tlemcen Juin-Juillet 1535, Hachette Livre - BNF, (ISBN 978-2-01-361134-3, lire en ligne)
  6. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1930), Ernest Leroux, (lire en ligne)
  7. a b et c P. Boyer, « Contribution à l'étude de la politique religieuse des Turcs dans la régence d'Alger (XVIe – XIXe siècles) » (lien), dans: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol.1, 1966, p. 23
  8. Chantal de La Véronne, Histoire sommaire des Sa'diens au Maroc: La première dynastie chérifienne, 1511-1659, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-06107-6, lire en ligne), p. 6 ; 9
  9. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1930), Ernest Leroux, (lire en ligne), p. 71
  10. Mouloud Gaïd, L'Algérie sous les Turcs, Maison tunisienne de l'édition, (lire en ligne), p. 68
  11. a b c et d Auguste Cour, L'établissement des dynasties des Chérifs au Maroc et leur rivalité avec les Turcs de la Régence d'Alger, 1509-1830, Editions Bouchène, (ISBN 978-2-35676-097-5, lire en ligne), partie 85
  12. Youssef Benoudjit, La Kalaa des Béni Abbès au XVIe siècle, Dahlab, (ISBN 978-9961-61-132-6, lire en ligne), p. 225
  13. Mahfoud Kaddache, L'Algérie des Algériens: de la préhistoire à 1954, Paris-Méditerranée, (ISBN 978-2-84272-166-4, lire en ligne), p. 376
  14. Jamil M. Internet Archive, A history of the Maghrib, Cambridge [Eng.] University Press, (ISBN 978-0-521-07981-5, lire en ligne)
  15. a et b Chantal de La Véronne, op.cit, p. 18
  16. Chantal de La Véronne, op.cit, p. 23

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Francophone[modifier | modifier le code]

  • Henry De Castries, Les sources inédites de l'histoire du Maroc. Archives et bibliothèques d'Espagne. Tome I., Ernest Leroux, , 670 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article