Bataille de la Moulouya

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La bataille de la Moulouya a eu lieu en mai 1692[1],[2],[3] au gué de la Moulouya, un fleuve du Maroc. Elle oppose les armées du sultan alaouite Ismaïl ben Chérif à celles du dey d'Alger Hadj Chabane. Elle se déroule dans le contexte d'une tentative de conquête de Tlemcen par les Alaouites.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le Hadj Chabane venait d'être élu dey[4] par la Taïfa des Raïs. Il déclara la guerre au sultan du Maroc Mouley Ismaïl, qui venait parfois ravager son territoire et, dans le contexte des troubles survenus dans le pays dans les dix années précédentes, avait cherché à étendre son territoire vers Tlemcen[5].

Selon Auguste Cour (1904), Mouley Ismaïl aurait cherché également à faire reconnaitre son « égalité religieuse » avec le sultan de Constantinople aux yeux des européens. L'alliance de la France et de la Turquie le dérangeait : en effet, le chérif marocain aimerait devenir l'allié de la France et d'autres puissances chrétiennes de l'époque puisque ces alliances pourraient lui êtres utiles contre l'Espagne ou en cas de guerre contre les algériens. Cependant, le sultan de Constantinople de l'époque aurait refusé d'accorder à Mouley Ismaïl le titre sultan, ne lui accordant que le titre de souverain de Fès[6].

Mouley Ismaïl, qui aurait même fait alliance avec le bey de Tunis[7], apprit l'arrivée du Hadj Chabane alors qu'il se trouvait à Oujda. Il revint sur ses pas, mais l'armée algérienne l'atteignit et lui livra bataille à un gué de la Moulouya[6].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le dey marcha contre Mouley Ismaïl avec 10 000 janissaires et 3 000 spahis ainsi qu'un contingent de kabyles zouaoua. L'armée marocaine était composée de 14 000 fantassins et 8 000 cavaliers[3]. Malgré leur infériorité numérique, les Algériens vainquirent les Marocains et en tuèrent 5 000[8],[5],[9], tandis qu'eux-mêmes n’en perdaient qu’une centaine[10].

Léon Galibert en fait le récit suivant[10]:

« Ce fut au roi de Maroc, qui venait parfois ravager son territoire, que le nouveau dey Chaaban déclara la guerre : il se porte à cet effet sur la frontière de l'ouest avec 10 000 janissaires et 3 000 spahis. Les Algériens y rencontrèrent l'armée ennemie, qui était forte de 14 000 fantassins et 8 000 chevaux ; malgré l'infériorité de leur nombre, ils attaquèrent vigoureusement les Marocains et leur tuèrent 5 000 hommes ; les Algériens n'en perdirent qu'une centaine. »

Conséquences[modifier | modifier le code]

Aussitôt après la bataille, le Hadj Chabane poursuivit l'armée marocaine vers Fès qui était protégée par 24 000 fantassins et 20 000 chevaux commandés par le Sultan du Maroc qui n'osa cependant pas engager le combat notamment à cause de la terreur répandue parmi ses soldats à la suite de la victoire inespérée qu'avait remportée, malgré leur infériorité numérique, les Algériens. Le Mouley Ismaïl fût ainsi obligé de signer la paix sous une tente érigée entre les deux camps.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mohamed Lakhssassi, Des rapports franco-marocains pendant la conquête et l'occupation de l'Algérie, 1830-1851, Presses universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-284-02768-3, lire en ligne)
  2. Maximilien Antoine Cyprien Henri Poisson de La Martinière et Napoléon Lacroix, Documents pour servir à l'étude du Nord Ouest africain: réunis et rédigés par ordre de M. Jules Cambon, Gouvernement général de l'Algérie, Service des affaires indigènes, (lire en ligne)
  3. a et b H. D. de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830), E. Leroux, (lire en ligne)
  4. Mahfoud Kaddache, L'Algérie des Algériens, Alger, EDIF2000, 2011 (1re éd. 1982), 786 p. (ISBN 978-9961-9-6621-1), p. 411
  5. a et b H. D. de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830), Paris, E. Leroux, , 420 p. (lire en ligne), p. 262
  6. a et b Auguste Cour, L'établissement des dynasties des Chérifs au Maroc et leur rivalité avec les Turcs de la Régence d'Alger, 1509-1830, Editions Bouchène, (ISBN 978-2-35676-097-5, lire en ligne), p. 156-157
  7. Cour, op.cit, p. 157
  8. Léon Galibert, L'Algérie : ancienne et moderne depuis les premiers éstablissements des Carthaginois jusqu'à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader, Paris, par Furne et cie, , 637 p. (lire en ligne), p. 233
  9. (ar) Moubarak El-Mili, Histoire de l'Algérie de l'Antiquité à nos jours, Alger, Centre National du Livre, 375 p., p. 196
  10. a et b Léon Galibert, L'Algérie : ancienne et moderne depuis les premiers éstablissements des Carthaginois jusqu'à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader, Paris, Furne et cie, , 637 p. (lire en ligne), p. 233-234

Voir aussi[modifier | modifier le code]