Auguste Béhal

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Auguste Béhal
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Auguste Béhal

Naissance
Lens (Pas-de-Calais) (France)
Décès (à 81 ans)
Mennecy (Seine-et-Oise) (France)
Nationalité française
Résidence France
Domaines Chimie organique
Institutions École de pharmacie de Paris
Sorbonne
Hôpitaux publics
Diplôme École de pharmacie
Faculté des sciences
Renommé pour Son enseignement de la théorie et de la notation atomiques
Distinctions Médaille d’or des hôpitaux (1885)
Prix Jecker (1881 et 1900)
Grande médaille d’or de la Société de chimie industrielle (1933)

Auguste Béhal est un chimiste et pharmacien français, né en 1859 à Lens et mort en 1941 à Mennecy. Il est surtout connu pour avoir inauguré en France l'enseignement de la chimie selon la théorie atomique. On lui doit également d'importantes et nombreuses contributions à la connaissance des composés organiques.

La formation[modifier | modifier le code]

Né à Lens d’une famille de cultivateurs, Auguste Béhal commence ses études dans une école privée laïque de Lens. Il poursuit sa scolarité aux collèges de Saverne et de Béthune où son oncle Becquet exerce les fonctions de principal, puis à Lens de nouveau, où l’oncle s’est retiré en 1873.

Bien qu’il ne puisse prétendre qu’au diplôme de seconde classe, n’étant titulaire que du certificat de grammaire, Béhal décide d’étudier la pharmacie. Les deux premières années, il accomplit son stage à Lens chez monsieur Wagon et, la troisième année, dans des officines de Saint-Omer, de Lille et de Paris. À l’automne 1878, il commence son volontariat à Alençon.

En novembre 1878, Béhal s’inscrit à l’École supérieure de pharmacie de Paris. Dès la première année, il est reçu premier sur quarante-six candidats au concours d’internat. À l’hôpital de la Pitié, il se lie d’amitié avec Grignard et, confirmant son brillant succès au concours d’entrée, il obtient par deux fois, en 1882 et 1884, la médaille d’argent des hôpitaux, puis la médaille d’or en 1885.

Déçu par l’enseignement que donne Jungfleisch en notation par équivalences, Béhal s’inscrit en Sorbonne au cours d’Adolphe Wurtz, partisan de la notation atomique. Sa vocation de chimiste s’affirme. C’est alors qu’il se convainc de la nécessité d’adopter la théorie et la notation atomiques en chimie organique[1].

Le professeur[modifier | modifier le code]

À partir de 1882, Béhal est chargé d’un cours de chimie élémentaire à l’Union française de la jeunesse et, en 1883, il entre dans le laboratoire de Friedel où il s’initie à la recherche et effectue ses premiers travaux. Sans négliger pour autant les études théoriques, il obtient le baccalauréat en 1883 et, en 1884, la licence ès sciences.

L’année 1886, il publie les résultats de ses premiers travaux sur l’hydratation de l’œnanthylidène, il est reçu au concours de pharmacien des hôpitaux et, le 4 décembre, il obtient enfin le diplôme de pharmacien de première classe alors qu’il a terminé sa scolarité depuis plus de quatre ans.

Deux ans plus tard, en avril 1888, il soutient sa thèse de doctorat en sciences. L’année suivante, il est brillamment reçu au concours de l’agrégation. Toutefois, il n’est nommé que pour cinq ans. En 1889, dès son entrée en fonction, il demande l’autorisation d’exposer la théorie atomique dans un cours libre de chimie organique.

À l’issue d’un très vif débat, le cours est institué en 1890, et Béhal continue de le donner après 1894 bien que ses fonctions aient pris fin cette année-là. Le succès de l’enseignement de Béhal dépasse celui du cours officiel. Il est suivi par des élèves enthousiastes, parmi lesquels Edmond Blaise, Raymond Delaby[2], Marcel Delépine, Ernest Fourneau, Marcel Sommelet[n 1], Marc Tiffeneau ou Amand Valeur se feront un nom dans la chimie ou la médecine[3].

Cependant, le parti pris par Béhal dans l’affaire Dreyfus en faveur de l’innocence du capitaine provoque l’hostilité des étudiants et, en 1898, l’assemblée de l’école ne renouvelle pas son autorisation. Sur la proposition de Friedel, il est alors nommé maître de conférences de chimie organique à la Sorbonne, mais l’année suivante, à la mort de son maître Friedel, il se voit préférer Haller comme titulaire de la chaire. Et Béhal ne reste maître de conférences que jusqu’en 1901, date à laquelle il est nommé professeur de toxicologie à l’École supérieure de pharmacie de Paris. En 1908, troisième titulaire après Berthelot et Jungfleisch, il accède à la chaire de chimie organique de l’École, qu’il conserve jusqu’à sa retraite, en 1934, où il est nommé professeur honoraire.

Le pharmacien[modifier | modifier le code]

Béhal est successivement pharmacien chef de l’hôpital Bichat pendant deux ans, de l’hôpital du Midi pendant treize ans puis, pendant quelques mois, de Trousseau et de Boucicaut. En 1904, il est nommé à la maternité Port-Royal.

Pharmacien des hôpitaux à vingt-sept ans en 1886, Béhal aura exercé ses fonctions jusqu’à soixante-cinq ans, âge de la retraite des hospitaliers.

Le chercheur[modifier | modifier le code]

S’intéressant à de nombreux secteurs de la chimie organique, « Béhal a contribué à enrichir le Beilstein de nombre d’espèces nouvelles »[4] et, parmi ses travaux les plus marquants, il faut citer au moins :

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Sociétés et académies[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Notice sur les titres et travaux scientifiques de A. Béhal, Paris, Masson et Cie, 1907-1911.
  • Traité de chimie organique d'après les théories modernes (préf. Charles Friedel), Paris, O. Doin, 1908-1911, 3e éd. (1re éd. 1896-1897), avec Amand Valeur (lire en ligne : tome 1er et tome 2d).

Sur Auguste Béhal[modifier | modifier le code]

  • Marika Blondel-Mégrelis, « Auguste Béhal (1859-1941) », dans Laurence Lestel (dir.), Itinéraires de chimistes : 1857-2007 : 150 ans de chimie en France avec les présidents de la SFC, EDP Sciences, 2008, pp. 33-37.
  • Raymond Charonnat[n 3], « Auguste Béhal - 1859-1941 », dans Figures pharmaceutiques françaises : Notes historiques et portraits (1803-1953), collectif, Masson et Cie, Paris, 1953, p. 209-214.
  • François Chast (éd.) et Pierre Julien (éd.) (préf. Jean Loygue), Cinq siècles de pharmacie hospitalière : 1495-1995, éditions Hervas, , 382 p. (présentation en ligne).
  • Marcel Delépine, « Souvenirs : Auguste Béhal (1859-1941). I. Son agrégation », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 48, no 164,‎ , p. 249-254 (lire en ligne, consulté le ), et « II. La Notation atomique », ibid., no 165,‎ avril-juin, p. 301-308 (lire en ligne, consulté le ).
  • Nicole Duchon et Jean Lebert, Auguste Béhal : De Lens à Mennecy, Mée-sur-Seine, Lys éditions Amatteis, , 191 p. (ISBN 978-2-86849-110-7, OCLC 00904339X).
  • Loïc Leclercq, « Auguste Béhal : Précurseur et visionnaire de la chimie organique moderne », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 55, no 355,‎ , p. 329-340 (lire en ligne, consulté le ).

Source principale de l'article[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Marcel Sommelet (1877-1952), pharmacien chef des hôpitaux, titulaire de la chaire de chimie organique de la faculté de pharmacie, auteur de nombreuses synthèses, dont la réaction de Sommelet et le réarrangement de Sommelet-Hauser.
  2. Sels d'esters de l'acide allophanique (voir (en) Herbert W. Blohm et Ernest I. Becker, « Allophanates », Chemical Review, vol. 51, no 3,‎ , p. 471-504 (DOI 10.1021/cr60160a003)).
  3. Raymond Charonnat (1894-1957), professeur à la faculté de pharmacie, membre de l'Académie de pharmacie et de l'Académie de médecine, premier président de la Société française des sciences et techniques pharmaceutiques.

Références[modifier | modifier le code]

  1. André Metz, « La Notation atomique et la théorie atomique en France à la fin du XIXe siècle », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, vol. 16, no 3,‎ , p. 233-239 (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Delaby, Raymond (1891-1958) » (BNF 11173570).
  3. Leclercq, 2007, p. 337 : « L'empreinte de Béhal sur ses étudiants est tellement grande que l'histoire de la chimie désigne cette pléiade de chimistes sous le nom de « Béhaliens ». Il dirigea les travaux de Auger, Blaise, Choay, Coulon, Delaby, Desgrey, Detuf, Fiquet, Fourneau, Janot, Lerat, Marguery, Masson, Moureu, Poulard, Rogier, Sommelet, Tiffeneau, Valeur… »
  4. Henri Gautier, cité par la Société d'histoire de la pharmacie.
  5. Contributions à l'étude des carbures acétyléniques (thèse de doctorat en sciences physiques), université de Paris, .
  6. Auguste Béhal et Eugène Choay, Gaïacol synthétique, E. Duruy, .
  7. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  8. Thierry Lefebvre, « Le Professeur Auguste Béhal et l'Office des produits chimiques et pharmaceutiques (1914-1918) », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 81, no 296,‎ , p. 71-77 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]