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Appareil anglais

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Armoiries de Guy Ferre (d.1323) réalisées dans un appareil anglais au prieuré de Butley, dans le Suffolk
Appareil sophistiqué mêlant silex et craie à l’église de la Sainte-Trinité (Long Melford) (XVe siècle).
La porte d’Ethelbert à l’entrée de la Cathédrale de Norwich.

En architecture, l’appareil anglais (flushwork) est un remplage consistant en une combinaison décorative de silex et de parpaings. Lorsque les parpaings forment le bossage d'un appareil en silex, le terme utilisé en anglais est proudwork.

Les tympans en appareil anglais sont un motif caractéristique du style perpendiculaire, période de l'architecture gothique en Angleterre. L’appareil anglais est fréquent sur les façades médiévales (pour la plupart celles d'églises) du Sud de l'Angleterre et surtout de l'Est-Anglie[1]. L’appareil anglais apparaît au début du XIVe siècle, mais son apogée coïncide avec l'âge d'or de la draperie anglaise, entre 1450 et la Réforme anglicane des années 1520 : la grande période des bâtisseurs de cathédrales s'achève et la brique supplante la pierre taillée. Cette technique a été reprise occasionnellement ensuite, et même a connu une véritable renaissance au XIXe siècle. Elle est toujours employée dans l'architecture moderne, ainsi que dans la restauration ou l'agrandissement d'édifices anciens.

L'appareil mixte, et plus généralement la construction en silex, fleurit ordinairement dans les régions pauvres en pierre à bâtir[1]. Malgré le coût de main d’œuvre pour exécuter ce type de maçonnerie, elle revient pourtant moins cher que l'importation par bateau de moëllons.

Dans l'appareil mixte, les silex sont soigneusement équarris selon le clivage, et rapportés à l'ensemble en fonction de leur cohérence géométrique et chromatique. Les moëllons sont généralement de craie tendre, importée par bateau depuis Caen en Normandie ou d'autres carrières du continent, ce qui permet un contraste maximum avec l'éclat sombre et le relief du silex.

Les motifs les plus fréquents dans ce style sont des arcades, des damiers (parements bichromatiques), écussons et panneaux héraldiques, initiales ou inscriptions complètes. Dans bien des cas, ces motifs ne font que reprendre ce qui se pratiquait en pierre taillée ou sculptée.

Comme pour la pierre taillée, les frises en appareil mixte sont le plus souvent utilisées pour les tympans et architraves, ou pour la décoration (souvent a posteriori) des parapets en couronnement des tours. Peu d'églises présentent cet appareil sur toutes leurs façades principales : une exception notable est l’église de la Sainte-Trinité de Long Melford. Les porches rapportés sur une église arborent souvent un appareil mixte criard, par exemple à la cathédrale de Chelmsford.

Il arrive que de grandes surfaces présentent un motif dichromatique bourguignon ou à damier, dont les parements en pierre (souvent de teinte particulière, comme la pierre de Chilmark, le grès vert ou certaines craies) alternent avec des panneaux rectangulaires en silex pour former un damier. Ce style est caractéristique de l'architecture du Wiltshire, tant profane que religieuse[2]. Les motifs à damier sont aussi très présents en Est-Anglie, comme sur l'Hôtel des guildes de Norwich (fig. infra), la chapelle Saint-Nicolas de Gipping[3], ou le clocher victorien St Mary-le-Tower d’Ipswich[4].

La porte d'Ethelbert de la cathédrale de Norwich est l'un des plus beaux exemples encore visibles des débuts de l'appareil anglais : commencée en 1316–17, elle fut achevée dans la décennie qui suivit. Il ne subsiste plus que neuf édifices de cette nature et de cette période primitive (la porte armoriée du prieuré de Butley (Suffolk), qui date de 1325, par exemple[5]), mais la porte d'Ethelbert se distingue des autres par le fait qu'elle arbore ce motif sur les quatre pans de façade. Le côté dont on voit ici la photo comporte un dessin sophistiqué dans le panneau supérieur, fait de silex arrondis pour les arabesques ; malheureusement cette section a été remaniée au XIXe siècle et diffère légèrement de l'original[6]. Les moëllons en craie sont inhabituellement dominants dans l'appareil à bossages couronnant la statue ; les silex, taillés en carreaux, ont été choisis pour leur teinte claire. L'ensemble est souligné par deux rangées de silex noirâtre alternant avec des moëllons de craie.

L’église de la Sainte-Trinité de Long Melford est considérée comme l'une des plus belles églises profanes d'Angleterre. Elle présente quatre niveaux d'arcade, des blasons, et une longue inscription courant sous les créneaux : les noms de maîtres drapiers qui ont financé sa construction. L'église de Stratford St Mary arbore aussi de longues inscriptions, mais ce sont ici des prières à la mémoire des donateurs[7].

Selon Stephen Hart, il y aurait en Angleterre plus de 500 églises comportant ce type d'appareil. Hormis celles déjà citées ci-dessus, les plus belles sont l'église Saint-Edmond de Southwold, l'église Sainte-Marie de Woolpit[8], l'église Sainte-Marie d’Earl Soham et plusieurs églises de Norwich. Le chœur orienté de l'église de Barsham (Suffolk) comporte une frise qui, du vitrail, traverse tout le mur ; la date de sa construction est des plus incertaines[9].

  1. a et b D'après Clive Fewins, The Church Explorer's Handbook : A Guide to Looking at Churches and Their Contents, Norwich, Norfolk, Canterbury Press Norwich, , 340 p. (ISBN 978-1-85311-622-3, lire en ligne), p. 18 :

    « Dans les régions où la bonne pierre était rare et qu'il fallait l'acheminer sur de longues distances, on l'a <l'appareil anglais> mis en œuvre avec éclat. On voit souvent, à travers toute l'Est-Anglie, la déclinaison de la technique dite flushwork : des moëllons finement travaillés combinés à des éclats de silex pour créer un contraste de motifs ornementaux avec la surface du parement. »

  2. D’après Alec Clifton-Taylor, The Pattern of English Building, B. T. Batsford, (ISBN 978-0-571-14890-5)
  3. D’après Simon Knott, « St Nicholas chapel, Gipping », sur Suffolk Churches (www.suffolkchurches.co.uk - a journey through the churches of Suffolk), (consulté le )
  4. D’après Simon Knott, « St Mary le Tower, Ipswich », sur Suffolk Churches (www.suffolkchurches.co.uk - a journey through the churches of Suffolk) (consulté le )
  5. On peut en trouver des photos sur le site web du prieuré de Butley.
  6. D'après (en) Roberta Gilchrist, Norwich Cathedral Close : the evolution of the English cathedral landscape, Woodbridge, Boydell Press, , 294 p. (ISBN 978-1-84383-173-0, BNF 40095590, lire en ligne), p. 51
  7. a et b Cf. Simon Knott, « St Mary, Stratford St Mary », Suffolk Churches (www.suffolkchurches.co.uk - a journey through the churches of Suffolk), (consulté le )
  8. Simon Knott, « St Mary, Woolpit », sur Suffolk Churches (www.suffolkchurches.co.uk - a journey through the churches of Suffolk), 2001-2008 (consulté le )
  9. Cf. Simon Knott, « Holy Trinity, Barsham », Suffolk Churches (www.suffolkchurches.co.uk - a journey through the churches of Suffolk), (consulté le )
  10. S. Alsford, « Norwich guildhall », sur Florilegium urbanum, (consulté le )

Voir également

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Bibliographie

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  • Stephen Hart, Flint Architecture of East Anglia, Giles de la Mare, , 150 p. (ISBN 978-1-900357-18-0, lire en ligne)
  • (en) Stephen Hart, Flint Flushwork : a Medieval Masonry Art, Woodbridge, The Boydell Press, , 175 p. (ISBN 978-1-84383-369-7, BNF 41309004)
  • John Julius Norwich, The Architecture of Southern England, Londres, Macmillan, , 720 p. (ISBN 978-0-333-22037-5)
  • John Blatchly et Peter Northeast, Decoding Flint Flushwork on Suffolk and Norfolk Churches : A Survey of More Than 90 Churches in the Two Counties where Devices and Descriptions Challenge Interpretation, Ipswich, Suffolk Institute of Archaeology and History, , 116 p. (ISBN 978-0-9521390-4-1)