Abbaye Saint-Léger d'Ébreuil

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Abbaye Saint-Léger d'Ébreuil
Abbatiale Saint-Léger, vue de la halle.
Abbatiale Saint-Léger, vue de la halle.
Présentation
Type Abbaye
Début de la construction Xe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style dominant romane
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2010)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Allier
Ville Ébreuil
Coordonnées 46° 06′ 53″ nord, 3° 05′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : Allier
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Abbaye Saint-Léger d'Ébreuil
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Abbaye Saint-Léger d'Ébreuil

L'abbaye Saint-Léger d'Ébreuil, fondée au Xe siècle, est une abbaye située à Ébreuil dans l'Allier. Mais à la suite d'une décision de Louis XV (lettres patentes de ), les bâtiments ont été détruits pour faire place à un hôpital des Charitains.

Aujourd'hui, il ne reste plus rien de l'abbaye, à l'exception de l'église abbatiale de style carolingien, roman et gothique primitif. Elle est la seule église carolingienne d'Auvergne et fait partie des cinq églises carolingiennes de France ayant conservé leur charpente en bois.

Histoire de l'abbaye[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

À la fin du VIIIe siècle Louis le Pieux (dit aussi "le Débonnaire"), fils de Charlemagne, roi d’Aquitaine, puis roi des Francs et empereur d'Occident y établit une de ses cinq résidences royales[1],[N 1].

Au IXe siècle, entre et [2] la translation des reliques de saint Maixent et de saint Léger par les moines de Saint-Maixent en Poitou, fuyant les raids Normands, abouti à Ébreuil où le souverain carolingien, soit Charles l'Enfant ou probablement Charles le Simple, les installe dans la chapelle royale. Les reliques de saint Léger restent à Ébreuil, celles de saint Maixent sont captées par le roi Salomon où elles arrivent au monastère Saint Sauveur de Plélan siège du domaine royal, monastère dépendant de abbaye Saint-Sauveur de Redon[3],[N 2]. En , d'après la Chronique de Saint-Maixent, ils construisent un premier monastère[4] qui fait l'objet de nombreuses dotations dont celles de Lothaire qui fait don de la "terre" d'Ébreuil. Dans la deuxième moitié du XIe siècle l'abbatiale est l'objet de grands travaux portant sur la nef et le transept. En 1080, face au rayonnement du monastère, le pape Grégoire VII l'érige en abbaye de l'ordre de Saint-Benoît[5].

La possession des reliques de saint Léger attire la vénération des pèlerins et contribue à la richesse et à la notoriété de l'abbaye. La châsse de saint Léger qui date du XVIe siècle repose actuellement sur une colonne de pierre, derrière le maître-autel[6].

Évolution du statut[modifier | modifier le code]

Les bâtiments monastiques ont été détruits au XVIIIe siècle ainsi que le bas-côté sud de l'abbatiale. Un hôpital-maison de retraite a été construit à la place des bâtiments conventuels.

L'église abbatiale est devenue église paroissiale d'Ébreuil à la Révolution, en remplacement de l'église Notre-Dame, plus petite et en moins bon état, qui fut désaffectée.

Les abbés d'Ébreuil[modifier | modifier le code]

Les abbés d'Ébreuil ont été au nombre de cinquante, depuis Amblard qui dirigeait la communauté en 961 lorsque Lothaire lui abandonna le château d'Ébreuil jusqu'à Philibert Nicolas Hemey d'Auberive, abbé lorsque l'abbaye fut supprimée par la Révolution[7].

Des fouilles faites dans le sol de l'église en 1767, avec un compte rendu qui est conservé, ont permis de retrouver les tombeaux de différents abbés, notamment un certain Gerbert, suivi de son neveu maternel Guillaume, premier abbé avant 1072 et mort en 1090[8].

Le premier abbé commendataire semble avoir été Guillaume IV d'Aubière en 1473[9].

Parmi les abbés les plus connus, on peut citer :

  • François de Tournon (1489-1562), cardinal, successivement archevêque d'Embrun, de Bourges, d'Auch et de Lyon, diplomate, qui fut abbé commendataire d'Ébreuil de 1509 à 1526.
  • Jacques-François de Sade (1705-1778), ami de Voltaire et d'Émilie du Châtelet, libertin et érudit, historien de Pétrarque et oncle du marquis de Sade, chargé de l'éducation de ce dernier de l'âge de quatre ans à l'âge de dix ans. Il fut abbé commendataire d’Ébreuil de 1744 à 1778.
  • Philibert Nicolas Hemey d'Auberive (1739-1815), dernier abbé d'Ébreuil de 1780 à la Révolution. Il fit construire le logis abbatial. Il consacra la dernière partie de sa vie à la publication d'ouvrages de philosophie et de théologie et à une édition des œuvres complètes de Bossuet.

Architecture de l'abbaye[modifier | modifier le code]

L’église abbatiale[modifier | modifier le code]

Elle a été bâtie entre le Xe et XIIe siècles ; la nef et le transept sont de style carolingien, c'est d'ailleurs la seule église carolingienne d'Auvergne, tandis que le chœur est de style gothique primitif. Le clocher-porche à trois niveaux est de style roman du début XIIe siècle. À noter les très belles peintures murales de la tribune.

Elle a été bâtie sur l'ancienne église du monastère construite vers 960 par les moines bénédictins de Saint-Maixent pour abriter les reliques de saint Léger. La châsse qui a contenu les reliques est en cuivre argenté et en bois, elle date du XVIe siècle.

La nef bâtie au début du XIe siècle possède cinq travées marquées par des piliers rectangulaires sans sculpture et un narthex à l'auvergnate (toute la largeur de l'édifice). Une charpente en bois protège cette nef carolingienne. Devant la façade originelle a été implanté un magnifique clocher-porche rectangulaire construit vers 1125 et probablement inspiré de celui de l'abbaye de Fleury, à Saint-Benoît-sur-Loire.

Les recherches de Georges Jousse[10] démontrent que ce clocher-porche, exceptionnel par son élégance, ses proportions et son harmonie générale, a été construit en utilisant les triangles égyptiens (le triangle isiaque 3-4-5, le triangle de Khéops et le nombre d'or[11].).

En 1170, le chevet carolingien a été détruit et remplacé par un chevet de style gothique naissant.

Il est intéressant de noter que nef, travée, clocher-porche répondent à l'élégance du nombre d'or.

Les bas-reliefs du tympan du portail ont été retrouvés en 1860 sous une dalle de l'église, cette sculpture peut être datée du XIIe siècle[12].

Les peintures murales du XIIe siècle de la tribune représentent les martyres de sainte Valérie et de saint Pancrace. Dans la nef, à partir du troisième pilier sud on trouve une magnifique peinture de saint Georges terrassant le dragon et au-dessus une peinture du Christ en croix, ainsi que saint Blaise et saint Léger (Leodegarius en latin). Ces peintures sont du XVe et XVIe siècles.

Les bâtiments monastiques[modifier | modifier le code]

Il n'existe plus rien des bâtiments monastiques à la suite de leur destruction au XVIIIe siècle (1776). Les bâtiments conventuels ont été remplacés par un hôpital dirigé par les religieux charitains (ordre de Saint-Jean-de-Dieu).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ses cinq résidences royales sont Doué-la-Fontaine, Chasseneuil-du-Poitou, Le Palais-sur-Vienne, Angeac et Ébreuil.
  2. Ces reliques seront restituées à Saint Maixent au Xe siècle portées par un groupe de moines de Redon, leur pérégrination perturbée par les raids normands fait halte à Candé puis à Auxerre avant d'aboutir enfin à Saint Maixent.

Références[modifier | modifier le code]

  1. François Guizot L'Anonyme dit l'Astronome, « Vie de Louis-le-Débonnaire », p. 327.
  2. Florian Mazel, « Entre mémoire carolingienne et réforme grégorienne », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, vol. 122, no 1,‎ , p. 9-39 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Isabelle Cartron, Les pérégrinations de saint Philibert : Genèse d’un réseau monastique dans la société carolingienne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 456 p. (ISBN 978-2753509559, BNF 42121210, lire en ligne), « IV Clercs et moines en Auvergne à l’époque carolingienne », p. 119-131.
  4. Damien Martinez, p. 55.
  5. Dominique de Larouzière-Montlosier, p. 197 et suiv.
  6. Notice no PM03000097, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  7. Gallia Christiana, II, p. 363 et suiv. ; Abbé Boudant, Histoire d'Ébreuil ; Charles Bidet, D'Ébreuil à Châteauneuf, chap. « La liste des abbés », p. 75-98.
  8. Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, du département de l'Allier : sciences, arts et belles-lettres, tome XXII, 1919.
  9. Ch. Bidet, op. cit., p. 84.
  10. Georges Jousse, Ébreuil, son magnifique clocher-porche. Les secrets de sa construction révélés, Imestra Éditions, 2020.
  11. Georges Jousse, Ébreuil, l'abbatiale Saint-Léger, p. 19.
  12. Georges Jousse, Ébreuil, l'abbatiale Saint-Léger, p. 42.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Boudant (Abbé), Histoire de la ville, du château et de l'abbaye d'Ébreuil, Moulins, Desrosiers 1865, grand in-4, 68 p., frontispice lithographié, 5 planches h. t. lithographiées en bistre et 2 pl. h. t. de blasons.
  • Joseph Viple, Ébreuil, l'église abbatiale de Saint-Léger, Moulins, Crépin-Leblond, 1930, 27 p.
  • Charles Bidet, D'Ébreuil à Châteauneuf. La vallée de la Sioule. Ébreuil et son abbaye, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1973. (Pour l'abbaye, voir p. 41-182.)
  • Alice M. Laborde, J. F. de Sade, abbé commendataire d'Ébreuil : 1745-1770 (« Correspondances du marquis de Sade et de ses proches enrichies de documents, notes et commentaires », 10), Slatkine, 1994, 290 p. (ISBN 2051013055)
  • Dominique de Larouzière-Montlosier, L'invention romane en Auvergne : de la poutre à la voûte (fin Xe – XIe siècle), Nonette, Créer, 2003, p. 197 et suiv. (ISBN 9782909797861) (En ligne)
  • Georges Jousse, Ébreuil, cité royale et abbatiale, Imestra Éditions, 2014.
  • Georges Jousse, Ébreuil, l'abbatiale Saint-Léger, son histoire, ses mystères, Imestra Éditions, 2015.
  • Georges Jousse, Ébreuil, la puissante abbaye royale d'Auvergne, Imestra Éditions, 2018 (Prix Achille-Allier 2019).
  • Georges Jousse, Ébreuil, son magnifique clocher-porche. Les secrets de sa construction révélés, Imestra Éditions, 2020.
  • [Martinez 2016] Damien Martinez, « Les premiers monastères d’Auvergne à la lumière de la documentation textuelle et archéologique (Ve – Xe siècle) : état de la question : Les fondations d'époque carolingiennes : Ébreuil », BUCEMA Bulletin du Centre d'études médiévales d'Auxerre, Auxerre, no Hors-série 10,‎ (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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