Tenzin Choedrak

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Tenzin Choedrak

Naissance
Nièrtchèn (Drapeau du Tibet Tibet)
Décès (à 78 ans)
Dharamsala (Drapeau de l'Inde Inde)
Domaines Astrologie et médecine tibétaine
Institutions Men-Tsee-Khang

Le docteur Tenzin Choedrak ou Tendzin Tcheudrak tibétain : བསྟན་འཛིན་ཆོས་གྲགས, Wylie : bstan 'dzin chos grags ( - Dharamsala), né dans le village de Nièrtchèn, Ringpoung Dzong près de Shigatsé au Tibet, est un moine et médecin tibétain, médecin personnel du 14e dalaï-lama au Tibet puis à nouveau en exil après 17 ans d'incarcération[1], reconnu comme un maître éminent de la médecine tibétaine traditionnelle[2],[3].

Début de sa vie[modifier | modifier le code]

Tenzin Choedrak est né prématuré le dans le village de Nièrtchèn[4] à Ringpoung Dzong près de Shigatsé au Tibet. À l'âge de 10 ans, il rejoint le monastère de Nyepo Choe (ou Tcheuté) où il étudia 7 ans. Bien que pauvre, il vend ses objets personnels pour suivre à partir de 1941, les cours de Khyenrab Norbu à l'école de médecine du Men Tsee Khang à Lhassa. En 1952, il en sort premier d'une promotion de 70 élèves. Il fut par la suite le médecin de la mère du Dalaï Lama, ainsi que du Dalaï Lama[5].

Tenzin Choedrak fut l'élève de Khyenrab Norbu, le directeur du Collège médical de Chakpori, et du Men Tsee Khang[6].

Arrestation et emprisonnement au Tibet[modifier | modifier le code]

Il dit avoir été emprisonné par les Chinois sans motif formel et torturé pendant 17 ans[7],[8].

Lors du soulèvement tibétain de 1959, Tenzin Choedrak s'était réfugié dans sa maison à l’extrémité de Lhassa, et les soldats chinois l’ont arrêté simplement car il était le médecin du Dalaï Lama, et qu’il avait parfois assisté à l'Assemblée nationale tibétaine (Tsongdu). Il a rejoint environ 500 autres prisonniers, anciens nobles ou fonctionnaires du gouvernement du Tibet dans une prison où les cellules comprenaient 10 à 20 détenus. Il a subi des séances de rééducations ou lavage de cerveau, et fut condamné au supplice du gyanching (carcan emprisonnant le cou et les poignets fixé sur les épaules, obligeant à étendre les bras comme un crucifié). Il a aussi reçu des coups de bottes sur la poitrine et fut aspergé d’eau. Les séances de rééducations consistaient à tenter de contraindre les prisonniers d’avouer des méfaits d’eux-mêmes ou d’autres personnes ainsi dénoncées. Faisant partie des « incorrigibles », il fut emmené en Chine en camion non bâché durant 12 jours d’un voyage au bout duquel il fut jeté en prison et soumis à des privations de nourriture, entraînant une apparence squelettique, la perte des cheveux et la diarrhée. Pour survivre, ils devaient manger du cuir, ou de la viande de mulet mort, à l’insu des gardes chinois[7]. Sur 76 prisonniers qui l’accompagnaient, 21 ont survécu. L’un de ses compagnons qui fut pris avec un os d’animal mort fut questionné « n’était il pas bien nourri par les Chinois ? », emmené il est mort 3 jours plus tard. Il fut ramené au Tibet, et emprisonné à Drapchi. Il fut ensuite transféré dans une autre prison ne contenant qu’une centaine de détenu, et soumis à des interrogatoires lui demandant si le Dalaï Lama avait eu des femmes. Il n’a jamais vu de juge. Il est soumis aux travaux forcés durant 3 ans dans une carrière de pierre où il fait la connaissance de Palden Gyatso, un ancien moine emprisonné[9]. Il accepta de soigner un militaire chinois atteint d'une maladie réputée incurable et bénéficia d'une semi-liberté après l'avoir guéri[5]. En 1976, il fut envoyé comme médecin au camp de Trigung jusque fin 1978[10]. La durée totale de son emprisonnement a duré près de 22 ans de 1959 à 1980.

Libération, exil en Inde et travail au Men-Tsee-Khang[modifier | modifier le code]

En 1979, lors de la visite à Lhassa de la délégation de Lobsang Samten, un frère aîné du Dalaï Lama, Pékin n’autorisa pas le retour de la mère du Dalaï Lama à Lhassa. Gravement malade, elle avait souhaité revoir Lhassa avant de mourir. Pékin autorisa cependant Tenzin Choedrak, son médecin à venir l’assister en Inde. Ce ne fut qu’un an plus tard, en qu’il fut autorisé à se rendre à Dharamsala[10].

Au cours d'une session restée célèbre du Tribunal permanent des Peuples en 1992 à Strasbourg, Tenzin Choedrak a témoigné sur les tortures, la détention et l'absence la liberté d'expression au Tibet sous contrôle de la Chine[11].

Au mois d', il a aussi témoigné devant le sous-comité sur les opérations internationales et les droits de l'homme de la Commission des relations internationales du Congrès américain (en) où il a relaté une partie de ce qu'il a vécu[7],[8].

À Dharamsala, le Dr. Tenzin Choedrak assura les fonctions de médecin chef, médecin personnel du Dalaï Lama, et conseiller de l'Institut de médecine tibétaine, et visita à plusieurs reprises la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, l'Autriche, la Russie, la Mongolie, le Japon, le Mexique, les États-Unis, des pays de l'Asie du Sud, pour donner des consultations et des conférences[12].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Susan Okie, The Art of Tibetan Medicine, The Washington Post Company, 27 octobre 1998
  2. Biography of Dr. Choedrak
  3. Nécrologie de Tenzin Choedrak, World Tibet News, 8 avril 2001 « He is one of the most eminent masters of Tibetan Medical Tradition »
  4. Le Palais des Arcs-en-ciel, Tenzin Choedrak et Gilles Van Grasdorff, ed. Albin-Michel, 1998, (ISBN 2-226-10621-9) (en) The Rainbow Palace, 2000, ed. Bantam (UK) - (ISBN 0-553-81303-X et 978-0-553-81303-6), p. 17 et 25
  5. a et b Gilles van Grasdorff, Le vieil homme et la mort, Bouddhisme actualités mai 2001 n°22
  6. Rev. Khyenrab Norbu (1883-1962 A.D.)
  7. a b et c « Statement by Dr. Tenzin Choedrak before US Congress », sur Langston.com,
  8. a et b « Victim of Chinese Torture in Tibet », sur subliminal.org
  9. Tenzin Choedrak, Le Palais des Arcs-en-ciel, Tenzin Choedrak et Gilles Van Grasdorff, ed. Albin-Michel, 1998, (ISBN 2-226-10621-9)
  10. a et b Heinrich Harrer, Retour au Tibet, Editeur Arthaud, 1985 (ISBN 2-7003-0508-6)
  11. Tibet, Strasburgo 16 - 20 novembre 1992
  12. Personal Physician to His Holiness the Dalai Lama Passes Away

Liens externes[modifier | modifier le code]