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André Okombi Salissa

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André Okombi Salissa
Illustration.
André Okombi Salissa lors de son procès en février 2019.
Fonctions
Député du district de Lékana

(15 ans)
Élection juin 2002
Réélection juillet 2007
août 2012
Successeur Ghyslain Millet Galibali
Ministre de l'Enseignement technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l'Emploi

(3 ans)
Président Denis Sassou-Nguesso
Prédécesseur Pierre-Michel Nguimbi
Successeur Serge Blaise Zoniaba
Ministre du Tourisme et de l'Environnement

(2 ans et 6 mois)
Premier ministre Isidore Mvouba
Gouvernement Mvouba II et III
Prédécesseur Jean-Claude Gakosso (partiel)
Henri Djombo (partiel)
Successeur Henri Djombo (partiel)
Mathieu Martial Kani (partiel)
Ministre des Transports et de l'Aviation civile

(2 ans et 2 mois)
Premier ministre Isidore Mvouba
Gouvernement Mvouba I
Prédécesseur Isidore Mvouba (partiel)
Successeur Émile Ouosso
Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale

(2 ans et 5 mois)
Successeur Gilbert Ondongo
Ministre de l'Éducation technique et professionnelle

(5 ans)
Successeur Pierre-Michel Nguimbi
Biographie
Date de naissance (62-63 ans)
Lieu de naissance Lékana (Plateaux)
Nationalité Drapeau de la république du Congo Congolais
Parti politique Initiative pour la démocratie au Congo

André Okombi Salissa est un homme politique congolais né en 1961 à Lékana. Il fut plusieurs fois ministre entre 1997 et 2012 sous la présidence de Denis Sassou-Nguesso, ainsi que député de Lékana entre 2002 et 2017.

Il rejoint l'opposition lors du référendum constitutionnel de 2015, et intègre notamment la plateforme d'opposition Initiative pour la démocratie au Congo (IDC).

Candidat à la présidentielle de 2016, il perd avec 3,96 % des voix, arrivant 5e sur 9 candidats. Il vit ensuite dans la clandestinité pendant plusieurs mois avant d'être arrêté en , car soupçonné de détenir illégalement des armes de guerre et de vouloir attenter à la sûreté de l'État. En , il est condamné à 20 ans de travaux forcés par la Cour criminelle de Brazzaville.

Biographie

Jeunesse et études

André Okombi Salissa naît en 1961 à Lékana (Plateaux)[1], et est issu de l'ethnie mbochi[2]. Il étudie à Kinshasa (RDC) où il décroche un diplôme d'ingénieur, puis part quelques années plus tard à Kharkiv, en Ukraine[3].

De retour au Congo, il participe à la guerre civile de 1997 au sein des Cobras, la milice de Denis Sassou-Nguesso. Il devient également numéro deux du « Front 400 », dirigé par Camille Oko, qui combat à Brazzaville face aux troupes de Pascal Lissouba[4].

Carrière politique

En 1997, André Okombi Salissa entre pour la première fois au gouvernement en étant nommé par Denis Sassou-Nguesso ministre de l'Éducation technique et professionnelle, poste qu'il occupe jusqu'en . Il sera par la suite plusieurs fois membre du gouvernement, devenant successivement[2],[5] :

  • ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ( - ) ;
  • ministre des Transports et de l'Aviation civile dans le premier gouvernement d'Isidore Mvouba ( - ) ;
  • ministre du Tourisme et de l'Environnement ( - ) ;
  • ministre de l'Enseignement technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l'Emploi ( - ).

Cadre du Parti congolais du travail (PCT), le parti au pouvoir[6], il devient à partir de 2001 directeur du « Comité d'action pour la défense de la démocratie - Mouvement de jeunesse » (CADD-MJ), une association destinée à mobiliser la jeunesse pour soutenir le président Denis Sassou-Nguesso[2]. Cette dernière, qui regroupe principalement des jeunes issus de Brazzaville (quartier de Poto-Poto notamment) et de Lékana, est surtout mobilisée lors des déplacements du président[4]. En 2016, Jeune Afrique décrira cette organisation comme ayant des « allures de milice »[7].

En 2002, il est élu député du district de Lékana (Plateaux) lors des élections législatives, battant Florent Ntsiba, puis sera réélu lors des élections de 2007 et 2012[1],[2].

Lors de l'élection présidentielle de 2009, il est l'un des « piliers de la campagne » du PCT, qui verra Denis Sassou-Nguesso réélu[8], s'appuyant notamment sur le soutien du CADD-MJ[7]. La dissolution de cette association lui est cependant demandée par la suite. Devant son refus, il est débarqué du gouvernement en 2012[4], puis se distancie du PCT. En 2013, il est suspendu du bureau politique du parti pour « divergences de vue », puis part en « exil volontaire » en France. En , dans une déclaration à la presse, il qualifie de « monologue et de divertissement » le dialogue national initié par Denis Sassou-Nguesso, qui avait pour but de débattre des institutions et de l'organisation des élections au Congo[9],[10].

Opposition

En 2015, s'opposant à la tenue d'un référendum constitutionnel qui permettrait à Denis Sassou-Nguesso de briguer un 3e mandat successif, André Okombi Salissa décide de rejoindre les rangs de l'opposition, intégrant la plateforme Initiative pour la démocratie au Congo (IDC)[3]. En raison de ses protestations contre la nouvelle constitution, il est assigné à résidence entre octobre et [1]. En , 11 de ses proches sont arrêtés par les autorités, dans un contexte de répression générale contre les opposants au référendum, ce qui est dénoncé par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH)[11]

Il se porte candidat à la présidentielle de mars 2016, sous les couleurs de l'IDC[12]. Le , il présente son programme intitulé « Ma passion pour le Congo » s'articulant autour de 5 points, parmi lesquels une réforme des institutions pour plus de justice sociale et de démocratie, l'instauration d'un nouveau modèle de développement, ou encore un meilleur partage des fruits de la croissance[13]. Se présentant comme le « candidat du changement », il fait en outre de la défense des droits de la jeunesse une de ses priorités[7].

André Okombi Salissa ne recueille que 3,96 % des voix lors de l'élection, arrivant 5e sur 9 candidats[3]. Il ne reconnaît cependant pas la victoire de Denis Sassou-Nguesso et appelle, avec 4 autres candidats de l'opposition, à contester pacifiquement sa réélection en faisant une « opération ville morte »[14]. En , il est à nouveau assigné à résidence par les autorités. Il décide peu après de s'enfuir et de vivre dans la clandestinité, craignant une arrestation arbitraire[1].

Problèmes judiciaires

Le , alors qu'il vit toujours dans la clandestinité, les autorités affirment avoir retrouvé plusieurs armes au domicile de son épouse Gisèle Ngoma à Brazzaville, dont des fusils-mitrailleurs, des lance-roquettes et des munitions[1],[3]. Une enquête est alors ouverte. André Okombi Salissa sort de son silence le pour s'exprimer à ce sujet sur les ondes de Radio France internationale, où il dénonce une « manipulation grossière » montée par le pouvoir, qu'il accuse de recourir à une « culture stalinienne du complot »[15].

En , le procureur de la République, André Oko Ngakala, demande à l'Assemblée nationale de lever l'immunité parlementaire d'André Okombi Salissa, l'accusant « d'atteinte à la sûreté de l'État » et de « détention illégale d'armes de guerre », mais cela lui sera refusé[3]. Parallèlement, le frère d'André Okombi Salissa, Roland Gambou, mis en examen et placé en détention provisoire dans le cadre de cette affaire depuis le mois de septembre, décède le à la suite des mauvais traitements qu'il aurait subis en détention[1],[16],[17].

Le , après six mois de clandestinité, André Okombi Salissa est arrêté dans le quartier de Massengo à Brazzaville, malgré son immunité parlementaire. Il aurait été repéré grâce à son téléphone satellite, alors qu'il vivait chez un militaire originaire lui aussi de Lékana. Un membre de sa famille déclare avoir eu le sentiment que l'opposant souhaitait se faire arrêter, n'ayant pas opposé de résistance. La police déclare que l'arrestation s'est faite sans violence, bien que RFI rapporte que le chauffeur d'André Okombi Salissa a dû être hospitalisé[1],[3]. Le journal français Le Monde note que cette arrestation intervient dans un contexte répressif où d'autres opposants ont également été arrêtés, tels Paulin Makaya (en 2015) et Jean-Marie Mokoko (en )[3].

André Okombi Salissa est par la suite placé en détention préventive au sein de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), à partir du . En , après 18 mois de détention, le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU estime que sa détention est « arbitraire », et demande sa libération immédiate ainsi qu'une indemnisation pour ces 18 mois passés en prison[18]. En , ses avocats plaident pour sa remise en liberté devant la chambre d'accusation de la Cour d'appel, leur client étant enfermé seul depuis presque 2 ans, sans possibilité de sortir de sa cellule ni de recevoir de visites de ses proches. La chambre décide cependant de renvoyer André Okombi Salissa devant la Cour criminelle. L'un de ses avocats, Me Yvon Eric Ibouanga, dénonce une violation de ses droits ainsi qu'un dossier « totalement vide »[19].

Son procès s'ouvre le à la chambre criminelle de la Cour d'appel de Brazzaville. André Okombi Salissa est alors accusé d'« atteinte à la sécurité intérieure de l'État » ainsi que de « détention illégale d'armes et munitions de guerre ». L'audience est cependant ajournée au bout de 22 minutes et renvoyée à une date ultérieure, officiellement pour « raisons d'État »[20]. Le procès reprend le et se déroule pendant un peu plus d'un mois. André Okombi Salissa est défendu par 6 avocats, dont 3 venus de l'étranger, et nie être le propriétaire des armes retrouvées[21]. Le , il est condamné à 20 ans de travaux forcés en l'absence de ses avocats, qui avaient quitté la salle pour dénoncer une procédure irrégulière et un non-respect de leurs droits[22],[23].

Références

  1. a b c d e f et g Groupe de travail sur la détention arbitraire, « Avis no 5/2018, concernant André Okombi Salissa (Congo) » [PDF], sur ohchr.org,
  2. a b c et d (en) « Okombi-Salissa, André », dans John F. Clark et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Republic of the Congo, Scarecrow Press, coll. « Historical Dictionaries of Africa », (ISBN 9780810879898, lire en ligne), p. 338
  3. a b c d e f et g Joris Bolomey, « Brazzaville : qui est André Okombi Salissa, l’opposant arrêté après des mois de clandestinité ? », sur lemonde.fr,
  4. a b et c « Congo-Brazzaville : qui était Okombi Salissa avant de devenir un opposant ? », sur jeuneafrique.com,
  5. « Les gouvernements du Congo », sur izf.net
  6. Trésor Kibangula, « Congo-Brazza : l’ex-ministre et candidat à la présidentielle André Okombi Salissa arrêté à Brazzaville », sur jeuneafrique.com,
  7. a b et c Trésor Kibangula, « Congo-Brazzaville : qui face à Denis Sassou Nguesso à la présidentielle ? », sur jeuneafrique.com,
  8. « Présidentielle au Congo-Brazzaville: huit candidats face à Denis Sassou-Nguesso », sur rfi.fr,
  9. « Congo-Brazzaville: le dialogue national s'ouvre sans l'opposition », sur rfi.fr,
  10. La Lettre du Continent, « André Okombi Salissa », sur africaintelligence.fr,
  11. « Vague de répression contre les opposants au projet de nouvelle constitution », sur fidh.org,
  12. « Présidentielle au Congo-Brazzaville: la liste des candidats s’allonge », sur rfi.fr,
  13. Roger Ngombé, « Élection présidentielle : André Okombi Salissa présente son programme de gouvernement », sur adiac-congo.com,
  14. « Congo : 5 candidats appellent à contester pacifiquement la réélection de Denis Sassou Nguesso », sur jeuneafrique.com,
  15. Sébastien Nemeth, « Congo-Brazzaville : « Je ne me reproche rien », clame André Okombi Salissa », sur rfi.fr,
  16. « Congo-B: l'opposant André Okombi Salissa renvoyé devant la cour criminelle », sur rfi.fr,
  17. « Détails sur l’assassinat de Monsieur Roland Gambou, frère d’André Okombi Salissa », sur zenga-mambu.com,
  18. « Congo-B.: un groupe de l'ONU juge la détention d'André O. Salissa arbitraire », sur rfi.fr,
  19. « Congo-B: l'opposant André Okombi Salissa renvoyé devant la cour criminelle », sur rfi.fr,
  20. « Congo-B: sitôt ouvert, le procès de l’opposant Okombi Salissa a été renvoyé », sur rfi.fr,
  21. « Congo-Brazzaville: des témoins entendus au procès d’Okombi Salissa », sur rfi.fr,
  22. « L'opposant Okombi Salissa condamné à 20 ans des travaux forcés », sur voaafrique.com,
  23. « Congo-B: l’opposant André Okombi Salissa condamné à 20 ans de travaux forcés », sur rfi.fr,

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