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Conclave de 1378

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Conclave de 1378
Armoiries pontificales de Urbain VI.
Dates et lieu
Début du conclave
Fin du conclave
Lieu du vote Antique basilique vaticane
Rome
Élection
Nombre de cardinaux 23
Nombre de votants 16
Personnages clefs
Camerlingue Guillaume d'Aigrefeuille le Jeune
Doyen Anglic de Grimoard
Pape élu
Nom de l'archevêque élu Bartolommeo Prignano
Nom de pape Urbain VI
Listes des papes : chronologique · alphabétique
Les premières mesures du pape Urbain VI renforcèrent les doutes des cardinaux français après son élection

Le conclave papal de 1378 est l'événement déclencheur du grand Schisme d'Occident de l'Église catholique romaine. Ce conclave, convoqué à la mort du pape Grégoire XI, fut l'un des plus courts de l'histoire de l'Église catholique[1]. Depuis 1159, ce conclave est également le premier à avoir lieu au Vatican, dans l'antique basilique Saint-Pierre (les élections et conclaves ayant eu lieu à Rome avant la papauté d'Avignon s'étant déroulés principalement en la basilique Saint-Jean de Latran)[2].

Le pape Grégoire XI meurt le à Rome, ayant fait le déplacement depuis Avignon pour manifester son intérêt pour les territoires faisant partie des États pontificaux pendant la guerre des Huit Saints. Bien que les cardinaux français représentent une majorité des membres du Sacré-Collège, le siège de la papauté se trouvant à Avignon, ils finirent par accéder à la volonté du peuple de Rome qui réclamait l'élection d'un souverain pontife italien. Le sixième et dernier non-cardinal à être élu pape, Bartolommeo Prignano, prit le nom d'Urbain VI[3].

Déroulement du conclave

Le conclave fut le premier à avoir lieu en l'antique basilique vaticane[4].

Avant sa mort, le pape Grégoire XI allégea de manière substantielle les règles du conclave : il donna pour instruction aux cardinaux de commencer à se réunir immédiatement après sa mort (plutôt que d'attendre neuf jours tel que prescrit dans l'Ordo Romanis) afin d'éviter toute "coercition factieuse", il donna la permission aux cardinaux de tenir le conclave en dehors de Rome et de changer de lieu chaque fois que cela serait nécessaire, enfin il supprima la majorité des deux-tiers des voix requise pour toute élection par "la plus grande part", une formule ambiguë[5].

Le Collège des cardinaux était divisé en trois camps : le premier était composé des quatre cardinaux italiens (deux Romains, un Florentin et un Milanais), le deuxième camp était composé des sept cardinaux de Limoges (le parti "Limousin"[4]), et le troisième camp était constitué des cinq cardinaux français restants[1]. Le début du conclave fut retardé d'un jour en raison d'un violent orage. Puis, les sept cardinaux "Limousins" émirent le souhait de quitter Rome, comme Grégoire XI le leur avait autorisé, mais ils en furent dissuadés par d'autres cardinaux qui réussirent à les convaincre qu'un tel acte placerait le Collège face à un danger plus grand encore[4]. Il était minuit, deux jours après la mort du pape, lorsque les serviteurs des cardinaux parvinrent à vider l'antique basilique vaticane des personnes non autorisés à participer au conclave[4].

Selon la Catholic Encyclopedia, même Robert de Genève (futur antipape Clément VII) et Pedro Martínez de Luna y Gotor (futur antipape Benoît XIII)— deux partisans de la papauté d'Avignon pendant le Grand Schisme qui suivit— votèrent pour Prignano[1]. Prignano avait, par le passé, vécu en France, ce qui atténuait les craintes liées à son élection chez un certain nombre de cardinaux français[6]. Il fut rapporté que l'élection avait été "unanime", à l'exception du cardinal Orsini, qui déclara qu'il n'avait pas été "libre" de son vote[1].

Prignano fut accompagné par plusieurs prélats (afin de ne pas dévoiler l'identité de l'élu) au Vatican où il accepta son élection[1]. Pour rajouter à la confusion, Orsini prononça la formule latine consacrée Habemus Papam sans identifier Prignano comme étant l'élu[1].

Une fois l'élection achevée, le peuple de Rome entra dans le site du conclave, et, apercevant le vieux cardinal romain Tebaldeschi paré des insignes pontificales[1], pensa qu'il avait été élu. Les cardinaux encore présents ne prirent pas la peine de démentir cette impression fausse et fuirent se mettre à l'abri dans leurs quartiers personnels[7]. Le cardinal Tebaldeschi informa alors la foule de l'élection de Prignano qui se cachait dans la "pièce la plus secrète" jusqu'à ce que son élection puisse être annoncée[8].

Cardinaux électeurs

Seize des vingt-trois cardinaux en vie prirent part au conclave. Deux autres cardinaux—Piero Tornaquinci et Pietro Tartaro—ne furent pas acceptés au sein du Collège pour prendre part à l'élection. Six cardinaux restèrent à Avignon, et Jean de La Grange fut également absent[3].

Cardinal Nationalité Titre cardinalice Date d'élévation Élévateur Autres titres ecclésiastiques Notes
Pietro Corsini Florentin Cardinal-évêque de Porto e Santa Rufina Urbain V Vice-doyen du Sacré Collège des cardinaux
Jean de Cros Français Cardinal-évêque de Palestrina Grégoire XI Grand pénitent Cardinal-neveu
Guillaume d'Aigrefeuille le Jeune, O.S.B. Français Cardinal-prêtre de S. Stefano al Monte Celio Urbain V Camerlingue du Sacré Collège
Francesco Tebaldeschi Romain Cardinal-prêtre de S. Sabina Urbain V
Bertrand Lagier, O.F.M. Français Cardinal-prêtre de S. Cecilia Grégoire XI
Robert de Genève comté de Savoie Cardinal-prêtre de Ss. XII Apostoli Grégoire XI Futur antipape Clément VII
Simone da Borsano Milanais Cardinal-prêtre de Ss. Giovanni e Paolo Grégoire XI
Hugues de Montelais, le jeune Français Cardinal-prêtre de Ss. IV Coronati Grégoire XI
Gui de Maillesec Français Cardinal-prêtre de S. Croce in Gerusalemme Grégoire XI Cardinal-neveu
Pierre de Sortenac Français Cardinal-prêtre de S. Lorenzo in Lucina Grégoire XI
Gérard du Puy, O.S.B. Français Cardinal-prêtre de S. Clemente Grégoire XI Cardinal-neveu
Giacomo Orsini Romain Cardinal-diacre de S. Giorgio in Velabro Grégoire XI
Pierre Flandrin Français Cardinal-diacre de S. Eustachio Grégoire XI Vicaire de Rome
Guillaume Noellet Français Cardinal-diacre de S. Angelo in Pescheria Grégoire XI
Pierre de la Vergne Français Cardinal-diacre de S. Maria in Via Lata Grégoire XI
Pedro Martínez de Luna y Gotor Aragonais Cardinal-diacre de S. Maria in Cosmedin Grégoire XI Futur antipape Benoît XIII

Cardinaux absents du conclave

Cardinal Nationalité Titre cardinalice Date d'élévation Élévateur Autres titres ecclésiastiques Notes
Pierre de Monteruc Français Cardinal-prêtre de S. Anastasia Innocent VI Vice-chancelier de la Sainte Église catholique; cardinal protoprêtre Resté à Avignon; Cardinal-neveu
Jean de Blauzac Français Cardinal-évêque de Sabina Innocent VI Resté à Avignon
Gilles Aycelin de Montaigut Français Cardinal-évêque de Frascati Innocent VI Resté à Avignon
Hugues de Saint-Martial Français Cardinal-diacre de S. Maria in Portico Innocent VI Protodiacre; archiprêtre de la Basilique Saint-Pierre Resté à Avignon
Anglic de Grimoard, C.R.S.A. Français Cardinal-évêque d'Albano Urbain V Doyen du Collège des cardinaux; archiprêtre de la basilique Saint-Jean de Latran Resté à Avignon, cardinal-neveu
Guillaume de Chanac, O.S.B. Français Cardinal-prêtre de S. Vitale Grégoire XI Resté à Avignon
Jean de la Grange, O.S.B. Français Cardinal-prêtre de S. Marcello Grégoire XI Légat du pape en Toscane

Conséquences du conclave

Carte montrant en faveur d'Avignon (rouge) et de Rome (bleu) pendant le Grand Schisme d'Occident ; ces lignes de démarcation restent valables jusqu'au concile de Pise (1409), qui vit l'émergence d'un troisième camp

Au mois de septembre suivant, les cardinaux français se réunirent à nouveau à Avignon, se déplacèrent à Fondi, et élurent l'antipape Clément VII, qui obtint le soutien de treize cardinaux-électeurs (à l'époque, le Collège comptait vingt-deux membres après le décès de Francesco Tebaldeschi)[3].

Sources

L'une des principales sources est l'inquisiteur Nicolas Eymerich qui fut l'un des témoins du conclave, et qui par la suite rédigera l'un des premiers tracts à l'encontre d'Urbain VI, Tractatus de potestate papali (1383), en faveur de la légitimité d'Avignon en tant que siège de la papauté[9]. Plusieurs autres témoignages de l'époque mentionnent l'appel du peuple de Rome : "Nous voulons un Romain ou au moins un Italien" (italien : Romano lo volemo, o al manco Italiano)[7]. Un document contemporain intitulé Factum Urbani atteste de l'atmosphère générale de confusion, de peur et de panique qui régnait à l'époque[8]. Ainsi, Gilles de Bellemère, évêque du Puy-en-Velay, écrit qu'il fut obligé de retirer son aube par peur de la foule, et se souvient du tintement permanent des cloches[8].

Des sources pro-urbaines—telles que Alfonso de Jaén, le confesseur de Brigitte de Suède, de sa fille Catherine et de Dietrich de Nieheim—affirment que la situation à Rome était moins agitée[8]. Les différences marquées entre les différentes sources peuvent s'expliquer par le fait que la contrainte (prétendue ou réelle) exercée par la foule soit devenue le principal argument en faveur de la légitimité de la papauté d'Avignon[8].

Notes et références

  1. a b c d e f et g "Pope Urban VI" dans la Catholic Encyclopedia de 1913
  2. (en) William Miller, Mediaeval Rome, from Hildebrand to Clement VIII, 1073-1600, G. P. Putnam's sons, 1902, p.150
  3. a b et c Salvador Miranda, "Papal elections of the XIV Century (1303-1394)", 1998
  4. a b c et d Baumgartner, 2005, p. 56.
  5. Baumgartner, 2005, p. 55.
  6. (en) Henry Smith Williams, The Historians' History of the World, Outlook Company, 1904, p.249
  7. a et b Blumenfeld-Kosinski, 2006, p. 3.
  8. a b c d et e Blumenfeld-Kosinski, 2006, p. 4.
  9. Blumenfeld-Kosinski, 2006, p. 57.

Bibliographie

  • (en) Frederic J. Baumgartner, Behind Locked Doors, Macmillan, 2005 (ISBN 0312294638)
  • (en) Renate Blumenfeld-Kosinski, Poets, Saints, and Visionaries of the Great Schism, 1378-1417, Penn State Press, 2006 (ISBN 0271027495)

Liens externes