Église Saint-Maur de Martel

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Église Saint-Maur de Martel
Chevet et clocher de l'église.
Chevet et clocher de l'église.
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire Saint Maur
Type église paroissiale
Rattachement Diocèse de Cahors
Début de la construction église romane : 1140-1150
église gothique : 1311-1345
Fin des travaux reconstruction : 1493-1518
clocher : 1522-1531
Style dominant Gothique
Protection Logo monument historique Classé MH (1906)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Lot
Commune Martel
Coordonnées 44° 56′ 12″ nord, 1° 36′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Lot
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Église Saint-Maur de Martel
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Église Saint-Maur de Martel
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Église Saint-Maur de Martel

L'église Saint-Maur de Martel est une église catholique située à Martel, dans le département français du Lot en France[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Bien qu'on ne possède pas de documents permettant de préciser l'origine de l'église, son nom de Saint-Maur peut permettre de supposer qu'elle a une origine bénédictine. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que la cure de Martel était à la nomination de l'abbaye Sainte-Marie de Souillac. Le nom de la ville de Martel, Martellum, n'apparaît pas dans les cartulaires des abbayes de Beaulieu, de Tulle, d'Aurillac et d'Obazine avant le XIIe siècle. La ville s'est créée au croisement de deux routes : celle reliant le village de Louchapt au bac de Gluges, et la route de Souillac à Vayrac. Une route du sel passe à côté de Martel et un marché du sel s'y est implanté. Dans un texte de l'abbaye de Tulle il est écrit que Martel fait partie de la seigneurie de Creysse qui dépendait de la vicairie de Cazillac appartenant à l'abbaye de Souillac depuis 930.

Cette abbaye a dû construire l'église paroissiale Sainte-Madeleine au Xe siècle ou XIe siècle, puis l'église Saint-Maur. La première mention de Martel dans le cartulaire de l'abbaye d'Obazine date de 1154 et indique que la ville a ses mesures et ses marchands, et le vicomte de Turenne en est le coseigneur avec le vicomte de Brassac. Il en devient l'unique seigneur quand Raymond II de Turenne achète la vicomté de Brassac avant 1183, date à laquelle il reçoit Henri le Jeune à Martel.

Les premières mentions de l'église datent du début du XIIIe siècle :

  • Raymond IV, vicomte de Turenne, accorde une charte aux habitants de Martel en 1219 in ecclesia sancti Maurri,
  • Maffre de Castelnau rend hommage au vicomte de Turenne pour sa terre de Martel dans un acte dressé in ecclesia de Martello[2],[3].

L'église romane[modifier | modifier le code]

Il existait donc une église construite avant le XIIIe siècle comme le prouvent plusieurs vestiges de l'époque romane :

  • dans le bras sud du transept, les deux tiers du mur oriental où un larmier de 4 mètres de long à 6 mètres de hauteur est porté par six modillons sculptés.
  • dans ce même bras du transept, on peut voir un morceau identique sur le mur occidental.
  • tympan du portail occidental. Le thème semble être celui le Seconde Parousie du Christ car il n'y a aucune trace de séparation des âmes, ni de l'Enfer, ni du Paradis. Le Christ est représenté les bras tendus largement ouverts, les paumes ouvertes montrant les plaies, de part et d'autre deux anges sonnent de la trompette et des ressuscités commencent à soulever la dalle de leur tombeau. Il reprend le thème déjà présenté sur le tympan de l'abbatiale Saint-Pierre de l'abbaye de Beaulieu-sur-Dordogne.
    Marcel Durliat avait noté sur ce tympan la « connaissance de la sculpture des cathédrales du nord ». Raymond Rey a noté un ascendant de la cathédrale de Chartres dans son livre La Sculpture romane languedocienne. Pour Marie-Pasquine Subes-Picot, le tympan est contemporain du portail de la cathédrale de Cahors, c'est-à-dire vers 1140-1150. La frise ornant le linteau, avec ses rinceaux perlés, ses fleurs épanouies et ses fruits grenus où se dissimulent des oiseaux sont des thèmes qu'on retrouve dans les chapiteaux réalisés pour le cloître de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Mais l'épanouissement très large des corolles ne se retrouve pas dans le Midi, et fait penser aux dessin des fruits du vitrail de l'arbre de Jessé de l'abbatiale de Saint-Denis. Le tympan de Martel a dû être sculpté au milieu du XIIe siècle, à la confluence des styles méridionaux et septentrionaux.

Les documents concernant l'église au XIIIe siècle ne font aucune mention d'une reconstruction de l'église. L'archevêque de Bourges, Simon de Beaulieu, visite l'église en 1286 et 1290.

Construction de l'église gothique[modifier | modifier le code]

La reconstruction de l'église gothique remonte au XIVe siècle. Dès le début du XIVe siècle des dons sont faits à l'église Saint-Maur. Dès le mois de , mais essentiellement en , des pourparlers ont lieu entre les consuls de la ville et l'évêque concernant la construction de l'église. L'accord prévoit que pendant six ans la ville doit donner 4 000 sous tournois pour la construction de l'église et Garin, recteur, 20 livres. Le , les consuls ont donné 11 sous 6 deniers à Jean de Marc pour faire le « devis du coût de bâtir l'église ». Les consuls se préoccupent d'obtenir des héritiers de Pierre Comte le legs qu'il a fait pour la construction de l'église. Les travaux n'ont dû commencer qu'après , quand J. Jauffre est venu et a ordonné de quelle manière on devait bâtir l'église. La pierre d'autel de l'église est enlevée et les cloches descendues le 20 et . La semaine suivante les charpentiers construisent des échafaudages et des machines de levage.

De nombreux actes des archives de la ville concernent la construction de l'église. Celle-ci a dû être rapidement terminée. Le , le maître d'œuvre de l'église s'engage à terminer en 5 mois la chapelle Saint-Jacques. Il est probable que les évènements annonciateurs de ce qui va être la guerre de Cent Ans a conduit les consuls à faire accélérer les travaux. La prise de Bergerac, le , par Henri de Lancastre, comte de Derby, va amener les consuls de Martel à se consacrer à la mise en défense de la ville.

Travaux de restauration et reconstruction après la guerre de Cent Ans[modifier | modifier le code]

On a peu d'éléments sur d'éventuels travaux pendant la guerre de Cent Ans, mais, en 1480 l'église Saint-Maur est dite ruynée par usure du temps et réduite en semblance d'une grange. Des travaux de réparations sont notés en 1493-1494. En 1502 les travaux de restauration ne sont pas achevés. L'évêque de Cahors, Antoine de Luzech, s'adresse à plusieurs archiprêtres pour qu'ils aident la communauté de Martel à restaurer leur église. En 1507, les frais de reconstruction ont dépassé les 12 000 livres. Le , Puy de Saint-Amans, recteur de l'église, est condampné par arrest de Bordeaux à contribuer à la réparation et bastiment de l'église.

En 1510, on répare la chapelle de la confrérie Notre-Dame. En 1511 est établi le prix-fait des vitraux de la verrière d'axe du chevet ornée de scènes de la Passion. Le maître verrier Redon a remis pour ce travail une quittance aux consuls le . Les réparations des trois travées de la nef sont probablement terminées en 1513.

Le , un accord est passé avec le peintre Jehan Becquin concernant les voûtes des chapelles ainsi que les parois et les piliers les supportant.

L'étude archéologique montre que l'église est en grande partie le résultat de la reconstruction des dernières années du XVe siècle et du premier quart du XVIe siècle.

Reconstruction du clocher[modifier | modifier le code]

Au début du XVIe siècle il est décidé de reconstruire le clocher. Le , il est convenu que Petit Jehan, peyrier de Sarlat dirigera les travaux. Les travaux sont commencés rapidement car en Rigo, maestre masson poursuit la construction du clocher. Au mois de mai il manque des pierres de taille. On décide de continuer en simple maçonnerie, sauf pour los cantous qui seraient construits en pierre de taille. En décembre on place les cloches sur les deux piles déjà faites de façon à s'en servir pendant que la construction se poursuit. Nouveau prix-fait en 1523. En 1525, Jean Puech Ferran a construit le clocher jusqu'à 8 pieds au-dessus de l'église et a fait visiter son travail au mestre qui a bâti l'église de Souillac. Les consuls veulent élever le clocher de 42 pieds au-dessus de l'église. En 1526, Esclacha, maçon de Sarlat, prévoit un nouveau plan à la demande des consuls de Martel. On décide de construire le clocher à huit pans et de faire sur chaque pile une tourelle. En 1531 on parle de couvrir le clocher.

La position du clocher est peut-être due à la présence d'un clocher plus ancien. Ce qui pourrait exister sa position et celle de l'oculus au remplage flamboyant de la façade occidentale, très décalée.

Vitraux[modifier | modifier le code]

L'église possède une verrière du XVIe siècle représentant la Passion réalisée par le maître verrier Redon entre 1511 et 1512.

À ce sujet, un documentaire vidéo intitulé L'église St Maur : tympan et verrière, a été réalisé en sur l'initiative de Lucien Lachièze-Rey [4] avec la participation du collège de Martel. Ce film montre les détails des vitraux de cette verrière.

Mobilier[modifier | modifier le code]

Orgue[modifier | modifier le code]

L'Association des amis des orgues de Martel souhaite construire un nouvel orgue sur une tribune placé au-dessus de l'entrée de la nef.

Protection[modifier | modifier le code]

L'édifice est classé au titre des monuments historiques le [1]. Église fortifiée. Tympan roman du XIIe siècle. Nef du XIVe siècle. Clocher du XVIe siècle. Plusieurs objets sont référencés dans la base Palissy[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Église Saint-Maur », notice no PA00095160, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Christophe Justel, Histoire généalogique de la Maison de Turenne, p. 42-43, Chez la veuve Mathurin Du Puy, Paris, 1645 (lire en ligne)
  3. Guillaume Lacoste, Histoire du Quercy, tome 2, p. 196-199 (lire en ligne)
  4. ActuLot - André Décup, « Lot. Lumières sur les vitraux de Martel », La Vie Quercynoise,‎ (lire en ligne)
  5. « Bas-relief », notice no PM46000200, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  6. « Chandellier », notice no PM46000201, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  7. Patrimoines Midi-Pyrénées : tableau et son cadre : Ecce Homo
  8. Musée Delacroix : Pierre Andrieu (1821-1892)
  9. Patrimoines Midi-Pyrénées : tableau et son cadre : L'Adoration des mages

Annexes[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

L'église St Maur : tympan et verrière, 2019 - 22 min - DVD Pal 16/9 (Réalisation : Jérôme Vincent, avec la participation d'élèves du collège des Sept Tours à Martel, sur une initiative de Lucien Lachièze-Rey)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • "Martel, images de lumière - 500 ans du grand vitrail", par Lucien Lachièze-Rey. 2019, Tertium éditions (ISBN 979-10-699-4362-9)
  • Jules de Verneilh, « Mémoire de M. J. de Verneilh sur les monuments du Quercy: Turenne, - Martel, - Puy-d'Yssolu, - Rocamadour, - Souillac :Martel », dans Congrès archéologique de France. 32e session. Séances générales tenues à Montauban, Cahors et Guéret. 1865, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 362-363
  • Ernest Rupin, « Tympan de Martel (Lot) », Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 15,‎ , p. 566-572 (lire en ligne)
  • Émile Mâle, « L'architecture gothique du Midi de la France », Revue des deux mondes,‎ , p. 826-857 (lire en ligne)
  • Marie-Pasquine Subes-Picot, « Église Saint-Maur de Martel », dans Congrès archéologique de France. 147e session. Quercy. 1989, Paris, Société française d'archéologie, , 544 p. (lire en ligne), p. 365-390
  • Sous la direction de Nicolas Bru, Archives de pierre. Les églises du Moyen Âge dans le Lot, p. 238-239, SilvanaEditoriale, Milan, 2012 (ISBN 978-8-836621-04-0).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]