Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances
Repères historiques | ||
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Création | 1991 | |
Dates clés | 04-01-2013 immatriculation sté actuelle | |
Fondée par | Jaime Semprun | |
Fiche d’identité | ||
Forme juridique | SARL unipersonnelle
SIREN 382 281 970 |
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Statut | éditeur indépendant | |
Siège social | 16, rue Dauphine, Paris 75006 (France) | |
Dirigée par | Sofia de Semprun-Roy[1] | |
Spécialités | essais de critique sociale | |
Titres phares |
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Langues de publication | français | |
Diffuseurs | Les Belles Lettres | |
Données financières | ||
Chiffre d'affaires | 35 000 € en 2017[2] | |
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Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances est une maison d'édition française fondée en 1991[3] par Jaime Semprun à Paris comme prolongement de la revue et du groupe Encyclopédie des Nuisances (EDN) dont quinze fascicules ont paru entre 1984 et 1992.
Cette maison d'édition publie exclusivement des textes de critique sociale analysant l'évolution de la société moderne dans une optique anti-industrielle.
Histoire
La revue Encyclopédie des Nuisances, sous-titrée Dictionnaire de la déraison dans les arts, les sciences et les métiers (en référence à l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D'Alembert), se situait dans la lignée de l'Internationale situationniste, bien que de façon critique. Sa création fut annoncée dès 1979 dans la revue L'Assommoir (numéro 3 pages 94-95). Les principaux rédacteurs en étaient Jaime Semprun, Miguel Amorós, Pierre Lepetit (1935-1989), Guy Bernelas (auteur de La Robe de Médée. Considérations sur la décimation des abeilles), Jacques Fredet, François Martin, Pascal Moatti (auteur de La Fin de Muromachi), Jacques Philipponneau, Christian Sébastiani et Jean-Pierre Gomez.
À la suite du reflux révolutionnaire suivant la période 1968-1982, la revue a une fonction défensive, celle de maintenir vivant le langage critique et la mémoire historique en attendant la prochaine crise révolutionnaire. L'EdN cherchait à tendre un pont entre les luttes du passé et celles du futur qui auraient lieu sur le terrain de l'opposition aux phénomènes nocifs[4].
Guy Debord contribua à la rédaction de quelques textes de cette revue[5],[6] (Abat-faim, Ab irato et Abolir) avant de prendre ses distances à la suite d'une polémique sur la signification à donner de l'occupation de la Sorbonne par le comité du (dont faisaient partie Jean-François Martos et Jean-Pierre Baudet) lors des grèves des lycéens et des cheminots de l'hiver 1986-87[7],[8],[9]. Après cette polémique, le projet de publication aux Éditions Champ libre d'un recueil de textes de l'EdN est abandonné[6].
La maison d'édition publie exclusivement des textes de critique sociale analysant l'évolution de la société moderne dans une optique anti-industrielle. Elle publie les ouvrages d'auteurs tels que George Orwell (en coédition avec les éditions Ivrea), Günther Anders, William Morris, René Riesel, Bernard Charbonneau, Walter Benjamin ou Lewis Mumford.
Les livres qu'elle édite sont composés sur linotype avec des caractères en plomb dans l'une des dernières imprimeries françaises qui pratiquent ce type de travail[10].
En 2011, d'anciens membres de l'EdN tels que Miguel Amorós, Bernard Pecheur et Michel Gomez fondent leur propre structure éditoriale, les éditions de la Roue.
Catalogue
Présentation
« Les éditions prolongent l'activité critique de la revue Encyclopédie des Nuisances, dont quinze fascicules sont parus entre 1984 et 1992. Ses rédacteurs avaient affirmé d'emblée que les qualifiait tout particulièrement, pour critiquer les progrès de l'aliénation dans la société moderne, de n'être d'aucune manière des savants ou des spécialistes de quoi que ce soit, mais de partir au contraire "du sentiment immédiat de dépossession devant la science et la technique", et "de la révolte qu'elle inspire". Devenus éditeurs, ils n'en sont pas pour autant devenus des professionnels de l'édition, et c'est manifestement tant mieux, puisque les divers textes publiés depuis 1993 sont tous — jusqu'aux Essais, articles, lettres d'Orwell, disponibles en anglais dès 1968 et jamais traduits — de ceux que tend à proscrire l'actuel système éditorial, où priment, de la fabrication à la distribution, des intérêts économiques aussi destructeurs dans ce domaine que partout ailleurs.
On remarquera qu'il s'agit justement de textes qui, chacun à sa façon, s'emploient à dire "dans quelle sorte de monde nous vivons".[réf. nécessaire] »
Encyclopédie des Nuisances
15 fascicules publiés entre et
- Fascicule 1, : Discours préliminaire
- Fascicule 2, : Histoire de dix ans
- Fascicule 3, : Ab absurdo - Abadie - Abaissement
- Fascicule 4, : Abandon - Abaque - A bas !
- Fascicule 5, : Abasoudir - Abat-faim - Abattage
- Fascicule 6, : Abâtardissement - Abattage - Abbé - Abdelkader - Abderrahman - Abdication - Abécédaire
- Fascicule 7, : Abeille - Abélard - Aberration - Abêtissement
- Fascicule 8, : Abîme
- Fascicule 9, : Ab irato - Abjection - Abjuration - Ablation
- Fascicule 10, : Ablette - Ablution - Abnégation - Aboiement - Abois
- Fascicule 11, : Abolir - Abolition - Abolitionniste - Abomination - Abondance
- Fascicule 12, : Abonnir - Aborder
- Fascicule 13, : Aborigène - Aborner - Abortif - Abou Simbel - Aboulie - Aboutissants - Aboutissement
- Fascicule 14, : Ab ovo
- Fascicule 15, : Abracadabra - Abracadabrant - Abramboé - Abrégé - Abrenuntio
Éditions de l'EdN
- 1993
- Jaime Semprun, Dialogues sur l'achèvement des temps modernes
- 1994
- Sophie Herszkowicz, Lettre ouverte au maire de Paris à propos de la destruction de Belleville
- Jacques Philipponneau, Relation de l'empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de Syndrome de l'huile toxique
- 1995
- George Orwell, Essais, articles, lettres, Volume I (1920-1940), en coédition avec Ivrea/fonds Champ Libre
- 1996
- Encyclopédie des Nuisances, Remarques sur la paralysie de
- William Morris, L'Âge de l'ersatz et autres textes contre la civilisation moderne
- George Orwell, Essais, Articles, Lettres. Volume II (1940-1943), en coédition avec Ivrea/fonds Champ Libre
- Baudouin de Bodinat, La Vie sur terre. Réflexions sur le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes
- 1997
- Éditions Ivrea et Encyclopédie des Nuisances, George Orwell devant ses calomniateurs
- Jaime Semprun, L'Abîme se repeuple
- 1998
- Theodore Kaczynski, La Société industrielle et son avenir
- Alliance pour l'opposition à toutes les nuisances, Relevé provisoire de nos griefs contre le despotisme de la vitesse à l'occasion de l'extension des lignes du TGV (1991)
- George Orwell, Essais, articles, lettres, Volume III (1943-1945), en coédition avec Ivrea/fonds Champ Libre
- 1999
- Encyclopédie des Nuisances, Remarques sur l'agriculture génétiquement modifiée et la dégradation des espèces
- Jean-Marc Mandosio, L'Effondrement de la très grande Bibliothèque nationale de France
- Baudouin de Bodinat, La Vie sur terre, tome second
- 2000
- Jean-Marc Mandosio, Après l'effondrement. Notes sur l'utopie néotechnologique
- René Riesel, Déclarations sur l'agriculture transgénique et ceux qui prétendent s'y opposer
- 2001
- René Riesel, Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au CIRAD le
- Jaime Semprun, Apologie pour l'insurrection algérienne
- George Orwell, Essais, articles, lettres, Volume IV (1945-1950), en coédition avec Ivrea/fonds Champ Libre
- 2002
- Günther Anders, L'Obsolescence de l'homme, sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle (1956), (tome I), en coédition avec Ivrea/fonds Champ Libre
- Bernard Charbonneau, Le Jardin de Babylone (1969)
- 2003
- René Riesel, Du progrès dans la domestication
- Jacques Fredet, Les Maisons de Paris, (3 volumes)
- Jean-Marc Mandosio, Dans le chaudron du négatif
- 2004
- Éloge de l'anarchie par deux excentriques chinois. Polémiques du troisième siècle, traduit et présenté par Jean Levi
- 2005
- Jaime Semprun, Défense et illustration de la novlangue française
- 2006
- Tchouang-Tseu, Les Œuvres de Maître Tchouang, traduction de Jean Levi
- 2007
- Miguel Amoros, Durruti dans le labyrinthe
- 2008
- Lewis Mumford, Les Transformations de l'homme (1956)
- Jean-Marc Mandosio, D'or et de sable, on trouve dans ce volume : I. D'or et de sable : dispute autour d'un chaudron - II. Fantôme, es-tu là ? (Correspondance avec Anselm Jappe) - III. La Mesure de la réalité, ou la Grande Transformation racontée aux golden boys - IV. Magie et mathématiques chez John Dee - V. Longévité d'une imposture : Michel Foucault - VI. « Je veux être une machine » : genèse de la musique industrielle
- René Riesel et Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable
- Baudouin de Bodinat, La vie sur terre. Réflexions sur le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes, tome premier (1996) et second (1999), suivis de deux notes additionnelles
- 2009
- Kostas Papaioannou, L'Idéologie froide, essai sur le dépérissement du marxisme (1967)
- Jaime Semprun, Discours préliminaire de l'Encyclopédie des Nuisances ()
- 2010
- Jean-Marc Mandosio, Longévité d'une imposture : Michel Foucault suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres, édition revue et augmentée
- Arnaud Michon, Le Sens du vent, Notes sur la nucléarisation de la France au temps des illusions renouvelables
- Tchouang-Tseu, Les Œuvres de Maître Tchouang, traduction de Jean Levi, édition revue et augmentée
- 2011
- Jaime Semprun, Andromaque, je pense à vous !
- Piergiorgio Bellocchio, Nous sommes des zéros satisfaits
- 2012
- Nadine Ribault et Thierry Ribault, Les Sanctuaires de l'abîme - Chronique du désastre de Fukushima[11]
- Walter Benjamin, Allemands - Une série de lettres (1936)[12]
- 2013
- Camillo Boito, Conserver ou restaurer : les dilemmes du patrimoine
- Dwight Macdonald, Une tragédie sans héros : essais critiques sur la politique, la guerre et la culture (1938-1957) (ISBN 978-2-910386-43-6)
- 2014
- Lie Tseu, Les Fables de Maître Lie, traduction de Jean Levi[13]
- 2019
- Lewis Mumford, Le Mythe de la machine, Technique et développement humain (1966), (Tome I)
Couvertures
-
L'Abîme se repeuple de Jaime Semprun.
-
Le Jardin de Babylone par Bernard Charbonneau.
-
La Vie sur terre par Baudouin de Bodinat.
-
Longévité d'une imposture : Michel Foucault par Jean-Marc Mandosio.
-
Les Maisons de Paris par Jacques Fredet.
Notes
- Sofia De Semprun-Roy, gérante des éditions de l'EdN ; voir fiche des éditions de l'EdN sur societe.com.
- Donnée du site societe.com reportée le 22 juin 2019.
- Encyclopédie des Nuisances, fascicule 15, avril 1992, page IV.
- Miguel Amorós, Un terrorismo en busca de dos autores, Muturreko burutazioak, 1999.
- Guy Debord, Œuvres, collection Quarto, Gallimard, 2006.
- Guy Debord, Correspondance, vol. 6, Fayard, .
- L'Encyclopédie des puissances, décembre 1987 sur debordiana.chez.com.
- Guy Debord, Correspondance, vol. 7, Fayard, .
- Jean-François Martos, Correspondance avec Guy Debord, « Le fin mot de l'histoire », 1998.
- Éric Conan, « Jaime Semprun, le décès de l'immédiatique éditeur d'Orwell », Marianne2, 21 août 2010.
- Les Sanctuaires de l’abîme - Chronique du désastre de Fukushima, éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, 2012
- Présentation d'Allemands - Une série de lettres, bldd.fr, 21 novembre 2012
- Présentation des Fables de Maître Lie, bldd.fr, mai 2014
Voir aussi
Bibliographie
La collection complète de la revue L'Encyclopédie des Nuisances est disponible en version numérisée.
Articles connexes
Liens externes
- [PDF] Aurélien Tourreilles, « De l'Encyclopédie des Nuisances à la pensée anti-industrielle : retour sur la construction idéologique d'une utopie contemporaine », Science politique, université de Bordeaux, 2019
- « Du temps que les situationnistes avaient raison », texte critique de Max Vincent sur les relations de l'EdN avec les situationnistes, 2007
- Jean-François Martos, « Remarques à propos des récentes déclarations d'un penseur de la radicalité », Le fin mot de l'Histoire, 2001
- [PDF] Pascal Dumontier, « Contre l'e.d.n. », La guerre de la liberté, 2001 - la réponse à ce texte: Bertrand Louart, Fabien Palisse, A propos de quelques grognements et aboiements…,
- Jean-Pierre Baudet et Jean-François Martos, « L'Encyclopédie des Puissances, Circulaire publique relative à quelques nuisances théoriques vérifiées par les grèves de l'hiver 1986-1987 », Le fin mot de l'Histoire,