Élisabeth-Marie d'Autriche

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Élisabeth-Marie d’Autriche
Description de cette image, également commentée ci-après
Photographie de l’archiduchesse Élisabeth-Marie (1910)
Biographie
Titulature Princesse impériale et archiduchesse d’Autriche, princesse royale de Hongrie et de Bohême
Dynastie Maison de Habsbourg-Lorraine
Nom de naissance Erzherzogin Elisabeth Marie Henriette Stephanie Gisela von Österreich
Naissance
Laxenbourg (Autriche-Hongrie)
Décès (à 79 ans)
Vienne (Autriche)
Sépulture Hütteldorfer Friedhof
Père Rodolphe, prince héritier d’Autriche-Hongrie
Mère Princesse Stéphanie de Belgique
Conjoints Prince Othon zu Windisch-Graetz
Léopold Petznek
Enfants Prince François-Joseph zu Windisch-Graetz
Prince Ernest zu Windisch-Graetz
Prince Rodolphe zu Windisch-Graetz
Princesse Stéphanie zu Windisch-Graetz
Religion Catholicisme romain

L’archiduchesse Élisabeth Marie Henriette Stéphanie Gisèle d’Autriche, devenue par mariage princesse zu Windischgrätz-Graetz, née le 2 septembre 1883 à Laxenbourg et décédée le 16 mars 1963 à Vienne, est l’enfant unique de l’archiduc Rodolphe, prince héritier de l’Empire austro-hongrois et de l’archiduchesse née princesse Stéphanie de Belgique. La presse de l’époque de la République autrichienne la surnomma l’Archiduchesse rouge (en allemand, rote Erzherzogin).

Présentation

Issue de la maison de Habsbourg-Lorraine, Elisabeth-Marie est l’unique enfant de l'archiduc héritier Rodolphe d’Autriche et de son épouse née princesse Stéphanie de Belgique. Sa famille l'avait surnommée « Erszi », diminutif affectueux hongrois. « Erszi » avait tout juste cinq ans quand son père fut retrouvé mort en compagnie de sa maîtresse de 17 ans, Marie Vetsera, le 30 janvier 1889. Après ce coup du sort, son grand-père paternel, l’empereur et roi François-Joseph s'occupa de sa petite-fille. Elle devient ainsi son petit-enfant préféré.

Si en 1890, le mariage de sa tante l'archiduchesse Marie-Valérie est un événement joyeux, les deuils et les tragédies familiales n'épargnent pas l'enfance de la jeune orpheline : En 1888 meurt son arrière-grand-père, l'original duc Maximilien en Bavière suivi en 1892 par son arrière-grand-mère, la duchesse Ludovica. En 1896, son grand-oncle l'archiduc Charles-Louis d'Autriche meurt après un pèlerinage en Terre Sainte. En 1897, une soeur de sa grand-mère, la duchesse d'Alençon, périt brûlée vive au cours d'une vente de Charité à Paris.

En 1898, peu après son quinzième anniversaire, sa grand-mère l'impératrice et reine Elisabeth ("Sissi") est assassinée à Genève par un anarchiste Italien.

En 1900, au grand dam de son père le roi léopold II de Belgique, l'archiduchesse Stéphanie, sa mère, épouse en secondes noces un diplomate, le comte Elemer Lonyay et est exclue de la Maison impériale des Habsbourg-Lorraine. Après cela, la jeune « Erzi » n'a presque plus de contact avec sa mère. Elle donne en effet à celle-ci une part de responsabilité dans la tragédie de Mayerling et ne cessera de déplorer la mort de son père. Sa mère la déshéritera en 1934[1].

Caprice matrimonial

l'archiduchesse et son époux

Après avoir failli être fiancée au prince héritier Albert de Belgique, elle s'entiche à 18 ans du fringant prince Othon de Windisch-Graetz qui a dix ans de plus qu'elle et souhaite l'épouser.

Son grand-père l'empereur François-Joseph Ier, culpabilisé par la mort tragique et scandaleuse de son fils, a toujours gâté outrageusement sa petite-fille.

Il convoque l'élégant officier qui, discipliné, obtempère et demande la main de la petit-fille de son souverain. L'empereur consent à ce mariage morganatique et verse une dot, ainsi qu'une rente fort importantes à sa petite-fille, tout en lui conservant contre les lois de la Maison impériale son prédicat d'Altesse Impériale et Royale.

Les noces sont célébrées le 23 janvier 1902 et le ménage s'installe au début de son mariage au château de Ploschkowitz en Bohême, .

La nouvelle princesse de Windisch-Graetz donne naissance à quatre enfants :

Très vite, la mésentente s'installe entre les époux, qui se transformera en animosité au fil des années. Le prince et la princesse ont tous deux des liaisons adultérines. La princesse n'hésite pas à surprendre une des liaisons de son mari et à la blesser d'un coup de revolver[réf. nécessaire].

La princesse s'affiche à partir de 1913 avec le lieutenant de vaisseau Egon Lerch.

L'assassinat de l'archiduc-héritier François-Ferdinand par des militants serbes le 28 juin 1914 pousse l'empereur à déclare la guerre à la Serbie, ce qui déclenchera la Première Guerre mondiale.

En 1915, bien qu'alliée, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche. Le sous-marin où sert l'amant de la princesse est coulé par les Italiens au large de Trieste, le 7 août 1915. Cette disparition désespère l'archiduchesse.

L'année suivante l'empereur meurt, laissant le trône à son petit-neveu l'archiduc Charles qui devient empereur et roi sous le nom de Charles Ier d'Autriche.

La défaite entraîne la renonciation et l'exil du jeune empereur, qui mourra prématurément et dans le plus grand dénuement à Madère le 1er avril 1922.

La République, l'Anschluss, l'occupation française

Après la mort de son grand-père en 1916 et la chute de la monarchie en 1918, Élisabeth-Marie Windisch-Graetz[2] rencontre en 1919 le professeur et politicien social-démocrate Léopold Petznek (1881-1956), qui sera député à partir de 1921. Issu d'un milieu modeste mais fort cultivé, Léopold était marié, mais son épouse, dont il avait un fils[3], séjournait en hôpital psychiatrique (elle mourra à l'hôpital de Mauer-Öhling le 9 juin 1935).

La princesse règle alors sa séparation de corps et de biens avec son époux en 1924, au cours d'une procédure dont la presse se fait largement l'écho, tant les circonstances en sont pénibles et houleuses.

Elle devient et restera la concubine de Léopold pendant vingt-quatre ans, gardant dès lors une distance avec ses enfants avec lesquels ses relations se sont dégradées, se refusant même à admettre les conjoints de ces derniers. La raison serait qu'une procédure de mise sous curatelle avait été lancée par son mari et son fils en 1934 (elle sera abandonnée par la suite) sous le prétexte qu'elle dilapidait le patrimoine du couple au profit de dons au parti social-démocrate qu'elle avait rejoint.

Elle se coupera aussi totalement de la société aristocratique tout en se distinguant par son caractère hautain, mais devra attendre le 4 mai 1948 pour pouvoir épouser Léopold. En effet, bien que la loi sur le divorce ait été appliquée dès 1938, l'adoption par l'Autriche des lois du Troisième Reich à la suite de l'Anschluss et les circonstances de la guerre empêchent Élisabeth-Marie de divorcer de son mari, ce qui ne se fera qu'après la fin du conflit.

Durant l'entre-deux-guerres, la princesse[4] s'installe à Hütteldorf, un quartier résidentiel de Vienne. Elle vit avec le professeur Petznek à partir de 1929 dans une villa de Hütteldorf qu'elle vient d'acheter[5].

Elle rejoint le parti social-démocrate et la presse commence à la surnommer « "l’Archiduchesse rouge" » en raison de son association et de son soutien financier au parti socialiste.

Néanmoins, l'Autriche reste un pays conservateur et Léopold Petznek est emprisonné de la fin 1933 à juillet 1934.

Après l'Anschluss (mars 1938), Vienne a perdu son statut de capitale et est devenue une simple ville allemande. La princesse est interrogée plusieurs fois par la police et Léopold est déporté en Bavière à Dachau de septembre 1944 et n'en sort qu'en mars 1945 lorsque le camp est libéré par les Soviétiques.

La tombe anonyme de "l'archiduchesse rouge"

Vienne est libérée par l'Armée rouge et la villa de la princesse est réquisitionnée et saccagée par les soldats russes. Une de ses servantes est violentée.

À l'instar de l'Allemagne et de sa capitale Berlin, l'Autriche et Vienne sont également subdivisées en zones d'occupation par les troupes alliées. La villa est de nouveau occupée, cette fois-ci par les Français du général Béthouart, Hütteldorf se trouvant en zone d'occupation française. Ce n'est qu'en 1955, à la fin de l'occupation de la ville par les Alliés et lorsque l'Autriche retrouve sa complète souveraineté que le couple septuagénaire peut revenir s'y installer.

Tous deux sont alors en fort mauvaise santé et l'ancienne archiduchesse passe de plus en plus de temps en fauteuil roulant. Son époux meurt d'une crise cardiaque en juillet 1956.

L'ex-princesse se consacre à l'élevage des bergers allemands, pour lesquels elle obtient des prix de concours.

Elle décède à son tour à Vienne le 16 mars 1963 à l'âge de 80 ans, ayant interdit par testament à ses deux enfants survivants de pénétrer chez elle non accompagnés, et s'opposant à ce que ses belles-filles puissent y venir.

Seule sa fille fut autorisée à lui rendre une dernière visite de quelques minutes, et encore dut-elle être accompagnée de domestiques.

Elisabeth-Marie de Habsbourg-Lorraine, veuve du camarade Petznec, descendante de Charles Quint et de Marie-Thérèse, "la grande", petite-fille de l'empereur François-Joseph Ier et de la fameuse et anti-conformiste Sissi, fut, selon son désir, inhumée le 22 mars 1963 dans une tombe anonyme[6] du cimetière d'Hütteldorf à Vienne, près de la maison où elle passa ses dernières années.

Les collections impériales, meubles et tableaux qu'elle avait pu récupérer après le saccage de sa villa furent légués, d'après son testament, aux musées de Vienne. Ses chiens furent euthanasiés, pour ne pas lui survivre, ainsi qu'elle l'avait souhaité, car elle ne voulait pas pour eux d'autres maîtres qu'elle[7].

Sources

Notes et références

  1. Friedrich Weissensteiner, op. cité, p.142
  2. Les titres de noblesse ont été supprimés sous la république
  3. L'archiduchesse sera plus proche de lui que de ses propres enfants
  4. Bien que se proclamant socialiste, elle exige de ses domestiques de se faire appeler Son Altesse impériale
  5. Vienne 14e arrondissement, Linzer Straße numéro 452
  6. Cimetière d'Hütteldorf, groupe 2, tombe no 72
  7. Friedrich Weissenteiner, op. cité, p. 199

Bibliographie

  • (de) Friedrich Weissensteiner, Die rote Erzherzogin : das ungewöhnliche Leben der Tochter des Kronprinzen Rudolf : Versuch einer Biographie, Österreichischer Bundesverlag, Vienne (Autriche), 1982 (2e édition), 227 p., (ISBN 3215046709), (LCCN 83136530)
  • (fr) Friedrich Weissensteiner, traduit par Marie Reygnier, L'Archiduchesse rouge: la vie tumultueuse d'Élisabeth-Marie d'Autriche, petite-fille de Sissi et fille de Rodolphe, Payot, Paris, 2010, 221 p.
  • (de) Ghislaine Windisch-Graetz, Kaiseradler und rote Nelke : das Leben der Tochter des Kronprinzen Rudolf, éditions Amalthea, Vienne (Autriche), 1989 (2e édition), 463 p.-[24] p., (ISBN 3850022641), (LCCN 90158978).
  • (fr) Ghislaine de Windisch-Graetz, L'Archiduchesse rouge : la vie d'Elisabeth-Marie, orpheline de Mayerling : 1883-1963, éditions Duculot, coll. « Document Duculot », Paris et Louvain-la-Neuve, 1990, 347 p.-[16] p., (ISBN 2-8011-0881-2), (BNF 35181790). – Note : il est probable que cet ouvrage soit une traduction de l'ouvrage en allemand, du même auteur, mais aucun élément ne permet de s'en assurer.

Voir aussi

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