Zéro de conduite (film)

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Zéro de conduite

Titre original Zéro de conduite : Jeunes diables au collège
Réalisation Jean Vigo
Scénario Jean Vigo
Acteurs principaux

Jean Dasté
Robert le Flon

Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Durée 41 minutes
Sortie 1933

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Zéro de conduite (1933) par Jean Vigo

Zéro de conduite est un film français de Jean Vigo, sorti en 1933.

Considérée comme un violent pamphlet libertaire, l'œuvre sera interdite par la censure jusqu'en 1946[1].

Synopsis[modifier | modifier le code]

La vie dans un collège, avec ses chahuts et ses… collégiens turbulents.

Résumé[modifier | modifier le code]

Les vacances se terminent et il est temps pour quelques garçons de revenir au collège, un lieu sans joie où les professeurs, des adultes obtus, leur infligent des punitions sévères et les privent de liberté et de créativité. Quatre d'entre eux, punis avec un « zéro » de conduite, décident de se rebeller, avec la complicité d'un nouveau surveillant, Huguet (Jean Dasté), plus proche de la mentalité des jeunes que de celle, rigide, des autres adultes.

C'est ainsi que se déchaîne une bataille le jour de la fête du collège, les adultes ont le dessous et les garçons peuvent courir sur les toits, enfin libres.

Le début du récit de Vigo souligne l'insouciance joyeuse de l'enfance : le train qui ramène deux garçons à l'école après les vacances est le théâtre de leurs farces. À la gare se profile la sévérité du collège qui accueille les garçons alignés en file par deux, mais également la figure extravagante du nouveau surveillant, Huguet. Le dortoir nous montre au premier plan les figures de trois plus jeunes des protagonistes (Caussat le meneur, Colin le fils de la cuisinière et Bruel, qui se liera d'amitié avec Tabard) soumis aux punitions du « censeur ». C'est lors de la récréation que commence le complot des trois, apparemment protégés par l'adulte Huguet, lequel, après avoir imité le célèbre Charlot, se montrera même capable de faire le poirier sur le bureau au milieu des garçons enthousiastes, ce à quoi met fin l'entrée de l'autre surveillant ; celui-ci, dont la façon n'est pas du tout la même, punira plus tard les garçons avec l'habituel zéro de conduite et l'interdiction de sortir le dimanche. La présentation du directeur du collège est un des instants les plus amusants du film ; il arrive alors que les garçons sont sur le point de sortir en compagnie du jeune maître qui, les ayant laissés seuls, se promène l'air distrait et fait la cour à une dame. Un autre personnage grotesque dans le corps enseignant est « Cornacchia », surpris à voler aux garçons leurs desserts et puni par eux-mêmes qui se servent de colle. La nourriture du collège déchaîne une réaction désordonnée et railleuse. Les attentions équivoques du professeur de sciences provoquent une violente réaction verbale (« Y a la merde », anagramme du pseudonyme du père de Vigo) de l'autre tout jeune protagoniste (Tabart), présenté depuis la scène de la gare avec des traits délicats et efféminés, et qui ainsi est définitivement accepté par les trois rebelles. L'action touche à son sommet : à l'occasion de la fête de l'école les quatre garçons organisent une révolte, au cours de laquelle des mannequins et des exhibitions dignes d'un cirque soulignent de façon expressive l'impasse d'un pouvoir définitivement mis au pilori, et les enfants s'enfuient sur les toits, vers les cieux sereins garants d'une nouvelle liberté.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Autour du film[modifier | modifier le code]

Jean Vigo s'est inspiré de ses propres souvenirs personnels. Le film a été interdit de projection pendant douze ans, jusqu'en 1946.

Censure[modifier | modifier le code]

Ce film a été tourné en 1932 par Jean Vigo dans le collège de Saint-Cloud où il passa lui-même une partie de sa scolarité. L'institution scolaire y apparaît répressive et fermée. Le film est jugé « antifrançais » et, sous la pression et la menace de représailles des Pères de famille organisés, il n'obtient son visa d'exploitation qu'en 1945, après la Libération. C'est le premier film français à avoir été interdit officiellement par la censure française. Cette censure a lancé le film qui commença une carrière dans les ciné-clubs belges[2].

Dans le documentaire Cinéastes de notre temps de Jacques Rozier, consacré à Jean Vigo, son ami Albert Riéra, qui a participé au film, s'exprime à propos de cette censure. Avant de présenter le film aux autorités qui délivraient le visa d'exploitation, Albert Riéra lui a conseillé de couper la séquence où l'on voit les enfants sur le toit jeter divers objets sur l'assemblée, et rapporte la conversation qu'il a eue avec lui : « Cette séquence-là mon vieux, on va te la couper. C'est ton premier film, tu devrais faire quelques concessions pour ce premier film, et puis ensuite tu en feras d'autres, et quand vraiment tu auras donné ta mesure, tu pourras faire ce que tu voudras. Et là il m'a regardé, et vraiment c'était tragique son regard, il m'a dit : Toi tu es en bonne santé, tu as le temps, mais moi je n'ai pas le temps, alors il faut que je le fasse tout de suite ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Marie, « L'Atalante, film de Jean Vigo », Encyclopædia Universalis, lire en ligne.
  2. Dictionnaire de la censure au cinéma, Jean-Luc Douin, Puf

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]