Waraos

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Les Waraos sont un important groupe ethnique amérindien de près de 30 000 personnes, réparties sur les territoires côtiers du Venezuela et du Guyana. Les Warao parlent le warao qui est une langue agglutinante.

Le terme Warao en langue warao signifierait selon les anthropologues spécialisés en langue amérindienne[Qui ?], Wa : « homme/navigateur » et Rao : « barque/pirogue » ou encore Wa : « homme/habitant et Rao : « marais/lagune ».

Localisation de la langue Warao.

Présentation[modifier | modifier le code]

Hutte traditionnelle Warao.
Warao sur une pirogue.
Enfants Warao.

Le territoire des Warao s'étend sur le delta du fleuve l'Orénoque jusqu'au nord-ouest du Guyana où vivent un millier de Warao.

Il existe autour de 250 villages formant des cités lacustres et se composant de huttes sur pilotis en raison de la présence des marécages près desquels ils vivent. Parfois, un groupe de maisons est construit sur une plateforme unique faite d'un grand nombre d'arbres. Les villages possèdent une fosse de cuisson au four d'argile situé dans le centre. Le mobilier se compose essentiellement de hamacs et de tabourets en bois, parfois sculptés en formes d'animaux.

Les Warao se déplacent le plus souvent en pirogues, soit de petites tailles soit très grandes, appelées « bongo », qui peuvent embarquer près d'une cinquantaine de passagers.

Leur base alimentaire demeure le poisson. Ils mangent également des crabes, des fruits et des légumes. Les Waraos pratiquent l'horticulture. Ils ne chassent pas et ne consomment pas de viande en raison de tabous ancestraux.

Société matrilocale et matrilinéaire[modifier | modifier le code]

Les Warao vivent dans une société matrilocale. C'est l'homme qui se déplace vers la famille de sa future épouse pour se marier. La naissance d'une fille a été traditionnellement considérée comme plus importante que celle d'un fils.

Traditionnellement, le jeune homme doit construire une maison, faire une pirogue et créer un jardin potager. Les femmes restent toute leur vie dans la cellule familiale et constituent le fondement de la société. Les règles sont le mariage exogame, c'est-à-dire que le mari doit venir d'un autre village. Les époux ne peuvent donc pas être directement liés, afin d'éviter toute consanguinité.

Pendant le mariage, l'homme apporte les fruits de son travail (principalement de la pêche) dans le ménage de ses beaux-parents. Les parents de la femme peuvent décider de séparer leur fille d'un homme qu'ils ne jugent pas à la hauteur de ses tâches. En cas de séparation du couple, la propriété entière demeure à la femme. En outre, l'héritage de la propriété sont régis par les droits matrilinéaires, qui tisse un lien prépondérant de la mère à ses filles. Aujourd'hui, cette structure a changé, et les hommes profitent du cadre juridique des États souverains (Venezuela et Guyana).

Contacts avec les Européens[modifier | modifier le code]

En 1599, le conquistador Alonso de Ojeda remonte le fleuve Orénoque. À la vue de ses villages sur pilotis édifiés sur les eaux, Ojeda compare ses cités lacustres à la ville de Venise dont les bâtiments sont bordés par de nombreux canaux. Il nomme cette région Venezuela, la « Petite Venise ».

La difficulté du terrain a en partie préservé les Waraos de l'extermination par les guerres, l'esclavage et les pandémies. Les Waraos ne sont pourtant pas à l'abri d'infections récentes, puisque près d'une quarantaine de Waraos sont morts en 2008 d'une maladie infectieuse. Ils ont néanmoins subi une acculturation, la migration et la pauvreté dans le delta de l'Orénoque au cours de ces dernières décennies.

L’actuelle crise économique, sociale et politique au Venezuela pousse des Waraos, comme plusieurs dizaines de milliers d'autres citoyens du pays, à aller chercher de meilleures conditions de vie au Brésil, et notamment à Boa Vista qui est la grande ville brésilienne la plus proche de la frontière entre le Brésil et le Venezuela, amenant en octobre 2016 le gouvernement de l’État du Roraima à réclamer l’aide de la fédération brésilienne[1]. Les Waraos — venus du delta de l'Orénoque en canot, puis en autocar, auto-stop ou taxi — sont particulièrement mal acceptés et font l’objet de mesures d'expulsion du Brésil. Ils reviennent cependant ensuite dans ce pays[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Jacques Kourliandsky, « Amérique latine : regain de flux migratoires, États au pied du mur. », sur le site de l’Institut de relations internationales et stratégiques, 24 octobre 2016 (consulté le 20 avril 2017).
  2. Miguel Joubel, « Crise au Venezuela. Les migrants waraos sont expulsés du Brésil. », sur le site du magazine Une saison en Guyane, 9 août 2016 (consulté le 20 avril 2017).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) Cecilia Ayala Lafée, Hijas de la luna. Enculturación femenina entre los waraos, Fundación La Salle de Ciencias Naturales, Instituto Caribe de antropología y sociología, Caracas, 2001, 294 p. (ISBN 980-235-037-0)
  • Waltraud Grohs-Paul, La socialisation familiale et scolaire chez les Indiens Warao du delta de l'Orénoque, au Venezuela. éditions Hochschulverlag Verlag, 1979 Stuttgart, (ISBN 3-8107-2084-4).
  • (en) H. Dieter Heinen (dir.), The Kanobo cult of the Warao Amerindians of the central Orinoco delta : the Nahanamu sago ritual, Lit, Zürich, 2009, 119 p. (ISBN 978-3-643-90003-6)
  • Stefanie Herrmann, Perspectives sur la langue Warao et leurs locuteurs, Marburg (2007) (thèse 2007)
  • Claudia Kalka, Une fille est une maison, un bateau et un jardin: Les femmes et la symétrie entre les sexes chez les Indiens Warao du Venezuela. LIT Verlag, Münster 1995, (ISBN 3-8258-2132-3) . (PhD 1994)
  • Carola Kasburg, L'acculturation, la migration et la pauvreté dans le delta de l'Orénoque au Warao, au Venezuela. éditions Holos presse, Bonn, 1999, (ISBN 3-86097-099-2).
  • Dale A. Olsen, Musique des Warao du Venezuela: Les chants de la forêt tropicale. Avec un CD audio. éditions University Press of Florida, 1996, (ISBN 0-8130-1390-9)
  • (en) Johannes Wilbert, Mystic endowment : religious ethnography of the Warao Indians, Harvard university press for the Harvard university center for the study of world religions, Cambridge (Mass.), 1993, 308 p. (ISBN 0-945454-04-X)
  • Johannes Wilbert, Le tabac et l'extase chamanique chez les indiens Warao du Venezuela (trad. de l'américain par Vincent Bardet), l'Esprit frappeur, Paris, 2000, 60 p. (ISBN 2-84405-099-9)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • (en) The legacy of Antonio Lorenzano, film de Paul Henley, Royal anthropological institute, London, 2013, (cop. Granada centre for visual anthropology, University of Manchester, 2000), 46 min (DVD)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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