Utilisateur:Leonard Fibonacci/Chrétiens de Saint-Thomas

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Histoire du christianisme au Malabar / Kerala[modifier | modifier le code]

L'implantation du christianisme en Inde[modifier | modifier le code]

Eglise orthodoxe de Fort Cochin.

Les Chrétiens du Malabar font remonter leur origine à l'apostolat de saint Thomas, l'un des disciples du Christ, en 52. Que cette origine soit historique ou légendaire, l'implantation du christianisme dans cette région du sud de l'Inde est en tout cas très ancienne, attestée dès le quatrième siècle.

Cette ancienne Église de Malabar était sous la juridiction du Catholicos de Séleucie-Ctésiphon (Église de Perse) qui dépendait du « Patriarcat d'Antioche et de tout l'Orient » avant qu'il ne s'en sépare en adoptant tardivement le nestorianisme, doctrine défendue par Nestorius, ancien Patriarche de Constantinople, jugée hérétique parce que séparant trop nature humaine et divine en Christ. C'est donc ce catholicosat de Séleucie-Ctésiphon qui, sur l'ordre d'Antioche en raison des difficultés politiques qui séparaient la famille syro-antiochienne entre les deux juridictions impériales romaine et perse, lui envoya dès les premiers temps des évêques pour ordonner des diacres et des prêtres.

Après le schisme nestorien qui brisa l'unité de l'Église syrienne, l'Église de Malabar en connut les conséquences par l'installation d'une double hiérarchie :

  • Syriaque occidentale pour les orthodoxes antiochiens célébrant selon les Livres de la liturgie syro-occidentale (Églises des trois Grands Conciles oecuméniques : Ephèse, Nicée, Constantinople), d'une part ;
  • Syriaque orientale (assyro-chaldéenne appartenant désormais aux Églises dites « des deux conciles » par leur refus tardif, à la suite de Nestorius, des conclusions du concile d'Éphèse), célébrant selon les Livres conformes à la liturgie syro-orientale.

Ces deux juridictions célèbrent, pour leurs liturgies, selon deux variantes (occidentale ou orientale) d'une même langue : le syriaque, un des dialectes de l'araméen, la langue parlée par le Christ. Le chef de l'Église locale, qui avait une grande autonomie, était un métropolite de l'Église de Perse depuis au moins le VIIIe siècle. Il occupait la dixième place dans la hiérarchie de l'Église et portait le titre de Métropolite de toute l'Inde. Mais comme les métropolites ne parlaient généralement pas la langue locale, le pouvoir était en fait entre les mains d'un prêtre indien qui portait le titre d'Archidiacre et Porte de toute l'Inde. C'était lui le véritable chef civil et religieux de la communauté. Cette situation dura jusqu'à l'arrivée des Portugais au début du XVIe siècle.

La domination portugaise[modifier | modifier le code]

Les premiers contacts avec les Portugais au début du XVIe siècle se passèrent sans heurts. Vasco de Gama puis de Cabral s'assurèrent de l'estime du roi Hindou de Cochin, de manière à ce que toute la contrée passât sous le contrôle des Portugais, qui firent pression sur l'église locale appelée Syro-malankare pour une union avec Rome et par ces nombreuses pressions, semèrent trouble et division au sein de ces chrétientés atypiques. Il s’agissait, selon eux, de « ramener » ces chrétiens jugés « séparés », et qui plus est peut-être « hérétiques », au sein de l’Église catholique-romaine.

En juin 1599, l’archevêque portugais de Goa, Alexis de Menendez, convoquait l'assemblée générale, qualifiée plus tard de synode de Diamper, afin de décider de cette union. C'est l'origine de l'actuelle Église catholique syro-malabare. Les chrétiens du Malankar (ou Malabar) contraints d’accepter cette "romanisation", y perdirent leur autonomie structurelle et supportèrent une rupture en matière liturgique du fait d'une latinisation des usages[1]. Les Chrétiens de saint Thomas furent placés de force sous la juridiction de l'Église de Rome. Ils dépendraient dès lors d’un diocèse suffragant de Goa, le diocèse Angamali gouverné par des évêques latins et jésuites. Un jésuite, Francisco Roz, fut nommé évêque, qui latinisa fortement le rite (avec des emprunts au rite de Braga[2]).

Les livres sacrés de l'ancienne Église malabare ainsi que d’antiques manuscrits liturgiques seront brûlés, sur l'ordre de l’archevêque de Menendez[1], œuvre poursuivie par ses successeurs.

La résistance / réaction syrienne[modifier | modifier le code]

Un vent de révolte grondait. L'union à Rome ne s'est pas faite sans résistance. Une partie du clergé et des fidèles la refusèrent lorsque les latins portugais, sur l'ordre de l'archevêque de Menendez (initiateur du synode de Diamper), décidèrent de détruire et brûlèrent effectivement de nombreux ouvrages liturgiques et patrologiques communs aux deux Églises syriennes occidentale (orthodoxe) et orientale (assyro-chaldéenne). L'archidiacre refusant les "latinisations", après avoir en vain multiplié les recours à Rome, réunit peuple et clergé qui se lièrent à la "Croix de Coonan" où ils firent le serment solennel de rester fidèle à leur tradition liturgique et patrologique.

Pour faire face aux vexations et à la répression qu'ils subissaient de la part des catholiques (interdiction de dire la messe en syriaque, mise en prison des prêtres, destruction des livres religieux), beaucoup de chrétiens fuient les ports. Ils se réunissent le au pied de la croix de Coonen à Cochin où ils jurent de ne pas rester sous l'obédience des Portugais et des « paulistes ». Six mois plus tard, l'archidiacre Mar Thoma, est élu par imposition des mains de douze prêtres et ils font légitimer cette élection par le patriarche jacobite d'Antioche. Ainsi se reconstitua l'Église jacobite du Malabar (puttankuttukar, nouvelle assemblée) qui se détachait de l'Église catholique de rite syro-malabar (palayakuttukar, ancienne assemblée).

La multiplication des Églises[modifier | modifier le code]

Églises orientales du Kerala (chrétiens de saint Thomas)
Syriaque occidental Syriaque oriental
Anglicans Orthodoxes orientaux Catholiques orientaux Assyriens
Église malankare Mar Thoma Église malabare indépendante Église malankare orthodoxe Église syro-malankare orthodoxe Église catholique syro-malankare Église catholique syro-malabare Église malabare orthodoxe

L'église malankare Mar Thoma quoique liée par des accords pastoraux à l'Église malabare indépendante, n'est pas en pleine communion avec les Églises orthodoxes orientales en raison de l'influence anglicane exercée sur ses pratiques.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d'Orient, Fayard, Paris, 1994, p. 444
  2. Irénée-Henri Dalmais, Les liturgies d'Orient, Cerf (col. Rites et symboles), Paris, 1980, p. 48.