Traité de San Stefano
Le traité de San Stefano (3 mars 1878) est une convention imposée par l'Empire russe à l'Empire ottoman grâce à ses victoires dans la guerre russo-turque de 1877-1878 [1]. Il a été conclu dans la localité de San Stefano (ou Ayastefanos en grec/turc), banlieue huppée d'Istanbul (à l'époque Constantinople), rebaptisée Yeşilköy en 1924.
Ce traité réorganise les anciennes possessions balkaniques de l'Empire ottoman :
- La plus importante disposition de ce traité est la reconnaissance de l'indépendance de la Principauté de Bulgarie, englobant la quasi-totalité des bulgarophones, soit la plus grande partie de la Macédoine et s'étendant de la mer Égée au Danube et à la mer Noire. Cette principauté autonome serait vassale et tributaire de La Porte mais le prince serait choisi par la Russie.
- L'indépendance de la Principauté de Serbie, de la Principauté du Monténégro et de la Principauté de Roumanie est aussi reconnue. La Roumanie cède le sud de la Bessarabie à l'Empire russe et reçoit la moitié nord de la Dobroudja, en échange de la moitié sud, devenant bulgare ; la Bosnie-Herzégovine devient autonome.
- Dans le Caucase, la Russie reçoit des portions de territoire de l'Empire ottoman peuplées de Géorgiens et d'Arméniens (Ardahan, Artvin, Batoumi, Kars, Oltu et Bayazet).
- Dans l'Empire ottoman même, le Sultan s'engage à garantir la sécurité de ses sujets chrétiens.
Un monument russe fut érigé à San Stefano pour commémorer la conclusion du traité et servir d'ossuaire aux soldats russes tombés pendant la guerre. Symbolisant la défaite des Ottomans face aux Russes, le monument fut rasé en 1914, après le début des hostilités entre la Russie et l'Empire ottoman dans le cadre de la Première Guerre mondiale.
Le Royaume-Uni et l'Autriche-Hongrie s'opposèrent à ce traité qui, selon elles, encourageait le panslavisme. Elles craignaient qu'une Bulgarie puissante ne devienne un satellite de la Russie et une menace pour l'Empire ottoman. Quatre mois plus tard, le 13 juillet 1878, à la suite du Congrès de Berlin, le traité de Berlin abolissait celui de San-Stefano, instituant une petite principauté de Bulgarie entre le Danube et le Grand Balkan, vassale du Sultan, et la province ottomane autonome de Roumélie orientale, tandis que la Macédoine restait turque. Ce nouveau traité laisse de durables ressentiments en Bulgarie, dont les deux entités ne pourront s'unir qu'en 1885 et dont l'indépendance ne sera reconnue qu'en 1908. Ses conséquences ont duré jusqu'au milieu du XXe siècle, la Bulgarie essayant vainement de revenir dans ses frontières de San-Stefano, durant les guerres balkaniques et en s'alliant durant les deux guerres mondiales à l'Allemagne.
Ce jour de la signature du traité est la fête nationale de la Bulgarie.
Notes et références
- Pierre Albin, Les grands traités politiques. Recueil des principaux textes diplomatique depuis 1815 jusqu'à nos jours, (lire en ligne), « Le Traité de San-Stefano (19 février 1878/3 mars 1878) »
Articles connexes
Sources
- (en) « San Stefano, Treaty of », dans Encyclopædia Britannica, 2005.
- (fr) Georges Castellan, Histoire des Balkans : XIVe – XXe siècle, Fayard, Paris, 1999.