Trabucaire

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Le terme de trabucaire (autrefois écrit trabucayre ou trabucaïre) désigne de manière générale en catalan toute personne armée d'un trabuc (tromblon), arme à feu dont le canon est court et évasé, et utilisée à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.

Historique[modifier | modifier le code]

Parmi les nombreux catalans de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle équipés d'un trabuc et donc qualifiés de trabucaires, ceux-ci pouvaient tout aussi bien faire partie des partisans engagés dans une des nombreuses guerres civiles que la Catalogne a connu à cette époque, que des bandes de malfaiteurs de la région, certains hommes passant rapidement de l'une à l'autre de ces deux catégories.

Plus spécifiquement, le nom désigne une bande de malfaiteurs catalans du XIXe siècle, pour la plupart de nationalité espagnole et carlistes, ayant commis des vols, prises d'otages et meurtres de part et d'autre de la frontière entre l'Espagne et la France, dans la province de Gérone et le département français des Pyrénées-Orientales. Leur procès a lieu en 1846 à Perpignan. Les Trabucaires sont devenus des personnages de la culture populaire locale, inspirant de nombreuses œuvres littéraires ou artistiques.

De nos jours en Catalogne, le terme désigne aussi des associations de reconstitutions historiques dont les membres costumés sont armés de trabucs.

Les Trabucaires du procès de 1846[modifier | modifier le code]

Les Trabucaires sont une de ces bandes de bandits qui ont écumé les routes des régions frontalières entre la France et l'Espagne dans les années 1840.

L'acte d'accusation de l'audience du dresse une liste des personnes poursuivies. Elles sont au nombre de vingt-deux, dont cinq par contumace. La liste donne leurs prénom, nom (en français), surnom, métier lieu de naissance et de résidence, âge[1]. La plupart des accusés sont domiciliés à leur lieu de naissance. Comme souvent au XIXe siècle, les noms catalans sont francisés de façon approximative. Sauf précision, tous les lieux se trouvent en Catalogne espagnole.

Les tableaux ci-dessous donne la liste telle qu'elle a été écrite lors du procès, avec des précisions apportées par les historiens par la suite.

Accusés présents au procès
Prénom et nom Surnom Métier Lieu de naissance Lieu de résidence Âge (années)
Jean Simon (Joan Simon[2]) Collsuspiné ou Tocabens[2] Marchand de safran Saint-Martin de Saint-Forès (peut-être Forès[2]) Idem 25
Jéôme Icazes Llorens Journalier Tortose (Tortosa ?) Idem 24
Laurent Espell Fray Journalier Porteille-de-la-Cort Idem 27
Joseph Balme Sagals ou Manut ou Berdaguer N.C. Vieil ou San Gregorio Idem 24
Pierre Barlabé Négret Journalier Agremont Idem 22
Salvador Fabregas Nioy-Pioú N.C.  Sainte-Colombe-de-Farnès (Santa Coloma de Farners ?) Idem 22
Joseph Matheu Chicolate Muletier Valls N.C. 22
Isidore Forgas Manut Journalier Puycerda (Puigcerdà) Idem 22
Antoine Forcadell Garcias Journalier N.C. Barcelone 32
Martin Reigt  - Boulanger Leille Idem 25
Joseph Camps Sabé ou Sapé Voiturier Montblanc Idem 26
Joseph Pujade  - Cultivateur Pinède (Pineda de Mar ?) Monastir del Camp (Passa, Pyrénées-Orientales) 34
Vincent Justafré Parot del Battle  Propriétaire  Las Illas (Pyrénées-Orientales) Idem 26
Sébastien Barnèdes Tia dels Maners Muletier Saint-Aniol (Sant Aniol de Finestres ?) Métairie dels Maners, à Coustouges (Pyrénées-Orientales)  39
Jean Vicens Nas Ratat ou la Biuda Cultivateur Vilaroja (commune de Coustouges, Pyrénées-Orientales) Métairie dels Maners 40
Emmanuel Colomer Serinette Boucher Vinça (Pyrénées-Orientales) Perpignan 47
Joseph Fabrach Domingo Tartanier Figueras Le Perthus  31
Accusés par contumace
Prénom et nom Surnom Métier Lieu de naissance Lieu de résidence Âge (années)
Catherine Gatel Lacoste - N.C. N.C. Perpignan 20 à 22
Jacques Bosch Jaumetou de las Presas N.C. « Originaire de Las Presas » (Les Preses ?) N.C. N.C.
Planès d'Amont N.C. N.C. Coustouges (Pyrénées-Orientales) N.C. N.C.
Pujol Parot de Santa Barbara N.C. Près d'Olot N.C. 30 environ
Joseph Jep de la Helena N.C. « Originaire de Saint-Laurent-de-Cerdans » (Pyrénées-Orientales) Mas de la Balme, commune de Taulis (Pyrénées-Orientales) 50 environ

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Isidro de Vallobera, Le mas de l'alleu, ou Les Trabucayres en Roussillon, Perpignan, Charles Latrobe, (lire en ligne)
    Roman et essai écrit sous pseudonyme par Victor Aragon, président de la cour lors du procès des Trabucaires.
  • Christophe Amiel, Les Trabucaires : Une odyssée catalane, Éditions Trabucaire,
  • Raymond Sala, Trabucaires et frontières : de Barcelone à Perpignan par le Vallespir, Éditions Trabucaire,
  • Henry Aragon, Les Trabucayres ou Les bandits du Roussillon : Le plus grand procès du XIXe siècle à Perpignan, Éditions des régionalismes, (1re éd. 1928)
  • Bernard Hautecloque, Brigands, bandits, malfaiteurs : Incroyables histoires des crapules, arsouilles, monte-en-l'air, canailles et contrebandiers de tous les temps, Éditions De Borée, , 350 p. (ISBN 978-2812919732), p. 297 Les Trabucayres, le brigandage catalan au nom de Don Carlos

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Aragon 2013, p. 29, 30
  2. a b et c (ca) « Joan Simon », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.