Roquemissou

	Roquemissou
Localisation
Pays	France
Région	Occitanie
Département	Aveyron
Commune	Montrozier
Coordonnées	44° 24′ 18″ nord, 2° 43′ 29″ est
Altitude	570 m
	Roquemissou
	Roquemissou
	Roquemissou
	Roquemissou
Histoire
Épipaléolithique	Azilien, Laborien
Mésolithique	Sauveterrien
Néolithique	Culture des Treilles
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Roquemissou est un site préhistorique situé à Montrozier, dans l'Aveyron, en Occitanie. Il s'agit d'un ancien abri sous roche dont le surplomb s'est effondré, et qui a été occupé presque continument de l'Épipaléolithique jusqu'au Néolithique, puis durant la période médiévale.

La stratigraphie du gisement de Roquemissou, d'une qualité de conservation exceptionnelle pour un site de plein air, du fait de la protection apportée par l'ancien surplomb rocheux, permet de documenter près de dix millénaires d'histoire humaine et environnementale^[1].

Situation[modifier | modifier le code]

Roquemissou se trouve sur la rive droite de l'Aveyron, entre le village de Montrozier et celui de Gages-le-Pont, à proximité immédiate du moulin de Roquemissou. Le gisement est au pied d'une paroi de calcaire, à l'interface entre le plateau du Causse Comtal et le massif des Palanges.

Historique[modifier | modifier le code]

Le site a été découvert en 1978 par l'archéologue amateur Paul-Marie Blanquet, puis a été fouillé entre 1982 et 1989 par Gaston-Bernard Arnal (CNRS), avec une dernière campagne en 1991. De nouvelles fouilles, toujours en cours, sont conduites par Thomas Perrin (CNRS) depuis 2012^[2].

Description[modifier | modifier le code]

Bien qu'en partie détruit par l'érosion fluviatile de l'Aveyron et les pratiques agricoles, le site de Roquemissou témoigne d'une très longue succession d'occupations humaines, depuis l'Azilien, vers 13 500 ans avant le présent (AP), jusqu'à la fin du Néolithique, vers 2100 av. J.-C.

Les premières occupations du site ont lieu avant la fin de la dernière période glaciaire, durant laquelle le glacier de l'Aubrac occupait une partie de la région. Vers 13 500 ans AP, des chasseurs collecteurs de l'Azilien s'installent sur le site, suivis vers 11 500 ans AP par ceux du Laborien. À ces périodes, la plaine alluviale de l'Aveyron est encore relativement ouverte, et les troupeaux de chevaux qui la fréquentent constituent une ressource carnée précieuse pour les habitants.

Le stade froid du Dryas récent, de 12 900 à 11 700 ans AP, dernière phase de la glaciation de Würm, correspond à un abandon du site. Vers 8500 av. J.-C., des groupes de chasseurs collecteurs mésolithiques, de la culture du Sauveterrien, s'installent sur le site. Leur campement est composé de tentes de peaux de bêtes relativement légères. L'environnement, devenu forestier, est fréquenté dorénavant par les sangliers, les chevreuils et les cerfs. Une vaste fosse dans laquelle ont été brulées de nombreuses branches de chêne pourries leur a probablement servi à fumer les peaux pour les conserver.

Ces occupations perdurent jusqu'au milieu du VII^e millénaire av. J.-C. Leur succèdent de nouveaux groupes de chasseurs mésolithiques, avant que les premiers agro-pasteurs néolithiques, originaires de la côte méditerranéenne, viennent s'installer sur le site vers 5000 av. J.-C.. La question de l'interaction entre ces différents groupes de chasseurs autochtones et de paysans colons constitue la problématique des fouilles récentes.

Le site est ensuite occupé durant tout le Néolithique. Durant la culture des Treilles, au Néolithique final, un véritable village rassemblant plusieurs familles était présent. Les maisons, mal conservées, semblent avoir été de forme ovalaire avec des murs à base de pierres.

Au sommet de la paroi rocheuse, une petite grotte sépulcrale a été fouillée durant les premières campagnes de fouilles par Philippe Gruat. Elle a livré les restes d'une cinquantaine d'individus, inhumés au fil d'une longue période. Une seconde grotte semblable a été identifiée non loin. De nombreux dolmens de la région sont sans doute en lien avec ces occupations.

L'occupation du site cesse brutalement avec l'effondrement du surplomb rocheux qui écrase les maisons du village sous des blocs de plusieurs dizaines de tonnes, vers 2300 av. J.-C.

Références[modifier | modifier le code]

↑ « Roquemissou - Plongée dans la Préhistoire du Causse (2020) » (consulté le 29 septembre 2023)
↑ Thomas Perrin, « Montrozier – Roquemissou », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia,‎ 28 janvier 2021 (ISSN 2114-0502, lire en ligne, consulté le 29 septembre 2023)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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[Arnal 1987] Gaston-Bernard Arnal, « L'abri sous roche de Roquemissou (commune de Gages-Montrozier) », Vivre en Rouergue - Cahiers d'archéologie aveyronnaise, n^o 1,‎ 1987, p. 8‑11.
[Arnal 1987b] Gaston-Bernard Arnal, « Le Néolithique primitif non cardial », dans Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al., Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale (Colloque international du C.N.R.S.), CNRS Éditions, coll. « Histoire », 1987, 764 p., sur books.openedition.org (lire en ligne), p. 541‑544..
[Arnal 1995] Gaston-Bernard Arnal, « Le Néolithique roucadourien », dans J.-L. Voruz (dir.), Chronologies néolithiques. De 6000 à 2000 avant notre ère dans le bassin rhodanien (Documents du Département d'Anthropologie et d'Écologie de l'Université de Genève), Ambérieu-en-Bugey, Société préhistorique rhodanienne, 1995, p. 67‑74.
[Arnal 2006] Gaston-Bernard Arnal, « Le Néolithique ancien des Grands Causses », dans Jean Gascó, François Leyge & Philippe Gruat (dir.), Hommes et passé des Causses : hommage à Georges Costa (actes du Colloque de Millau, 16-18 juin 2005), Toulouse / Millau, Archives d’Écologie préhistorique / Musée de Millau, 2006, 419 p. (présentation en ligne), p. 71‑84.
[Bobœuf 1991] Marc Bobœuf, « Remarques préliminaires sur les industries lithiques du gisement de Roquemissou (Aveyron) », dans Mésolithique et Néolithisation en France et dans les régions limitrophes (actes du 113^e Congrès des Sociétés savantes, commission Pré- et Protohistoire, Paris, 1988), Paris, Éditions du C.T.H.S., 1991, p. 91‑98.
[Bobœuf 1996] Marc Bobœuf, « Le galet gravé du locus 1 de Roquemissou (Aveyron) dans son contexte épipaléolithique », L'Anthropologie, vol. 100, n^o 1,‎ 1996, p. 236‑243.
[Bobœuf 2003] Marc Bobœuf, « Le Paléolithique final de la haute vallée de l'Aveyron, d'après les stratigraphies du site de Roquemissou (Aveyron) : point et remarques sur les connaissances », B ulletin de la Société préhistorique française, vol. 100, n^o 2,‎ 2003, p. 253‑266 (lire en ligne [sur persee]).
[Bobœuf 1995] Marc Bobœuf, « Sauveterrien et Roucadourien. Les outillages lithiques du Locus 1 de l'abri-sous-roche de Roquemissou (Aveyron) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 92, n^o 1,‎ 1995, p. 54‑69 (lire en ligne [sur persee]).
[Defranould et al. 2017] Elsa Defranould, Joséphine Caro, Marc Bobœuf, Claire Manen et Thomas Perrin, « Mesolithic and Neolithic material productions in Aveyron (France) during the 6th millennium BC: originality or adaptability? » (I. Garciá-Martínez de Lagrán, E. López-Montalvo & C. Manen (dir.), Proceedings of the XVIIth World UISPP Congress (1-7 sept. 2014, Burgos), Session B20), Quaternary International, n^o 472 « Contexts without definition, definition without context. Arguments for the characterization of the (pre)historic realities during the neolithisation of the western Mediterranean »,‎ 2017, p. 221-235 (lire en ligne [sur hal.archives-ouvertes.fr], consulté le 16 janvier 2021).
[Fontan 1991] P. Fontan, « Étude préliminaire de la faune du gisement de Roquemissou (Aveyron) », dans Mésolithique et Néolithisation en France et dans les régions limitrophes (actes du 113^e Congrès des Sociétés savantes, commission Pré- et Protohistoire, Paris, 1988), Paris, Éditions du C.T.H.S., 1991, p. 87‑90.
[Perrin et al. 2016] Thomas Perrin, Marc Bobœuf, J.-M. Carozza, L. Carozza, J. Cauliez et R. Mensan, « Roquemissou (Montrozier, Aveyron) : premiers résultats et perspectives des nouvelles recherches de terrain » (Actes des 11^e Rencontres Méridionales de Préhistoire récente, Montpellier (Hérault), 25-27 septembre 2014. J. Cauliez et al. (dir.)), Archives d'Écologie Préhistorique « De la tombe au territoire et actualité de la recherche »,‎ 2016, p. 199‑209 (présentation en ligne).
[Perrin et al. 2018] Thomas Perrin, Claire Manen, Nicolas Valdeyron et Jean Guilaine, « Beyond the sea… The Neolithic transition in the Southwest of France » (J. F. Gibaja et al. (dir.)), Quaternary International « Expansion of the Neolithic in Central and Western Mediterranean »,‎ 2018 (résumé).
[Perrin et al. 2020] (en) Thomas Perrin, Aline Pelletier, Chtistelle Lambel, Harmonie Béguigné, Alain Soubrié et al., Roquemissou: a journey in the Prehistory of the Causse [« Roquemissou : plongée dans la Préhistoire du Causse »] (Livret d'accompagnement d'exposition), Rodez, éd. Espace Archéologique Départemental Montrozier / Conseil départemental de l'Aveyron, 2020, 77 p., sur calameo.com (ISBN 978-2-9561508-3-1, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Carte postale, vidéo réalisée au début des fouilles de Thomas Perrin en 2014 : voir en ligne
Exposition temporaire Roquemissou : plongée dans la Préhistoire du Causse (2020-2023) présentant les principaux résultats des fouilles sur le site : voir en ligne
Film de restitution 3D réalisé pour l'exposition temporaire Roquemissou : plongée dans la Préhistoire du Causse (2020-2023) par Archéovision, visible sur Youtube ou Vimeo
Catalogue en PDF de l'exposition temporaire Roquemissou : plongée dans la Préhistoire du Causse, en version anglaise : Roquemissou : a journey into the Prehistory of the Causse

[1] « Roquemissou - Plongée dans la Préhistoire du Causse (2020) » (consulté le 29 septembre 2023)

[2] Thomas Perrin, « Montrozier – Roquemissou », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia,‎ 28 janvier 2021 (ISSN 2114-0502, lire en ligne, consulté le 29 septembre 2023)

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