Modèles Brendel

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Détail d'une représentation de la fleur de Ribes uva-crispa ; modèle Brendel conservé dans la collection botanique du musée de Greifswald (Allemagne).
Modèle de Typha latifolia conservé à l'Herbier LY de l'Université Claude Bernard Lyon 1.
Modèle mycologique Brendel, présentant un champignon parasite de végétaux, Aecidium berberidis.
Exemple d'agrandissement à partir d'une taille microscopique (Aspergillus).

Les modèles Brendel » sont des modèles ou maquettes tridimensionnels destinés à l'enseignement de la botanique et de la mycologie présentant de manière très agrandie des fleurs ou d'autres organes de plantes, algues et champignons jugés représentatifs des grands groupes de végétaux.

Ces modèles ont été produits en Allemagne à partir de 1866 jusqu'au début du XXe siècle par Robert Brendel, puis par son fils Reinhold Brendel. Réalisés dans différents matériaux, principalement bois et papier mâché, ils sont souvent en partie démontables. La firme Brendel particulièrement connue pour ses modèles botaniques a également fabriqué des modèles d'anatomie humaine, de zoologie et de minéralogie.

Des collections de modèles Brendel sont conservées dans de nombreuses universités et d'autres musées ou établissements d'enseignement en Europe, en Amérique et en Australie. Délaissés par l'enseignement, ces modèles connaissent depuis la fin du XXe siècle un regain d'intérêt, notamment en raison de leurs qualités artistiques, et sont l'objet de divers programmes de restauration et d'expositions.

Histoire

Au début des années 1860, Ferdinand Cohn, professeur de botanique et directeur de l'institut de botanique de l'université de Breslau, demande à son ami le pharmacien Carl Leopold Lohmeyer de réaliser, sur base des ses observations et selon ses instructions, des modèles botaniques destinés à illustrer ses cours. Lohmeyer fabrique quelque 300 modèles qui sont présentés par Cohn en 1865 à l'exposition internationale d'horticulture organisée au Paleis voor Volksvlijt d'Amsterdam[1]. L'année suivante, pour satisfaire la demande de nombreuses écoles qui souhaitent se procurer des modèles pour leur enseignement, Cohn charge Robert Brendel de produire des modèles similaires à des prix modérés[2]. Ces modèles, fabriqués selon le même principe que les modèles d'« anatomie clastique » du docteur Auzoux, sont des copies de ceux réalisés par Lohmeyer, ou s'en inspirent[3],[4].

Robert Brendel installe sa fabrique de modèles en 1866 à Breslau, à l'époque en Prusse. La première série, commercialisée la même année, comprend 28 modèles de fleurs et deux modèles de germination (une monocotylée et une dicotylée), vendus au prix de 75 francs pour la série complète, ou 3,75 francs à la pièce[5]. En 1869, Brendel présente à l'exposition internationale d'horticulture de Hambourg 45 modèles de fleurs ainsi que des modèles de dix plantes agricoles, cinq plantes fruitières et cinq plantes forestières[6].

En 1875, Robert Brendel déménage son entreprise à Berlin, au Kurfürstendamm[6]. Son fils Reinhold (né à Breslau en 1861[7]), qui travaille avec lui, arrive à Berlin en 1896 puis, à la mort de son père deux ans plus tard, il installe l'entreprise R. Brendel Verlaganstalt für Lehrmittel à Grunewald[3]. R. Brendel vend les modèles de sa production mais aussi les modèles fabriqués par Paul Osterloh à Leipzig[8]. L'entreprise est transférée à Neumarkt en Silésie vers 1922[9] et Reinhold Brendel poursuit son activité jusqu'à sa mort en 1927 à Liegnitz[7],[10], où l'entreprise est déplacée en 1930[6]. La fermeture de l'usine semble coïncider avec l'adoption des lois raciales sous le Troisième Reich, la famille Brendel étant d'origine juive[11]. La société Phywe (de) reprend ensuite une partie de la production et continue à fabriquer des modèles, vendus sous la dénomination « modèles Brendel », jusque dans les années 1980[12].

Description

Matériaux

Alors que les modèles anatomiques les plus beaux et les plus précis étaient plutôt réalisés en cire, via des techniques dites de céroplastie, cette technique étant impropre à la reproduction de pétales, fines feuilles, etc., les modèles de Brendel sont constitués de papier mâché, bois, plâtre, toile, rattan, pulpe de canne, perles de verre, plumes, gélatine ; peint à l'huile.

Dimensions

Catalogues, notes explicatives et listes de prix

  • Eugène Fournier, « Collections et livres à vendre », Bulletin de la société botanique de France, vol. 8,‎ , p. 96 (lire en ligne, consulté le )
    Présentation des modèles Brendel, avec la liste et le prix de la première série.
  • (de) Verzeichnis der von Robert Brendel … Botanischen Modelle, Berlin, .
    Vingt-trois modèles s'ajoutent à la première série de trente modèles éditée en 1866. Ils peuvent être achetés à la pièce ou par série : cryptogames, plantes cultivées, plantes à fruits et de jardin, arbres, plantes vénéneuses, fleurs, plantes carnivores. Douze modèles sont spécifiquement proposés pour les écoles primaires[13].
  • Alexander Tschirch (de), Erläuterungen zu den botanischen Modellen von Robert Brendel, Berlin, Unger (Th. Grimm), , iv, 63 (lire en ligne)
  • (de) Verzeichnis von plastischen Lehrmitteln für den Unterricht in der Anthropologie, Zoologie, Mineralogie und Mikroskopie, R. Brendel, Verlaganstalt für Lehrmittel, Berlin W., .
    Quelque 125 pièces d'anthropologie et d'anatomie humaine – souvent en grandeur naturelle –, de zoologie – animaux tels que le zèbre ou le léopard reproduits à l'échelle 1/10, animaux préhistoriques, métamorphose de la grenouille, insectes, oiseaux –, de minéralogie et des préparations microscopiques sont proposées. La publication d'un nouveau catalogue de modèles botaniques démontables (fleurs et fruits) est annoncée[14].
  • (en) R. Brendel Manufacturer of scientific models, Berlin : List of models concerning vegetable morphology and of some collections for botanical instruction in schools, colleges agricultural and forestry academies, universities, etc., Berlin, Unger Brothers, , 24 p.
  • (en) R. Brendel Manufacturer of scientific models, Berlin : List of models concerning vegetable morphology and of some collections for botanical instruction in schools, colleges agricultural and forestry academies, universities, etc., Berlin, Unger Brothers, , 26 p.
  • (de + en) R. Brendel, Neue botanische Modelle der Verlags-Anstalt für Lehrmittel, no. 8. Recently issued models for botanical instruction, no. 9, Berlin, Unger Brothers, , 11 p.
Photo de modèles Brendel dans la liste de prix 1900-1901.
  • (de) Preisliste über Botanische Modelle gefertigt und herausgegeben von R. Brendel, Grunenwald bei Berlin, 1900-1901, 10 + 20 (lire en ligne)
    Inclut Neue botanische Modelle der Verlaganstalt für Lehrmittel von R. Brendel no  196 à 203, Neue botanische Modelle gefertigt und herhausgegeben von R. Brendel no  204 à 214 et 5 pl. photos.
  • (de) Preisliste der Botanischen Modelle von R. Brendel, Neumarkt i. Schlesien, Berlin, Hermann Klokow, 1913-1914.
  • (de) Liste der Botanischen Modelle von R. Brendel Verlaganstalt für Lehrmittel, Liegnitz i. Schlesien : Preisschlüssel für die Botanischen Modelle der Liste des Jahrgangs 1925, Breslau, , 47 p.
    La liste compte 225 numéros, dont plusieurs avec des sous-numéros. Les prix varient de 12 à 140 Mark par pièce. Un chapitre intitulé « Objectifs et propriétés des modèles botaniques » rappelle les objectifs poursuivis par Brendel[14].
  • (de) Liste der Botanischen Modelle der R. Brendel Verlaganstalt für Lehrmittel, Liegnitz, Breslau, F.W. Jungler, , 47 p.

Collections contemporaines

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Des modèles Brendel sont conservés dans de nombreux pays européens, ainsi qu'en Amérique du Nord et du Sud et en Australie.

En Europe

Belgique

L'université libre de Bruxelles possède une cinquantaine de modèles qui appartiennent à la seconde série, produite par Reinhold Brendel, entre 1898 et 1927, cinq d'entre eux dont cinq ont été restaurés en 2015-2016. « Plusieurs collections d’universités européennes, notamment, sont encore utilisées aujourd’hui pour l’enseignement de la botanique. Il s’agit pour la plupart de lots légués aux institutions par l’Allemagne en compensation des dommages de guerre. »[15].

La collection de quelque 100 modèles de l'Université de Liège, restaurée en 2012, est présentée dans la Galerie de la botanique à l'institut de zoologie[16],[17],[18].

La collection de l'Université de Namur compte 175 modèles[19],[20]. Entièrement restaurée, elle a fait l'objet d'une exposition, avec un catalogue richement illustré, en 2007[21].

France

  • L'université de Lille 1 possède deux collections, totalisant 167 modèles[4],[22].
  • Université de Bourgogne, Dijon : quelque 150 modèles[23].
  • L'Herbier de l'université Claude-Bernard Lyon 1 (Herbier LY) héberge plus de 150 modèles pédagogiques[24], dont de 130 Brendel, qui seraient un don de l'Allemagne, sorte de dette de guerre[25].
  • « Parmi les collections botaniques de l'Université de Rennes 1 figurent "des modèles de plantes en bois démontables provenant du Museum de Berlin (en compensation des dommages de la seconde guerre mondiale)... (site web visité le 25.07.2001, aujourd'hui disparu) »[25].
  • À Strasbourg[26].

Italie

Royaume-Uni

World Museum à Liverpool

En Amérique

Photo d'un modèle Brendel illustrant un taxon fossile du genre Cycas, publiée dans le Rapport annuel du Field Museum of Natural History de Chicago en 1906.

Argentine

Colegio Nacional de Buenos Aires[29].

États-Unis

Smithsonian Institute[30]

En Australie

Expositions

Devenus pièces de musées[32], les modèles Brendel sont parfois présentés lors d'expositions temporaires :

Notes et références

Notes

Références

  1. ↑ (nl) « Botanische modellen revisited », sur affairedeau.com/, (consulté le ).
  2. ↑ « Modèles de fleurs », Les Mondes: revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, vol. 10,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  3. ↑ a et b Lila Gentilhomme, « La vie de Robert Brendel (1821-1898) et de Reinhold Brendel (1861-1927) », sur modeles-didactiques.fr, (consulté le ).
  4. ↑ a et b « Les modèles de botanique Brendel, du XIXe siècle à nos jours », sur culture.univ-lille.fr, Université de Lille, (consulté le ).
  5. ↑ Fournier 1866.
  6. ↑ a b et c (de) Mag. Matthias Svojtka, « Blütenmodell von Aconitum napellus (Blauer Eisenhut) », Die Sammlungen an der Universität Wien : Objekt des Monats, sur bibliothek.univie.ac.at, (consulté le ).
  7. ↑ a et b ,(en) « Brendel, Reinhold », sur Database od scientific illustrators 1450-1950, Section for History of Science and Technology, University of Stuttgart (consulté le ).
  8. ↑ (de) « Brendel Verlagsanstalt für Lehrmittel », sur universitaetssammlungen.de, Hermann von Helmholtz-Zentrum für Kulturtechnik, Humboldt-Universität zu Berlin (consulté le ).
  9. ↑ (nl) « Collectie plantenmodellen van R. Brendel », De collecties van de universiteit van Amsterdam, Allard Pierson (consulté le ).
  10. ↑ (de) H. Miehe, « Sitzung vom 28. Oktober 1927 », Berichte der Deutschen Botanischen Gesellschaft, vol. 45, no 8,‎ , p. 35 (lire en ligne, consulté le ).
  11. ↑ Graziana Fiorini et Elia Menicagli, « L'antica Collezione Brendel di modelli di fiori ed altri organi vegetali, 100 anni per la didattica » [poster], Atti 16° Congresso dell Associazione Nazionale Musei Scientifici, "I Musei scientifici fra tradizione ed innovazione" - Prato 22-25 Novembre 2006 consulté le=20 février 2022
  12. ↑ Bogaert-Damin 2007, p. 187.
  13. ↑ Bogaert-Damin 2007, p. 176.
  14. ↑ a et b Bogaert-Damin 2007, p. 177.
  15. ↑ Emperatriz Bravo Alean, Pauline Daniaux, Céline Erauw et Marianne Decroly, « Étude et restauration de cinq modèles de Brendel de la collection du Jardin Massart : une collaboration interdisciplinaire ULB – Ensav-La Cambre », Lettre d’information du Réseau des Musées de l’ULB, no 11,‎ , p. 10-11 (lire en ligne [La petite histoire : Mise en valeur d’une collection, d’un objet, d’un trésor...], consulté le ).
  16. ↑ Sébastien Varveris, « Retrouver le lien entre l’homme et les plantes », Le 15e jour du mois, no 211,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. ↑ « Conditionnement des collections botaniques », News, sur uliege.be, (consulté le ).
  18. ↑ « La Galerie de la Botanique » [photo], sur espacesbotaniques.uliege.be, (consulté le ).
  19. ↑ Sarah Hassan, « L’Herbier de l’université de Namur, un livre ouvert sur 200 ans d’histoire(s) », Daily Science,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. ↑ « Modèles Brendel » [photos], Neptun, sur unamur.be (consulté le ).
  21. ↑ Bogaert-Damin 2007.
  22. ↑ « Modèles Brendel » [photos], Musée virtuel - Photo3D, sur univ-lille.fr (consulté le ).
  23. ↑ « Botanique », Culture et collections, sur u-bourgogne.fr, Université de Bougogne (consulté le ).
  24. ↑ Un inventaire est accessible ici https://airtable.com/shrrCGNJcc1iRONrr
  25. ↑ a et b Bogaert-Damin 2007, p. 188.
  26. ↑ « Les fleurs de Brendel » [photos], sur herbier.unistra.fr (consulté le ).
  27. ↑ Fiorini, G., L. Maekawa, and P. Stiberc. 2007. La “Collezione Brendel” di modelli di fiori ed altri organi vegetali del Dipartimento di Biologia Vegetale dell’Università degli Studi di Firenze. Museologia Scientifica 22 (2): 249–273
  28. ↑ (en) G. Sibilio, R. Muoio, B. Menale & M.R. Barone Lumaga, « The collection of Brendel Botanical Models at the Botanical Garden of Naples, Italy », Delpinoa, vol. 58-59,‎ 2016-2017, p. 5-18 (lire en ligne, consulté le ).
  29. ↑ María Gabriela Mayoni, « Plantas de papier-mâché. Estudios técnicos y conservación de la colección Brendel del Colegio Nacional de Buenos Aires. Argentina », Ge-conservación, no 9,‎ , p. 6-20 (ISSN 1989-8568, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  30. ↑ (en) Diane Wendt, « Beyond the basic Valentine's bouquet: Botanical models, flower x-rays, and Robert Burns roses », Stories from the Museum, sur americanhistory.si.edu/, (consulté le ).
  31. ↑ (en) Susie Shears, « The physick gardener », University of Melbourne Collections, vol. 6,‎ , p. 8-13 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  32. ↑ Tessier 2022.
  33. ↑ « Les plantes, objets d’art et d’étude scientifique », sur bienpublic.com, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Anne-Marie Bogaert-Damin, Voyage au cœur des fleurs : Modèles botaniques et flores d'Europe au XIXe siècle, Presses universitaires de Namur, , 239 p. (ISBN 2870375654 et 9782870375655, lire en ligne).
  • (it) Graziana Fiorini, Luana Maekawa et Peter Stiberc, « La "Collezione Brendel" di modelli di fiori ed altri organi vegetali del Dipartimento di Biologia vegetale dell'Università degli Studi di Firenze », Museologia Scientifica, vol. 22, no 2,‎ , p. 249-273 (lire en ligne).
  • (en) Graziana Fiorini, Luana Maekawa et Peter Stiberc, « Save the Plants : Conservation of Brendel Anatomical Botany Models », The Book and Paper Group Annual, vol. 7,‎ , p. 35-45 (lire en ligne, consulté le ).
  • Camille Jolin, « Les « modèles Brendel », un herbier en papier mâché », L'Objet d'Art, no 578,‎ , p. 22-25 (présentation en ligne).
  • (de) Olga Kronsteiner, « Robert und Reinhold Brendel : Dreidimensionale Blütenlese », dans Der naturwissenschaftliche Blick: Fotografie, Zeichnung und Modell im 19. Jahrhundert, Simon Weber-Unger, , 82 p. (ISBN 978-3-200-01699-6, lire en ligne), p. 42-51, 7 pl. photos coul.
  • Florence Tessier, « Modèles botaniques, des modèles scientifiques entre art et science », Art and Science, ISTE OpenScience, vol. 4, no 3,‎ , p. 1-19 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
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