Modèle

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Le terme modèle synthétise les deux sens symétriques et opposés de la notion de ressemblance, d’imitation, de représentation. En effet, il est utilisé pour désigner :

Modélisation de l'« animal théorique », par le zoologiste Paul Bert (1833-1886), qui l'utilisait au XIXe siècle comme modèle fictif et pédagogique pour présenter les systèmes associés qui caractérisent selon lui l'organisme animal[1].
D : appareil digestif ;
R : appareil respiratoire ;
E : appareil excréteur ;
C : appareil circulatoire ;
N : appareil nerveux.
Les flèches désignent les flux de nutriments, d'oxygène, d'excréments et/ou d'excrétas.
  • soit un concept ou objet considéré comme représentatif d’un autre (exemple : le « modèle réduit » ou maquette, le « modèle » du scientifique), déjà existant ou que l'on va s'efforcer de construire ;
  • soit un objet réel dont on va chercher à donner une représentation, que l'on va chercher à imiter (exemple : le « modèle » du peintre, le « modèle » que constitue le maître pour le disciple).

Le premier sens est le sens original. Le second sens dérive de la pratique des architectes et ingénieurs (puis des scientifiques) consistant à construire d’abord un prototype, concret ou conceptuel, qui servira de « modèle » à une construction réelle : le modèle est ainsi devenu, en outre, l’assemblage de concepts représentant de manière simplifiée une chose réelle déjà existante (objet, phénomène, etc.), en vue de la comprendre, d’en prédire le comportement, etc.

Modèle et réductionnisme

La démarche de modélisation correspond à la mise en œuvre de la rationalité cartésienne et de la méthode scientifique. Il s’agit tout à la fois de se simplifier le travail, en éliminant les détails difficiles à reproduire, et d’obtenir un résultat plus net, en se concentrant sur les seuls traits jugés importants.

La modélisation est une discipline qui a ses règles, adaptées au domaine étudié. Ainsi, les proportions que doit respecter un modèle réduit pour qu’on puisse extrapoler son comportement à l’objet de taille réelle peuvent être différentes de ce qui paraît a priori naturel. Par exemple, la mécanique des fluides exige d’une maquette de bateau des proportions différentes du bateau pour conserver le nombre de Reynolds, tandis que l’extrapolation statistique ne permet pas une évolution dans les mêmes proportions entre une population étudiée et un échantillon représentatif.

  • Le modèle représente une réalité. Il ne constitue pas cette réalité, comme l’énonce l’adage « la carte n’est pas le territoire » ;
  • Un modèle n’est pas (et n’a pas à être) parfaitement ressemblant : on vise une ressemblance suffisante, qui dépend de l’utilisation souhaitée (ainsi, un sculpteur et un médecin n’utilisent pas le même modèle d’un corps humain) ;
  • La qualité d’un modèle dépend des techniques disponibles ;
  • Le comportement du modèle correspond dans une certaine mesure, et dans une certaine plage de validité seulement, au comportement de la réalité ; la ressemblance est, dans quelques cas, quantifiable.

La démarche est similaire à celle consistant à remplacer localement une courbe complexe par son cercle osculateur : licite, elle nécessite cependant du discernement.

Sciences et techniques

En sciences et en génie, le mot « modèle » est utilisé dans quatre contextes différents :

  • La maquette ou le plan servant au prototypage ;
  • Le modèle conceptuel, visant à la compréhension et au diagnostic ; une « vue de l’esprit » analytique ou algorithmique (avec ou sans mathématiques) représentant des phénomènes et leurs relations ;
  • Les simulations, de nature prédictive ou diagnostique, souvent mises en œuvre par ordinateur. On distingue entre autres :
    • Les modèles statistiques ;
    • Les modèles numériques (ou modèles analytiques) ;
    • Les modèles stochastiques (ou aléatoires) et depuis quelque temps les calculateurs associés ;
    • Les simulations interactives (i.e. avec intervention humaine), ce qui englobe les jeux et les simulations d’entraînement ;
  • Un organisme modèle est une espèce vivante que l’on peut facilement élever ou cultiver, afin de faire des expériences scientifiques qu’il serait plus difficile de mettre en œuvre avec des espèces plus complexes (l’espèce humaine par exemple).

Informatique

En informatique, un modèle permet de modéliser la conception ou le fonctionnement d'un ensemble de programmes informatiques.

Les modèles actuellement employés dans les entreprises et les administrations restent souvent inspirés des modèles développés dans les années 1970 (modèle entité-relation). Toutefois, en écoinformatique, on voit apparaître des modèles de type sémantique, utilisant largement des métadonnées. L'application plus générale des principes de développement durable à l'informatique pose néanmoins la question d'une révision des modèles informatiques.

Le modèle CobiT, développé dans les années 1990, est traditionnellement employé pour la gouvernance des systèmes d'information.

Le modèle d'analyse décisionnelle des systèmes complexes permet de modéliser les systèmes complexes dans des contextes mondialisés et ouverts, et semble ouvrir des pistes très intéressantes pour le pilotage des systèmes d'information des grandes organisations.

Mathématiques

En mathématiques, un modèle permet de définir la notion de vérité pour une théorie mathématique.

Sciences humaines

Dans un sens applicable par exemple à la politique, à la sociologie, à l'économie ou à la culture, le modèle établit une gouverne plastique à l’intention d’une espèce, d’un genre ou d’une société.
Il fonde ainsi un ensemble de règles, établit une morale plus ou moins souple et la publie. Le modèle sert d’énoncé de référence (ou référentiel) en définissant librement une forme, une structure sociale, éventuellement une communauté. Par suite le modèle pourra être implanté et adapté pour être mis en œuvre dans le mondé réel.

Arts

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Modèle posant pour un artiste.

Un « modèle artistique » est une personne qui pose ou s’expose pour l’art, la mode, ou des campagnes publicitaires. Pour ces deux dernières, de nos jours le terme de mannequin est couramment utilisé de façon générique ; jusque dans les années 1950, la distinction se faisait entre le modèle statique qui posait pour la photographie de mode ou la publicité, et le mannequin appartenant à une cabine et qui défilait pour une maison de couture. Les plus grands mannequins de l'époque passant de l'une à l'autre de ces deux activités, la différenciation eu tendance à disparaitre bien que de nos jours ces deux professions existent toujours de façon distinctes.

Le travail du modèle se distingue d’autres types de performances muettes, tel le jeu d’acteur, la danse ou le mime, bien que la frontière entre ces activités ne soit pas clairement définie. À cet égard, la simple apparition dans un film ou une pièce de théâtre n’est généralement pas considérée comme une activité de modèle, quelle que soit la nature du rôle (dans ce cas, on parle de figurant).

Par son corps et son expression corporelle, le modèle doit exprimer des émotions qui sont transcrites dans divers médias : peinture, sculpture, photographie, etc.

Le modèle pour beaux-arts (dessin, peinture, gravure, sculpture...) a la contrainte de rester immobile pendant des durées allant de 3 à 45 minutes, ce qui représente une difficulté non négligeable. Son rôle est indispensable pour apprendre par l’observation comment dessiner volumes, mouvements et musculature.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Guy Caplat, Modèles et Métamodèles, 2008 (ISBN 978-2-88074-749-7).
  • Franck Varenne et Marc Silberstein (dir.), Modéliser et simuler. Epistémologies et pratiques de la modélisation et de la simulation, Paris, Matériologiques, 2013, Éditions Matériologiques

Notes et références

  1. d'après la figure 24 du cours de zoologie de Paul Bert (1881), Paul Bert (1833-1886), Leçons de zoologie, 1881 ; Éditeur : G. Masson (Paris)