Mahamat Djarma Khatir

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Mahamat Djarma Khatir
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Mahamat Djarma Khatir (1943), homme politique tchadien également appelé Sheikh Aboulanwar, ancien maire de Fort-Lamy et membre du front de libération nationale du Tchad[1], s’est engagé par la suite dans la rébellion armée tchadienne dans le but de renverser Idriss Déby[2]. Il a également été enseignant[3], écrivain et poète.

Biographie[modifier | modifier le code]

Mahamat Djarma est né en 1943 à Abéché, durant la période coloniale. Il étudia les sciences islamiques et la littérature arabe en autodidacte, puis enseigna l’arabe dans le Salamat dès l’an 1961, à Aboudeia. Il étudia alors le français puis devint instituteur bilingue au lycée franco-arabe d’Abéché. Il s’engagea ensuite dans la vie politique et fut rapidement nommé vice-président du Mouvement de la Jeunesse de la ville d’Abéché, puis élu conseiller municipal de la ville.

Engagement politique[modifier | modifier le code]

Expulsé par les autorités politiques et administratives qui ne supportaient pas ses critiques quant à leur gestion tant politique qu’administrative, il est affecté à Fort-Lamy comme enseignant au lycée et plus tard à Pala dans le Mayo-Kebbi comme Surveillant général. Sur sa demande, il fut nommé premier secrétaire de l’Ambassade du Tchad au Soudan en ou il remplissait les fonctions du consul.

En 1972, il est élu maire de la ville de Fort-Lamy qu’il rebaptisa N’Djamena en 1973[1]. Après la dissolution du PPT-RDA et la création du MNRCS (Mouvement National pour la Révolution Culturelle et Sociale), il devient membre du Conseil Exécutif organe suprême du pays chargé de l'organisation politique. En , alors Maire de N’Djamena, il est soupçonné de complot en vue d’un coup d’État avec les Libyens par le Président François Tombalbaye. Alors qu’il devait être arrêté, le un coup d’État militaire renversa le régime et il se trouva quand même en prison comme détenu politique pendant trois ans.

Libéré de la détention politique en 1978 à la suite de l’accord de Khartoum entre Hissène Habré et Félix Malloum, il rejoint son ami Acyl Ahmat Akhabach en Libye pour créer le Conseil démocratique révolutionnaire (CDR). Après avoir participé activement à la conclusion de l’accord de Lagos, il devint Ministre des travaux publics, mines et géologie en 1979 puis dans le comité intérimaire qui devait procéder à la mise en place du Gouvernement d'Union nationale de transition (GUNT) présidé par Goukouni Oueddei.

Le chemin de l’exil[modifier | modifier le code]

En , la seconde bataille de N’Djamena oppose Hissène Habré au reste de la coalition de 9 tendances soutenant ledit gouvernement. Chassé de N’Djamena, Hissène Habré s’empara de la capitale à la tête des FAN (Forces armées du Nord) 2 ans plus tard. Le gouvernement Goukouni Weddei se retire au Nord du Tchad et prend Bardai pour capitale ayant la reconnaissance de plus de 35 pays sur les 53 qui composaient l’OUA. Mahamat Djarma est alors chargé des relations extérieures d’un Conseil national de libération créé en 1982 pour servir d’organe politique au sein du GUNT.

En , le MPS fruit du mouvement du Premier Avril renverse Hissène Habré et annonce sa volonté de démocratiser la vie politique au Tchad. En exil en Libye, il renonça à la lutte armée pour regagner N’Djamena et contribua à la tenue de la Conférence Nationale Souveraine en 1993. Membre du comité préparatoire, il présida la sous-commission chargée de déterminer le nombre des participants et les critères de participation. Lors de la conférence, il présida la commission chargée d’élaborer la charte de transition et le cahier de charge.

À l’issue de la Conférence Nationale Souveraine, il fut élu membre du CST(Conseil Supérieur de Transition) organe législatif, et chargé du suivi des résolutions et différentes orientions de la CNS. Pendant ce temps en 1993, il fut le vice-président de UN (Union Nationale), un parti politique présidé par Mr Abdoulaye Lamana qui avait une audience certaine.

Djarma qui n’approuvait pas les fraudes massives des premières consultations électorales tant présidentielles que législatives de 1996 puis de 2001, proposa à son parti de suspendre toute activité politique pour ne pas justifier un pouvoir minoritaire aux urnes et majoritaire à l’assemblée. Cette proposition étant refusée par le président du parti, il est suspendu des activités dudit parti et crée ensuite une agence du commerce Import-Export.

Pendant ce temps, le président Deby lui proposa plusieurs postes alléchants, voulant le récupérer à l’usure, il le fait nommer président du conseil d’administration de la STEE (La Société tchadienne d’eau et d’électricité) devenue Société Nationale Électricité|

Ensuite soupçonné d’entretenir des rapports avec un mouvement clandestin qui s’agitait à N’Djamena, il subit plusieurs tentatives d’enlèvement. Sa prudence excessive et la bienveillance de plusieurs amis proches du pouvoir et des services des renseignement le conduisent à décider de combattre ouvertement le système après l’avoir annoncé dans une réunion des chefs des partis politiques et des organisations de la société civile au CEFOD (Centre d’Études et de Formation pour le Développement) nous avons tué le parti unique pour tomber dans l’institution unique en la personne de Deby, un pouvoir qui n’est pas capable de garantir la sécurité de ses citoyens et celui de leur bien, il devient illégitime.

Fondateur[1] et guide spirituel de la confrérie soufie Faydah al Djariyya, branche de la Tidjania, il vit en exil au Soudan puis se rallie en 2005 au Front Uni pour le Changement de Mahamat Nour Abdelkarim. En 2008, il devient membre de l’Union des forces pour le changement et la démocratie de Adouma Hassaballah.

Il refusa tous les appels aux pieds qui lui demandaient de créer un Mouvement comme les autres. Étant convaincu que ce n’est pas la solution. Il a suivi jusqu’au bout toute la démesure des ambitieux qui ont conduit à l’échec de la résistance de l’Est

Il fut condamné à des travaux forcés et à perpétuité pour "attentats dans le but de détruire ou de changer le régime" du Président Idriss Deby Itno avec trente et un autres membres de la rébellion en 2008 après la bataille de N’Djamena du .

Aujourd'hui encore il pense que la lutte contre un pouvoir illégitime, corrompu, prédateur qui exerce une féroce dictature sur son peuple dans l’indifférence totale de leur souffrance et de leur malheur est un devoir sacré.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Mahamat Djarma est l'auteur de neuf ouvrages en arabe[réf. nécessaire] et un en français, L'élite tchadienne : décomposition ou renouvellement ? (1997).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Gondeu Ladiba, L'émergence des organisations islamiques au Tchad : Enjeux, acteurs et territoires, Éditions L’Harmattan, , 174 p. (ISBN 978-2-296-47953-1, lire en ligne), p. 79
  2. Ali Abdel-Rhamane Haggar, Et demain le Tchad : verbatim, Paris, Éditions L’Harmattan, coll. « Grandes figures d'Afrique », , 443 p. (ISBN 978-2-296-10465-5, présentation en ligne), p. 24
  3. Gondeu Ladiba, N’Djaména hebdo, N’Djaména, (présentation en ligne), p. 150

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Buijtenhuijs, Transition et élections au Tchad, 1993-1997 : restauration autoritaire et recomposition politique, Afrika-Studiecentrum, Leyde (Pays-Bas) ; Karthala, Paris, 1998, 366 p. (ISBN 2-86537-868-3)
  • Arnaud Dingammadji, Ngarta Tombalbaye: Parcours et rôle dans la vie politique du Tchad - (1959-1975), L'Harmattan, 2008, p. 320-340 (ISBN 9782296187337)
  • Al Hadj Garondé Djarma, Tchad, témoignage d'un militant du FROLINAT, L'Harmattan, Paris, Budapest, Torino, 2003, p. 99-116 (ISBN 2-7475-4294-7)
  • Gondeu Ladiba, L'émergence des organisations islamiques au Tchad. Enjeux, acteurs et territoires, L'Harmattan, 2012, p. 79 (ISBN 9782296479531)
  • Alain Vivien, N'Djamena naguère Fort-Lamy : histoire d'une capitale africaine, Sépia, Saint-Maur-des-Fossés, 2006, p. 161 (ISBN 2-84280-108-3)