Gennaro Rubino

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Gennaro Rubino
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
Central prison of Leuven (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
italienne ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Condamné pour
Gennaro Rubino tirant sur le cortège royal.

Gennaro Rubino est un anarchiste italien né le à Bitonto dans les Pouilles et mort le à Louvain, connu pour avoir tenté d'assassiner Léopold II à Bruxelles le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Gennaro Rubino est issu d'un milieu pauvre. Sa mère meurt alors qu'il n'a que onze mois, tandis que son père forgeron n'a ni le temps ni l'argent de s'occuper de son éducation. Il découvre pendant sa jeunesse les écrits de Karl Marx et Friedrich Engels, et développe dès lors des idées socialistes. Il s'engage dans l'armée en 1878, mais cette institution ne lui convient pas et il est condamné à cinq ans de prison en 1884 en raison de ses écrits subversifs et antimonarchistes[1],[2].

Après sa libération, il trouve un emploi de comptable à Bitonto, mais est condamné à quatre ans de prison pour des faux en écriture. Après avoir purgé sa peine, il se rend à Milan où il est arrêté et de nouveau condamné lors d'une manifestation contre une augmentation du prix du pain[1]. C'est lors de ces séjours en prison qu'un de ses camarades de cellule, un anarchiste condamné pour un attentat à la bombe, le familiarise avec les idées du socialisme utopique et de l'anarchisme[3].

Il fuit ensuite en Écosse, sans y trouver de travail, avant de se rendre à Londres. Là, il rencontre d'autres exilés et anarchistes. Sans emploi, et poussé par le besoin financier, il accepte d'être recruté par l'ambassade d'Italie pour infiltrer les milieux anarchistes. Muni de fonds fourni par l'ambassade, il projette d'ouvrir une imprimerie dans la banlieue de Londres. Le projet est accepté par Malatesta, Louise Michel et Pierre Kropotkine[4]. Mais l'objectif non avoué est bien entendu de mieux contrôler la diffusion de la propagande anarchiste. N'ayant aucune compétence dans le domaine de l'impression, il propose à l'anarchiste Sante Ferrini, typographe, de travailler avec lui[5]. Il est cependant vite repéré, puis démasqué lors d'une assemblée organisée par Malatesta au cercle anarchiste de Charlott Street[4]. Les autres anarchistes le considèrent dès lors comme un traître. Souhaitant se racheter, il envisage dans un premier temps d'assassiner Édouard VII, mais son choix se porte ensuite sur Léopold II[1].

Attentat[modifier | modifier le code]

Il se rend en Belgique où il espère déclencher une révolution prolétarienne en assassinant le Roi, qui est peu populaire à la suite de la grève générale de 1893 liée au refus du suffrage universel[6]. Il arrive à Bruxelles à la fin . Il y loue une chambre proche de la rue du Marché aux Herbes, et commence à explorer la ville. Il achète des cartes postales représentant le Roi afin d'être en mesure de l'identifier. Il prévoit son attentat pour le dès qu'il apprend l'existence de la Fête du Roi[1].

Le , jour de la Saint-Léopold, a lieu la Fête du Roi, pendant laquelle le nombre important de spectateurs gêne Gennaro Rubino. De plus, son arme reste coincée dans la doublure de sa veste. Lorsqu'il est en mesure de l'utiliser, les voitures de Léopold II et des princesses Clémentine et Élisabeth sont déjà passées. Il tire à deux[7] ou trois reprises[8] sur la troisième voiture, croyant viser Léopold II, mais en réalité c'est le maréchal de la cour John d'Oultremont qu'il ne parvient d'ailleurs pas à atteindre. Son geste ne cause aucune victime. Rubino est rapidement maîtrisé par la foule. Il est ensuite condamné à perpétuité le , et finit sa vie à la prison de Louvain[9],[7], où il meurt de la grippe espagnole en [1].

Son acte est accueilli avec circonspection par les milieux anarchistes : au vu du passé de Rubino, il est soupçonné d'avoir délibérément raté l'attentat afin de justifier la répression anti-anarchiste qui s'ensuit[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (nl) Rudi Schrever, « Gennaro Rubino en de mislukte moordaanslag op koning Leopold II », sur historiek.net, (consulté le ).
  2. (nl) « MOORDAANSLAG OP KONING LEOPOLD II », sur isgeschiedenis.nl (consulté le ).
  3. Thomas Renard et Rik Coolsaet, « Ce que l’attentat contre Léopold II nous enseigne sur le terrorisme moderne », sur lesoir.be, (consulté le ).
  4. a et b Anne Morelli, Rubino, l’anarchiste qui tenta d’assassiner Léopold II, Charleroi, Labor,
  5. Pascal Dupuy, Folgorite, parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poète (1874-1939), Lyon, Atelier de création libertaire, , 348 p. (ISBN 978-2-35104-138-3), p. 92 à 107
  6. Michaël Bellon, « Hoe de aanslag op Leopold II mislukte », sur bruzz.be, (consulté le )
  7. a et b (nl) Mikaël Soinne, « Kogels voor Leopold II », sur demorgen.be, (consulté le ).
  8. a et b (it) Vincenzo Demiche, « Gennaro Rubino, l’anarchico bitontino che attentò alla vita del re belga Leopoldo II », sur dabitonto.com, (consulté le ).
  9. Christian Laporte, « Dans la coulisse d'un régicide avorté », sur lalibre.be, (consulté le ).