Darius III

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Darius III Codoman
Illustration.
Darius III à la bataille d'Issos
Titre
Grand Roi Achéménide

(6 ans)
Prédécesseur Arsès
Biographie
Dynastie Achéménides
Date de naissance v. 380 av. J.-C.
Date de décès (à 50 ans).
Lieu de décès Médie
Père Arsamès
Mère Sisygambis
Conjoint Stateira
Enfants Stateira II

Darius III Codoman (v. 380 av. J.-C. - 330 av. J.-C.) est roi de Perse de 336 av. J.-C. à sa mort en 330 av. J.-C.. Vaincu par Alexandre le Grand, il est le dernier roi de l'Empire achéménide.

Origines de son règne

Darius est membre d'une branche collatérale de la dynastie des Achéménides, étant le fils d'Arsamès et de Sisygambis et le petit-fils d'Ostanès, lui même fils de Darius II et frère d'Artaxerxès II. Sous le règne d'Artaxerxès III, il semble qu'il ait contrôlé la satrapie d'Arménie[1].

Il accède au trône à la suite des crimes de l'eunuque Bagoas qui assassine, en 338 av. J.-C., Artaxerxès III puis le fils de celui-ci, Arsès, en 336 av. J.-C.. Il envisage rapidement un sort identique pour Darius, sans doute moins docile que prévu, mais celui-ci anticipe son empoisonnement en faisant lui-même boire à Bagoas la coupe fatale que celui-ci lui a destiné. Considéré comme un guerrier digne d'éloge[2] pour avoir vaincu en combat un géant Cadusien, Darius semble appuyé par une grande partie de l'aristocratie et de l'armée. Une tradition antique, en vigueur chez les Macédoniens, prétend que Darius aurait été l'un des esclaves de Bagoas[3].

Darius, bien qu'auparavant satrape d'Arménie, a encore peu d'expérience dans le gouvernement de l'empire. Il parvient toutefois à faire de la Phénicie une satrapie et à ramener l'ordre en Égypte. Il tente d'imposer la domination perse dans un empire de plus en plus miné par les ambitions des satrapes et menacé par l'expansionnisme macédonien...

Lutte contre Alexandre

En l'absence d'autre source documentaire et notamment d'inscription royale, le règne de Darius III n'est connu qu'au travers des écrits grecs se rapportant à la conquête de l'empire Perse par les Macédoniens. Dès 336 av. J.-C., Philippe II envoie un corps expéditionnaire en Asie Mineure mais son assassinat retarde les projets d'invasion. Lorsqu'Alexandre traverse l'Hellespont au printemps 334 av. J.-C., Darius ne prend pas tout de suite la mesure de l'événement ; il laisse aux satrapes et à Memnon de Rhodes, le chef des mercenaires grecs, le soin d'arrêter l'armée macédonienne. Mal préparés, ceux-ci sont battus à la bataille du Granique en mai 334 av. J.-C..

Darius concentre alors une nouvelle armée en Babylonie et fait, en Syrie, sa jonction avec les mercenaires grecs. Darius, qui commande en personne, est vaincu à la bataille d'Issos (entre les monts Taurus et la mer) le . Non sans avoir tenté de résister à l'assaut de la cavalerie lourde macédonienne, il prend la fuite, laissant son char et ses attributs royaux (son arc, son bouclier et son manteau), ce qui d'après les Grecs, constituerait un véritable déshonneur. D'après les mêmes auteurs, Darius aurait abandonné la famille royale à son sort : sa mère, son épouse Stateira et leurs enfants auraient ainsi été capturés par Alexandre.

La famille de Darios devant Alexandre, Giusto Sustermans, Biblioteca Museu Víctor Balaguer

Ne pouvant empêcher Alexandre de conquérir la Phénicie et l'Égypte, il a le temps de former une nouvelle armée en intégrant, cette fois-ci, nombre de contingents des satrapies orientales (dont quelques éléphants de guerre). Il prend soin de choisir un terrain favorable à son innombrable cavalerie et à ses chars à faux, mais il est définitivement vaincu à la bataille de Gaugamèles le . Il prend la fuite vers les montagnes de Médie mais, abandonné par tous ses fidèles, il est assassiné par Nabarzane et le satrape Bessos qui se proclame roi de Perse en juillet 330 av. J.-C. sous le nom d'Artaxerxès V.

D'après Diodore, Darius aurait été enseveli avec les honneurs royaux par Alexandre dans la nécropole royale de Persépolis. Aucune trace archéologique ne vient corroborer ces écrits, une tombe royale persépolitaine inachevée un temps présumée être celle de Darius a en fait été creusée dans la roche au cours de règnes antérieurs. Alexandre se considère comme légitime successeur de l'achéménide, il épouse donc sa fille Stateira lors des noces de Suse en 324 av. J.-C.. Cet épisode est un acte symbolique très solennel révélateur de la volonté du roi de fondre en un seul peuple les Grecs et les Asiatiques. C’est ainsi que dix mille de ses compagnons épousent le même jour des femmes asiatiques. Alexandre prend donc logiquement sa suite dans les chroniques royales perses.

Postérité

Mosaïque de la bataille d'Issos, maison du Faune à Pompéi, musée national d'archéologie de Naples

Une tradition historique tend à dépeindre Darius en roi dont la lâcheté n'aurait d'égal que le piètre talent de stratège. On peut d'emblée nuancer ce propos en arguant de la faiblesse même de l'empire perse face à l'expansionnisme macédonien. Darius montre, par ailleurs, un certain talent militaire en parvenant à se placer sur les arrières de l'armée macédonienne avant la bataille d'Issos.

Il convient surtout de souligner l'inadaptation de la tactique militaire perse sur le champ de bataille. Selon un code très ritualisé, Darius se tient juché sur son char au centre de l'armée, de manière hiératique et majestueuse, protégé par le bataillon des 10 000 Immortels et la garde équestre des « Parents du Roi ». Il ne peut, paralysé dans un dispositif figé, véritablement résister à la charge de la cavalerie des Compagnons, comme le montre bien la Mosaïque d'Alexandre. Malgré l'esprit chevaleresque de ses cavaliers, Darius ne dispose pas d'une armée et d'un commandement capable de faire face à la force d'impact de l'armée macédonienne.

Notes

  1. En effet, selon Justin : livre X chapitre 3 : [Artaxerxès] fit la guerre aux Cadusiens. Ce fut alors qu'un des ennemis ayant défié le plus brave des Perses, Codoman marcha au combat, accompagné des vœux de toute l’armée, tua le barbare, assura la victoire aux Perses, et rendit de l'éclat à la gloire presque éclipsée de leurs armes. Il reçut, pour prix de cette belle action, le commandement des deux Arménies.
  2. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XVII, 6, 1-3 ; Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], X.
  3. Plutarque, Des vertus morales, 326e, 337e, 340b ; Élien, Histoires variées [lire en ligne], XII, 43.

Bibliographie

Voir aussi