Compagnie de développement oriental

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Siège de Tokyo de la compagnie de développement oriental.

La compagnie de développement oriental (東洋拓殖株式会社, Tōyō Takushoku Kabushiki Kaisha?) (coréen : 동양척식주식회사) est une entreprise nationale fondée par l'empire du Japon en 1908 pour mener sa politique d'exploitation coloniale[1] de l'Empire coréen et d'autres pays de Asie de l'Est. L'entreprise a son siège social d'abord à Séoul, puis à Tokyo[2]. Elle est dissoute en 1945 après la capitulation du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Fondation[modifier | modifier le code]

En 1905, l'empire du Japon signe le traité d'Eulsa avec l'Empire coréen, le privant de souveraineté[3] et le transformant en protectorat.

Le traité autorise également l'empire du Japon à construire le siège du gouvernement-général japonais à Séoul et à nommer un résident-général de Corée.

Le traité de 1905 pose les fondations du traité nippo-coréen de 1907. En mars 1908, la Diète du Japon vote le projet de loi établissant la compagnie de développement oriental que le gouvernement de la Corée est obligé d'approuver. Elle est tout d'abord gérée à la fois par l'Empire coréen et l'empire du Japon, mais lorsque le siège est déplacé à Tokyo en 1917, elle devient la propriété exclusive de l'empire du Japon.

En 1927, Na Seok-ju, un militant indépendantiste coréen, pose une bombe dans le bâtiment de Séoul, entraînant la mort de certains des gestionnaires[4]. Malgré cet incident, la compagnie commence à créer d'autres succursales dans des pays et régions dominés par le Japon tels que Taïwan, la Mandchourie, Sakhaline, et le mandat des îles du Pacifique. En 1938, il y a neuf succursales et plus de 800 employés.

Histoire[modifier | modifier le code]

Immigration[modifier | modifier le code]

Siège de Séoul de la compagnie de développement oriental.

En raison d'un manque de terres arables au Japon, le Japon impérial décide de mener des politiques migratoires pour aider les gens à migrer dans la péninsule coréenne pour cultiver la terre. Il est estimé que la filiale coréenne de l'entreprise aurait permis à 85 000 Japonais en 1904 et environ 500 000 d'émigrer en Corée en 1908[5].

Jusqu'au printemps 1924, les colons japonais reçoivent des terres de la part de la compagnie, qui représentent plus de 8 000 terrains et les immigrants normaux au nombre de 246 767 possèdent ainsi le septième de la totalité des terres arables acquises par les migrants japonais[6].

Avec d'autres soutiens gouvernementaux à la migration, la pratique de « sous-location » est adoptée. Les Japonais ayant déménagé en Corée sont autorisés à sous-louer leurs terres aux anciens propriétaires coréens[7]. 75% des agriculteurs coréens deviennent ainsi locataires de leurs terres[8].

Investissements terriens[modifier | modifier le code]

Après l'établissement d'un cadastre à la fin des années 1920, la compagnie achète un tiers des terres arables de la péninsule coréenne[9]. Elle force les locataires à donner plus de 50% de leur production pour payer le loyer, tandis que le nombre de possessions de migrants japonais augmente de 300% à 400% par an en Corée[10].

La vie quotidienne dans la province du Hwanghae (actuelle Corée du Nord) est ainsi décrite :

« En raison des mauvaises récoltes, provoquées par les inondations, la sécheresse et les attaques d'insectes, les pauvres et misérables locataires se plaignent depuis plus d'un mois qu'ils doivent être dispensés de payer les loyers ou que les loyers doivent être réduits pour cette année. Quel que soit leur âge, la plupart des résidents se présentent au bureau local de la compagnie orientale et réclament l'annulation du loyer. Les agents locaux de la compagnie les menacent cependant de perdre leurs droits de locataire au cas où ils ne paieraient pas leurs loyers[11]. »

Autres investissements[modifier | modifier le code]

Siège du gouvernement-général japonais à Séoul.

Après l'incident de Mukden de 1931, le Japon impérial commence à transformer la péninsule coréenne en base d'approvisionnement. Très vite, l'entreprise investit dans l'électricité et les chemins de fer pour exploiter les mines.

Postérité[modifier | modifier le code]

Après la libération de la Corée par les Alliés, le gouvernement militaire de l'armée des États-Unis en Corée confisque toutes les possessions de l'entreprise[12]. Elle est renommée Shinhan Gongsa et opère vite dans six grandes villes de Corée du Sud.

Après l'établissement de la première République de Corée du Sud, les terres qui appartenaient à la compagnie de développement oriental sont distribuées aux agriculteurs lors de la réforme foncière de 1949[13].

Le siège de la compagnie de développement oriental de Busan existe toujours, ainsi que celui de Mokpo[14]. Ces deux bâtiments ont été convertis en musées. Le siège de Séoul est maintenant occupé par la Banque d'échange de Corée (en).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Frederick Arthur McKenzie, Korea's Fight for Freedom, BiblioBazaar, , 256 p. (ISBN 978-0-554-24623-9, lire en ligne), p. 195
  2. Hong I sup, p. 220 part. 18–1 March First Movement, "Korea's Self Identity".
  3. « Deoksu Jungmyeongjeon », (consulté le )
  4. "Movement of Activist – Na Seok Ju". Hall de l'indépendance. Retrieved 9 June 2011.
  5. Thomas F. Millard, Japanese Immigration into Korea
  6. Dong-A Ilbo (13 December 1924). "On Colonial Policy".
  7. Lee Young Ho. "Footnotes, The survey of government owned land in Changwon county under Japanese colonial rule".
  8. Far Eastern Survey- JSTOR.org. Arthur C. Bunce, The Future of Korea: Part 2, p. 85.
  9. Yoo Young Ik, Syngman Rhee and Ahn Ch'ang-ho. A Profile of Patriotism in Conflict – Robert Hyung-chan Kim. Université Yonsei. p. 601.
  10. Dong-A Ilbo (28 January 1924). "Korean Land and Korean People".
  11. Dong-A Ilbo (11 November 1924). "The Inhumanity of the Oriental Development Company".
  12. Shin Bok Ryong. "An Evaluation of the U.S. Occupational Policy toward Korean Peninsula 1945–1948".
  13. Bang 2010.
  14. Koehler, Robert (10 August 2008) "Mokpo: An Outdoor Museum of Colonial Korea". Retrieved 9 June 2011.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ja) 東洋拓殖株式會社編纂, 東洋拓殖株式會社三十年誌, 東京, 東洋拓殖株式會社,‎ , 12299 p. (OCLC 1042246797)
  • (ko) 방영혁, 미군정기 농민운동과 농지개혁 = Peasant Movement and Land Reform during the U.S. Army Military Government in Korea,‎ (lire en ligne)