Commune de Paris (Révolution française)

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La Commune de Paris (1789-1795) est le nom donné au gouvernement révolutionnaire de Paris établi après la prise de la Bastille le .

La Commune légale

La Commune dite légale se forme , à la suite de la prise de la Bastille et de l'assassinat du maire Jacques de Flesselles dont la tête est portée en triomphe au bout d'une pique avec celle du gouverneur de la Bastille, puis de son remplacement le lendemain par Jean-Sylvain Bailly[1]. Celui-ci était un ami d'Armand Camus, de Le Chapelier et de Guillotin avec lesquels il avait contribué à rédiger le Cahier de doléances du tiers état de Paris demandant la démolition de la Bastille, avant d'être élu avec eux député aux États généraux.

Le 20 juillet, chaque district de Paris élit deux représentants, formant une assemblée municipale de 120 élus. L’assemblée est alors à l'image des députés du tiers état, majoritairement formée de bourgeois aisés, de juristes, de marchands et de négociants, de médecins, avec aussi quelques artisans et nobles[1].

Par la loi du , le gouvernement révolutionnaire devint un organisme régulier, le Comité général de la Commune de Paris, dont les membres étaient élus par les citoyens actifs, portés sur les 48 sections révolutionnaires de la ville de Paris.

Après la fusillade du Champ-de-Mars, Bailly prend peur, démissionne et va se cacher en province où il ne tarde pas à être arrêté et condamné par le Tribunal révolutionnaire, puis guillotiné.

Il est remplacé par Jérôme Pétion (), suspendu du 6 au 13 juillet 1792, et la Commune de Paris eut pour maires successifs deux intérimaires : Philibert Borie et Boucher-René, puis Chambon et Jean-Nicolas Pache.

Devenue commune insurrectionnelle après le 10 août 1792, elle se fait la porte-parole des éléments révolutionnaires du mouvement parisien.

La Commune insurrectionnelle de Paris

La Commune le 9 Thermidor An II.

La Commune insurrectionnelle défendit les idées des sans-culottes parisiens et devint un des organes principaux du gouvernement imposant son pouvoir en province.

Dans la nuit du 9 au , sous la menace du danger extérieur (le manifeste de Brunswick vient d’être publié) et la crainte d'une trahison de Louis XVI, 28 sections sur 48 nomment des commissaires à pouvoirs illimités. La Commune de Paris est supprimée ; Mandat, le commandant de la garde nationale de Paris, est remplacé par Santerre[2]. La commune insurrectionnelle qui prend sa place élit comme premier président Huguenin[3]. Par la suite, elle est dirigée par Jérôme Pétion, Pierre Louis Manuel et son substitut Danton.

Le 10 août et les jours suivants, les sections qui n’avaient pas élu de commissaires rejoignent les 28 premières sections. Le 11, la section de la place Vendôme, qui se rebaptise section des piques, élit Robespierre comme représentant[4]. À ce moment-là, 52 commissaires désignés avec la participation des citoyens forment le Conseil général de la Commune. Le 21 août, le Conseil général de la Commune obtient que le département de Paris soit dissous : ainsi, la Commune prenait sa place, cumulant les pouvoirs communal et départemental[5]. Les rivalités entre l’Assemblée législative finissante et la Commune durent jusqu’à la fin du mois d’août. La Commune fait pression pour accélérer les procès des coupables du massacre du 10 août, et finit par obtenir le 17 août la création d’un tribunal extraordinaire élu par les sections. L’Assemblée décide de frapper en décrétant le renouvellement du Conseil général de la Commune ; mais celui-ci refuse, et fait annuler le décret. L’Assemblée se contente de faire élire six représentants par chaque section pour compléter le Conseil[6].

Le 2 septembre, la Commune décrète de faire tirer le canon d’alarme, sonner le tocsin et battre la générale : c’est le début des massacres de Septembre[7]. Elle envoie des représentants inspecter les prisons, tenter de modérer les massacres, mais globalement son action est peu décisive[8].

La Commune insurrectionnelle de Paris réclama la (re)création du Tribunal révolutionnaire, destiné à juger les suspects, et obtint satisfaction le  ; elle imposa la proscription des Girondins (les 31 mai et 2 juin 1793), la loi du maximum général (), l'institution de la Terreur et participa au mouvement de déchristianisation. Titulaire des pouvoirs de police, elle nomma les policiers de Paris chargés d'incarcérer en masse les suspects. Elle fut dominée en 1793 par le Comité de salut public dirigé par Robespierre, Saint-Just et Couthon. La Commune insurrectionnelle de Paris perdit son influence après l'élimination des Hébertistes (24 mars 1794). La Convention nationale décida de guillotiner 93 de ses membres.

Le 9-Thermidor, la Commune tente de s’opposer au renversement de Robespierre, mais ne réussit plus à mobiliser les sections en masse comme auparavant, le peuple se sentant abandonné par ses représentants. Il lui manque également un chef militaire pour contrer efficacement la Convention qui déclare ses membres hors-la-loi[9]. Le dernier maire de la Commune insurrectionnelle fut Jean-Baptiste Fleuriot-Lescot qui garda sa fonction jusqu'au 9 thermidor an II ().

La Commune sous la réaction thermidorienne

Sous la Convention thermidorienne, la Commune de Paris fut remplacée par deux commissaires. Les sections sont regroupées par quatre, avec un seul comité révolutionnaire à leur tête (origine des douze arrondissements de Paris qui durent jusqu’en 1860)[10]. La Constitution de l'an III (1795) remplaça la Commune de Paris par douze municipalités distinctes, coordonnées par un bureau central afin d'empêcher une nouvelle dictature populaire, ou révolte anti-royaliste contraire aux idées de la république.

Voir aussi

Sources

Sources primaires

  • Procès-verbaux de la commune de Paris, 10 août 1792-1er juin 1793, extraits en partie inédits publiés d'après un manuscrit des archives nationales par Maurice Tourneux, Paris, Société de l'histoire de la Révolution française, 1894, [lire en ligne].
  • Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution, publiés et annotés par Sigismond Lacroix, Paris, L. Cerf, Collection de documents relatifs à l'histoire de Paris pendant la Révolution française publiée sous le patronage du Conseil municipal, 1894-1909 ;
    • 1re série (du 25 juillet 1789 au 8 octobre 1790) :
      • Tome I. Première Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville. 25 juillet - 18 septembre 1789, 1894, [lire en ligne] ;
      • Tome II. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 19 septembre - 19 novembre 1789, 1895, [lire en ligne] ;
      • Tome III. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 20 novembre 1789 - 4 février 1790, 1895, [lire en ligne] ;
      • Tome IV. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 5 février - 14 avril 1790, 1896, [lire en ligne] ;
      • Tome V. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 15 avril - 8 juin 1790, 1897, [lire en ligne] ;
      • Tome VI. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 9 juin - 20 août 1790, 1897, [lire en ligne] ;
      • Tome VII. Deuxième Assemblée des Représentants de la Commune - Conseil de Ville - Bureau de Ville (suite). 21 août - 8 octobre 1790, 1898, [lire en ligne] ;
      • Index alphabétique et analytique, 1899, [lire en ligne].
    • 2e série (du 9 octobre 1790 au 10 août 1792) :
      • 2e série. Tome I. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal. 9 octobre - 31 décembre 1790, 1900, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome II. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 1er janvier - 28 février 1791, 1902, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome III. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 1er mars - 25 avril 1791, 1903, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome IV. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 26 avril - 20 juin 1791, 1905, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome V. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 21 juin - 31 juillet 1791, 1907, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome V. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 21 juin - 31 juillet 1791, 1907, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome VI. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 1er août - 5 octobre 1791, 1908, [lire en ligne] ;
      • 2e série. Tome VII. Conseil général de la Commune - Corps municipal - Bureau municipal (suite). 6 octobre - 10 novembre 1791, 1909, [lire en ligne].

Bibliographie

  • Frédéric Braesch, La Commune du dix août 1792 : étude sur l'histoire de Paris du 20 juin au 2 décembre 1792, Hachette et Cie, 1911, 1236 p.
  • Émile Ducoudray, « Commune de Paris/Département de Paris 1789-1794 », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, p. 265-271.
  • Michel Eude, Études sur la Commune robespierriste, Mellotée, 1937, 159 p.
  • Isabelle Fourneron, « La décentralisation de l'administration des subsistances. Pache et la Commune de Paris, février-septembre 1793 », in Annales historiques de la Révolution française, n° 306, 1996, p. 649-673, [lire en ligne].
  • Alphonse Gardie, La Commune de Paris (10 août 1792 - 9 thermidor an II). Essai sur le gouvernement des masses, Paris, Librairie sociale et économique, 1940.
  • Diane Ladjouzi, « Les journées des 4 et 5 septembre 1793 à Paris. Un mouvement d'union entre le peuple, la Commune de Paris et la Convention pour un exécutif révolutionnaire », in Annales historiques de la Révolution française, no 321, 2000, p. 27-44, [lire en ligne].
  • Paul Sainte-Claire Deville, La Commune de l'an II. Vie et mort d'une assemblée révolutionnaire, d'après de nombreux documents inédits, Plon, 1946, 387 p.
  • Gérard Sautel, « Les institutions parisiennes sous la Révolution française », in Les institutions parisiennes à la fin de l'Ancien Régime et sous la Révolution française. Colloque Hôtel de Ville, 13 octobre 1989, Paris, 1990, p. 145-177.

Notes

  1. a et b Olivier Hazan, Une histoire de la Révolution française, La Fabrique, 2012 (ISBN 978-2-35872-038-0), p. 68
  2. Olivier Hazan, op. cit., p. 161
  3. Olivier Hazan, op. cit., p. 167
  4. Olivier Hazan, op. cit., p. 168
  5. Olivier Hazan, op. cit., p. 169
  6. Olivier Hazan, op. cit., p. 172
  7. Olivier Hazan, op. cit., p. 175
  8. Olivier Hazan, op. cit., p. 177-178
  9. Olivier Hazan, op. cit., p. 384-385
  10. Olivier Hazan, op. cit., p. 390