Combats de Hautem-Sainte-Marguerite

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Les combats de Hautem-Sainte-Marguerite (en néerlandais De Slag op de Zeven Zillen[1],[2]) sont des affrontements qui opposèrent des troupes belges et allemandes près de Tienen (Tirlemont en français), le .

Lieu des combats[modifier | modifier le code]

Ligne de défense belge établie sur la Gette notamment à Neerlinter, Oplinter, Sint-Margriete-Houtem, Grimde. Le lieu-dit Zeven zillen [3]est le point d'observation occupé par le commandement de la 2e brigade mixte avant les affrontements, et ce nom ne sera attribué aux combats que bien plus tard [4].

Préparatifs des combats[modifier | modifier le code]

Dans le camp belge[modifier | modifier le code]

  • Parmi les effectifs de la 1re division, trois brigades mixtes de combat sont constituées pendant la première quinzaine du mois d'août :
    • 2e brigade mixte : le 2e régiment de ligne renforcé de deux sections desservant 4 mitrailleuses Hotchkiss + le 22e régiment de ligne renforcé d'une compagnie desservant 6 mitrailleuses Maxim + 1 groupe d'artillerie + 1 peloton de gendarmes
    • 3e brigade mixte : les 3e et 23e régiments de ligne + 1 groupe d'artillerie + 1 compagnie desservant 6 mitrailleuses Maxim + 1 peloton de gendarmes
    • la 4e brigade mixte composée des 4e et 24e régiments de ligne, engagées précédemment dans les combats de Halen et mise au repos autour de Roosbeek et Kumtich
  • les soldats belges des 2e et 3e brigades, mobilisés dès le , sont sur place le . Ils n'ont jamais eu de baptême du feu et ont reçu une préparation militaire et un entraînement trop courts avec un matériel réduit et moins performant que celui de l'ennemi
  • Trois redoutes belges érigées le 15 août et non terminées, offrant donc une maigre protection, doivent protéger les servants des trois batteries de quatre canons de 75 mm "Tir rapide", en direction du sud-est [5]

Dans le camp allemand[modifier | modifier le code]

  • Des militaires allemands en habit civil [6] surveillent discrètement la mise en place des positions belges autour de Tirlemont et des petits groupes de cavaliers allemands sillonnent les environs en éclaireurs
  • Les observateurs des avions Taube cartographient méthodiquement la position des troupes belges
  • Les troupes allemandes ont subi précédemment des baptêmes du feu qui améliorent leur efficacité
  • Des vétérans allemands, dont général von Kluck commandant la 1re armée allemande, qui ont gardé un souvenir amer des francs-tireurs de la guerre franco-allemande de 1870, sont convaincus que des soldats belges portent des vêtements civils et préparent psychologiquement leurs recrues à une guerre "illégale"
  • La veille du 18 août, le général von Kluck décide d'envoyer la 18e division autour de Tirlemont
    • 35e brigade (84e régiment d'infanterie+86e régiment de fusiliers) vers Oplinter-Tirlemont
    • 36e brigade (31e+85e régiment d'infanterie) vers Grimde et Tirlemont [7]

Déroulement des opérations[modifier | modifier le code]

Après la bataille des casques d'argent à Halen le , des troupes belges se déploient autour de Tirlemont dans le but de ralentir la progression des Allemands vers Bruxelles et le port d'Anvers.

Troupes belges engagées dans les combats[modifier | modifier le code]

Environ 2 200 soldats belges, essentiellement des fantassins[8], affrontent des troupes allemandes en nombre six fois supérieur :

  • la 2e brigade mixte déployée au nord aux avant-postes de Neerlinter (150 hommes) et Oplinter (150 hommes), autour de Vissenaken, Bunsbeek et Sint-Margriet-Houtem (poste de commandement), dans des "petits postes" et dans trois redoutes
  • la 3e brigade mixte déployée à l'est et au sud, sur Grimde et Oorbeek [9]

Les affrontements[modifier | modifier le code]

Les troupes allemandes progressent d'est en ouest, les combats débutent après midi et montent en intensité vers 13h30 à Neerlinter, premier avant-poste qui cède. Les Allemands appliquent une très bonne tactique, les tirs de leur artillerie sont immédiatement corrigés par le survol du champ de bataille opéré par les Taube et ils attaquent d'abord les troupes belges à coups d'obus, faisant ensuite donner leurs nombreux régiments d'infanterie quand l'artillerie [10] et les avant-postes belges sont presque neutralisés. Neerlinter et Oplinter cèdent l'un après l'autre et les redoutes cèdent aussi sous l'intensité du feu d'artillerie ennemi. Au surplus, au fil des combats beaucoup d'officiers et sous-officiers figurent parmi les victimes et la moitié des artilleurs sont tués pendant les cinq premières minutes. Enfin, la 3e brigade mixte déployée sur Grimde, qui a subi les incursions allemandes dès 14h00, cesse de combattre vers 16h00.

La supériorité de l'armée allemande s'est imposée clairement vers 14h30. Dès 15h30, l'artillerie allemande a nettoyé le terrain et ses fantassins progressent en priorité vers le poste de commandement de Houtem. Vers 17h00, Grimde est livrée aux Allemands, qui occupent Tirlemont vers 17h40[11].

La retraite des troupes belges[modifier | modifier le code]

Vers 16h30, le colonel Guffens, commandant du 22e régiment de ligne, ordonne aux troupes belges d'entamer une retraite [12] vers Malines, qui débute vers 17h00. Sur ordre du général Baix, les combattants de la 3e brigade mixte déployés sur Grimde et Oorbeek rejoignent la 1re division après 16h00.

Des soldats du 2e de ligne, restés en arrière-garde pendant toute la journée à la chaussée Tirlemont-Diest et qui n’avaient pas été sollicités, couvrent la retraite du 22e de ligne. Le 23e de ligne et une partie du 3e de ligne font de même à Grimde.

Le 2e de ligne place deux mitrailleuses Hotchkiss sur la route de Louvain et deux sur la route d’Aarschot. À ces endroits, les soldats résistent aussi longtemps que possible jusqu’à ce que leurs positions deviennent intenables et qu’ils doivent les abandonner quand l’artillerie allemande y fait de nombreuses victimes.

Les troupes belges en retraite bivouaquent de nuit à Pellenberg [13].

Lacunes dans le camp belge[modifier | modifier le code]

  • pas de reconnaissance aérienne des positions allemandes pour compenser la rareté, dans ce "plat pays", des points d'observation de quelques mètres en altitude
  • mauvaise transmission des communications à tous les niveaux, empêchant la bonne exécution des ordres
  • douze canons de 75 mm et aucun obusier [14] ne font pas le poids face aux 54 canons légers et 18 obusiers ennemis
  • les trois redoutes belges sont inachevées et trop petites pour abriter les nombreux soldats envoyés, parfois malencontreusement, en renfort
  • les "petits postes" manquent d'hommes et ne disposent pas de mitrailleuses pour repousser les premiers assauts allemands
  • le 2e/22e de ligne a disposé de trop peu de temps pour connaître le terrain comme sa poche
  • les artilleurs manquent d'entraînement au chargement du canon. La relation entre distances et angles de tir, qui doit être assimilée préalablement, a dû être définie au coup par coup [15]

Bilan des combats[modifier | modifier le code]

Les pertes s'élèvent à 22 officiers et 1 175 soldats, tués, blessés ou/et prisonniers en Allemagne. Parmi eux, 295 soldats - 15 officiers et 280 sous-officiers et soldats - meurent au champ d'honneur, mais des blessés décèdent ultérieurement. Le monument à la porte d’Oplinter porte le nom de 368 morts. Le Tableau d'honneur des combattants du précise, près de chaque nom, le lieu et le moment précis de la blessure ou du décès. Les victimes des combats sont inhumées dans le cimetière militaire de Sint-Margriete-Houtem (Hautem-Sainte-Marguerite), la nécropole de l'église Saint-Pierre de Grimde et le cimetière communal de Tienen (Tirlemont).

La nécropole de l'église romane Saint-Pierre (Pastorijstraat) à Grimde abrite les corps de 140 soldats, et le général Guffens, ancien commandant du 22e régiment de ligne, décédé en 1943 y est inhumé, selon son souhait, après la Seconde Guerre mondiale[16].

Pour la petite histoire[modifier | modifier le code]

  • les soldats belges indemnes qui simulent une blessure ou la mort sont tués sur place par les Allemands, ainsi que les grands blessés achevés à la baïonnette [17].
  • le futur général Piron, alors chef de peloton au 2e bataillon du 2e régiment de ligne, y subit son baptême du feu.
  • c'est à Sint-Margriet-Houtem que Frans Daels fait ses premières armes de chirurgien au front
  • la ligne de défense de la Gette avait pour but de jouer gagnant, mais face à la supériorité écrasante des troupes allemandes, le roi Albert 1er et son état-major lancent peu après midi l'ordre de repli (retraite militaire), qui atteint rapidement la 2e division (en réserve autour de Leuven), et la 1re division à 14h00 [18] dans l'après-midi du 18 août, quand les troupes allemandes sont si proches qu'une retraite ordonnée est impossible, dans le feu des combats
  • puisque les pertes s'élèvent à plus de la moitié des combattants et que 13% d'entre eux ont péri sur-le-champ ou peu après leurs blessures, on doit procéder à la réorganisation du 2e/22e régiment de ligne dès le 21 août [19].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (nl) Ruben Donvil, De groote oorlog op kleine schaal : De gevechten aan de Getelinie in Oost-Brabant 1914, Louvain, Davidsfonds uitgeverij N.V., , 192 p. (ISBN 978-90-5826-854-9), p. 113-172
  • (nl) Achiel Baeken, De slag op de Zeven Zillen. De Slag bij Sint-Margriete-Houtem Dinsdag 18 augustus 1914, 1993.
  • (nl) Luc Vandeweyer, Een kleine stad in een 'Groote oorlog'. De Eerste Wereldoorlog en het activisme te Tienen en omgeving, Tirlemont, Acqua Fortis, 2003.
  • (nl) Marnik Braet, De slag op de Zeven Zillen (18 augustus) en de herinneringen van Raymond Neirynck (+1964), dans: De Roede van Tielt, 39e année, no 4, pages. 267-268, 2008

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

http://www.be14-18.be/fr/defense/la-gette-et-la-demer

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. "La Bataille des sept journaux". Le journal est un vieux terme agricole, qui définit la surface que peut labourer, en une journée, un laboureur guidant une charrue tirée par deux ou trois bœufs, soit de 20 à 32,5 ares. La correspondance élastique dépend du nombre de bœufs et de la nature du terrain.
  2. « Mesures de surface agraires », sur istex.fr (consulté le ).
  3. Dans le voisinage de l'actuelle Wijngaardestraat et du cimetière militaire de Sint-Margriete-Houtem.
  4. Ruben Donvil 2012, p. 113-114.
  5. Ruben Donvil 2012, p. 114/116/123/124/145/158.
  6. Un fait parmi d'autres : le 14 août, Martin Mattonet, militaire allemand déguisé en civil est interpellé à Oorbeek. Il circule à vélo, porte un pistolet et collecte des renseignements sur l'avance britannique. Convaincu d'espionnage, il est fusillé le 15 août.
  7. Ruben Donvil 2012, p. 117/119/121/122.
  8. Instruits 15 mois depuis l'institution du service militaire obligatoire en 1910, à la caserne Léopold de Gent (Gand en français).
  9. Ruben Donvil 2012, p. 115/122/125/126/134.
  10. Deux batteries sur trois tirent vers 14h20 mais sont rapidement neutralisées, tandis que la seule batterie intacte ne tirera que de 15h00 à 16h00.
  11. Ruben Donvil 2012, p. 114/115/139-144/148/149.
  12. « Les bataillons feront retraite en se défendant ».
  13. Ruben Donvil 2012, p. 149-151.
  14. Vu la configuration du terrain, des obusiers auraient été plus efficaces que des canons. Des obusiers n'équiperont l'armée belge qu'à partir du mois de novembre 1914.
  15. Ruben Donvil 2012, p. 122/123/124/134/139/156/157.
  16. Ruben Donvil 2012, p. 163.
  17. Témoignage oral d'un soldat milicien classe 1910, matricule 122.5407, combattant au 22e de ligne, 1er bataillon, 3e compagnie, défenseur d'une redoute, blessé lors des combats, déporté en Allemagne et forcé au travail dans une mine de sel. Autre témoignage incontestable de l'infirmier Leonard Reynaerts de Tienen (voir Ruben Donvil, page 145/151)
  18. Une première estafette, portant l'ordre de repli destiné au commandement de la 1re division à Kumtich, avait été interceptée par l'ennemi avant d'arriver à destination.
  19. Ruben Donvil 2012.