Charles Bouchardeau
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Charles Bouchardeau était un prieur et un poète français du milieu du XVIIe siècle appartenant au courant des Précieux.
Biographie
[modifier | modifier le code]Charles Bouchardeau est fils de Guillaume I Bouchardeau, sieur du Chapitre (Breuillet (Essonne), bourgeois de Paris, titulaire de la mense abbatiale de Saint-Germain-des-Prés et receveur général de cette abbaye[1]. Il eut, entre autres, un frère, Guillaume II.
Charles est d'abord avocat au Parlement de Paris, et porte le titre de "sieur de Préfontaines". Il a tenu plusieurs bénéfices de Prieures et de chapellenies qui ont parfois été échangées avec son frère Guillaume II : Notre-Dame de la Nef en l'église collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans, Sainte-Anne en l'église cathédrale de la même ville, Saint-Nicolas de Boullars au diocèse de Meaux, Notre-Dame de Neuffontaines (Oise) au diocèse de Soissons, Notre-Dame de Beu-la-Viéville (entre Houdan et Dreux), cette dernière tenue par Charles entre 1655 et 1660 au moins. En au plus tard, il est prêtre de la chapelle troglodyte de Notre-Dame du Bon Refuge à Barjols (Var). Il a souvent été représenté par son frère Guillaume II pour gérer ses affaires parisiennes. En celui-ci lui offre une rente sacerdotale de 150 lt. Enfin, en 1665, Charles est prieur de Saint-Martin-du-Péan[2] au diocèse de Chartres. Il demeure en 1655 quai de la Mégisserie, en 1659 rue Pouletière en l'Île Saint-Louis et vers 1660 rue de Bièvre.
Outre son activité de poète de salon, on sait qu'il a été impliqué comme coéditeur dans la publication du premier livre des Airs de Michel Lambert, en 1659-1660, en même temps que Bertrand de Bacilly, également prieur.
Il a fréquenté les salons parisiens précieux, et est cité par un adversaire littéraire du Parnasse Galant, Antoine Baudeau de Somaize, dans deux de ses écrits : il indique dans son Grand Dictionnaire des précieuses (1660) que Bouchardeau était connu sous le nom de « Buséus » dans la société des précieux [3] ; il évoque à nouveau le « sévère Bouchardeau » dans La Pompe funèbre de Scarron (Paris, 1660).
Œuvres
[modifier | modifier le code]Bouchardeau est aussi un poète dont la production est très réduite. On a identifié de lui dix-huit pièces dans les Recueils de vers mis en chant compilés par Bacilly vers 1661-1668[4]. Dix de ces airs ont été mis en musique par Michel Lambert (qu'il connaissait visiblement très bien puisqu'il coédite aussi son livre d'airs de 1660), d'autres par Jean-Baptiste Boësset, Louis Couperin ou lui-même. Ces vers, d'une élégance toute classique, ont sans doute été plus connus par l'intermédiaire de la musique de Michel Lambert que pour eux-mêmes ; ils peuvent être datés de la période 1658-1667 environ.
Certaines de ses œuvres avaient déjà été repérées par Frédéric Lachèvre[5] ; elles sont également évoquées dans des travaux musicologiques récents[6].
On peut voir dans la base Philidor du CMBV le fac-similé et la transcription de plusieurs de ses vers mis en musique par divers musiciens :
- Pourquoi faut-il belle inhumaine par Lambert[7] ;
- Que me sert-il d’être fidèle par Lambert[8] ;
- D’un feu secret par Lambert[9] ;
- Quand on voit finir par J.-B. Boesset[10] ;
- Puisque par un arrêt du sort par Lambert[11] ;
- J’aimerais mieux souffrir par Lambert[12] ;
- Après avoir langui tant de jours par Cambert[13] ;
- J’aimais, j’étais aimé par Lambert[14].
Anecdote
[modifier | modifier le code]Ainsi popularisés, les vers composés par Bouchardeau bénéficièrent d'une diffusion notable dont l'on retrouve la trace jusque dans la campagne berrichonne. Les registres paroissiaux de la localité rurale de Concremiers contiennent la copie manuscrite des paroles d'un madrigal de Bouchardeau avec sa partition musicale par Lambert. Cette transcription semble avoir été réalisée vers 1681[15] :
- « D'un feu secret je me sens consumer
- Sans pouvoir soulager le mal qui me possède ;
- Je pourrois bien guérir si je cessois d'aymer,
- Mais j'ayme mieux le mal que le remède.
- Quand je mourrois, pourroit-on me blasmer ?
- Qui commence d'aymer, ne doit-il pas poursuivre ?
- Quand on sçaura, Philis, que j'ay cessé d'aymer,
- On sçaura bien que j'ay cessé de vivre. »
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sur le père et sa famille, voir son inventaire après décès (Paris ANF : MC VIII, 673, 7 février 1653). Ils demeuraient au faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice, et possédaient de nombreuses terres et maisons. La succession, assez complexe, peut être retracée avec l'étude citée, vol. 705 (19 février 1664) ; les vol. 671, 673, 676-679, 690-691, 705, 710 donnent beaucoup d'éléments sur cette famille. Ces éléments biographiques sont extraits de Guillo-Michel 2011, p. 289-291.
- Paroisse absorbée par la commune de Bonneval (Eure-et-Loir) en 1827.
- Somaize 1856, tome 2, p.171-172.
- Voir le dépouillement de ces recueils dans Guillo 2004.
- Lachèvre 1903, tome 2.
- Massip 1999, Goulet 2007.
- « LADDA 1658-01 : POURQUOI FAUT-IL BELLE INHUMAINE » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1659-23 : QUE ME SERT-IL D'ÊTRE FIDÈLE » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1660-05 : D'UN FEU SECRET » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1660-23 : QUAND ON VOIT FINIR » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1660-25 : PUISQUE PAR UN ARRÊT DU SORT » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1660-31 : J'AIMERAIS MIEUX SOUFFRIR » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1661-20 : APRÈS AVOIR LANGUI TANT DE JOURS » (version du sur Internet Archive)
- « LADDA 1664-05 : J'AIMAIS J'ÉTAIS AIMÉ » (version du sur Internet Archive)
- Archives départementales de l'Indre, état-civil numérisé de la commune de Concremiers, BMS 1634-1692, vue 39/449 de la numérisation.
Sources
[modifier | modifier le code]- Laurent Guillo et Frédéric Michel. « Nouveaux documents sur le maître de chant Bertrand de Bacilly (1621-1690) » in Revue de musicologie 97/2 (2011) p. 269-327.
- Laurent Guillo, Les recueils de vers mis en chant (1661-1680) : dépouillement des dix-huit sources connues. Versailles : CMBV, 2004. (Cahiers Philidor, 28), consultable en PDF sur le site du CMBV.
- Antoine Baudeau, sieur de Somaize. Le Dictionnaire des précieuses... nouvelle éd. augmentée de divers opuscules du même auteur... et d'une Clef historique et anecdotique par M. Ch.-L. [Charles Louis] Livet. Paris : 1856.
- Frédéric Lachèvre. Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés de 1597 à 1700. Paris, Henry Leclerc, 1903.
- Anne-Madeleine Goulet. Paroles de musique (1658-1694) : catalogue des "Livres d'airs de différents auteurs". Versailles : CMBV et Liège : Mardaga, 2007.
- Catherine Massip. L'art de bien chanter : Michel Lambert (1610-1696). Paris : Société française de musicologie, 1999.