Antoine de Salinis
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Antoine de Salinis, né le à Morlaàs (Basses-Pyrénées) et mort à Auch (Gers) le , est un homme d'Église français, évêque d'Amiens de 1849 à 1856 puis archevêque d'Auch jusqu'en 1861.
Biographie
Enfance et éducation
Né le à Morlaàs, autrefois capitale du Béarn, Louis-Antoine est issu d'une des plus anciennes familles de cette province qui avait donné plusieurs évêques à l'Eglise. Son père, Jacques de Salinis, avant de se marier était chanoine de la cathédrale de Lescar. Il a trois frères. Vers l'âge de huit ans, tandis qu'il réside au château de Momuy, résidence appartenant à l'un de ses oncles maternel, son éducation est prise en charge par l'abbé Lacoste, curé de Momuy[1].
A 10 ans, il est d'abord scolarisé au collège d'Aire-sur-l'Adour puis il entre au séminaire Saint-Sulpice en 1815. Reconnu pour être doué, il y est nommé chef des catéchismes de 1822 à 1828[2]. Il est ordonné prêtre le .
Collaboration avec Félicité de La Mennais
Pendant son séjour à Saint-Sulpice, il fait la connaissance de Félicité de La Mennais, qui est alors un écrivain reconnu pour la publication du premier volume du livre Essai sur l'indifférence en matière de religion. M. Teysseyre, directeur du séminaire, est aussi le confesseur de l'abbé de La Mennais. C'est sur les conseils du directeur du séminaire qu'Antoine de Salinis lit et prend connaissance du premier volume de l'Essai, ouvrage en quatre volumes qui défend un système philosophique et théologique nouveau, celui du sens commun[3].
L'abbé de Salinis, trouve un grand intérêt à la lecture du livre, et il communique par écrit ses remarques à l'abbé de La Mennais, devenant ainsi, l'un de ses principaux relecteurs. Ce dernier lui envoie ses manuscrits avant publication et notamment celui publié après les Essais, à savoir : Défense de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion[4]. Au même moment, Antoine de Salinis donne une conférence à la Sorbonne sur le système du Sens commun, et ce texte est intégré en annexe de l'ouvrage dans le dernier chapitre, à la demande de Félicité de La Mennais, convaincu par le style d'écriture d'Antoine de Salinis[5].
Dans ce chapitre, Antoine de Salinis répond au "cogito ergo sum" (Je pense, donc je suis) de Descartes, qui prône la supériorité de la raison individuelle sur les vérités généralement admises, qualifées dans son écrit de "sens commun". Il définit le sens commun ainsi :
« il existe des vérités communes à tous les esprits, lien nécessaire de la société des hommes considérés en tant qu'êtres raisonnables ; c'est là un fait sensible et dont tout le monde convient. Ces vérités, admises par tous les hommes, et qui forment le fond de la raison humaine, sont ce qu'on appelle le sens commun. On dit d'un homme qui, sur les principes universels, croit comme le reste des hommes, qu'il a le sens commun ; on dit d'un homme qui doute des vérités généralement admises, qu'il n'a pas le sens commun, qu'il a perdu la raison, qu'il est fou.Tout homme que la folie n'a pas exclue de la société des êtres raisonnables, connait donc avec certitude une foule de vérités nécessaires au commerce de la vie et à sa propre conservation. (...) C'est ici qu'il est impossible de méconnaitre l'action de la raison sociale sur la raison individuelle[6]. »
Aumônerie du collège Henri IV
Mgr Frayssinous, qui préside à l'instruction publique en tant que grand maitre de l'Université, confie la fonction de premier aumônier du lycée Henri-IV à Antoine de Salinis qui avait fait ses preuves en tant que catéchiste de Saint-Sulpice. Il désigne son ami Philippe Gerbet en tant que deuxième aumônier[7].
Antoine de Salinis quitte alors le séminaire pour démarrer le travail dans l'enseignement âgé de 24 ans. En tant qu'aumônier, il organise des conférences religieuses, avec un programme étalé sur trois ans. Il s'agit de conférences polémiques, où il part de préjugés et de sophismes pour étayer son propos. La première année est consacrée à la démonstration de la divinité du christianisme, la deuxième année à l'autorité divine de l’Église, et la troisième année, à la religion considérée dans ses rapports avec l'ordre temporel[8].
Participation à la rédaction de journaux
En France, dans les années 1820, il n'y a qu'un seul journal consacré à la défense des intérêts religieux. Il s'agit de la revue L'Ami de la religion et du roi . Mais ce journal n'aborde pas les questions philosophiques, littéraires, sociales avec beaucoup d'amplitude. Ainsi, plusieurs personnes ont l'idée de créer un journal avec des articles plus étoffés sur ces sujets. En , Antoine de Salinis lance avec l'abbé Gerbet, la fondation du journal intitulé Mémorial catholique. C'est un journal périodique, consacré à la doctrine catholique et son adaptation en littérature, en philosophie, en théologie. Ce journal est encouragé par Félicité de La Mennais. D'autres personnalités soutiennent et participent au projet : de Bonald, de Haller, le Comte O'Mahony, l'abbé Rohrbacher ou encore, Henri Lacordaire. Antoine de Salinis contribue à la rédaction de certains articles, certains portant l'initiale de son nom et d'autres sont anonymes [9].
La même année, Antoine de Salinis participe à la création de la société catholique des bons livres[10].
Il fait partie du cercle des proches de l'abbé Félicité de La Mennais, dont il partage les théories royalistes et ultramontaines, et soutient l'équipe du journal l'Avenir en 1831-1832.
Direction du collège de Juilly
Avec l'abbé de Scorbiac, ils rachètent le collège de Juilly. Casimir de Scorbiac en assure la direction tandis qu'Antoine de Salinis en est aumônier. Leur collaboration dure de 1828 à 1841. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages pédagogiques.
En 1836, il fonde la revue L'Université catholique avec l'abbé Gerbet, l'abbé de Scorbiac, Edmond de Cazalès et le comte de Montalembert. Il en assure la direction.
Professorat à la faculté de théologie de Bordeaux
En 1841, il est nommé vicaire général du cardinal Donnet à Bordeaux, en même temps que Casimir de Scorbiac, à leur retour du pèlerinage à Rome où ils ont été reçus par le pape Grégoire XVI. Le , il est nommé par décret royal, professeur à la Faculté de théologie, étant chargé de la chaire d’écritures saintes[11].
De plus, il organise, avec son ami Casimir de Scorbiac, un salon hebdomadaire autour de questions sociales[12].
Il est candidat à l'assemblée constituante de 1848, motivant ainsi sa candidature dans la lettre adressée aux électeurs sous forme de circulaire électorale[13] :
L'agriculture, le commerce, l'industrie, le travail, tous les intérêts de la société auront leurs représentants spéciaux dans l'Assemblée nationale. Il importe que la religion y ait les siens.
Cependant, avec 44 196 voix, il n'est pas élu.
Épiscopat d'Amiens
Il est nommé évêque d'Amiens en [14]. Resté proche des catholiques libéraux après la rupture de La Mennais en 1834, il obtient sa nomination à l'évêché d'Amiens grâce à l'appui du comte de Montalembert. D'abord partisan d'une restauration légitimiste, il évolue après le coup d'État du 2 décembre 1851 : il se rallie en effet au régime autoritaire du Prince-Président, futur empereur Napoléon III qui le fait nommer officier de la légion d'honneur.
Il assure la fonction d’Évêque durant sept ans. Durant ces années, il fait restaurer la cathédrale d'Amiens, il prend part au premier concile de la province de Reims, qui a lieu l'année de son sacre, ainsi qu'au deuxième concile qui a lieu à Amiens en 1853. Il porte à Rome les actes de cette assemblée et rapporte, pour son église, les reliques de sainte Theudosie. En 1854, il assiste à Rome à la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge[7].
Épiscopat d'Auch
Il est nommé archevêque d'Auch en 1856. Durant son épiscopat, il développe les études ecclésiastiques, il établit une caisse de retraite pour les prêtres infirmes[7].
En 1859, il fonde le Comité d'histoire et d'archéologie de la province ecclésiastique d'Auch, société savante composée d'ecclésiastiques qui œuvrent pour consigner par écrits des faits d'histoire locale[15]. Il crée un musée diocésain ainsi qu'une revue périodique consacrée à l'étude du patrimoine local.
Après sa mort à Auch, le [16], son oraison funèbre est prononcée par Philippe Gerbet, évêque de Perpignan.
Armes et devise
D'argent à l'arbre de sinople sur une terrasse du même, accosté à sénestre d'un ours debout de sable jetant du sel d'or de sa patte dextre[17].
Devise : Sic sale vivesco.
Ouvrages
- Antoine de Salinis et Casimir de Scorbiac, directeurs du collège de Juilly, Précis de l'histoire de la philosophie, Paris, L. Hachette, , 424 p. (BNF 31338775, lire en ligne).
- Le livre de Sainte Theudosie, Amiens, , 223 p. (BNF 36387668, lire en ligne)
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur le [18].
Notes et références
- Casimir de Ladoue 1873, p. 2.
- Philippe Gerbet 1861, p. 105.
- Casimir de Ladoue 1873, p. 28.
- Casimir de Ladoue 1873, p. 29.
- Félicité de La Mennais, Défense de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, Paris, Méquignon fils aîné, , 2e éd., 382 p. (BNF 30728448, lire en ligne), « de la doctrine philosophique développée dans l'Essai sur l'indifférence », p. 353 à 380
- Abbé de Salinis, De la doctrine philosophique développée dans l'Essai sur l'indifférence (in Défense de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion), Paris, Méquignon fils aîné, (BNF 30728448, lire en ligne), p. 363
- L.P - S 1857, p. 503.
- Casimir de Ladoue 1873, p. 55 à 57.
- Casimir de Ladoue 1873, p. 73 à 82.
- « Société catholique des bons livres (notice) », sur data.bnf
- Antoine Ricard 1886, p. 222.
- Philippe Gerbet 1861, p. 112.
- Casimir de Ladoue 1873, p. 211.
- Pierre Puchulu 1977.
- Bulletin du Comité d'histoire et d'archéologie de la province ecclésiastique d'Auch, tome I, 1860 (lire en ligne).
- « Antoine de Salinis (1798-1861) », sur bnf.fr (consulté le )
- Comte de Saint Saud, Armorial des prélats français du XIXe siècle, Paris, 1906, H. Daragon, 415p., p.51. Consultable sur Gallica.
- Archives Nationales, « Louis-Antoine de Salinis », sur Base de données Léonore (Légion d'honneur)
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Philippe Gerbet, Mgr de Salinis et les témoignages publics rendus à sa mémoire, Auch, Imprimerie et lithographie Félix Foix, , 206 p. (BNF 36428020, lire en ligne), « Oraison funèbre de Mgr de Salinis par Mgr Gerbet évêque de Perpignan », p. 103 à 121.
- Casimir de Ladoue, Vie de Mgr de Salinis : évêque d'Amiens - archevêque d'Auch, Paris, Tolra, , 568 p. (BNF 30712529, lire en ligne).
- Georges Niel, À la mémoire de Monseigneur Antoine de Salinis, archevêque d'Auch, Auch, impr. de J.-A. Portes, , 8 p. (BNF 31017569, lire en ligne).
- Antoine Ricard, L'École menaisienne. Gerbet, Salinis et Rohrbacher (3e édition), Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, , 373 p. (BNF 31208349, lire en ligne), p. 147 à 272 : Salinis.
- Pierre Puchulu, Bulletin de la société des sciences, lettres et arts de Bayonne, no 133 : Les évêques originaires du diocèse de Bayonne depuis le Concordat de 1801, Bayonne, Société des sciences, lettres et arts, , 339 p. (ISSN 1141-1295, BNF 34424035).
- Société historique de Gascogne, « Monseigneur de Salinis », Revue de Gascogne : bulletin mensuel du Comité d'histoire et d'archéologie de la province ecclésiastique d'Auch, Auch, vol. 5, , p. 171 à 184 (BNF 32857084, lire en ligne).
- L.P - S, Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne : Antoine de Salinis, t. 37, Paris, Madame C. Desplaces, , 2e éd. (lire en ligne), p. 502 - 503.