Forces démocratiques alliées

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(en) Allied Democratic Forces
Forces démocratiques alliées
Image illustrative de l’article Forces démocratiques alliées

Idéologie opposition au régime de Yoweri Museveni, proche du Tablighi Jamaat[1]
Statut Actives
Fondation
Date de formation 1995
Pays d'origine Drapeau de l'Ouganda Ouganda
Fondé par Allied Democratic Movement, National Army of Liberation of Uganda, Uganda Muslim Liberation Army
Actions
Zone d'opération Drapeau de l'Ouganda Ouganda
Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo
Période d'activité depuis 1995
Organisation
Chefs principaux Ali Bwambale
Isa Lubega
Musa Seka Baluku
Membres 500 (1995), 1 500 (1998), autour de 500 en 2005
Sanctuaire Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo
Groupe relié National Army of Liberation of Uganda, Uganda Muslim Liberation Army, État islamique en Afrique centrale
Répression
Considéré comme terroriste par États-Unis
Deuxième Guerre du Congo

Les Allied Democratic Forces (ADF ou ADF-Nalu), en français « Forces démocratiques alliées », sont un groupe armé ougandais regroupant des mouvements d'opposition au président Yoweri Museveni fondé en 1995. L'organisation s'est depuis lors déplacée en République démocratique du Congo.

Essentiellement composé d'islamistes du mouvement tabligh, l'ADF-Nalu est dirigé de 2007 à son arrestation en 2015 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l'islam[2], puis par Musa Seka Baluku. Selon plusieurs estimations, les ADF sont composées de 300 à 600 combattants[3],[4]. Les ADF sont affiliées à l'organisation État islamique depuis 2017.

Histoire

Les Allied Democratic Forces sont fondées fin 1995 par la réunion de plusieurs mouvements d'opposition au président Yoweri Museveni dont l'Allied Democratic Movement, la National Army of Liberation of Uganda et l'Uganda Muslim Liberation Army ainsi que d'anciens soldats des Forces armées zaïroises et rwandaises en 1996. Implanté dans la chaîne Rwenzori, le mouvement élève son effectif en un an d'existence de 500 à 1 500 combattants et étend son activité dans le sud-ouest du pays[5],[6].

Lors de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, plusieurs pays participants à la Deuxième Guerre du Congo décident d'une coopération militaire visant à désarmer milices et groupes rebelles actifs dans la région. L'Armée ougandaise obtient plusieurs victoires militaires sur les ADF, les encerclant par le territoire congolais. Le mouvement éclate en plusieurs petits groupes, actifs en RDC, et dans le sud (près des frontières avec la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud), le centre et l'ouest de l'Ouganda. Isa Lubega et Ali Bwanbale, deux des principaux cadres des ADF sont arrêtés en 2000. Les dernières actions des ADF ont lieu en 2001 (le parc national Rwenzori Mountains, fermé en 1997 à cause de l'insécurité, est rouvert le , sous haute protection). Le mouvement qui conserve une certaine capacité militaire (autour de 500 combattants établis en RDC en 2005) est placé sur la Terrorist Exclusion List des États-Unis. En 2004, la National Army of Liberation of Uganda est suspectée d'actes de guérilla[5],[6].

Arrestation de Jamil Mukulu en 2015

En 2014, les forces armées congolaises lancent l'opération Sokola 1, dans la région de Beni pour prendre d'assaut les caches et bases de la rébellion ADF. Ils prennent notamment la base de Medina. En , Jamil Mukulu est arrêté par la Tanzanie à la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Il est extradé vers l'Ouganda en et est emprisonné dans l'attente de son jugement à Kampala[7].

Bataille de Semuliki en 2017

Le , l'attaque de la base de la MONUSCO à Semuliki, dans une zone forestière près de la frontière avec l'Ouganda[8] est attribuée à l'ADF par l'ONU.

Les combats font 15 morts, 53 blessés et 3 disparus parmi les casques bleus tanzaniens[9],[10], environ la moitié des casques bleus présents dans la base ont été tués ou blessés[9]. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre une force de l'ONU depuis 1993[10].

Liens avec l'État islamique

Après la capture de Mukulu, Musa Seka Baluku prend la direction des ADF[4].

Selon plusieurs estimations, les ADF sont composées, à la fin des années 2010, par 300 à 600 combattants[3],[4]. Les ADF font allégeance à l'organisation État islamique en et modifient le nom de l'organisation en Madinat Tawhid wa-l-Muwahidin ou ADF-MTM. Toutefois, l'implication de l'État islamique dans le financement, l'organisation, l'armement ou le recrutement des ADF-MTM reste limitée[3].

En , l'État islamique revendique pour la première fois une attaque menée par les ADF-MTM contre une caserne des forces de la RDC et de la Monusco. Cette revendication ne convainc toutefois pas les experts de la profondeur des liens entre l'ÉI et les ADF-MTM[3],[11].

En , le département d'État des États-Unis déclare que les ADF et l'État islamique en Afrique centrale sont une même structure et donc que les ADF sont un groupe affilié à l'État islamique. Cette désignation entraîne le blocage des avoirs aux États-Unis des membres des ADF et de possibles sanctions contre toute personne ou entité ayant des relations avec les ADF[12],[13].

Les ADF sont considérés comme le groupe rebelle le plus sanglant du Congo. Ils sont accusés du massacre d’un millier de civils entre la fin 2019 et la mi-2021, mais aussi de raids, de rapts et d’exactions diverses[14].

En , les experts de l'ONU déclarent ne pas avoir trouvé de preuve solide permettant d'affirmer que l'État islamique en Afrique centrale contrôle ou dirige les opérations des ADF, ni que l'État islamique en Afrique centrale aide les ADF avec de l'argent, des armes ou des hommes. Pour eux, chacune des deux structures communique sur les activités des deux groupes pour augmenter son importance et améliorer sa propagande. Ces experts considèrent aussi que les points forts des ADF sont sa connaissance du terrain, supérieure à celles des FARDC, sa capacité de recrutement et sa connaissance dans la fabrication et le dépôt de bombes artisanales[15].

Intervention ougandaise en RDC

En octobre et novembre 2021, plusieurs attentats ont lieu en Ouganda et causent 5 morts (en plus des kamikazes dans le cas des attentats-suicide). Les ADF et l'État islamique revendiquent ces attentats et la police ougandaise les attribue effectivement aux ADF. Ces attentats marquent le retour des ADF en Ouganda[16],[17]. Pour lutter contre ce retour, l'Ouganda obtient de la RDC l'autorisation, pour l'armée ougandaise, de pénetrer sur le territoire congolais afin d'attaquer les bases des ADF dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu[18]. Une opération conjointe entre l'armée ougandaise et les FARDC est menée à partir du , avec des frappes aériennes visant les camps des ADF[19]. Les troupes ougandaises pénètrent ensuite en RDC[20].

Un attentat-suicide se déroule à Beni dans le Nord-Kivu le . L'attentat fait 8 morts et est attribué aux ADF par le gouverneur militaire du Nord-Kivu[21],[22].

Malgré l'opération militaire en cours, un nouveau massacre a lieu à Kikura, près de la frontière, le . Attribué aux ADF, cette attaque fait 20 morts parmi les villageois[23].

Notes et références

  1. IRIN, « Special Report on the ADF rebellion », sur africa.upenn.edu, Université de Pennsylvanie (consulté le )
  2. RDC: au Nord-Kivu, l'armée affronte aussi les islamistes ougandais sur Jeuneafrique.com
  3. a b c et d Joan Tilouine et Madjid Zerrouky, « L’Etat islamique revendique sa première attaque en République démocratique du Congo », Le Monde,
  4. a b et c « RDC: qui sont et que veulent les ADF? », RFI,
  5. a et b Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 2-84186-142-2), p. 1019-1020
  6. a et b Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Les Nouveaux Mondes rebelles : conflits, terrorisme et contestations, Paris, Éditions Michalon, , 500 p. (ISBN 2-84186-248-8), p. 215
  7. Trésor Kibangula, « Capture en Tanzanie de Jamil Mukulu, chef des rebelles ougandais ADF », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  8. Pierre Benetti, RDC : que s’est-il passé à Semuliki, où 15 casques bleus de la Monusco ont été tués ?, Le Monde, 9 décembre 2017.
  9. a et b RDC: au moins 15 casques bleus tués et 3 portés disparus dans le nord-est, RFI, 8 décembre 2017.
  10. a et b Le président tanzanien « attristé » par la mort des 15 Casques bleus en RDC, AFP, 9 décembre 2017.
  11. « Le groupe EI revendique pour la première fois une attaque sur le sol congolais », RFI,
  12. « En RDC et au Mozambique, des groupes armés affiliés à l’Etat islamique, selon Washington », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. (en) « State Department Terrorist Designations of ISIS Affiliates and Leaders in the Democratic Republic of the Congo and Mozambique », Département d'État des États-Unis,
  14. « « Si vous coupez les têtes au nom d’Allah, vous serez récompensés » : en RDC, dans l’enfer des ADF », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « U.N. finds no evidence of Islamic State control over Congo militia », Reuters,
  16. (en) Max Bearak, « Coordinated suicide attacks in Ugandan capital kill at least 3 and injure dozens », The Washington Post,
  17. Lucie Mouillaud, « Ouganda: un double «attentat» à Kampala fait plusieurs morts », RFI,
  18. Romain Gras, « RDC : vers une intervention ougandaise contre les ADF », Jeune Afrique,
  19. Lucie Mouillaud, « L'Ouganda et la RDC lancent une opération militaire conjointe contre le groupe armé des ADF », RFI,
  20. « Opération contre les ADF: les soldats ougandais se déploient dans l’est de la RDC », La Libre et AFP,
  21. « République démocratique du Congo : un attentat fait au moins cinq morts dans la ville de Beni, au Nord-Kivu », AFP et Le Monde,
  22. « RDC: le bilan de l’attaque à Beni revu à la hausse, le gouvernement accuse les ADF », RFI,
  23. Coralie Pierret, « Nouveau massacre dans l'est de la RDC, malgré trois mois d'opérations face aux ADF », RFI,

Annexes

Article connexe

Liens externes