Aldo Mieli

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Aldo Mieli, né à Livorno le et mort Floride en argentine le , est un historien des sciences italien ainsi qu'un précurseur du mouvement de libération homosexuelle. Son action comme organisateur a permis de structurer la discipline de l'histoire des sciences, notamment en tant que fondateur et directeur de la revue Archeion puis en tant que fondateur et premier Secrétaire Perpétuel de l'Académie internationale d'histoire des sciences.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né au sein d'une riche famille juive, Mieli obtient son diplôme de chimiste à Pise. Il participe brièvement au mouvement socialiste italien, idéologie à laquelle il adhérera jusqu'à sa mort. Par la suite, il déménagera à Leipzig puis à ⁣⁣Rome⁣⁣, là où il devient instituteur universitaire en 1908. Pendant cette période, il dispensera quelques cours à la La Sapienza et s'impliquera dans diverses revues scientifiques en tant que contributeur et organisateur. En 1919, il fonde une première revue, Archives d'histoire des sciences (Archivio di storia della scienzia en italien). Cette revue, il la renommera Archeion puis deviendra Archives internationales d'histoire des sciences, demeurant encore une revue de référence. En 1921, Mieli fondera et deviendra directeur d'une deuxième publication, la "Revue des études sexuelles" (Rassegna di studi sessuali), ainsi qu'une "Société Italienne pour l'étude des questions sexuelles" (Società italienne per le studio delle questioni sessuali). La Rassegna, unique lieu de débat caractérisé par son traitement rigoureux d'une sexologie naissante qui demeuraient largement tabou, voit de nombreux articles ou Mieli défend de la tolérance sexuelle. Il rassemblera des contributeurs tels que Magnus Hirschfeld, médecin et notoire activiste pour la libération homosexuelle, ainsi que des spécialistes en santé publique[1]. La Rassegna traite des sujets tels que le divorce, l'éducation sexuelle dans les écoles, la contraception, l'avortement ou la prostitution[2].

En 1928, inquiet pour l'évolution de la situation politique en Italie et se considérant ciblé par les autorités, possiblement en raison de son activité politique passée et de son homosexualité, il quittera l'Italie pour la France pour ne plus jamais y retourner. Son appartement à Rome sera suite soumis à une perquisition 6 mois plus tard en raison de suspicions de servir d'entrepôt de propagande anti-fasciste. C'est à partir de son départ qu'il va abandonner son rôle en tant que directeur de la Rassegna pour se consacrer complétement à l'histoire de la chimie et des sciences. Il rejoint le Centre de Synthèse[3] d'Henri Berr avec un poste permanent qu'il échange contre son exceptionnelle bibliothèque, ramenée de Rome. En tant que directeur de la section d'histoire des sciences et des techniques, il collabore avec des historiens tels que Hélène Metzger et Pierre Brunet. C'est pendant cette période qu'il sera auteur de la fondation du "Comité de sciences historiques", qu'il fera d'Arqueion, qu'il continue de faire imprimer à Rome, la publication officielle du Comité. Nommé "secrétaire perpétuel", Mieli mobilise son large réseau de bonnes relations avec des historiens des sciences tels que George Sarton pour organiser des successifs "Congrès des sciences historiques" et développer les activités du comité, dont le nom changera en Académie internationale d'histoire des sciences en 1931. Il aura un rôle central à l'heure de trouver des premiers membres de l'Académie. Son siège situé dans les locaux du 12 Rue Colbert qu'Henry Berr destine à l'Académie[4].

Inquiet face à l'évolution de la situation internationale et craintif des conséquences d'une guerre contre l'Allemagne, Mieli s'exilera encore une fois en Argentine, là où il compte avec des contacts tels que Julio Rey Pastor. Il arrivera en Amérique extrêmement affaibli par une maladie contractée pendant le voyage. Par la suite, il sera enseignant à l'Université de El Litoral jusqu'à devoir abandonner son poste en raison de la censure du gouvernement qui prend le pouvoir à partir du coup de 1943. Ayant considéré puis rejeté l'idée de s'exilé encore une fois, il se consacrera à l'écriture d'articles et ouvrages. Associé à José Babini et avec le support de divers mécènes, il aura à publier des ouvrages d'histoire des sciences avec une approche plus accessibles au grand public, qui lui serviront comme moyen de subsistance. Il déclarera son objectif vital d'écrire un manuel qui rassemblerait une histoire complète des sciences, depuis l'Antiquité à la modernité. Il avait déjà tenté de créer une telle compilation en Italie puis en France, mais il n'achèvera jamais le projet de l'achever en espagnol. À partir de 1946 l'Académie reprend son activité, mais Mieli ne reprendra pas ses fonctions de secrétaire perpétuel, qui sont assurées par Pierre Brunet. Il souffrira d'une surdité qui, tout comme son état de pauvreté et réclusion, contribuent à un isolement croissant. Il meurt à Floride le 16 février 1950.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) C. Chimisso, « Fleeing Dictatorship: Socialism, Sexuality and the History of Science in the Life of Aldo Mieli », History Workshop Journal, vol. 72, no 1,‎ , p. 30–51 (ISSN 1363-3554 et 1477-4569, DOI 10.1093/hwj/dbq049, lire en ligne, consulté le )
  2. Magnus Hirschfeld, La riforma sessuale su base scientifica, "Rassegna di studi sessuali", I 1921, págs. 229-238. (Resumen: Tinto, Roma 1929).
  3. Hoy Centro Alexandre Koyré
  4. Canal Académies, « L’Académie internationale d’histoire des sciences », sur Canal Académies, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]