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== Évolution et diffusion ==
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[[Fichier : Elasmotherium sibiricum skull.jpg|thumb|Crâne d' ''Elasmotherium sibiricum'']]
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On a retrouvé de nombreux fossiles appartenant à des espèces diverses de cet animal : les restes les plus anciens ont été retrouvés en Chine orientale dans des terrains remontant au Pliocène supérieur, et ils appartiennent aux espèces ''Elasmotherium inexpectatum'' et ''Elasmotherium peii''. Les origines de ces formes primitives semblent résider dans le genre ''[[Sinotherium]]'', du [[Miocène]] supérieur. Les ''Elasmotherium'' primitifs ont disparu au cours du Pléistocène inférieur, il y a environ 1,6 million d'années. D'autres espèces d{{'}}''Elasmotherium'', comme ''[[Elasmotherium caucasicum]]'', sont apparues en Russie il y a environ un million d'années. L'espèce la plus grande et la plus évoluée, ''[[Elasmotherium sibiricum]]'' surnommée « licorne sibérienne », est apparue en Russie du Sud-Ouest au Pléistocène moyen, et elle s'est répandue jusqu'en Sibérie. ''Elasmotherium'' s'est répandu dans toute la [[Russie]] méridionale, en [[Ukraine]], en [[Moldavie]] et s'est éteint à la fin du Pléistocène moyen.
On a retrouvé de nombreux fossiles appartenant à des espèces diverses de cet animal : les restes les plus anciens ont été retrouvés en Chine orientale dans des terrains remontant au Pliocène supérieur, et ils appartiennent aux espèces ''Elasmotherium inexpectatum'' et ''Elasmotherium peii''. Les origines de ces formes primitives semblent résider dans le genre ''[[Sinotherium]]'', du [[Miocène]] supérieur. Les ''Elasmotherium'' primitifs ont disparu au cours du Pléistocène inférieur, il y a environ 1,6 million d'années. D'autres espèces d{{'}}''Elasmotherium'', comme ''[[Elasmotherium caucasicum]]'', sont apparues en Russie il y a environ un million d'années. L'espèce la plus grande et la plus évoluée, ''[[Elasmotherium sibiricum]]'' surnommée « licorne sibérienne », est apparue en Russie du Sud-Ouest au Pléistocène moyen, et elle s'est répandue jusqu'en Sibérie<ref name="Nature 2018"/>. ''Elasmotherium'' s'est répandu dans toute la [[Russie]] méridionale, en [[Ukraine]], en [[Moldavie]] et s'est éteint à la fin du Pléistocène moyen.


== Dans les steppes ou sur les rives des fleuves ? ==
== Dans les steppes ou sur les rives des fleuves ? ==
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[[Fichier:Elasmotherium cave art.jpg|thumb|Probable représentation d'un ''Elasmotherium'' dans la grotte de [[Rouffignac]] (France).]]
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[[Fichier:ChaudronDeGundestrup5.jpg|vignette|Possible représentation d'Elasmotherium sur le [[chaudron de Gundestrup]], retrouvé au Danemark.]]
[[Fichier:ChaudronDeGundestrup5.jpg|vignette|Possible représentation d'Elasmotherium sur le [[chaudron de Gundestrup]], retrouvé au Danemark.]]
On a pensé pendant longtemps qu’''Elasmotherium'' avait disparu à l'époque préhistorique. Mais on a découvert récemment au Kazakhstan un spécimen âgé de {{unité|26000|ans}}<ref>{{Lien web|langue=français|titre=Une véritable licorne préhistorique découverte au Kazakhstan|url=https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/20160329.OBS7330/une-veritable-licorne-prehistorique-decouverte-au-kazakhstan.html|site=|date=29 mars 2016|consulté le=}}</ref>. Il est donc probable qu'''Elasmotherium'' ait croisé la route des premiers hommes. Selon l'encyclopédie suédoise ''[[Nordisk familjebok]]'' et le chercheur Willy Ley, l'animal pourrait avoir laissé des traces dans les légendes du peuple [[evenks|Evenk]] en Russie, sous la forme d'un énorme taureau noir doté d'une corne unique au sommet de sa tête. Il existe en outre le témoignage du voyageur médiéval [[Ibn Fadlan]], généralement considéré comme une source fiable et qui indiquerait qu’''Elasmotherium'' a survécu jusqu'aux temps historiques dans le Nord-Est de l'[[Iran]] actuel.
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Voici le témoignage d'Ibn Fadlan :
Voici le témoignage d'Ibn Fadlan :
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{en}} N.G. Noskova, « Elasmotherians - evolution, distribution and ecology », ''The World of Elephants'' - International Congress, Rome 2001
* {{en}} N.G. Noskova, « Elasmotherians - evolution, distribution and ecology », ''The World of Elephants'' - International Congress, Rome 2001
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== Références taxinomiques ==
== Références taxinomiques ==

Version du 4 décembre 2018 à 18:30

Elasmotherium, appelé aussi « licorne géante », est un genre éteint de rhinocérotidés qui a vécu en Asie et en Europe de la fin du Pliocène jusque vers la fin du Pléistocène, c'est-à-dire il y a environ entre −2,6 millions d'années et −26 000 ans.

Étymologie

Le mot « Elasmotherium » est formé à partir du grec έλασμος, « lame », et θηρίον, « bête sauvage », le premier terme renvoyant à la forme des molaires de l'animal, par ailleurs dépourvu d'incisives et de canines.

Un animal imposant

Reconstitution graphique de deux Elasmotherium sibiricum, la plus grande espèce du genre.

Ce mammifère était d'une grande taille : il atteignait une hauteur de 2 mètres au garrot et une longueur de 6 mètres. Son crâne supportait une corne énorme haute de presque 2 mètres. L'animal pourrait avoir atteint un poids de 5 tonnes. Ses pattes étaient plus longues que celles des rhinocéros actuels, et étaient faites pour le galop, ce qui donnait à l'animal une allure semblable à celle du cheval. C'était probablement un coureur rapide, en dépit de sa taille. Les dents étaient semblables à celles des chevaux, et indiquent probablement un régime à base d'herbes coriaces.

Évolution et diffusion

Crâne d' Elasmotherium sibiricum

On a retrouvé de nombreux fossiles appartenant à des espèces diverses de cet animal : les restes les plus anciens ont été retrouvés en Chine orientale dans des terrains remontant au Pliocène supérieur, et ils appartiennent aux espèces Elasmotherium inexpectatum et Elasmotherium peii. Les origines de ces formes primitives semblent résider dans le genre Sinotherium, du Miocène supérieur. Les Elasmotherium primitifs ont disparu au cours du Pléistocène inférieur, il y a environ 1,6 million d'années. D'autres espèces d'Elasmotherium, comme Elasmotherium caucasicum, sont apparues en Russie il y a environ un million d'années. L'espèce la plus grande et la plus évoluée, Elasmotherium sibiricum surnommée « licorne sibérienne », est apparue en Russie du Sud-Ouest au Pléistocène moyen, et elle s'est répandue jusqu'en Sibérie[1]. Elasmotherium s'est répandu dans toute la Russie méridionale, en Ukraine, en Moldavie et s'est éteint à la fin du Pléistocène moyen.

Dans les steppes ou sur les rives des fleuves ?

Distribution d’Elasmotherium sibiricum durant le Pléistocène moyen et supérieur

Les particularités morphologiques des Elasmotherium ont fait naître deux hypothèses principales concernant leur aspect et les caractéristiques de leur habitat. La première, acceptée par la plupart des spécialistes, décrit les Elasmotherium comme de grands animaux à longs poils, avec une corne gigantesque sur le sommet du crâne, et qui habitaient les steppes ouvertes. Des restes de corne, cependant, n'ont jamais été retrouvés ; on a seulement une impressionnante structure osseuse qui faisait fonction de support.

L'autre hypothèse voit dans les Elasmotherium des animaux qui vivaient à proximité des rives de fleuves. Cette théorie se fonde sur la morphologie dentaire et crânienne : la combinaison de caractères comme l'absence de canines et les mouvements latéraux des mâchoires fortement développées impliquent des mouvements latéraux de la tête, vraisemblablement pour se nourrir d'herbe. Les prairies initiales étaient formées d'espèces en C3, qui sont plus nutritives que les espèces en C4[2]. La denture hypsodonte indique la présence de minéraux dans l'alimentation ; une nourriture de ce type se trouve principalement sur les rives des cours d'eau. D'autre part, les pattes longues et sveltes pouvaient servir à l'animal pour se déplacer sur de vastes aires de pâture, comme les steppes. Il est au fond possible que les deux hypothèses soient correctes.

Témoignages historiques

Probable représentation d'un Elasmotherium dans la grotte de Rouffignac (France).
Possible représentation d'Elasmotherium sur le chaudron de Gundestrup, retrouvé au Danemark.

On a pensé pendant longtemps qu’Elasmotherium avait disparu à l'époque préhistorique. Mais on a découvert récemment au Kazakhstan un spécimen âgé de 26 000 ans[3], et on estime désormais la date d'extinction d'Elasmotherium sibiricum à environ 39 000 ans[1]. Il est donc probable que des espèces du genre Elasmotherium aient croisé la route des premiers hommes. Selon l'encyclopédie suédoise Nordisk familjebok et le chercheur Willy Ley, l'animal pourrait avoir laissé des traces dans les légendes du peuple Evenk en Russie, sous la forme d'un énorme taureau noir doté d'une corne unique au sommet de sa tête. Il existe en outre le témoignage du voyageur médiéval Ibn Fadlan, généralement considéré comme une source fiable et qui indiquerait qu’Elasmotherium a survécu jusqu'aux temps historiques dans le Nord-Est de l'Iran actuel.

Voici le témoignage d'Ibn Fadlan :

« Aux confins d'une vaste steppe, habite, dit-on, un animal plus petit qu'un chameau mais plus grand qu'un taureau. Sa tête est la tête d'un mouton, et sa queue celle d'un taureau. Son corps est celui d'un mulet et ses sabots ressemblent à ceux d'un taureau. Au milieu de la tête se trouve une corne, épaisse et arrondie, et plus elle devient haute plus elle devient étroite, pour ressembler à la fin à une pointe de lance. Quelques-unes de ces cornes croissent jusqu'à trois ou cinq aunes, la moitié de la taille de l'animal. Il se nourrit de feuilles des arbres, qui sont une végétation excellente. Chaque fois qu'il voit un cavalier il s'approche et, si le cavalier a un cheval rapide, le cheval essaie éperdument de fuir ; si la bête les rejoint, elle fait tomber le cavalier de sa selle avec sa corne, le lance en air, et le frappe avec la pointe de la corne, et continue ainsi jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mais elle ne frappe ni ne blesse le cheval de quelque façon que ce soit. Les habitants du lieu poursuivent l'animal dans les steppes et dans la forêt jusqu'à ce qu'ils arrivent à le tuer. Voici comment les choses se passent : ils grimpent sur des arbres élevés entre lesquels passe l'animal. Quelques archers lui décochent des flèches empoisonnées ; et lorsque la bête est au milieu d'eux, ils la frappent et la blessent jusqu'à la mort. Moi-même j'ai vu trois grandes coupes, qui ressemblaient à des coquilles du Yémen, elles étaient la propriété du roi, qui m'a dit qu'elles venaient de la corne de cet animal. »

— Ibn Fadlan

Certains ont supposé que la survie d’Elasmotherium pendant les temps historiques pourrait être à l'origine du mythe de la licorne, puisque la description de l'animal correspond parfaitement à la licorne karkadann de la Perse, à l'Indrik du folklore russe et à la licorne zhi de la Chine.

Deux témoignages laissent à penser que cet animal a pu disparaitre bien plus récemment.

Tout d'abord une citation de Jules César dans la guerre des gaules, lors de sa description des animaux de la forêt Hercynienne (Livre 6 - 26) :

« D’abord un bœuf, ayant la forme d’un cerf, et portant au milieu du front, entre les oreilles, une corne unique plus haute et plus droite que celles qui nous sont connues ; à son sommet elle s’épanouit en empaumures et en rameaux. Mâle et femelle sont de même type, ont des cornes de même forme et de même grandeur »

— Jules César

La terminaison en rameau des cornes de cet animal semble toutefois éliminer la correspondance.

Par contre nous pouvons voir une représentation précise de l'Elasmotherium sur le chaudron de Gundestrup, ce qui ne permet aucun doute sur le fait que les anciens celtes aient côtoyé cet animal ou du moins en aient gardé le souvenir.[réf. nécessaire]

Liste des espèces

Reconstitution d'Elasmotherium sibiricum.

Selon BioLib (1 janvier 2018)[4] :

À la télévision

Dans la série documentaire Prehistoric Park, Nigel Marven sauve un Elasmotherium.

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • (en) N.G. Noskova, « Elasmotherians - evolution, distribution and ecology », The World of Elephants - International Congress, Rome 2001
  • (en) Pavel Kosintsev et al., « Evolution and extinction of the giant rhinoceros Elasmotherium sibiricum sheds light on late Quaternary megafaunal extinctions », Nature,‎ (DOI 10.1038/s41559-018-0722-0, lire en ligne).

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. a et b (en) Pavel Kosintsev et al., « Evolution and extinction of the giant rhinoceros Elasmotherium sibiricum sheds light on late Quaternary megafaunal extinctions », Nature,‎ (DOI 10.1038/s41559-018-0722-0, lire en ligne).
  2. (en) Raymond V. Barbehenn, Zhong Chen, David N. Karowe et Angela Spickards, « C3 grasses have higher nutritional quality than C4 grasses under ambient and elevated atmospheric CO2 », Global Change Biology (en), vol. 10,‎ , p. 1565–1575 (DOI 10.1111/j.1365-2486.2004.00833.x, lire en ligne, consulté le )
  3. « Une véritable licorne préhistorique découverte au Kazakhstan »,
  4. BioLib, consulté le 1 janvier 2018