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Langage sifflé

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Le langage sifflé est un mode de communication consistant à siffler au lieu de parler, répandu dans le monde entier mais limité à des environnements où les sifflements sont plus efficaces que la parole ordinaire (montagnes et forêts denses, principalement). On connaît environ 70 populations qui pratiquent actuellement le langage sifflé. Chacun de ces langages n'est pas une langue indépendante mais une extension de la langue locale.

Histoire et répartition actuelle

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De l'Antiquité à nos jours

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Dans Melpomène, le livre IV de ses Histoires, Hérodote mentionne l'existence d'Éthiopiens troglodytes qui « parlent comme des chauves-souris »[1].

Plusieurs navigateurs de l'Antiquité rapportent que les Guanches, anciens habitants des îles Canaries, pratiquaient, outre leur parler habituel, un langage sifflé, connu actuellement sous le nom de silbo. Celui-ci leur permettait de communiquer de vallée en vallée sur plusieurs kilomètres. Quoiqu'il soit désormais basé sur la langue espagnole, le silbo est encore pratiqué par quelques Canariens qui tentent de remettre cette langue à l'honneur. En 2009, l'UNESCO a inscrit le Silbo Gomero, langage sifflé de l’île de la Gomera (îles Canaries), sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité[2].

Pour des navigateurs européens[Qui ?], un langage du même type aurait existé dans les vallées andines[Quoi ?][réf. nécessaire]. Aujourd'hui, leur survie est attestée par les travaux du bioacousticien Julien Meyer, qui a formé un réseau de collaboration interculturelle sur le sujet[Quoi ?][réf. nécessaire].

Les récits traditionnels témoignent que le sifflement a été, durant des siècles, la meilleure forme de communication à distance pour les chevriers ou les bergers[1]. Les habitants du village d'Aas (Pyrénées-Atlantiques) communiquaient en occitan, également en sifflant d'un flanc de vallée à l'autre[3].

Répartition

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En 2017, environ 70 langues sifflées sont répertoriées dans le monde[1], notamment :

Plusieurs initiatives tendent à perpétuer ou ressusciter l'usage des langues sifflées :

Le langage sifflé est essentiellement utilisé pour communiquer à plus grande distance que par la voix, soit parce que les distances à couvrir sont particulièrement grandes (en montagne), soit parce que l'environnement amortit trop les sons (forêt dense ou milieu bruyant). Il sert aussi à dissimuler la parole (aux oreilles du gibier, dans la forêt amazonienne) ou son sens (en présence de non siffleurs).

Physique et biologie de la parole sifflée

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Le langage sifflé exprime les mots en soufflant l'air au travers des lèvres plus ou moins fermées, ce qui crée de petits tourbillons. Il ne dispose pas des harmoniques de la voix et n'utilise qu'une bande de fréquence limitée (et relativement basse), mais c'est suffisant pour transposer, pour l'essentiel, les mots de la langue. En Silbo, par exemple, les différentes voyelles sont exprimées par des sons de hauteur différente, et les consonnes par des interruptions plus ou moins longues du sifflement. Dans les langues tonales (comme le hmong) l'inflexion ascendante ou descendante du ton est traduite par une intonation montante ou descendante des voyelles. Dans les langues non tonales (comme l'espagnol et le grec) l'intonation sert à manifester l'accent tonique.

L'avantage d'une bande de fréquence étroite est que le son se déforme moins que la voix en fonction de la distance. La puissance émise peut également être supérieure à celle de la voix : jusqu'à 70-80 dB pour la parole modale, jusqu'à 100 dB pour la parole criée (mais les cordes vocales se fatiguent vite au dessus de 90 dB), jusqu'à 120 dB pour la parole sifflée. En raison de ces moindre déformation et puissance supérieure, la parole sifflée peut être comprise à des distances dix fois supérieures à celles de la parole criée, jusqu'à plusieurs kilomètres dans les zones dégagées[1].

Plusieurs techniques sont disponibles : en arrondissant les lèvres (pour siffler doucement), avec les doigts dans la bouche (pour siffler plus fort), avec l'aide d'une feuille ou par l'intermédiaire d'une flûte. Dans la plupart des populations concernées plusieurs techniques sont employées, en fonction de la distance à couvrir.

Le sifflement commence à peine à être étudié du point de vue neurobiologique. À La Gomera, dans les Canaries, les régions temporales de l'hémisphère gauche, celles-là mêmes qui sont impliquées dans la compréhension du langage, sont activées chez les siffleurs confirmés mais pas chez les personnes inexpérimentées. À Kuşköy, en Turquie, les deux hémisphères sont activés à l'audition de syllabes sifflées alors que c'est essentiellement l'hémisphère gauche qui l'est pour les mêmes syllabes prononcées normalement[4].

Notes et références

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  1. a b c et d Julien Meyer, « Parler en sifflant : un phénomène planétaire », Pour la science, no 476,‎ , p. 66-72.
  2. Le langage sifflé de l’île de la Gomera (îles Canaries), le Silbo Gomero sur le site de l'Unesco ; François-Xavier Gomez, « Le second souffle du silbo », Libération,‎ (lire en ligne), consulté le 20 mars 2016.
  3. Michel Feltin-Palas, « Ces Béarnais qui font revivre leur langue sifflée », L'Express, (consulté le ) ; René Arripe, Les siffleurs d'Aas, Imprimerie de la Monnaie, Pau, 1984
  4. (en) Onur Güntürkün, Monika Güntürkün et Constanze Hahn, « Whistled Turkish alters language asymmetries », Current Biology, vol. 25, no 16,‎ , R706-R708 (DOI 10.1016/j.cub.2015.06.067).

Bibliographie

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  • Julien Meyer, Description typologique et intelligibilité des langues sifflées, approche linguistique et bioacoustique : Dissertation doctorale ISH Lyon, (lire en ligne)
  • (en) Julien Meyer, Whistled Languages : A Worldwide Inquiry on Human Whistled Speech, Springer, (présentation en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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