Utilisateur:Sherwood6/Brouillon/Projet

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
En dessous d'un panneau de rue bleu affichant "Boulevard des Philosophes", un second panneau violet affiche "Boulevard Marie-Huber,(1695-1753) Théologienne".
L'une des plaques déposées : mention Boulevard Marie-Huber, en dessous du nom officiel du Boulevard des philosophes.

Le projet 100Elles* est un projet de sensibilisation au petit nombre de rues nommées d'après des femmes en ville de Genève.

Lancé en 2018 par une nouvelle association féministe, L'Escouade, il consiste en la rédaction de la biographie de 100 femmes liées à Genève ou à la Suisse et en l'apposition provisoire, en 2019 et 2020, de plaques de rue de couleur violette en dessous de leur nom officiel pour une durée de 15 jours.

C'est notamment ce projet qui conduit la ville de Genève à procéder à un renommage officiel de 29 artères ou places entre 2020 et 2023 dans le cadre d'une action de féminisation qui devait porter sur au moins 100 emplacements dans tout le canton.

Origines et description[modifier | modifier le code]

Le projet de sensibilisation 100Elles*[1] est lancé à l'été 2018[2]. Il part du constat que seuls 41 des 548 — soit 7 % — noms de rues de la ville de Genève sont nommées d'après des personnes qui portent le nom d'une femme[3].

Il est mené, en partenariat avec la ville de Genève, par une association féministe, l'Escouade[4], créée en 2017[5], qui mandate un groupe de onze historiennes de l'Université de Genève pour rédiger les biographies de 100 femmes liées à Genève ou à la Suisse et décédées depuis plus de 10 ans[4]. Selon un des membres de l'association, le déséquilibre entre le nombre de rues se référant à un homme et celles se référant à une femme ne répond pas à des critères de sélection objectifs et symbolise la domination masculine dans l'histoire[4].

À partir de ces biographies sont créées des plaques de rue alternatives de couleur violette[note 1], destinées à être apposées provisoirement en dessous du nom officiel de cent rues ou places[8]. La mise en place des panneaux — de mars 2019 à juin 2020 — se fait par série de 10 tous les 15 jours, dans 10 quartiers qui se voient chacun assigner un thème spécifique[9]. Le projet se heurte cependant à des oppositions, notamment avec le vol de 25 des plaques violettes apposées[5].

Le projet s'inspire de précédents ayant eu lieu à Bruxelles depuis 2015, ou à Paris lors de la journée des droits des femmes en 2019, mais il va plus loin, notamment en organisant des visites guidées à travers la ville[2].

Les 100 biographies documentées dans le cadre du projet sont publiées dans un ouvrage en 2020, sous le titre 100Elles*. Pour une féminisation de la mémoire collective genevoise, avec des illustrations de dix graphistes de la Haute école d'art et de design Genève[10].

Suites du projet[modifier | modifier le code]

En , la députée d'Ensemble à gauche au Grand Conseil du canton de Genève Jocelyne Haller, soutenue par le Parti socialiste, Les Verts et le Parti démocrate-chrétien[4], dépose une motion « pour une reconnaissance dans l’espace public du rôle joué par les femmes dans l’histoire genevoise »[11],[12]. Souhaitant pérenniser le projet 100 Elles*[4], elle invite le Conseil d'État « à renommer, dans un délai de trois ans, au moins cent rues ou places d’importance du canton avec des noms de personnalités féminines » « en s'appuyant notamment sur le projet 100Elles* »[11]. Le texte est adopté en juin de la même année[12], une semaine avant la Grève des femmes, par 46 oui, 5 non, 24 abstentions[1].

Après approbation par le Conseil d'État, 10 premières rues et places de la ville de Genève, sur les 14 proposées, font l'objet d'un renommage[13] au [14] dans le cadre d'un plan d’action municipal « Objectif zéro sexisme dans ma ville »[15]. Neuf autres, à nouveau sur 14 proposées[16], suivent au [17],[18]. Les neuf dernières, sur 16 proposées[19], sont décidées en 2023 et entrent en vigueur le [20].

En décembre 2023, le Conseil d'État durcit les critères d'acceptation, en excluant les rues « pour lesquelles la population résidente a manifesté des oppositions au changement », ce qui pour le maire de Genève Alfonso Gomez risque de mettre un coup d'arrêt au processus, sachant que la ville estime avoir fait sa part, avec 29[à vérifier] changements, et qu'aucune autre ville du canton n'a demandé de renommage[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le violet est la couleur du féminisme[6],[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Laurent Grabet, « La féminisation des rues s’invite dans les municipales », GHI, (consulté le )
  2. a et b (en) Haakon Ikonomou, « Historical Women Take the Streets of Geneva: Restoring the Legacy of International Organizations’ Working Bees » (blog d'une historienne sur le site de l'université d'Aarhus), sur projects.au.dk, (consulté le )
  3. Isabelle Muurgeres, Terriennes, « À Genève, les noms de rue se féminisent », sur TV5 Monde, (consulté le )
  4. a b c d et e Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Déjà 25 plaques «100Elles» volées », sur GHI, (consulté le )
  6. « Journée des droits des femmes 2024 : que signifie le violet ? », Elle (magazine), (consulté le )
  7. Salammbô Marie, « Se parer de violet pour militer », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  8. Laure Manent, Aline Bottin, Camille Pauvarel, Virginie Herz et Stéphanie Cheval, « ActuElles - Féminiser la ville en rebaptisant les rues » (entretien TV), sur France 24, (consulté le )
  9. « Cent rues genevoises féminisées », sur www.unige.ch, (consulté le )
  10. Benjamin Chaix, « Publication romande – Cent Genevoises mises à l’honneur dans un livre », Tribune de Genève, (consulté le )
  11. a et b Grand Conseil du canton de Genève, Proposition de motion 2536 du « pour une reconnaissance dans l’espace public du rôle joué par les femmes dans l’histoire genevoise » [lire en ligne (page consultée le 29 avril 2024)]
  12. a et b Marie Prieur, « En cas d’opposition, la rue ne changera pas de nom », sur 20 minutes (Suisse), (consulté le )
  13. ats/jpr/sjaq, « La Ville de Genève renomme dix rues et places avec des noms de femmes », sur Radio télévision suisse, (consulté le )
  14. Arrêté du Conseil d'État du 26 août 2020 relatif à la rebaptisation d'artères sur le territoire de la ville de Genève [lire en ligne (page consultée le 1er mai 2024)]
  15. Aurélie Toninato, « Espace public genevois – L'UDC veut limiter les modifications de noms de rue », Tribune de Genève, (consulté le )
  16. Francis Haller, « Féminisation des rues : « La Ville récidive ! » », GHI, (consulté le )
  17. Agence télégraphique suisse, « Genève : neuf rues renommées d’après des femmes », La Côte (quotidien), (consulté le )
  18. Arrêté du Conseil d'État du 9 mars 2022 relatif à la rebaptisation d'artères sur le territoire de la commune de Genève [lire en ligne (page consultée le 2 mai 2024)]
  19. Département des finances, de l'environnement et du logement, « Féminisation des noms de rue : 3e volée », sur Ville de Genève, (consulté le )
  20. Arrêté du Conseil d'État du relatif à la rebaptisation d'artères sur le territoire de la commune de Genève [lire en ligne (page consultée le 2 mai 2024)]
  21. Marie Prieur, « En cas d’opposition, la rue ne changera pas de nom », sur 20 minutes (Suisse), (consulté le )