Aller au contenu

Utilisateur:Pierre67430/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Josias Glaser, baptisé le 1er août 1588 à Strasbourg et disparu vers 1650, est un homme politique et diplomate strasbourgeois.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les débuts de sa vie[modifier | modifier le code]

Josias Glaser est baptisé le 1er août 1588 dans la paroisse Saint-Thomas à Strasbourg, fils d’Anna Glaser (1562-1624), née Rihel, et de Philipp Glaser (1554-1601), qui est professeur au Gymnase puis à l’Académie de Strasbourg, où il est un professeur d’histoire reconnu et rigoureux.

Josias a également quatre frères et deux sœurs connus : Philipp II (1580-après 1623) imprimeur-libraire de 1604 à 1614 environ, puis contrôleur à la trésorerie municipale en 1623 ; Theodosius (1590-avant septembre 1619), imprimeur-libraire également, de 1614 à 1619 à la suite de Philipp II (une autre hypothèse place ses années actives entre 1613 et 1623) ; Philipp Friedrich (actif de 1617 à 1632) qui continue l’œuvre de son père et nous avons aussi de lui une oraison funèbre en latin en l’honneur de la mort du roi de Suède Gustave-Adolphe datant de 1632[1] ; Anna ; Katharina (1599-1666), qui hérite de l’imprimerie familiale et la transmet à ses maris successifs ; et enfin Wilhelm Christian (1601-1636) qui reprend l’imprimerie de son frère Theodosius et devient également imprimeur de l’université à partir de 1627, actif en tant qu’imprimeur de 1624 à 1636. Nous pouvons également ajouter que Glaser est, selon Rodolphe Reuss, cousin de Samuel Gloner (1598-1642)[2].

Ainsi nous avons une vue d’ensemble des origines et de la fratrie de Josias Glaser. Nous ne disposons que de peu d’informations sur les Glaser, mis à part Phillip, le père de Josias. Mais la famille s’est fait un nom, déjà avec la notoriété du père, et par la suite avec son activité d’imprimeur, car bon nombre d’ouvrages de l’époque sont publiés chez les Glaser[3].

Les premières apparitions de Josias Glaser dans l'appareil politique[modifier | modifier le code]

Dès 1610, le personnage est actif et nous trouvons ses premières traces avec la publication à Heidelberg d’une oraison funèbre de 20 pages en latin, en l’honneur de son parrain le comte Albert Otto Ier de Solms-Laubach (de) (1576-1610), écrite par Josias Glaser lui-même[4]. Cette connaissance du latin et de l’art de l’écriture est peut-être due à ses études réalisées à Strasbourg, mais cela est certain pour Heidelberg, puisque son opuscule publié dans cette même ville en 1610, coïncide avec son inscription sur les matricules de l’université de Heidelberg en mai 1610[5].

Josias Glaser secrétaire du Conseil des XV (1616-1618)[modifier | modifier le code]

Malgré la publication de cet hommage, ce n’est pas dans ce milieu que nous allons le retrouver six ans plus tard, mais c’est en 1616 que nous pouvons trouver les premières mentions du personnage dans la sphère politique de la ville de Strasbourg, le 6 avril précisément, où il est question de la nomination d’un nouveau secrétaire du Conseil des XV. Un membre du Conseil recommande Glaser à ce poste, en ajoutant qu’il serait tout à fait capable d’exercer cette charge. Le 10 avril, il plaide sa cause devant le Conseil et obtient le poste convoité. Ainsi, le 27 avril Glaser est nommé au poste de secrétaire des XV, et suivant les us et coutumes, est installé le lendemain. Ce poste est, selon les dires de l’intéressé, le premier poste qu’il occupe. Selon Rodolphe Reuss, Glaser a une fortune certaine et des possessions importantes tant en Alsace, qu’au dehors, puisque souvent des congés lui sont accordés pour s’occuper de ses affaires à Spire, Francfort et dans la Wetterau.

Il se fait également remarquer suite à un contentieux avec l’Ammeister Matthäus Gei(y)ger (1560-1628) en 1618, puisqu’il est entré dans la salle du Conseil des XXI durant une séance secrète.

Bailli à Wasselonne et retour chez les XV (1618-1620)[modifier | modifier le code]

À la fin de l’année 1618, Glaser quitte son poste de secrétaire des XV pour celui de bailli de Wasselonne, où il remplace Johann Heller (1559-1632), qui deviendra Ammeister en 1623 et 1629. C’est alors que pendant le temps où il demeure bailli, Glaser fait tout pour mettre la ville en état de défense, face aux menaces que la guerre de Trente Ans commence à faire peser en Alsace. Mais cet interlude wasselonnais tourne court, puisqu’à la mi-1620, il est remplacé en tant que bailli, et redevient secrétaire du Conseil des XV par acte officiel daté du 24 juin 1620 paraphé par Glaser lui-même. Par ailleurs, il est bien précisé dans le document son précédent poste de bailli de Wasselonne. Ainsi, il reste secrétaire des XV pendant quelques années.

C’est alors que sa trace est perdue jusqu’en 1624, où il apparaît lors du débat de sa nomination comme quatrième avocat général de la ville, poste qui lui est refusé au prétexte de sa religion. Il s’attire d’ailleurs les foudres du Conseil des XIII pour cela dès 1618, jaloux de l’habileté de l’agent du Conseil « ennemi » des XV, accusant Glaser de « crypto-calvinisme »[6].

Josias Glaser, « l’homme d’argent » de la République[modifier | modifier le code]

Glaser à la recherche de subsides pour Strasbourg (1628-1631)[modifier | modifier le code]

C’est lors de l’année 1628 que Josias Glaser accomplit sa première mission diplomatique. En effet durant le mois de septembre, le Magistrat de Strasbourg l’envoie en mission secrète à Francfort-sur-le-Main, avec pour but officiel de régler les affaires de l’imprimerie Rihel et de distribuer quelques ouvrages de droit qu’il avait imprimés à la foire de la ville, la mission officieuse étant de négocier un emprunt à la ville pour renflouer les caisses strasbourgeoises désespérément vides. Mais cette mission est un fiasco et il rentre à Strasbourg sans un sou. Il essaie même de contracter des prêts auprès de particuliers à Mayence, Trèves, Ulm ou encore Nuremberg, encore une fois ses recherches restent vaines.

En juillet 1631, Glaser est envoyé à Baden en Suisse, où se tiennent les états financiers (Jahresrechnung) de la Confédération helvétique. Il est chargé de demander aux députés des villes de Berne et Zurich, villes alliées de la République, le remboursement des 100 000 florins prêtés par Strasbourg en 1588. Malheureusement il n’obtient que des réponses négatives de la part des Suisses.

L’ancien secrétaire des XV se rapproche de la France[modifier | modifier le code]

Concernant cette mission de Josias Glaser en France durant l’année 1631, nous nous reporterons tout particulièrement à l’étude de Rodolphe Reuss sur le sujet.

La ville de Strasbourg se rapproche de la France. La préparation d’une mission à Paris (1629-1631)[modifier | modifier le code]

Richelieu propose son aide à la ville de Strasbourg, sachant qu’elle endure des difficultés financières, car la France tient à se faire, dans le cadre de sa lutte contre les Habsbourg, des alliés en Alsace pour s’implanter dans les terres entre les Vosges et le Rhin. Dès la publication de l’Édit de Restitution, la France propose son aide à la ville par l’intermédiaire du diplomate protestant au service de la France Melchior de l’Isle. Les recherches de fonds de la République ayant échouées, le Magistrat, avec certaines réserves concernant les intentions françaises, se voit dans l’obligation de se tourner vers la France pour obtenir des subsides.

C’est ainsi qu’en mai 1631, Strasbourg, par l’intermédiaire de Melchior de l’Isle, demande secrètement un prêt au roi de France. Cette requête est accueillie favorablement par le roi en juillet, et il ne reste alors plus à la ville que d’aller récupérer la somme promise, tout en évitant que la nouvelle s’ébruite auprès des Impériaux. Le choix des Conseils se porte alors sur Martin Andreas König, négociant et notable de la ville. Mais c’est De l’Isle qui fait basculer le choix du Magistrat en demandant explicitement l’envoi de Josias Glaser pour cette mission. De même le Père Joseph (1577-1638), « éminence grise » du cardinal de Richelieu, souhaite s’entretenir avec ce personnage qui lui est déjà familier.

Josias Glaser n’en serait donc pas à ses premiers contacts avec la France, puisque dès 1624 et malgré sa position officielle dans l’administration de la République, il profite de la protection de la France, et jouit même dès 1629 d’une pension annuelle de 2 000 livres octroyée par le roi. De même dès 1627 il ne cache pas son désir de voir Strasbourg placée sous protection française. Mais Rodolphe Reuss reste plus sceptique quant à la possibilité que Glaser ait pu se rendre un jour à Paris, au contraire de son père dont les relations dans la capitale ont été nombreuses, mais toujours selon Reuss, le Père Joseph a pu le rencontrer lors d’un voyage diplomatique en Allemagne ou à Strasbourg.

Le 13 juillet se déroule au Conseil des XXI l’élection de l’envoyé qui sera affecté à la mission française, et Glaser ne l’emporte que d’une seule voix face à König, à cause de la réticence de certains conseillers.

Josias Glaser en route vers Paris (juillet 1631)[modifier | modifier le code]

Cette même réserve envers Glaser se lit dans les instructions que le Magistrat formule à son égard et qui lui sont remises le 16 juillet. En effet, il est sommé de se comporter avec la plus grande sagesse et réserve pour ne pas trop engager la ville dans des relations poussées avec la France ; il doit utiliser un carrosse qui retournera dans quelques jours à Paris avec un convoi d’autres voitures ; il ne peut se faire accompagner que d’une seule personne dévouée à son service, sans compter celle procurée par les Conseils ; lors de son voyage et à Paris même, il doit se comporter comme un simple particulier n’ayant aucune mission officielle ; il doit s’abstenir de toutes visites inutiles et de conversations trop étendues sur le sujet, hormis avec les personnes avec lesquelles il est nécessaire de s’entretenir pour la négociation financière ; de même avec le Père Joseph auquel il ne doit répondre à aucune autre question ne concernant pas le prêt ; son seul but est d’essayer d’obtenir les conditions les plus favorables possibles à ce prêt, c’est-à-dire des termes de remboursement largement espacés et la promesse de ne pas avoir à payer d’intérêts trois ans durant ; Glaser doit également s’assurer qu’on lui paie en « belle monnaie ». Les ordres du Magistrat sont clairs et précis. Ce dernier prend d’ailleurs soin de faire signer et parapher ces instructions par l’intéressé.

De même, Josias Glaser reçoit l’obligation des 50 000 livres prêtées à la ville de Strasbourg remise par Louis XIII et datée du 16 juillet 1631 également. Pour terminer les formalités administratives, le Magistrat accrédite Glaser auprès du roi de France et lui permet de signer l’obligation pour les fonds français qui seront accordés à la République, lettre datée tout comme la précédente du 16 juillet. Dès à présent l’envoyé strasbourgeois est prêt à partir pour Paris.

Glaser en mission à la cour du roi de France[modifier | modifier le code]

Pour cette mission du Strasbourgeois à Paris, nous nous intéresserons tout particulièrement au travail de Rodolphe Reuss encore une fois, qui dans son article publie, traduit et commente toute la correspondance du-dit Glaser qu’il entretient avec le Magistrat et les Conseils de la ville durant son voyage. En réalité, il narre sa mission diplomatique en France de telle manière que l’on peut assimiler son récit à une autobiographie, fourmillant de détails et d'anecdotes, et non plus à un compte-rendu destiné au Magistrat de la ville libre[7].

De même, nous pouvons consulter la transcription du contrat signé entre la République et la France en août 1631 concernant l’emprunt de 50 000 livres par la ville, publiée par Auguste Krœber[8].

Un Strasbourgeois à Paris (juillet-septembre 1631)[modifier | modifier le code]

Le 15 juillet 1631, Josias Glaser quitte la ville de Strasbourg pour la région parisienne. Une dizaine de jours plus tard, le 27, il rencontre Claude Bouthillier (1581-1652), le secrétaire d’État aux affaires étrangères de Louis XIII à Meaux. Bouthillier lui fait rencontrer le roi en personne le lendemain pour lui remettre les lettres de créance de la ville.

Le 29 juillet, il rencontre le cardinal de Richelieu pour les mêmes raisons, cardinal auquel la ville de Strasbourg a déjà témoigné sa gratitude dans une lettre datée du 16 juillet. Glaser lui expose la situation de la République en ces temps troublés et après une longue discussion avec lui, Richelieu lui donne son entier appui. L’envoyé strasbourgeois continue la tournée des hauts-dignitaires français, puisque le 2 août il rencontre le Père Joseph à Paris et le rencontrera encore trois fois par la suite. Les négociations prennent un peu plus de temps que prévu, à cause de la situation politique du royaume de France, et c’est seulement le 12 août que le conseil royal accède aux demandes de la ville de Strasbourg : en principe les 150 000 livres sont accordées mais seul un tiers (soit 50 000 livres) sera tout de suite versé, le reste le sera plus tard et à partir de la ville de Metz. Néanmoins Glaser est encore contraint d’attendre le 21 août pour qu’il soit en possession du contrat accordant la somme en bonne et due forme à la République. Dès le jour suivant, il se rend à Paris pour toucher cette somme auprès du trésorier royal, qui malgré quelques réticences, lui verse la somme le lendemain. Ainsi, le 27 août il quitte la région parisienne. Le 2 septembre il reçoit la reconnaissance délivrée par le trésor français des 50 000 livres empruntées à la France, et rentre à Strasbourg le 7 septembre.

Glaser devant le Conseil des XIII (septembre 1631)[modifier | modifier le code]

Ce n’est pas tout d’avoir rapporté 50 000 livres à la ville de Strasbourg, Glaser doit maintenant rendre des comptes devant le Conseil des XIII le 12 septembre 1631, et notamment pour s’expliquer au sujet de ses frais de voyage, exposés dans un rapport remis également aux XIII. Mais ce rapport étant peu détaillé et peu explicite, Glaser est fustigé par le Conseil qui lui reproche ses manquements, et c’est uniquement le 24 novembre 1632 que l’affaire des comptes de Glaser est réglée.

De son apogée comme résident de Suède à sa disgrâce[modifier | modifier le code]

Après s’être fait connaître et apprécié à la cour du roi de France, il reste en constante relation avec elle. Une lettre de Louis XIII datée du 16 septembre 1631 en témoigne, où le souverain se montre très élogieux à l’égard de Glaser, et demande même à ce que désormais les relations entre la ville et son royaume se fassent par son intermédiaire. Mais la victoire des troupes de Gustave-Adolphe à Breitenfeld le 17 septembre 1631 est accueillie comme un grand soulagement et va changer l’orientation de la diplomatie strasbourgeoise. Les Suédois cherchent des alliés en Allemagne et, dans l’objectif de rallier la ville de Strasbourg à sa cause, le premier envoyé suédois, l’augsbourgeois Marx von Rehlingen, se rend dans la République le 15 octobre 1631. Dès lors les relations avec la Suède sont entamées.

Josias Glaser au service de Gustave-Adolphe[modifier | modifier le code]

Glaser nommé conseiller du roi de Suède (9 janvier 1632)[modifier | modifier le code]

Après le départ de Marx von Rehlingen à Strasbourg, le roi de Suède nomme Josias Glaser conseiller royal par une lettre du 9 janvier 1632. Rodolphe Reuss l’explique par la protection française dont jouit le Strasbourgeois, et par la signature du traité de Bärwalde entre les royaumes de France et de Suède le 23 janvier 1631, ce qui lui permet d’entrer dans les bonnes grâces de Gustave-Adolphe. Mais la raison la plus pragmatique paraît être la recommandation faite par Rehlinger à son commanditaire en faveur du Strasbourgeois, avec lequel il a eu affaire lors de sa mission dans la ville, comme le dit Jean-Baptiste Ellerbach[9].

Le 24 janvier, Glaser mentionne devant les XV son intention d’accepter la proposition du roi de Suède, le Conseil décide également d’en informer les « drey geheymen Stuben ». Les trois Conseils se réunissent le 30 janvier, un conseiller des XV expose la situation, dit que Glaser veut accepter la proposition du roi de Suède parce que de cette manière il pourra mieux servir sa patrie. La réunion se conclut en appelant à de futures réflexions sur ce sujet. Ainsi, dès le lendemain les Verordneten Herren débattent de la nomination de Glaser. L’accueil de la nouvelle est plutôt froid. Une question pertinente est posée par le Docteur Schmidt - étant absent à cette séance, celle-ci est posée par l’intermédiaire de Becht - pour savoir si Glaser pourra assister aux délibérations des chambres secrètes lorsqu’il sera conseiller du roi Suède. La conclusion à la question est simple : l’affaire doit traîner.

Nomination au poste de commissaire royal en Alsace ? (11 février 1632)[modifier | modifier le code]

Rodolphe Reuss mentionne le fait que Glaser serait devenu commissaire royal en Alsace par une lettre datée de Hoechst du 11 février 1632. Certes, la lettre encourage Josias Glaser, avec l’aide du margrave Frédéric de Bade-Durlach, à amener la ville de Strasbourg à conclure une alliance avec la Suède ; mais il semble que Reuss se trompe, puisqu’il n’est fait aucune mention d’une quelconque charge de commissaire pour Josias Glaser. Toujours est-il que Glaser est considéré comme le prédécesseur de Friedrich Richard Mock(h)el (mort avant 1646), résident suédois en Alsace à partir de 1634.

Glaser, figure de proue du parti suédois à Strasbourg ? (mars 1632)[modifier | modifier le code]
Le secrétaire des XV devient résident du roi de Suède (4 mars 1632)[modifier | modifier le code]

Deux mois après l’avoir nommé conseiller royal, le souverain suédois désigne Josias Glaser résident de sa couronne à Strasbourg le 4 mars 1632. Mais pour pouvoir exercer cette fonction, il doit renoncer à toutes ses charges publiques (notamment celle de secrétaire du Conseil des XV) et également à son droit de bourgeoisie, comme le mentionnent les XV. Glaser renonce à son droit de bourgeoisie durant le mois de mars, ainsi que toute sa famille également.

Le résident et le margrave de Bade-Durlach font pression sur la République (27 mars 1632)[modifier | modifier le code]

Ainsi nous avons vu que dès janvier 1632, Josias Glaser est chargé par le roi de Suède, avec l’aide du margrave Frédéric de Bade-Durlach, d’amener la ville de Strasbourg à signer une alliance avec lui. Le margrave montre une certaine impatience envers Glaser.

Enfin, Glaser, accompagné du margrave de Bade-Durlach et de Ernst Friedrich von Remchingen, tente d’ouvrir les négociations de l’alliance avec la Suède le 17 mars 1632. Le résident se présente alors devant les Conseils de la ville pour plaider sa proposition consistant à se rapprocher de Gustave-Adolphe, afin de conclure une alliance sérieuse. Cette proposition demande concrètement une considérable somme d’argent ; des munitions, des approvisionnements et des facilités pour l’armée suédoise ; le libre passage, sur les ponts de la ville notamment ; d'importantes nouvelles levées de troupes ; protection et assistance pour le margrave de Bade-Durlach.

Le 22 mars, les Verordneten Herren entérinent le fait de produire une résolution pour répondre à ces propositions. En clair, les négociations semblent être sur le bon chemin. Deux jours après, ils confirment la formulation d'une réponse au roi de Suède. Malheureusement, il faut attendre l’arrivée de l’envoyé du roi de Suède Johann Nikodemus von Ahausen (1597-1657) en mai de la même année, pour voir ces bonnes dispositions se concrétiser.

Son retour à la France et sa disparition[modifier | modifier le code]

En mai 1633, Josias Glaser communique encore avec le Conseil des XIII sur la bataille de Pfaffenhoffen, et demande au Magistrat de la République des approvisionnements pour la ville de Haguenau. Puis durant quelques années le personnage de Glaser disparaît.

Au service du roi de France (1636)[modifier | modifier le code]

Rodolphe Reuss souligne qu’au début de l’année 1636, Josias Glaser n'apparaît plus comme étant au service de la Suède. Heiko Droste considère lui que Glaser ne semble plus occuper cette fonction à partir de 1634[10]. En réalité, c’est le chancelier Axel Oxenstierna qui le congédie après la bataille de Nördlingen, officiellement en mai 1635, et ne lui laisse qu’une vague fonction de conseiller[11].

En effet, en 1635 il repasse du côté de Louis XIII et devient agent de la France pour ses garnisons en Alsace, pensionnaire de France et selon Sitzmann conseiller politique pour les affaires d’Alsace. Comme le dit Alexander Reifferscheid : « Da auch G[laser] bei den Schweden nur den leeren Titel, ohne ausreichende Besoldung fand, bemühte er sich um eine Anstellung als Agent der französischen Regierung. »[12]

Donc cette fois c’est pour la France qu’il travaille, et il demande à de maintes reprises des munitions pour la garnison française de Haguenau. En avril 1636, il demande au Magistrat de pouvoir profiter de sa protection pour sa famille et ses biens, et quémande l’autorisation d’exercer à nouveau une fonction dans la ville, ce qui peut prouver qu’il n’en occupait plus jusque là. Désormais Glaser vit à Strasbourg, toujours pensionnaire de la couronne de France, bataillant périodiquement avec les Conseils de la ville pour des affaires mineures.

Durant l’année 1638, nous pouvons également constater la mort de l’épouse de Glaser avec laquelle il s’était marié en 1611, nommée Maria Dorothea (1591-1638), fille de l’économe Johann Mocke. De plus, le Conseil des XIII accorde au veuf une escorte de 8 hommes pour l’enterrement de sa femme.

Glaser, farouche partisan de l’annexion de l’Alsace à la France (1639-1645)[modifier | modifier le code]

En 1639, Josias Glaser, rédige un mémoire adressé au roi de France qui préconise l’annexion immédiate de l’Alsace à la France et esquissant les futures administrations qui devraient la régir. Il réitèrera son « prosélytisme » en 1646 où il renvoie un mémoire au roi. Malgré l’obstination de Glaser à promouvoir son projet, il reste cependant lettre morte, le roi ne souhaitant pas brusquer les choses, tout comme Richelieu.

Durant cette même année 1639, il épouse en secondes noces Margaretha Kohleffel, veuve du voyageur Sebastian Schach (1578-avant 1639). Malheureusement, il n’y a aucune trace de leur mariage dans les registres paroissiaux strasbourgeois.

Deux années plus tard, en 1641, nous pouvons voir dans les livres de bourgeoisie de la ville de Strasbourg que Josias Glaser réacquiert son droit de bourgeoisie, qu’il doit abandonner en 1632 pour pouvoir devenir résident de Suède.

En 1642 il sort de son silence et de son état de « diplomate en disponibilité », et offre à nouveau ses services au Magistrat. Cette fois-ci cette candidature provoque de multiples remous dans l’appareil politique strasbourgeois, puisque s’ensuivent de vifs débats au Conseil des XIII. L’Ammeister propose de lui donner la place de Stadtschreiber mais des voix s’élèvent contre cette décision comme celle de Daniel Imlin (1602-1668), fervent partisan de l’alliance avec l’Empereur, qui s’insurge contre ce personnage ne pouvant que causer du tort à la ville. De même en 1643, il se porte candidat auprès du chancelier du royaume de Suède pour succéder au résident suédois en Alsace Mockel décédé cette année.

En 1645, Glaser se rend à Paris et la situation s’envenime de plus en plus avec la ville de Strasbourg, car Glaser est considéré comme un espion à la solde des Français.

Conseiller des plénipotentiaires français aux négociations des traités de Westphalie (1646)[modifier | modifier le code]

Quelques années plus tard, nous voyons Josias Glaser, choisi pour sa bonne connaissance juridique de la situation alsacienne, accompagner la délégation française pour la signature des traités de Westphalie en 1646. Nous retrouvons ainsi notre personnage entrain de goûter du vin à Münster avec Abel Servien (1593-1659), principal négociateur français, en juin 1646. À la fin de ce même mois de juin, Josias Glaser peut compter parmi les conseillers des plénipotentiaires français. En effet, revenant d’Osnabrück où il espérait remplacer Jean de la Barde, marquis de Marolles, nommé ambassadeur en Suisse, comme résident de France. De plus, Glaser apparaît de plus en suspect aux yeux de plénipotentiaire suédois et est même considéré comme dangereux. Josias Glaser est encore à Münster à la fin du mois de juillet 1646, puisqu’il offre du vin à Jean-Balthasar Schneider (1612-1658), envoyé de la ville de Colmar aux négociations, qui dit de lui « Je m’estonne de la sottise de cet homme ».

Malheureusement son rôle, nécessairement subalterne, dans ces négociations est mal connu, comme le souligne Rodolphe Reuss.

Sa disgrâce et sa disparition (1647-1650)[modifier | modifier le code]

Après son départ de la ville de Münster il se fait enlever par des ennemis auxquels il a du payer une rançon et en outre, il a perdu tous ses biens. De même, Glaser propose encore une fois ses services à la France en 1647, puisqu’il rédige au début de cette année un Mémoire au roi sur les droits seigneuriaux en Alsace et en Brisgau, et où il insinue que lui seul serait capable d’assumer la charge de résident de sa Majesté à Strasbourg, et surtout il préconise de demander le remboursement des 50 000 livres prêtées à la ville en 1631. C’est après de nombreuses tractations, que Glaser est nommé résident de France à Strasbourg par Louis XIV en octobre 1647. Glaser est de plus en plus décrié dans la République, en août 1648, le secrétaire de la ville Johann Caspar Bernegger (1612-1675) dira même de lui : « Je l’ai mis en si mauvaise odeur [...] qu’il sert d’entretien ordinaire aux courtisans [du royaume de France] qui en parlent comme d’un infâme gueux et mauvais traître »[13] et dit encore qu’il aurait perpétré des « malversations » lorsqu’il était résident de Suède.

Il quitte également Strasbourg en août 1648, criblé de dettes et manquant de se faire arrêter pour ces raisons, désavoué par son « employeur » puisque la dette strasbourgeoise est oubliée par Louis XIV et très mal vu dans sa ville natale. Glaser rejoint à nouveau la Westphalie, avec l’autorisation du Conseil et sous surveillance de Marc Otto (1600-1674). Son rôle lors des négociations est à nouveau inconnu mais il est encore une fois décrié en avril 1649 par Daniel Imlin, qui l’accuse à nouveau de comploter contre la République.

La dernière mention que nous ayons du personnage date de 1650 à Münster. Puis le numéro 361[14] disparaît.

Postérité[modifier | modifier le code]

« D’après le peu de documents que nous avons pu réunir ici, Josias Glaser semble avoir été le précurseur des Güntzer, des Obrecht, et consorts, natures peu recommandables, auxquelles l’amour des richesses, l’ambition, la vanité blessée, la soif de vengeance, tiennent lieu de principes, et qui, pour satisfaire ces passions, n’hésitent pas à tourner contre leur propre patrie des talents qui ne devraient être employés qu’à la défendre. »[15]

« Fremde Dienstnahme war bei Intellektuellen seiner Zeit nicht selten, Glasers häufige Partiewechsel scheinen aber doch über das normale Maß hinauszugehen. »[16]

Cette citation de Rodolphe Reuss peut paraître rude envers le personnage de Josias Glaser, mais elle reflète l’étendue du personnage. Wolfgang Hans Stein modère tout de même ce propos en disant que les agissements de Glaser sont monnaie courante à l’époque, même si le cas de Glaser est particulier.

Cependant loin de tout jugement de valeur, nous pouvons considérer Josias Glaser comme un acteur, dont le réel pouvoir décisif est à nuancer, de la conclusion du traité d’alliance de la ville de Strasbourg avec la Suède en 1632. En revanche, sans ses 50 000 livres ramenées de France l’année précédente, la République n’aurait pas pu maintenir ses finances à flot. Il représente également la politique générale de la ville, hésitante, balbutiante, ne sachant de quel côté se placer, mais toujours opportuniste pour protéger son propre sort.

Josias Glaser, adulé et magnifié comme résident de la couronne de Suède par Matthias Bernegger, Johann Konrad Dannhauer & Samuel Gloner dans leurs écrits en l’honneur des Suédois et de la mort de Gustave-Adolphe, disparaît, disgracié, et sans laisser de traces.

Pour finir, comme le souligne Jean-Pierre Kintz, il fait partie de ces personnages qui préparent « les esprits à la politique de réunion au royaume [de France] »[17].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

ELLERBACH, Jean-Baptiste, Der dreißigjährige Krieg im Elsaß (1618-1648), « Vom Abzug Mansfelds bis zur Aufhebung der ersten Belagerung von Breisach 1623-1633 », tome 2, Buchdruckerei H. Martin Brumath (Unter-Elsaß), Verlag der Buchhandlung « Union » in Mülhausen (Ober-Elsaß), Mulhouse, 1925.

ELLERBACH, Jean-Baptiste & SCHERLEN, Auguste, Der dreißigjährige Krieg im Elsaß (1618-1648), « Die Schweden und Franzosen als Herren und Meister im Elsaß bis zum westfälischen Frieden 1633-1648 », tome 3, Verlag der Buchhandlung « Union » in Mülhausen (Ober-Elsaß), Mulhouse, 1928.

JACOB, Karl, Straßburgische Politik vom Austritt aus der Union bis zum Bündniß mit Schweden (1621-1632), C. F. Schmidt’s Üniversitäts-Buchhandlung, Strasbourg, 1899.

REUSS, Rodolphe, Josias Glaser et son projet d'annexer l'Alsace à la France en 1639, Imprimerie de L. L. Bader, Mulhouse, 1869.

REUSS, Rodolphe, Une mission strasbourgeoise à la cour de Louis XIII (1631) d’après des documents inédits, extrait des « Annales de l’Est », Berger-Levrault & Cie Éditeurs, Nancy, 1900.

REUSS, Rodolphe, « Les suites d’un emprunt. Épisode des relations diplomatiques de la Cour de France avec la République de Strasbourg (1646-1648) » in Annales de l’Est, Quinzième année, Berger-Levrault et Cie, Nancy, 1901, p. 538 à 591.

STEIN, Wolfgang Hans, Protection Royale. Eine Untersuchung zu den Protektionsverhältnissen im Elsaß zur Zeit Richelieus. 1622—1643, Schriftenreihe der Vereinigung zur Erforschung der Neueren Geschichte, volume 9, Aschendorff, Münster, 1978.

  1. GLASER, Philipp Friedrich, Cyparissus Serenissimo, Potentiss. Et Gloriosissimo Principi Ac Domino, Domino Gustavo Adolpho, Suecor. Gothor. Ac Vandalorum Regi, Magno Principi Finlandiae, Esthon: Ac Carel: Duci; Nec Non Ingriae Domino Ecclesiae Et Libertatis Christianae Vindici Iustissimo; : Qui maximis ex Hoste Victoriis, divinitus partis, celeberrimus, horribili illa nuper ad Lipsiam, Diebus V. & VI. Novembris, S. V. Anno Christi, M. DC. XXXII. confecta Clade, trinis peremtus globulis sclopetariis, victricem Animam, summo Imperatori (heu quantis bonorum omnium cum lachrymis ac suspiriis !) Gloriosae ac Sempiternae Militiae inferendam tradidit / Consecratus a Philippo Frider. Glasero Argentorat., Argentinæ (Strasbourg), 1632. Consulté sur http://www.gbv.de/vd/vd17/547:655147T
  2. REUSS, Rudolf (Rodolphe), M. Samuel Gloner, Ein strassburger Lehrerbild aus den Zeiten des dreissigjährigen Krieges, Separatabdruck aus der Festschrift des protestantischen Gymnasiums Strassburg, J. H. Ed. Heitz (Heitz & Mündel), Strasbourg, 1888, p. 193.
  3. Sur ce sujet, voir : PAUER, Max, Beiträge zum Buch- und Bibliothekswesen. Tome 12 : BENZING, Josef, Die Buchdrucker des 16. und 17. Jahrhunderts im deutschen Sprachgebiet, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2ème édition, 1982, p. 452.
  4. GLASER, Josias, Oratio Funebris : Super Luctuosa Morte, Generosissimi & fortissimi Herois, Domini, Domini Ottonis, Comitis in Solms ... / Scripta a Josia Glasero Argentoratense, Et Publice Habita. In Electorali Academia Heidelbergensi, Ad diem XVI Iulii Anno MDCX, Electorali Academia Heidelbergensi, [Heidelberg], 1610. Consulté sur http://digital.slub-dresden.de/id364330155
  5. RISTELHUBER, Paul, Heidelberg et Strasbourg. Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants alsaciens immatriculés à l’université de Heidelberg de 1386 à 1662, Ernest Leroux, Paris, 1888, p. 56-57.
  6. Selon Rodolphe Reuss, Glaser est accusé par les XIII d’être « [un] homme peu sûr, ambitieux, brouillon, inculpé de crypto-calvinisme, qu’on l’accusait d’être, depuis une dizaine d’années », dans : REUSS, Rodolphe, Une mission strasbourgeoise à la cour de Louis XIII (1631) d’après des documents inédits, p. 8. Ainsi il faut nuancer l’affirmation de Reuss qui présente dans son article de 1869 dans la Revue d’Alsace Glaser comme calviniste. Il reste très peu probable que Glaser soit d’une autre confession que luthérienne, puisque le droit de bourgeoisie de la ville de Strasbourg, dont jouit ce personnage, n’est accordé à cette époque qu’aux seuls luthériens, dans : KINTZ, Jean-Pierre, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe siècle à la fin de la guerre de Trente Ans 1560-1650, Essai d’histoire démographique, économique et sociale, Thèse publiée, Association des Publications près les Universités de Strasbourg, Ophrys, Strasbourg et Paris, 1984, p. 124.
  7. REUSS, Rodolphe, Une mission strasbourgeoise à la cour de Louis XIII (1631) d’après des documents inédits.
  8. KRŒBER, Auguste, « Mission de Josias Glaser à Paris - Contrat passé entre le roy et les consuls et sénat de la ville de Strasbourg, en aoust 1631 » in Revue d’Alsace, volume 5, Imprimerie de L. L. Bader, Mulhouse et Colmar, 1869, p. 507 à 509.
  9. ELLERBACH, Jean-Baptiste, Der dreißigjährige Krieg im Elsaß (1618-1648), tome 2, p. 301.
  10. OLESEN, Jens E. (dir.), Nordischen Geschichte. Tome 2 : DROSTE, Heiko, Im Dienste der Krone. Schwedische Diplomaten im 17. Jahrhundert, Lit Verlag, Berlin, 2006, p. 392.
  11. STEIN, Wolfgang Hans, Protection Royale. Eine Untersuchung zu den Protektionsverhältnissen im Elsaß zur Zeit Richelieus. 1622—1643, p. 85.
  12. « Depuis que le titre suédois n’était plus qu’une coquille vide, sans aucune rémunération, il se démena pour obtenir un poste comme agent du royaume français », dans : REIFFERSCHEID, Alexander, Quellen zur Geschichte des geistigen Lebens in Deutschland während des siebzehnten Jahrhunderts, « Briefe G. M. Lingelsheims, M. Berneggers und ihrer Freunde », tome 1, p. 927.
  13. REUSS, Rodolphe, Histoire de Strasbourg depuis ses origines jusqu’à nos jours, Librairie Fischbacher, Paris, 1922, p. 231.
  14. Le numéro « 361 » - mais également le 362 - est attribué à Josias Glaser dans la correspondance diplomatique, probablement pour des raisons de confidentialité.
  15. REUSS, Rodolphe, Josias Glaser et son projet d'annexer l'Alsace à la France en 1639, p. 12.
  16. « L’acceptation de fonctions auprès d’États étrangers n’était pas rare à l’époque. Les changements fréquents de camp par Glaser semblent tout de même être au-dessus de la moyenne », dans : STEIN, Wolfgang Hans, Protection Royale. Eine Untersuchung zu den Protektionsverhältnissen im Elsaß zur Zeit Richelieus. 1622—1643, p. 85.
  17. KINTZ, Jean-Pierre, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe siècle à la fin de la guerre de Trente Ans 1560-1650, Essai d’histoire démographique, économique et sociale, p.115.